J'ai oublié comment te dire "je t'aime" [ft.Genya Rusalka]

Sans un mot, sans une explication à donner, Genya décida de quitter nette la résidence de sa tante, une sorte de pressentiment inexplicable qui se confirma une fois qu'elle su pour son frère jumeau. Elle se rua précipitamment à la clinique, arrivant avec le cœur qui battait la chamade, le souffle coupé et la gorge desséchée.

Elle croisa Oliver... prévisible, il ne resta pas, moins prévisible. Avec les derniers événements, elle fait surement partit des personnes qu'Illya a le moins envie de croiser; elle resta contre le mur du couloir un long moment avec ses gants de velours qu'elle sert anxieusement dans ses mains. Elle aurait envie de remonter le temps, de le revoir quand il était petit garçon et qu'il se chamaillait pour un oui ou pour un non, de revivre cette complicité qui l'est lié, de la confiance mutuelle qu'il partageait. Mais le passé a disparu il y a bien longtemps dans un écran de fumée, des bribes tels un puzzle en morceaux dont il faudrait recomposer les morceaux sont pourtant là, le problème est que personne prend l'effort de le faire. Pourquoi?

Elle rentre silencieusement, son frère n'esquisse pas un sourire d'apaisement, de joie ou autre qui serait ce qu'on pourrait s'attendre de deux êtres aimant. L'ambiance semble si glaciale qu'un Sorbébé pourrait naitre. Elle s'assoit sans rien dire, et regarde son monde à travers les yeux de son frère, qui des deux a réussi à tenir les ruines désagrégeantes de son cœur le plus longtemps? Illya est furieux. Une fois de plus. Genya le trouve égoïste. Une fois de plus. Elle ne compte pas céder cette fois-ci, elle a déjà goûté à l'amertume de la honte ou la suie du pot d'échappement.

Le voir se replier, se cacher c'est sa solution à lui. La solution d'un lâche. Elle ne va pas lui jetait la pierre alors qu'elle a choisi l'amnésie. Elle est tout autant lâche et responsable de l'état de son frère. La 'conversation' s'entame. Première hostilité. Rien ne change décidément.
Genya se sent presque infecte, c'est donc ça l'image qu'elle renvoie? Un sœur avare du pouvoir de son frère? Prête à tout pour acquérir le trône? Donneuse de leçons?

Vu qu'il ne le regarde pas, elle se lève faisant quelques pas pour ne pas hurler. Mais Illya (même blessé) est en grand forme et lui assène sans relâche les mots qui blessent. Bien sûr qu'il lui reproche encore une fois son amnésie, qu'il lui reproche d'oublier. De ne pas vouloir affronter la réalité, et de laisser un Corbac emmener ses peurs. Mais la vérité c'est que...

Elle se retourne pour le confronter, mais une fois de plus Illya dégaine le plus vite, comment arrives t-il à lui dire tout ça sans presque un remord? Au moins il s'était lâché, il lui avait dit tout ce qu'il avait à dire, c'est tout autant dur qu'au mariage, elle se demande pourquoi elle a pris la peine de venir finalement. Une sœur fragile serait partit en sanglot, une autre l'aurait giflé pour qu'il se taise...
Genya accusa le coup...

Elle se rendit près de la fenêtre, observant son reflet comme un miroir de vérité, avant de chantonner dans sa langue natale : "Je me souviens il me semble, des jeux qu'on inventait ensemble...Loin du Froid de Décembre..." un sourire mal engagé se dessine à peine sur son visage. Et puis elle trouve les mots, les mots brûlant de vérité :

-Je t'envie presque, tu arrives si facilement à dégainer les armes, autrefois j'étais de la même trempe moi aussi, enfin si mes souvenirs sont bons évidemment. elle soupire, se tourne vers Illya s'assoit au chevet du lit, et tient à affronter son frère dans les yeux.

-TU ES MON FRERE! râcle t-elle. Arkée lui-même ne pourrait me le faire oublier. TU ES MON FRERE réinsiste t-elle. Et ta couronne tu peux te la mettre là où je pense.

