[Solo] Mirror, Mirror, who are you?

TW : Mention de dissociation et de self-harm

Elliot déteste les miroirs.

Chaque fois que son regard croise celui de son double de verre, il se trouve déstabilisé par l'impression d'y voir un inconnu. Ce n'est pas faute de s'être déjà posé devant son reflet, d'avoir analysé tout les traits de son visage : même s'il sait rationnellement être en face de lui-même, quelque chose dans les formes lui semble clocher sans qu'il puisse l'expliquer. Il n'a jamais trouver dans son introspection qu'angoisse, aussi a t-il abandonner l'idée de comprendre ce malaise. Il n'a pas besoin de savoir l'aspect de son visage, aussi évite t-il soigneusement de s'attarder sur la moindre surface réfléchissante. Puis, surtout, il a abandonné l'idée de se reconnaître dans cette carcasse.

Ark, lui, les aime beaucoup.

De fait, il passe possiblement plus de temps en compagnie de son propre reflet que d'autres gens : les défauts de voir son existence limitée au cerveau d'un humain, quoi qu'il n'y a rien de triste là-dedans. Elliot est un ami cher et, faute de pouvoir le côtoyer comme un autre pourrait, voir son visage dans le miroir suffit. Cela ne veut pas dire qu'il ne s'y reconnait pas aussi, les expressions de son visage et celles d'Elliot sont bien distincts lorsque l'on sait quels signes chercher ! Simplement Ark a plutôt tendance à se mettre en retrait. Le monde extérieur ne le préoccupe pas autant que ce qu'il peut bien se passer dans sa tête. Il sait sa place et s'y est résigné depuis longtemps.

Lizzie est un cas à part.

Elle sait pertinemment ce à quoi elle est sensée ressembler, aussi se voir contredite par les faits aurait de quoi l'agacer : mais son existence n'est pas des plus plaisantes, alors ce n'est qu'un désagrément mineur dans sa liste. Le miroir ne montre que la tronche d'Elliot, point final. Parfois celle d'une femme âgée -dont les traits exacts ont été effacés par les années d'oubli- lorsque le reste de l'existence physique lui devient flou et le cerveau, organe de merde, désire de lui rappeler la saloperie qu'elle est. Mais ce n'est qu'une motivation parmi tant d'autres de briser ce verre afin de se tailler avec. Autre chose que les deux autres imbéciles heureux ne comprendraient pas.

Peut-être devrait t-il, un jour, faire quelque chose à propos du miroir brisé de la salle de bain : prévenir ses bailleurs, pour qu'il soit remplacé, ou s'en occuper lui-même avant qu'un invité ne se demande comment sept ans de malheur ont été invoqué dans cet appartement... Mais les plus gros éclats de verres ont été ramassés et mit de côté, Elliot attend le jour où il sera prêt à essayer de réparer, tant bien que mal, cette surface jusqu'à pouvoir de nouveau y voir son visage. Même s'il sait qu'elle n'aura plus son aspect d'avant, après la perte de certains morceaux impossible à sauver, abandonner complètement le pauvre objet le contrarierait : et tant qu'aucun élément extérieur ne l'encourage à agir, les choses peuvent rester telles qu'elles sont.