La mission qu'on leur a assigné ne paie pas de mine à première vue, mais Allan reste songeur. S'il s'agit comme il suspecte de trafic de pokemons, alors elle pourrait peut être impliquer des membres de la Team Sealg. Prudence s'annonce de mise.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Allan s'en inquiète. Son partenaire du jour traîne avec lui  une tristement célèbre réputation. Ce n'est pas qu'il soit particulièrement superstitieux, mais il ne peut s'empêcher d'y prêter distraitement l'oreille.

Ainsi, relativement tendu, Allan observe d'abord les alentours avant de décider d'une marche à suivre jusqu'à ce que la voix de son partenaire l'interpelle. Ce qu'il en pense ? Allan pince les lèvres sans jeter un regard à son collègue. Il lui semble voir quelque chose, mais l'ombre s'évanouit si vite qu'il n'est pas certain qu'il ne s'agit pas simplement d'un jeu de lumière.

« On est collègue, on peut se tutoyer, je pense. » souffle-t-il distraitement en première réponse. Il balaye la zone du regard une dernière fois avant d'enfin le poser sur Aeos. « A vue de nez, je dirais qu'il s'agit peut être d'une histoire de trafic, mais restons vigilants. »
Des hurlements de pokemons et des mouvements d'objets lourds pouvaient tout aussi bien signifier un rassemblement de créatures sauvages, abandonnées ou échappées, ayant décidé de se trouver un repaire.

Cependant, pour l'instant, rien de suspect ne semble transparaître. Allan prend son mal en patience, attendre faisait également parti du métier.

« Attendons voir si les bruits signalés se répètent ce soir. » murmure-t-il à l'attention de son collègue. Il sera plus facile d'être guidés par la source du bruit que d'y aller à l'aveuglette songe-t-il.

'Mieux vaut ne pas s'avancer' lui dit Aeos, et Allan hoche la tête pour acquiescer. La réponse qui apparaît la plus évidente est souvent la bonne, mais dans ce métier, il a appris à ne plus s'y fier. Bras croisés, il cogite encore un peu sur ce qui pourrait causer ce trouble, mais rien d'autre ne lui vient à l'esprit que les premières hypothèses qu'il a déjà formulé.

Tant pis, il faudra prendre son mal en patience.

La journée se déroule sans accroc majeur. A part quelques passants et pokemons sauvages, rien n'attire vraiment leur attention. Lorsque la soirée commence à s'entamer, une voix dans son esprit lui souffle que les voisins ont peut être exagéré leurs plaintes, mais des éclats de voix le font sursauter et ravaler un insidieux baillement.
Pourtant, il ne lui faut pas longtemps pour comprendre d'où vient la dispute et à quel point elle n'a rien à voir avec leur affaire. Allan n'entend que des bribes de cris intelligibles et n'en retire qu'une conclusion : ce Rick n'a pas l'air d'être un petit-ami bien présent dans la vie de sa compagne.

Cependant, désireux de ne pas jouer les commères plus longtemps et de se concentrer d'avantage sur leur mission, il se redresse du mur où il s'était précédemment accoudé et s'étire distraitement, observant les réactions de son partenaire.
La journée avait été paisible, donc probablement frustrante pour ces deux rangers en quête de désordre.

Après le jour, c'est la nuit qui s'étire longuement, et si les deux hommes échangent quelques mots – murmurés désormais à cause de l'heure avancée – il ne se passe rien de bien notable jusqu'à-...

Des bruits, des raclements et des éclats de voix se font entendre au coin d'un immeuble. Allan se redresse immédiatement pour tendre l'oreille et s'assurer qu'il s'agit bien de ce qui les a amené ici, mais lorsque plusieurs voix bougonnent dans les appartements alentours et qu'un « Pas encore ! » résonne non loin, il n'y a plus de doute.
Sans se précipiter, Allan fait signe à son collègue d'y aller rapidement mais prudemment. Il ne s'agirait pas de débouler dans ce qui pourrait s'avérer rapidement un piège s'ils n'y prenaient pas garde.

Le ranger se rapproche alors du bruit, voit qu'il vient d'une ruelle au coin dudit immeuble et se colle au mur pour pouvoir jeter un œil dans l'espoir de voir sans être vu.

Au début, il ne voit rien alors que les bruits s'intensifient. Puis quelque chose roule à ses pieds, et si Allan ne se baisse pas pour ne pas se faire repérer, il devine une vieille boîte de conserve.
Rapidement, les bruits qu'ils perçoivent s'identifient comme ceux de poubelles renversées. Exit l'idée du trafic de pokemon, même si le ranger trouve ça curieux que personne n'ait compris plus tôt de quoi il s'agissait.

Alors il garde ses réserves, s'apprête à dire quelque chose à son collègue avant qu'ils ne soient surpris par-... Deux Zigzatons de Galar.
Les bêtes, la gueule chargée de butin, grondent en les voyant les épier de la sorte, prêtes à défendre chèrement leurs trésors. Allan pince les lèvres, se sent presque coupable de devoir s'interposer. S'ils avaient filé en courant, il ne les aurait probablement pas poursuivi. Mais ils se sont arrêtés, ont lâché les déchets et sont à ça de se jeter sur lui et son collègue.

« Chacun le sien ! » propose-t-il dans l'urgence en appelant à ses côtés Cortex.