Elle prend l'ascendant avant que son frère rapplique, en lui mettant un doigt sur sa bouche.
- Chut! Silence! Tss... Tais-toi ILLYA! sonne t-elle comme un orage au loin quand elle voit Illya vouloir reprendre la joute verbale.
Elle aimerait bien savoir choisir ses mots pour faire autant mal, mais peut-être qu'il arrive à lui dire car au fond Genya renvoie l'image de quelqu'un de fort, alors qu'Illya semble plus une baltringue. Des foutaises, elle n'a pas peur de lui dire les choses parce qu'il paraît faible, elle a peur de lui dire des choses qui finiront par être oublier parce qu'ils auront causé sa mort.

- -J'ai tout fait pour ne pas te perdre, mais aujourd'hui on est là, je tiens cette discussion et ô Sankta Morena le sait, que c'est probablement ma plus grande peur. Mais je préfère t'affronter même si ça fait mal, plutôt qu'affronter ton cercueil.

Elle prend de l'eau, s'abreuve un peu, avant d'elle aussi vider son verre.
- Il parait qu'Oliver te fait sourire, quand c'est pas lui, ça est un autre. Mais principalement lui. Au début je me suis dis, non Genya ça ne peut pas... et puis en fait si ... alors Illya dis-moi ... tu es...

(Un long silence)


(Un très long silence)

...heureux avec lui?

Si Illya a une raison de continuer à vivre, d'y croire, de se battre alors Genya pourra s'effacer de sa vie. Elle sait très bien qu'il ne pourra jamais être pleinement heureux, à se torturer ainsi éternellement.
Parfois quand on aime... on se quitte... FOREVER AND EVER...

D'ordinaire, Genya ne parlait jamais pour rien dire, mais là en tout et pour tout, il était temps de crever l'abcès comme on dit, avant que celui-ci ne finisse par détruire son frère à forcer de le ronger de l'intérieur. Affronter ses propres démons étant visiblement trop dur pour lui comme pour elle , l'héritière de Strana opta pour un échange tu t'occupes des miens et je m'occupe des tiens et visiblement elle avait tapé dans le mille avec sa question, voilà que son frère expiait ses péchés. L'art de mener les gens par le bout du nez, ça peut servir parfois!

-"M'éclipser? (*elle sourit légèrement*) Non, je ne cherche pas une raison de fuir, mais je te mentirais si je disais que je n'y avais pas pensé, je nous voyais malheureux avec l'héritage de Strana, je me suis dis que si l'un de nous deux pouvait fuir, je préférais me sacrifier pour toi mon frère quitte à te dire adieu...toi qui a trouvé l'amour....Le vrai Illya (elle lui prend les mains) a disparu avec la vraie Genya, notre passé nous rattrape, je regrette de ne pas su t'avoir protégé de ce fléau. Je craignais cette miséricorde quand j'ai appris pour toi et Oliver."

Après tout elle l'avait elle-même confrontée pour essayer d'empêcher des relations trop intime qui finirait par submerger les siens. Elle avait vu juste, oh putain qu'elle avait vu juste . Et aujourd'hui elle ne peut que constater les pots cassés.

-Tu n'es pas le seul à t'être sali les mains... Je... Je.. Je ne nous cherche pas des excuses, nous sommes damnés, j'ai tenté de l'oublier mais rien n'y fait. Je ne sais pas Illya, j'ai fermé mon cœur pour éviter ce genre de question, j'ai fermé mes sentiments parce que je sais que je ne suis qu'une pauvre fille amnésique qui tente de rattraper un passé perdu...et qui fuit tout le temps de peur que le peu de chose qui reste finisse par s'effondrer...

Des êtres maudits, c'était la seule explication de tous leurs malheurs, entre un corps sans cœur et un corps sans âme, les deux jumeaux constataient amèrement leur réalité : un désastre sans nom.
Et leur héritage dans tout ça...

-Comme je te l'ai dit, si tu veux être libre Illya, j'assumerais ce rôle. Même si j'ai toujours espoir de te voir avec une couronne sur la tête, comme maman serait fier.

Est-ce de s'être livré ainsi qui fait jaillir les larmes qui perlent et ruissellent sur les joues de sa moitié?
En tout cas Illya n'en peut plus, et comment lui en vouloir? Si elle ne pourra pas oublier tout, elle n'est pas mère Theresa non plus, lui pardonner? Et puis quoi encore? Elle lui en voudra toujours, terriblement. Et lui en veut parce qu'elle tient à lui, mais parfois elle se demande si c'est réciproque.
Malgré que ça puisse faire mal, elle n'est pas là pour se faire aimer, elle est là pour absorber la peine... comme Anastasia avant elle.

