Mazel tov ! [ft. Oliver Dixon]

Oliver commençait à s'inquiéter. Cela faisait bien un mois, si ce n'était plus, qu'il avait reçu cet œuf, et il ne montrait aucun signe d'éclosion.
Il n'était pas éleveur et ne s'y connaissait pas vraiment en la matière... il avait vu éclore Noisette et Sieba auparavant, mais il ne se souvenait pas avoir eu à attendre aussi longtemps. Avec un peu de bon sens, il aurait pu réaliser que toutes les espèces de Pokémon n'ont pas le même temps d'incubation, que le sien pourrait être un petit retardataire ou que simplement, on lui avait offert la Pachirisu et le Lixy alors qu'ils étaient déjà proches du terme.

Mais dès qu'il y avait matière à paniquer, Oliver paniquait. Il s'imaginait déjà qu'il avait fait quelque chose de mal. Peut-être qu'il ne lui avait pas tenu assez chaud, quand bien même il l'avait enroulé dans un duvet et laissait Noisette le dorloter dans sa douce fourrure. Peut-être qu'il l'avait accidentellement cassé. Quand ? Il ne s'en souvenait pas, et il se savait trop prudent pour blesser son futur bébé. Il n'avait pas non plus remarqué de fissure que Doudou aurait pu créer en voulant jouer avec, et personne ne l'avait déplacé.
S'il était si certain qu'il n'avait rien fait de mal, pourquoi s'inquiétait-il pour rien ? La réponse était bien simple.

C'était un cadeau d'Ilya.
Le Pokémon qui sortirait de cet œuf serait un peur leur bébé à tous les deux, comme Sieba - une idée qui le faisait bien moins rire qu'à l'époque quand il y repensait. Du moins, c'était ainsi qu'il le voyait. Alors, non content de vouloir protéger cette créature avec sa propre vie, il voudrait aussi rendre son ami fier, lui prouver qu'il avait fait le bon choix en le confiant à lui et à personne d'autre.

Malgré toute sa bonne volonté, le jour J n'arrivait pas. Et Oliver n'osait pas en parler à Ilya. S'il voyait qu'il s'en occupait mal... il lui dirait peut-être que n'importe qui aurait pu le faire éclore d'ici-là. Que si ça l'inquiète trop, il n'était peut-être pas la bonne personne pour veiller dessus. Qu'il devrait plutôt le donner à Finn, qui saurait s'y prendre, lui.
Il s'y était déjà attaché et prenait sa responsabilité au sérieux. Qu'on lui enlève son bébé de force lui aurait brisé le cœur.

Alors, quand un après-midi de printemps, il entendit enfin le son miraculeux d'une coquille qui se brisait...
Il avait tout laissé tomber pour aller inspecter l’œuf. S'assurer qu'il ne s'était pas brisé par négligence ou parce qu'il avait fini par pourrir. Être certain de ne pas avoir rêvé aussi. Timidement, il palpa la coquille, cherchant à tout prix la fameuse cassure. Là, sur le côté, un petit bout avait été arraché, poussé depuis l'intérieur. C'était bon signe ! Et entre ses mains, Oliver était certain d'entendre battre un petit cœur. Son bébé allait bien ! Le bébé d'Ilya allait bien ! Il fallait qu'il le prévienne.

Tout tremblant, il agrippa le combiné, entortilla un doigt dans le fil tandis que l'autre faisait tourner le cadran. Il espérait juste ne pas tomber sur l'affreuse grand-tante, il l'avait un peu oubliée dans son excitation. Avant qu'il ne puisse sélectionner le dernier chiffre, le téléphone sonna directement dans son oreille, manquant de peu de lui donner un infarctus. Il décrocha, essaya de reprendre son souffle, mais la voix de l'autre côté du fil fit repartir son cœur de plus belle.

Ilya ? Quelle chance !

