Je ne sais pas | Solo

Camil n'a rien compris.

On a débarqué chez lui – pas chez lui – dans un fracas monstre et on l'a plaqué au sol alors qu'il se relevait en sursaut. Sans avertissement aucun, on l'a maintenu au sol et assommé d'un coup de poing alors qu'une voix grave ordonnait de fouiller le périmètre.
Bien incapable de rester conscient et cohérent, il fut tout de même secoué et pressé de questions auxquelles il ne donnait aucun sens. Ce ne fut que lorsqu'on lui renversa quelque chose de glacé au visage qu'il revint plus ou moins à lui.

Le sang battant aux tempes n'aidait en rien.
La douleur et la migraine causées par le coup lui donnait la nausée.

'Où est-il ?!' répétaient-ils en boucle, parsemés d'insultes et d'accusation. Il fallut être traîné jusqu'au commissariat à Camil pour comprendre de quel il il était question. Et quand bien même il aurait compris plus tôt, aucune réponse qu'il aurait pu donner n'aurait été satisfaisante aux oreilles des agents l'ayant appréhendé.

« Je ne sais pas... » avait-il fini par murmurer piteusement, le visage baissé, les épaules affaissées devant les regards accusateurs. 'Coupables !' semblaient-ils lui hurler, mais dans l'esprit de Camil, c'était autre chose qui hurlait à pleins poumons.

La peur.

Terrifié à l'idée de se retrouver là, au centre d'une attention des plus hostiles. Terrifié et endolori des coups qui ne tarderaient probablement pas à le couvrir à nouveau s'il ne donnait pas la bonne réponse. Mais la réponse, la bonne, il ne l'avait pas. Alors qu'on le pressait de plus de questions, avec toujours plus de véhémence, Camil ne cessa de répéter qu'il ne savait pas.

Quel était son nom ? Avait-il vu l'enfant ? Que lui a-t-il fait ? Où est-il ?

« Je ne sais pas. » un simple murmure qui à chaque répétition s'apparentait à chaque fois un peu plus à une supplique. Il ne savait pas et plus le temps passait, plus il se sentait engourdi, étouffé et isolé. Jusqu'à ce que les cris ne l'atteignent plus qu'à travers une vitre que son esprit avait crée pour sa propre sécurité.

Il n'entend plus, ne sentait plus... Presque plus rien.

L'interrogatoire, aussi musclé fut-il, ne donna rien. Prostré, Camil avait fini silencieux bien que ses lèvres mimaient encore et encore inlassablement les mêmes mots. Il ne pleura cependant pas, malgré le besoin de hurler et les tremblements qui le secouèrent encore longtemps après qu'il fut placé en cellule.

Seul, isolé et terrifié. Incapable de penser, incapable de réfléchir.
Incapable de se rendre compte de ce qui l'entourait, de s'inquiéter pour Ulysse et Salbeth, pour Oliver qui avait disparu...

Il resta ainsi léthargique, malgré les coups qui avaient tuméfié son visage, ou les hurlements qui pleuvaient sur lui, ne sortant de sa torpeur qu'après avoir été abandonné et isolé. Alors seulement il réalisé l'horreur de ce qu'il s'était passé. Pas uniquement pour lui, mais pour Oliver qu'il avait laissé partir seul, pour Ulysse et Salbeth dont il ignorait actuellement l'emplacement où s'ils avaient déjà été envoyé à la SPP.

Et même s'il avait voulu pleurer, Camil s'en retrouva bien incapable, comme il se retrouva également incapable d'aider la police même si la violence s'était essoufflée et que ses réponses s'étaient faites plus intelligibles.

Oui il connaissait Oliver – les regards dégoutés posés sur lui le firent frémir – mais non il ne lui avait jamais rien fait. On ne le crut pas. Même lorsque l'adolescent émergea des bois Eagal relativement sain et sauf et qu'il témoigna en sa faveur.

Mais on le relâcha sans plus le presser de question quant à son identité, et au fond, après le soulagement d'apprendre qu'il n'y avait pas mort d'homme, c'était tout ce dont Camil se souciait... Ca, et de ses pokemons.
Il n'avait pas osé poser de questions aux agents de police, s'était traîné plus qu'il n'avait marché jusqu'à son ancien lieu de vie pour y retrouver ses maigres possessions saccagées. Oh... Le châle que Charlotte lui avait offert.

Ses yeux lui piquèrent furieusement, mais aucune larme ne vint le secouer. En silence, piteusement, il avait fait le tri entre ce qu'il pouvait garder et ce qui était irrécupérable et se décida de simplement garder le cadeau piétiné et déchiré... Mais un cadeau tout de même.
Il n'y avait en revanche aucune trace de ses compagnons d'infortune et cette réalisation le glaça d'autant plus. Son cœur déjà lourd coula plus profondément dans sa poitrine et Camil se sentit défaillir.

Brisé, meurtri, il resta un instant prostré, le regard dans le vide. Incapable de se laisser choir sans savoir ce qu'il était advenu des deux pokemons, il lui fallut pourtant un temps avant de se remettre en marche. Boitillant péniblement, à nouveau il traîna sa carcasse en miettes, cette fois-ci chez une personne qui, il l'espérait, n'avait pas cru aux rumeurs.
Une qu'il se sentait désolé d'importuner. Une qu'il priait de lui venir en aide, juste une dernière fois, promettant au ciel de s'éclipser de sa vie par la suite s'il le fallait.

S'il y avait bien quelqu'un qui pourrait lui venir en aide après ça, c'était bien Charlotte. Et même si la peur d'être rejeté semblait lui entailler les entrailles, Camil se força malgré tout à y aller. A se présenter pitoyable à la demeure Nightingale en quête d'informations.

Il voulait juste... Juste savoir si Ulysse et Salbeth allaient bien.

Juste ça.

Et après...

…

...