-Tu n'es pas seul Illya, depuis le début c'est toi et moi contre le monde entier, tu pourras toujours compter sur moi. Mais si un jour ton cœur est froid, saches que c'est le mien qui t'habiteras...

Genya n'était certes pas la meilleure personne qui soit, mais elle est prête à l'ultime sacrifice sans l'once d'une hésitation pour sa famille.

Illya se sentait différent, la part d'ombre en lui en lui était comme une flamme vacillante, on avait beau essayé de l'éteindre, elle se ravivait toujours. Tourmenté par son passé, la mère idolâtrée par Genya a traité son fils d'assassin, son frère eut raison elle n'en se souvenait guère..

-Cela n'aurait pas été une grande perte. hocha t-elle des épaules.
-Mère reste une mère, elle n'imaginait pas qu'un jour tu puisses devenir un homme, on fait partit des rares enfants qui ont dû prendre des décisions d'adultes. Un assassin? La blague! Ce qui tuent dans les guerres sont légitimes peut-être? Certains visent même des enfants, ont t-ils des remords peut-être? Chacun tue pour ses propres desseins, envie, croyance, vengeance ou trahison, la liste n'est pas exhaustive mon frère. Mais, je crois que l'on devient un monstre, le jour on l'on tue l'ami qui nous tend la main - si un jour tu deviens ce monstre Illya, je te le jure, je te tuerais. elle baisse les yeux, elle ne le dit pas froidement, elle le dit comme une évidence et comme une fatalité.

Il manquerait plus que ça tiens.

Mais Genya projette un autre avenir, elle ne veut pas demeurer dans l'ombre éternellement, sa vie est déjà l'enfer, un sacrifice supplémentaire n'est qu'une écharde et une couronne pourrait peut-être l'aider à parvenir à ses desseins. L'ambition de l'héritière de Strana ne se consumera pas dans les flammes d'une révolte. -Ce n'est pas un si grand sacrifice, je ne veux pas échapper à Strana... Enfin...disons que je n'y arrives plus. Et l'amnésie n'était qu'une solution temporaire... J'ai pris la décision d'affronter le passé Illya, quoi qu'il m'en coûte.

Elle pourrait tout perdre, elle pourrait mourir. Mais l'avantage quand on est en enfer, c'est qu'on peut pas tomber plus bas. Mais le vice de l'enfer, vous savez, c'est que le bourreau qui nous torture ...c'est nous-mêmes :

-J'imagines que c'est un syndrome destinés aux dépravés, à ceux qui côtoient trop la mort pour s'en défaire complétement et qui n'ont plus que deux choix possible : tuer ou se faire tuer. Ironiquement, pour se défaire des bras de la mort, on la frôle de près tout ça pour quoi... pour se sentir vivant... Tu as peur de la guerre? J'ai peur aussi...parce que je la recherche. qu'Illya reste à l'abri, ses idéaux et son esprit ne doivent pas être plus affectés qu'il ne le sont déjà. Genya aimerait inspirer la paix- mais il est indéniable que la guerre ne soit sa jumelle.

- J'ai rêvé très souvent que je me noyais Illya... j'ai fini par comprendre que je l'avais expérimenté, je n'en ai pas tous les souvenirs mais j'ai la sensation. La dernière fois, je suis passée devant un incendie.... bizarrement j'aurais voulu m'y plonger dedans... je me suis rapproché si près... tout comme toi je frôle moi-même le danger pour entendre mon cœur qui bat

La vie, elle veut la sentir couler dans ses veines.

Mais elle suffoque. Un poids la compresse. Un fantôme du passé qu'elle s'était jurée d'oublier vient de surgir quand son frère prononce un nom- elle le chasse très loin, très vite. Elle tousse et se jette sur un verre d'eau pour pallier, mais elle amplifie un autre souvenir traumatisant.
La rage s'empare d'elle comme un instinct de survie. - JE T'INTERDIS D'EN PARLER- Genya est si furieuse, elle jette même le verre sur le mur.