Le Stranaïte semblait aussi surexcité que lui. Son accent, mêlé à sa voix essoufflée, rendaient son discours difficile à comprendre. Ce fut surtout la coïncidence qui intrigua Oliver. Lui aussi appelait pour un œuf prêt à éclore. Et il était invité à y assister. Pas besoin de lui demander deux fois, surtout si la vieille Vassilisa n'était pas là pour crier ! Il balbutia deux-trois mots, incapable, dans son empressement, de formuler une phrase correcte, juste de quoi assurer à son ami qu'il se dépêcherait.

Enveloppé dans une épaisseur non-négligeable de serviettes de bain, l’œuf se retrouva fourré, bien protégé dans un sac à dos. Pas question de risquer de le faire tomber dans sa course ! Avec Noisette sur l'épaule et Vendredi 13 déjà devant la porte, il était prêt à partir. Il ne pensa même pas à prévenir sa pauvre mère, il l'avait oubliée.

Pour arriver au manoir Winters, Oliver avait couru. C'était assez rare pour le souligner. Toute personne qui avait vu le jeune garçon en cours de sports savait qu'il n'avait rien d'un athlète, qu'il se fatiguait pour un rien et qu'il courait aussi vite qu'un Ramoloss. Il était à bout de souffle, rouge comme une baie Tamato, et prêt à s'écrouler, mais il était trop impatient pour s'en soucier. Il frappa, plus fort qu'il ne l'aurait fait d'habitude. Avec un peu d'espoir, Ilya comprendrait.

La porte finit par s'ouvrir et le visage de son ami apparut, lui inspirant son plus beau sourire, en dépit de ses poumons au bord de l'explosion et de la sueur qui coulait de son front.

J-j-j'ai c-c-c-couru... il soufflait encore, au-aussi v-v-vite q-que... il prit une grande inspiration, q-q-que j-j'ai pu !

Il déchargea le sac de son dos, l'ouvrit pour montrer sa plus grande fierté à Ilya.

I-ils v-vont p-p-pouv-voir être f-frères !

Ou sœurs ? Qui savait ce qui allait bien en sortir ?

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Ilya arborait le même sourire idiot que lui. Ah, si on les avait vu, deux jeunes garçons, supposément presque adultes, aussi joyeux et paniqués pour deux pauvres œufs de Pokémon. Mais c'était bien ça qu'Oliver aimait avec Ilya. Ils n'étaient que tous les deux, il n'y avait personne pour les juger. Pas de vieille Winters, pas de parents Dixon pour leur reprocher de ne pas agit comme des hommes. Ils étaient libres d'être eux-mêmes. C'était agréable. Ilya parlait de bénédiction, même. Si Oliver ne croyait pas en tous ces saints stranaïtes, il aimait penser que quelqu'un veillait sur eux, sur leur amitié, et sur leurs bébés.

Il suivit son ami à la trace, un peu perdu dans cette maison qu'il n'avait jamais vue de l'intérieur. C'était bien plus grand que chez lui, bien sûr, mais pas aussi luxueux qu'il se serait imaginé. Ilya et Genya méritaient mieux que ça. Il y avait dans ce manoir une atmosphère morbide qui lui faisait froid dans le dos. Vendredi 13 semblait penser la même chose, puisqu'il collait son maître de près. Ces murs devaient être remplis de vieux fantômes.

Ils iraient s'installer dans le grenier, c'était l'idée d'Ilya, pour faire un nid digne de ce nom aux deux œufs. Comme ils en auraient, de la chance, de naître entouré d'humains qui les aiment et de Pokémon tous plus curieux les uns que les autres. Dans de vieux rideaux pourpres couverts de poussière qui firent bien éternuer Oliver, les adolescents posèrent les deux coquilles, côte à côte, comme des jumeaux prêts à naître.
Le jeune garçon s'installa en tailleurs, les yeux rivés sur son futur Pokémon, remplis d'étoiles. Noisette s'était assise sur le bord du nid, l'air toute aussi curieuse. Quant au matou, il était parti faire la fête à Polichombr qui s'était trop approché du groupe à son goût.

Contre son bras, le blond sentit soudain quelque chose le percuter. Il tourna la tête et rencontra deux iris dorés. Un large sourire se dessina sur son visage.

E-eh ! Sieba !

