Finnegan n'est pas une bonne personne
il ne serait certainement pas là, autrement
Finnegan n'est pas une bonne personne, mais il s'imagine que les bonnes personnes ne s'amusent pas autant que lui ! Trouver où habite Johnson n'était pas compliqué. Les Polichombr ne sont pas exactement 'bavards', mais un individu aussi désagréable attire les monstres friands d'émotions négatives aisément. Deviser un plan pour l'effrayer n'était pas très compliqué non plus (il y pense depuis le Festival, après tout) C'est comme ça que Finnegan se retrouve perché sur le toit de sa maison à la nuit tombée, un nuage de spectres flottant autour de lui.
(il n'est pas grimpé là seul)
(c'est Mel qui l'a porté)
Son plan n'est pas compliqué, mais il n'en a pas besoin. Pas quand Johnson est un tel fragile. Tellement fragile, Finnegan en est certain, qu'il entendra ses cris depuis le toit.
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Il fait noir, dans la chambre. Les rideaux sont tirés, ne laissant filtrer que de minces rayons de lune, et aucune veilleuse n'est allumée. (Thomas n'est plus un enfant, il n'a plus besoin de veilleuse) Il fait très noir dans la chambre et l'heure du coucher est passée depuis longtemps, mais Thomas ne dort pas. C'était pourtant une longue journée ! Il l'a passée à arpenter les rues avec ses amis, puisqu'ils sont en vacances, causant des soucis à quiconque avait une tête de fragile. Un air de proie facile. Thomas s'est beaucoup amusé aujourd'hui, mais il n'arrive pas à dormir.
c'est qu'il y a un.. problème
un léger grattement, vers sa fenêtre
Sans doute un Pokémon oiseau, se dit-il. Ces sales-bêtes se posent parfois sur le rebord de sa fenêtre pour piailler ou simplement parce qu'elles n'ont rien de mieux à faire. Leurs serres grattent sur le bois. S'il n'avait pas la flemme de sortir de sous sa couette, Thomas irait faire fuir ce gêneur. Peut-être même que s'il l'attrape, il lui prendra même quelques plumes. De quoi lui faire comprendre qu'il y a de meilleurs endroits pour poser ses sales pattes.
Oui, c'est sans doute un oiseau se dit-il alors que les grattements se poursuivent. Alors que le bois crisse et qu'il lui semble qu'on tapote doucement sa vitre. Un stupide,
stupide oiseau. Rien pour l'empêcher de dormir, se dit-il en ramenant la couette jusqu'à ses oreilles. Il ne regardera pas. Cette bestiole ne mérite pas son attention et de toutes façons, s'il l'ignore assez longtemps, elle finira par partir.
c'est ce qu'il se dit jusqu'à ce que la fenêtre crisse
jusqu'à ce qu'un vent frais ne coure dans la pièce
A cela, Thomas ouvre de grands yeux, figé d'effroi dans son lit. La fenêtre est..? Quoi ? En temps normal, il se serait levé d'un bond, demandant à cet imbécile de Pokémon que qui lui a appris à ouvrir les fenêtres des gens ? Il serrerait les poings et bomberait le torse, grondant qu'il va lui apprendre les bonnes manières, puisqu'il insiste.
mais Thomas reste dans son li
glacé d'une curieuse sorte d'effroi
les Pokémon oiseaux n'ouvrent pas les fenêtres
alors qu'est-ce qui essaie d'entrer dans sa chambre ?
Soudainement, même l'épais édredon rempli de plumes n'arrive pas à isoler Thomas du froid qui entre dans sa chambre. Il frissonne de la tête aux pieds, partagé entre l'envie de se cacher et celle de faire semblant de dormir. Qu'importe ce qui a ouvert cette fenêtre: s'il ne bouge pas, ça ne le remarquera pas. Ca n'aura aucune raison de faire attention à lui, pas vrai ? Il se dit ça, mais lorsque son plancher semble craquer sous le poids de l'intrus, impossible de contenir un sursaut. (ni un petit couinement d'effroi qu'il ne s'admettra jamais) La chose.. qu'importe ce qu'elle est, la chose est bel et bien
dans sa chambre, désormais.
Thomas serre la couette contre lui à présent, comme si elle pouvait le protéger. Il s'y cramponne si fort de ses mains suantes qu'il se sent trembler. Le plancher grince encore. Plus près du lit. Plus près encore. Toujours plus près. Il retient son souffle mais son coeur bat la chamade. L'anticipation lui semble l'étouffer, comprimant sa poitrine et dilatant ses secondes.
Il y a.. la chose respire, il l'entend à présent. Son souffle est lourd. Saccadé. Thomas tremble si fort qu'on doit le voir malgré son édredon. S'il espérait convaincre l'intrus qu'il était endormi, c'est désormais peine perdue ! Il pense à crier pour alerter ses parents mais.. qui sait s'ils arriveraient à temps.
quelque-chose siffle dans l'air, près de sa tête
il ne peut s'empêcher de couiner
«
Qu-qu-que-- qu'est-ce que c'est ?! » panique Thomas, se redressant dans sa panique
Lorsque ses yeux affolés parcourent la chambre, elle est.. vide. Vide et noire, comme quand il est allé se coucher. La seule différence, c'est cette fenêtre ouverte. L'air glacé de la nuit s'engouffre par l'ouverture, faisant légèrement gonfler ses rideaux. Autrement, il n'y a.. rien. Rien du tout. Comme s'il avait imaginé tous ces bruits.