Comme à son habitude, le Kranidos ne tient pas en place. Il gratte le sol, s'agite et s'ébroue.
Le combat qui s'ensuit est éclair et unilatéral. Peut être est-ce parce que le Zigzaton adversaire souffre de la faim, peut être est-ce la différence d'expérience, le fait étant que ni ses charges ni ses aboiements n'ont raison de la peau de pierre de Cortex ou de son énergie infinie.
Le Kranidos court, manque parfois sa cible, mais il ne lui faut pas longtemps pour sonner efficacement son adversaire et le mettre hors d'état de nuire de quelques Coup d'boule biens sentis.

Cortex a de l'énergie à revendre, Allan est toujours un peu impressionné de voir que malgré les exercices quotidiens qu'ils font, il lui est toujours difficile de le canaliser. Alors, quand il considère la victoire acquise, il n'attend pas avant de stopper son pokemon.
Main sur le crâne, il l'apaise, et si la bête continue de renâcler et de gratter le sol, elle parvient à se maintenir en place.

« Bien joué ! » lui souffle-t-il pour le féliciter avant de se retourner vers son collègue prêt à lui prêter main forte s'il le fallait.

« Tout va bien de votre côté ? »

« Tout est sous contrôle. » lui assure Aeos et Allan se détend légèrement.

Au moins, ça c'est fait. Les deux Zigzatons sont partis sans demander leur reste et si l'affaire pourrait sembler résolue, l'instinct du ranger le titille. C'est étrange : il ne doute pas que s'il n'avait s'agit que de pokemons faisant les poubelles, le voisinage s'en serait rendu compte.

N'est ce pas ?

Puis son regard est attiré par-... Une pokeball ?
Il s'accroupit, récupère l'objet dans sa main et l'étudie un instant avant de tourner la tête vers l'intérieur de la ruelle.
Attirant l'attention de son collègue, il lui glisse la sphère dans les mains et lui souffle un « Je pense que ce n'est pas fini. » d'un air grave. Échangeant un regard avec Aeos, il lui fait signe de rester sur ses gardes.

Après leur combat, le calme semble être retombé, mais s'il ne s'agissait là que d'une diversion, alors l'on attend probablement d'eux qu'ils s'en aillent. Et s'il s'agissait d'une diversion, alors Allan pense fortement qu'ils ont affaire à un – ou des – humains.
Pinçant les lèvres, il n'hésite pas longtemps à s'engouffrer prudemment plus profondément dans la ruelle. « Allons-y. » lance-t-il à Aeos.

Peut être y réfléchir plus longuement aurait été une idée, mais Allan préfère agir. Homme d'action, il songe que prendre plus de temps que nécessaire leur fera perdre leur piste, alors s'il garde Cortex à ses côtés en cas de problèmes, il s'enfonce sans peur, prenant le temps d'observer à droite et à gauche si quelqu'un ne se tiendrait pas embusqué là.

A première vue, il n'y a rien de bien choquant dans cette ruelle. Pas de bruit particulier maintenant que les combats sont achevés, pas non plus de présence suspectes.

Ce qui ne rend pas la chose moins suspecte.

Allan jauge les poubelles renversées, certaines ouvertes, d'autres simplement déplacées et grimace. Il a déjà connu pire comme odeur – les égouts de Pryderi se rappellent sans grâce à sa mémoire – mais ça ne rend pas la chose agréable pour autant.
Ceci dit, son attention se pose sur le sol. Difficile à dire dans la pénombre : il croit distinguer des traces, n'en n'est pour autant pas certain. Il demande à Aeos son avis, mais finalement, ils ne restent pas trop là dessus.

Sans plus de preuves, ils ne peuvent rien en déduire. Pour ce qu'ils en savaient, il pouvait simplement s'agir des traces laissées par les bennes à ordure lorsqu'elles étaient manipulées par les éboueurs.
Alors ils continuent à s'avancer dans la ruelle. A ses côtés, Cortex renacle, s'apaise un peu lorsqu'Allan pose une main sur son crâne. Pas facile de rester concentré dans ce genre de situation, le combat n'a pas été suffisant pour le vider de son énergie.

Ce n'est pas foncièrement une mauvaise chose ceci dit.
S'ils doivent se battre à nouveau, il vaut mieux qu'il soit en pleine forme.

Enfin, ils arrivent à une porte. Barricadée, scellée derrière des planches en bois. Le battant est miteux. L'immeuble est vieux, la porte pas en meilleur état. Est-elle ainsi barrée pour des raisons de sécurité ou...
Allan pince des lèvres, pèse rapidement le pour et le contre avant de se tourner vers son collègue. La lueur dans son regard lui laisse deviner qu'ils ont la même idée. D'un geste, il lui intime de se reculer – trop soucieux de la réputation du ranger – tandis qu'il ordonne au Kranidos de défoncer la porte.

Avec son type roche et son crâne dur, c'est chose aisée. En une seule charge, les planches et la piteuse porte cèdent en même temps. Allan ne tarde pas à s'engouffrer à la suite de son pokemon afin de ne pas le laisser seul plus longtemps. Ne s'avance pas trop non plus, observe les lieux avant de s'y aventurer plus en avant, cherche un interrupteur sur le mur pour voir s'ils peuvent s'éclairer.

Ils repasseront pour la discrétion.
Mais oh... Le combat d'un peu plus tôt avait déjà annoncé leur présence.
Ils ne sont plus à ça près.