Le Luxio prit cela pour une invitation et se posa sur les genoux désormais bien petits de son papa. Oliver n'ose pas le repousser malgré le poids, toujours aussi ravi de revoir le jeune lion. Juste parce qu'il s'apprêtait à accueillir un nouveau compagnon ne voulait pas dire que Sieba ne serait plus son bébé, après tout !
Avec les puissants ronronnements du Pokémon, Oliver manqua presque l'agitation du côté d'Ilya. "Presque", car il aurait été difficile de ne pas remarquer la lueur aveuglante qui prit la forme d'un Pyroli. La couleur de sa fourrure ne laissait pas vraiment de doute quant à son identité. Et Rozovyy avait l'air très fier de sa petite bêtise. Il y avait vraiment de tout dans ce grenier.

Hehe, on d-dirait d-de la b-barbe à p-papa !

Il n'avait pas réalisé qu'il parlait à voix haute et chercha à cacher ses joues aussi roses que le Pokémon Guimauve. Heureusement, il y avait peu de chances pour que ce dernier le comprenne et se vexe pour si peu.
Ilya, lui, était moins amusé. C'était son Pokémon, après tout. Une évolution est un changement plutôt dramatique. Il devait être chamboulé par tout ça, mais Oliver n'avait pas pour autant réprimé son petit rire. Heureusement, le Stranaïte s'était dépêché de ramasser les autres pierres au sol. Ils auraient eu vite-fait de se retrouver avec deux Pyroli et... un Delcatty ? Brr, non merci. Vendredi 13 était déjà un sacré morceau avec sa taille actuelle.

Au lieu de ranger l'une des gemmes, Ilya la tendit à Oliver, qui resta confus, les yeux dans le vide et les bras ballant pendant un moment. "Pour te remercier t'occuper du bébé". Oliver aurait bien répliqué qu'il n'avait pas besoin d'un remerciement, qu'il n'avait fait que son devoir et que le cadeau venait de lui, mais il n'en dit rien. La pierre était si belle. Presque transparente, il pouvait deviner la couleur de sa peau encore rougie par l'effort derrière des éclats multicolores. Il ne savait pas si elle servait à quelque chose, si elle avait un pouvoir quelconque, mais elle était jolie. Et surtout, c'était un cadeau d'Ilya. Il n'en refuserait jamais un.
Il se contenta de murmurer un petit "merci", en jurant de chérir cette pierre, quoi qu'elle soit.

Peu à peu, tous les Pokémon vinrent se joindre au groupe. Le Skitty semblait avoir terminé sa chasse et vint s'assoir à côté de son maître, les genoux étant regrettablement déjà occupés par un plus gros félin.
Bonnie, l'Evoli Ébène, s'était même avancée directement à l'intérieur du nid pour inspecter l’œuf brun. Légèrement surprotecteur, Oliver voulut dire quelque chose, peut-être demander gentiment à cette petite princesse de Bonnie de faire attention, mais la voix d'Ilya l'interrompit. "La maman attend son bébé", dit-il.
Le jeune garçon manqua de se vexer. C'était lui, la maman de l’œuf ! Lui qui avait veillé dessus nuit et jour, Bonnie venait juste d'arriver ! Puis, la réalisation le frappa en regardant le motif de zigzag marron et beige sur la coquille de son précieux bébé. C'était un œuf d'Evoli, n'est-ce pas ? Alors elle en était vraiment la mère ? C'était touchant, mais aussi un peu inquiétant. Si le renardeau qui en sortait était comme sa maman, Oliver aurait un sacré morceau à élever.

D'ailleurs, un autre craquement se fit entendre, faisant sursauter Oliver. Un bout de coquille sauta et il crut apercevoir un petit bec sortir de l’œuf bleu. Son regard était intense, ses bras crispés autour de ce pauvre Sieba. Il n'osait presque pas cligner des yeux. Et si son Bébé ne le voyait pas directement ? S'il préférait sa maman biologique à lui ? Il ne pourrait pas le lui enlever mais abandonner encore un Pokémon lui briserait le cœur.
Alors, peu importe ce qu'en penserait Ilya, il repoussa le Luxio (récoltant un miaulement mécontent) pour s'avancer à quatre pattes vers le centre du nid. Était-ce ridicule, d'être jaloux d'un Evoli ? Complètement. Est-ce que ça empêcherait Oliver de se battre pour l'affection du nouveau-né ? Absolument pas.