«
Pfff.. c-c-c'est n'importe-quoi. » bredouille Thomas, tentant en vain de calme sa respiration
Ce n'est pas n'importe-quoi, insiste son esprit. Ce n'était pas rien. Il les a entendus ces grincements, et la fenêtre n'est-elle pas ouverte ? Pourtant, alors qu'il passe une main dans ses cheveux désordonnés et examine une fois de plus ce qu'il peut distinguer de sa chambre, il n'y a.. vraiment rien.
ça ne le rassure pas
bien au contraire
Décidé à en avoir le coeur net, le garçon se tourne sur le côté vers sa table de chevet. Comment n'y a-t-il pas pensé plus tôt ? C'est en allumant la lumière qu'il pourra être certain des choses. Qu'importe ce qu'est cet intrus, il sera certainement moins impressionnant une fois qu'il ne fera plus aussi noir. (pas que Thomas aie
peur du noir, il n'est pas une mauviette) Alors il étend sa main vers l'interrupteur, bien décidé à savoir la vérité.
seulement voilà
l'interrupteur, il ne l'atteint pas
A l'instant où sa main n'est plus au dessus du matelas, flottant au dessus du petit espace entre le lit et la table de nuit, quelque-chose effleure sa peau. Des.. griffes peut-être ? Il ne sait pas. Il recule trop vite, couinant comme un Dedenne terrifié et reculant précipitamment. Il y a bel et bien quelque-chose dans sa chambre, pas de doute possible. La terreur qui s'était calmée remonte le long de son dos, enserrant sa poitrine de ses griffes glacées.
Thomas est bien content qu'il fasse si noir, en définitive. Comme ça, même le monstre ne le vera pas pleurer. Peut-être qu'il l'entendra, cela dit, vu comme il peine à contenir ses reniflements lorsque la morve se met à couler. Vu comme il se retrouve déjà à bredouiller de le laisser tranquille. A menacer de se venger de cette mauvaise blague, une fois qu'il attrapera la créature. (s'il l'attrape) Ce serait plus crédible, sans doute, s'il ne sonnait pas aussi geignard.
depuis les ombres, Thomas entend un rire
un son faible, mais terriblement mesquin
«
Tu- tu trouves ça drôle ?! hoquette-t-il,
V-v-va- va-t-en de ma chambre ! »
Bien entendu, donner des ordres à un ricanement dans les ombres ne fonctionne pas très bien. Le son ne fait que s'amplifier. Puis se.. multiplier. Thomas sent une nouvelle vague de sanglots monter lorsque un nouveau rire émerge maintenant de sa droite. Plus d'au dessus de lui. Puis depuis sous le lit, un peu étouffé mais facilement reconnaissable. Il se demande, terrifié, si c'est une seule bête ou plusieurs.
près de la fenêtre, il lui semble voir une silhouette
elle n'est pas immense, mais il la trouve affreusement large
Un rire s'en élève également, plus grave et plus sinistre que tous les autres. Ses contours sont flous et tremblants, comme si elle était faite d'ombres. Sans distinguer ses yeux, Thomas est certain d'une chose: elle l'observe. Elle l'observe et- ah! Elle-elle vient vers lui ! Sursautant, Thomas recule autant que possible, faisant grincer le cadre de son lit. Il recule, recule, mais finit par rencontrer le mur. Il lui semble que son coeur bat dans sa gorge, désormais.
l'ombre avance toujours
il ne peut pas s'enfuir
Horrifié, sans défense et toujours en larmes, Thomas ne sait pas vraiment quoi faire. D'autres griffes l'ont dissuadé d'allume la lumière et même s'il voulait crier, sa gorge est désormais trop serrée pour émettre autre-chose que des sanglots. Il ne peut que regarder l'ombre avancer vers lui, avec cet affreux ricanement auquel font écho les plus petits. Elle avance si lentement. Si.. délibérément. Comme si elle savait que de toutes façons, Thomas ne peut pas lui échapper.
Elle avance terriblement lentement puis.. plus rien. Les rires s'arrêtent. L'ombre disparait. Thomas parcoure la chambre des yeux, l'incompréhension se mêlant à la terreur. C'est.. fini ? Il tremble toujours, écrasé contre le mur, osant à peine y croire.
et effectivement
il n'aurait pas dû
A l'instant où il commence à se redresser, d'affreux yeux rouges apparaissent devant son visage, accompagnés d'un cri perçant qui lui déchire les tympans. Un instant les yeux sont là, larges et brûlants et
terrifiants. L'instant d'après, il ne reste que le cris de fillette que pousse Thomas en réponse. Que des larmes sur ses joues et des draps de plus en plus humide sous ses fesses. Thomas se recroqueville, secoué de sanglots.
quelle horrible, horrible nuit
_
«
Vous avez été incroyables. » ricane Finnegan, toujours sur le toit
S'il n'a pas pu descendre dans la chambre pour aider les autres, peu désireux de se faire reconnaitre, il a entendu tout ce qui se passait. Tout ce qui a filtré depuis la fenêtre ouverte, en tout cas.
Ravie de se faire féliciter, Melinoë danse autour de lui. Voilà ce qu'elle adore faire avec Finnegan ! Filer la trouille à des imbéciles ! Les Polichombr semblent du même avis, pirouettant joyeusement dans l'air. Non seulement ils ont bien mangé, grâce à ce curieux humain, mais ils se sont aussi bien amusés ! Quelle belle soirée. Finnegan a un sourire jusqu'aux oreilles lorsqu'il tend sa main à Melinoë, une demande silencieuse de le faire descendre du toit. Ils doivent rentrer à la maison.
contrairement à Johnson
une bonne nuit de sommeil les attend