Elle est mal, elle venait lui dire qu'elle est forte, et à nouveau elle sombre, elle se mord les doigts pour tenter d'arrêter de trembler. Elle respire par intermittence, elle voudrait créer une tempête pour tout bazarder.
-Ce petit jeu...- c'est comme ça qu'il qualifie la fuite de Genya.
-J'en peux plus...tu en pas marre d'être.... d'être SI égoïste? (sa voix tremble, elle devrait se taire pour ne pas l'abîmer mais elle continue) Après tout ce que tu m'as balancé, après tout ce que tu m'as fait subir.... ILLYA (sa voix tremble si fort)  tu trouves que je jouais à un petit jeu? Je, je moi je, tu ne penses qu'à TOI! Tu veux tout te rappeler, moi je ne veux pas revivre ça tu ENTENDS? JAMAIS! -

Elle ne lui répond pas sur les enjeux du 'petit jeu de l'amnésie', et pourtant elle y devenu experte, malheureusement il y a plus d'effets négatifs qu'autre chose et cela peut même être dangereux.

Elle s'écarte et envisage de partir... ce n'est pas encore cette fois qu'elle pourra passer plus de cinq minutes avec son frère...

Folle? C'est donc votre diagnostic docteur?
Oui après tout, c'est peut-être la meilleure des conclusions à donner, du point de vue pénal on serait prêt à tout pardonner à quelqu'un qui fait preuve de démence. Si Genya se sent mal, ne voulant une fois de plus par affronter son passé, ce n'était pas pour entendre ça de son frère.

-Que j'aille crever???.... répète t-elle pour être sûr d'avoir bien entendu. Elle n'est plus sûr d'elle, même dans les pires disputes elle n'avait jamais souhaité la mort de son propre frère, pourquoi lui dire ça alors qu'elle tremble? Est-ce sa faute si l'impératrice Genya forte et impitoyable a en réalité peur , terrorisé depuis le jour où le coup d'une arme a retenti et qu'elle a obtenu la dette d'une vie; depuis ce jour elle se met la pression, toujours entrain de se demander si le sacrifice en valait la peine. Mais apparemment tout ça n'était qu'un 'petit jeu' ...

Et le verdict tombe avec dédain : coupable - 'toi la première a avoir tout détruit' 'toi qui continue' 'tout ce que tu as fait' et le pire arrive ...

Elle le gifle -"Tout ce que je t'ai fais subir? Allez dis-moi ce que je t'ai dit qui t'as mis à terre, qui t'as fait pleurer, qui t'as donner envie de mourir? Dis-moi! Je veux l'entendre! Quels paroles ont été si poignantes pour te faire souffrir? Et ne viens pas dire 'égoïste' parce que ça je te l'ai dit qu'aujourd'hui. Moi je ne t'ai jamais regardé comme tu me regardes, je ne t'ai jamais rien reproché sur ta façon de gérer notre putain de vie! J'ai fait des erreurs, j'en suis consciente que je n'aurais jamais dû utiliser l'amnésie pour affronter mes peurs et que j'aurais dû les affronter, mais j'avais peur Illya, peur de tout je n'arrivais même pas à sortir dans la rue, je ne vivais même plus Illya... " (après un temps) "M'aimer? Tu ne m'aimes plus depuis longtemps Illya" pas comme d'autres.

Le dernier constat s'arrêtera-là, sur ces dernières paroles, son frère lui demande de l'oublier après qu'il aura joué les martyrs, et qu'elle deviendra 'une sainte'. Sa majesté impériale donne même le ton 'après tout ça sera terminé'. "Il n'aura pas fallu attendre longtemps..." soupire Genya. Ce n'était pas la première que son frère cherche à se débarrasser d'elle, elle espérait pourtant que ces derniers temps un rapprochement, mais peut-être qu'à ses yeux 'la lâcheté' de ne pas se confronter au passé était inexcusable.

Il croit pouvoir tout contrôler? Il décide de tout. Il a dû prendre l'habitude d'être le prince, comment feras t-il quand il n'aura plus sa petite couronne sur la tête?
"Si tel est ta volonté - aurevoir"

Elle s'est fait claqué la porte pour la dernière fois. Elle reste sur le lit un moment, elle ne verra plus jamais son frère. Finalement il est mort aujourd'hui.