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L'attitude étrange d'Oliver n'échappa pas à son ami, qui décida de lui raconter l'histoire en entier. Bonnie aurait fugué et aurait été retrouvée chez Charlotte, avec Pêcha l'Arcanin et cet œuf. Le jeune garçon préférait ne pas penser aux implications, mais c'était trop tard, il rougissait déjà de honte. C'était comme revivre le jour où il avait appris comment on faisait les bébés une seconde fois. Quel horrible souvenir.
Il lança un regard confus à la renarde ébène, arquant un sourcil, l'air de dire "vraiment ?". Elle lui répondit d'un seul air insolant. Comme si elle savait que lui crèverait célibataire et n'avait pas son mot à dire.

Ilya continua, expliquant la raison de son cadeau. Oliver ne put s'empêcher de sourire, ému à cette idée aussi. Il n'avait jamais vu cet Évoli. Bonnie et Rozovyy n'avaient rejoint leur maître que récemment et il n'avait pas d'autre évolution d'Évoli avec lui. Cette pauvre bête avait probablement perdu la vie, peut-être à cause de la guerre. Oliver préféra ne pas soulever la question, la réponse lui semblant évidente, et trop douloureuse pour son ami.
Alors, il se contenta de le remercier d'une petite voix.

M-merci, ça m-me touche, v-vraiment.

Il avait été choisi pour revivre ce souvenir. Il se sentait spécial. C'était malheureusement un sentiment trop rare pour lui. Ilya n'avait sûrement aucune idée à quel point il avait changé sa vie, il ne le saurait peut-être jamais. Ne serait-ce que parce qu'Oliver n'avait pas de mot assez grand pour le décrire. D'autant qu'il n'avait rien à lui offrir à part son amitié et des petits gâteaux de temps en temps.
N'importe qui l'aurait déjà abandonné, aurait jugé qu'il manquait d'intérêt. Mais pas Ilya. Ilya était différent. Quand il se sentait de bonne humeur, Oliver arrivait presque à se convaincre qu'Ilya l'aimait réellement - en tant qu'ami, bien sûr ! - et qu'il resterait fidèle à sa promesse d'attendre ensemble que la vie devienne plus belle.

Après ce qu'Oliver supposa être une prière, le Stranaïte raconta également comment il avait reçu l’œuf de Tiplouf. Un cadeau d'un couple d'admirateurs, apparemment. Combien de cadeaux recevait-il pour son statut de Tsarévitch ? Sûrement bien plus qu'Oliver ne pourrait jamais lui offrir. Il se demanda s'il avait seulement été touché par la peluche de Flamiaou qu'il lui avait offert. Il devait en avoir de bien plus grandes, bien plus belles. Alors ce minuscule jouet, à peine digne de servir de porte-clé, avait dû finir à la poubelle. Le jeune garçon savait qu'il ne pouvait pas en vouloir à son camarade, mais il était tout de même déçu. Peut-être un peu... blessé, à cette idée. L'idée de lui demander s'il l'avait gardé lui traversa l'esprit, mais il se ravisa. Il préférait vivre dans le doute plutôt que d'apprendre ce qu'il craignait.

J-je... il balbutia quand Ilya lui demanda s'il avait un nom pour son Évoli, p-pas v-vraiment... j-je n-n'y ai p-pas p-pensé... avoua-t-il avec une once de culpabilité dans sa voix cassée, ça f-fait d-de m-moi un m-mauvais p-papa tu p-penses ? demanda-t-il en levant la tête.

Son visage trahissait un réel embarras et sa peur de ne pas être assez. De ne pas être assez pour ce bébé, de ne pas être assez pour Ilya, qui lui avait fait confiance.

La nature ne lui laissa pas le temps d'attendre une réponse, cependant. Petit à petit, le bec du pingouin avait fini par percer la coquille, laissant apparaître la tête entière du Pokémon. L'espace d'un instant, Oliver oublia son souci, émerveillé par la petite boule de plume. Il aurait voulu la caresser (ce duvet avait l'air si doux), mais à peine sortie, elle partit se cacher dans les bras de son humain. L'adolescent se vit un peu vexé, mais il pouvait comprendre. Ce n'était pas lui, le papa de ce Tiplouf. Il apprendrait à le connaître plus tard. En attendant, il se contenterait d'un petit signe de main en souriant timidement.

Puis, ce fut au tour de son œuf de s'agiter réellement. La fissure originelle commença à s'élargir assez pour laisser apparaître une touffe de poils argentés. Argentés ? Il se serait attendus à les voir bruns, ou à la rigueur noirs, comme sa maman. Il avança une main, prêt à aider le petit Pokémon à sortir comme l'avait fait Ilya pour le sien, mais dans une dernière et violente secousse, l’œuf se brisa en mille morceaux, révélant une silhouette confiante. Un superbe Évoli chromatique, sûr de lui, fier d'avoir réussi à sortir de là tout seul !

Son regard se posa d'abord sur le petit blond, puis sur l'Évoli au poil noir qui vint lui donner quelques coups de langue. Il la remercia d'un coup de boule qui attendrit Oliver autant qu'il ne déçut. Il s'imaginait que son bébé avait déjà fait son choix. S'il voulait rester avec Bonnie, alors il le laisserait.
Mais, avant qu'il ne puisse se lamenter, il s'arracha aux pattes de sa mère biologique pour aller faire la rencontre de son père adoptif. Timidement, terrifié à l'idée de gâcher cette opportunité, le jeune garçon approcha sa main de la tête de la créature. Il n'eut pas le temps de la poser : l'Évoli vint lui même écraser sa tête contre la paume pour se laisser caresser. Clairement, il avait déjà la confiance en lui et l'audace de sa maman ! De quoi arracher un petit rire, amusé et ému à Oliver, tandis qu'il passait ses doigts dans la douce crinière presque bleue du Pokémon.

Ilya avait choisi le nom de l'oiseau. C'était un mâle, Dimitri, donc. Oliver aurait aimé en savoir autant, mais ses connaissances en Pokémon s'arrêtaient à ceux qu'il possédait. Il lui semblait avoir appris que le genre d'Évoli pouvait se deviner aux motifs de sa queue. Sur Bonnie, il était difficile de le deviner : sa fourrure était noire de jais de la tête aux pieds !
En revanche, on voyait clairement une différence sur le bébé. La pointe de queue était plus claire. Elle semblait dessiner un genre de fleur autour du panache. Oliver essaya de se souvenir de l'apparence de Rozovyy, qui ne pouvait actuellement pas servir de référence. S'il se rappelait bien, la tache rose foncé au bout de sa queue avait une forme moins distincte, plus fondue avec le reste de son pelage.

C'est... une f-fille ? demanda Oliver d'un ton incertain. L'Évoli roucoula joyeusement, visiblement bien amusée d'être tenue en l'air de la sorte.

Le jeune garçon sourit. Après tout, il se fichait bien de savoir si son bébé était un mâle ou une femelle. Il voulait juste le voir heureux.

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En entendant les paroles d'Ilya, le cœur d'Oliver s'allégea. Il n'avait pas besoin de beaucoup, juste d'entendre ce qu'il voulait entendre. Qu'il s'occuperait bien de son Évoli, qu'un nom lui viendrait en temps voulu. Alors, il se sentit comme sur un petit nuage pendant un moment, berçant doucement la petite créature qui semblait aimer qu'on lui chatouille le ventre. Combien de moments comme ça avait-il raté en se voyant forcé de laisser Sieba à son autre papa ? Il soupira doucement, mais ne laissa pas la tristesse le noyer.
Tout allait bien. Sieba était là aussi, il l'aimait comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Il ne lui en voulait pas. Tous ensemble, ils formaient presque une... famille ? Une idée qui réchauffa les joues du jeune garçon, un peu honteux. Jouer au papa et à la maman, ce n'était plus vraiment de son âge ! Il ne pouvait tout de même pas s'empêcher de ce demander si Ilya pensait la même chose. Il préféra ne pas tenter le diable. Si Ilya s'était moqué de lui pour une réflexion qui lui tenait tant à cœur, il en aurait été très blessé. Ce petit secret, il le garderait pour lui. Un de plus ou de moins...

Tout doucement, avec l'aide d'Ilya, Dimitri finit par sortir de sa cachette. Cela attira l'attention du bébé dans les bras d'Oliver, qui demanda à descendre pour aller faire sa connaissance. La différence d'assurance était presque amusante. Le Tiplouf tremblait dans ses plumes, tandis que le pelage gris de l'Évoli était gonflé de fierté. Après l'avoir reniflé sous toutes ses coutures, manquant de peu de le faire retourner sous l'aile de son papounet, elle finit par lui donner un coup de boule affectueux suivi par quelques léchouilles. Si l'oiseau sembla prendre peur un instant, il comprit vite que ce coup de tête n'était qu'une marque d'affection et il se laissa calmement toiletter.
Oliver ne pouvait pas être plus heureux. Ils allaient vraiment s'entendre comme des frère et sœur.

Pendant un moment, tout le groupe, humains comme Pokémon profita du calme qui régnait dans le grenier. Certains regardaient calmement les bébés jouer, d'autres étaient venus demander des câlins. Certains, comme Vendredi 13, s'étaient même endormis. Doucement, comme par peur de les briser, Oliver imita son ami, occupé à caresser les nouveaux-nés. Il essaya d'ignorer la sensation de chatouille qui lui parcourait l'échine chaque fois qu'il croyait frôler les doigts d'Ilya, en vain. Ses joues se teintaient immanquablement de rose et un sourire essayait de germer. Avec un peu de chance, il n'y ferait pas attention.

Le jeune homme finit par briser le silence. Son ton et ses mots firent immédiatement tomber les traits d'Oliver. Il était inquiet, et si ses sens lui criaient de secouer Ilya comme un prunier pour lui demander ce qui n'allait pas, il se contenta de le laisser continuer après un hochement de tête, qu'il se sache écouté.

Ilya avait peur. Généralement, c'était plutôt son cadet, qui se montrait peureux, pleurnichard, toujours tremblant. Mais, juste parce qu'il n'était pas autant à fleur de peau que lui ne voulait pas dire qu'il était moins sensible, moins triste. Sa vie n'avait rien de joyeuse. A tel point qu'Oliver se sentait parfois coupable de ne pas se contenter de son sort.
Il avait raison. Aussi agréable était-il, ce moment ne durerait pas. Il faudrait éventuellement rentrer à la maison. Il se ferait probablement disputer pour avoir disparu sans prévenir. S'il avouait être allé voir Ilya, ses parents finiraient vraiment par ne plus vouloir qu'ils se fréquentent. Et s'il refusait de dire où il était, ils se douteraient.
Ils estimaient que le Stranaïte avait une mauvaise influence sur leur fils, qu'ils le rendaient rebelle et désobéissant. Oliver aurait aimé qu'ils puissent voir le bon côté des choses. Qu'il avait des amis. Qu'il s'amusait. Qu'il était heureux. Mais qui sait si ça aurait suffi à leur faire changer d'avis ?

En entendant son ami parler de ses rêves - ou plutôt de ses cauchemars, il eut envie de se creuser un trou et de s'y laisser mourir. La tête rentrée dans les épaules et le regard fuyant, il écouta la voix tremblante d'Ilya lui confier sa grande peur. Une peur qu'il ne soit plus là et qu'il soit perdu sans lui.
Oliver aurait aimé être ému, simplement être heureux et de sentir apprécié. Mais il y avait une part de honte. Une part de lui qui savait qu'il avait déjà songé à... écourter son existence. Une part de lui qui savait que cette option n'avait pas été totalement balayée, qu'après le lycée, il ne voyait pas d'autre futur pour lui. Il se garda de le dire à Ilya. Ca ne lui plairait pas d'entendre ça. Et puis, il restait plus d'un an et demi avant que la question ne se pose. Il pourrait l'ignorer. La ranger l'air de rien dans un tiroir. Avec un peu de chance, il changerait d'avis d'ici-là et tout irait pour le mieux.

Voilà qu'Ilya s'excusait. Il s'excusait d'avoir radoté, comme si Oliver, lui, ne passait pas son temps à se plaindre bien plus que ça. Les Pokémon du jeune homme avaient bien senti sa détresse et l'avaient tous rejoint dans une masse de poils et de plumes. Il était bien entouré. Mais il restait bien une place pour un gringalet comme Oliver, non ?
Peu importe qu'il se sente un peu serré entre Ilya et Sieba, l'essentiel était de lui faire comprendre comme il comptait pour lui. Connaissant sa propre force, ses bras serrés fermement autour du torse de son ami ne devaient pas lui faire tant de mal que ça.

C'est... c'est p-pas n-n'imp-porte q-quoi, marmonna-t-il d'un ton presque sévère, m-moi aussi, j-j'ai p-peur tu sais.

Il sentait ses mains trembler dans le dos d'Ilya. Comment ne pas avoir la larme à l’œil en parlant d'un tel sujet ?

J-j'ai p-peur q-que... tu p-partes. Soit p-parce q-que tu n-ne v-veux p-plus d-de moi, ou... il jeta un œil aux bras du Stranaïte. Ses cicatrices n'étaient pas en vue, mais nul doute qu'elles n'avaient pas bougé, pas plus que la sienne. J-je sais p-pas ce que j-je f-ferai sans toi. J-je-...

Il décolla ses bras, se rassit à sa place, l'air gêné. Il avait failli dire une bêtise.

T-tu v-vois, m-moi aussi j-je dis d-des ch-choses b-bizarres, balbutia-t-il derrière ses joues rouges. Il passa une main derrière sa nuque qui le démangeait méchamment, m-mais c'est v-vrai. J-je... tiens à toi, v-vraiment.

Ce n'était pas une chose trop étrange à dire à un ami, si ?

Et ! ... n-ne t'en f-fais p-pas p-pour les b-bébés ! Si on les emmène d-demain, ils p-pourront se v-voir ap-après les c-cours ?

Et ça leur ferait une bonne excuse pour passer du temps entre eux aussi.

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Il sembla à Oliver qu'Ilya ne l'avait pas écouté. Peut-être qu'il avait trop parlé ou qu'il avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Les yeux de son ami étaient embrumés, remplis de quelque chose qu'il ne comprenait pas vraiment. Honteux et consciencieux de l'avoir vexé, il se tut, les yeux rivés sur le pelage d'argent de son bébé.

Puis, Ilya parla, et Oliver sursauta. Il aurait préféré que le jeune homme se taise, finalement. Finir la journée dans un silence agréable aurait été une bonne chose, non ? Non. Il avait fallu qu'il ouvre la bouche et pour poser une horrible question. Une à laquelle Oliver lui-même préférait ne pas réfléchir. Peut-être parce qu'il connaissait la réponse et qu'elle l'effrayait.

Le grand blond ne porta pas d'attention à son regard terrifié qu'il cherchait à cacher en le détournant du sien. Il continua de parler, toujours avec cette fichue expression illisible et une voix tremblante. Les efforts combinés de tous ses Pokémon pour lui apporter du confort semblaient vains : il était déjà parti dans les labyrinthes de son esprit. Et Oliver lui, ne pouvait rien faire d'autre que de l'écouter tout en le suppliant silencieusement de se taire.
S'il avait été quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus courageux, qui ose se battre pour ses propres intérêts, il l'aurait fait. Il aurait hurlé pour qu'Ilya la boucle. Il se serait défendu bec et ongles de ce dont il l'accusait, aurait même pu s'énerver de le suspecter sans la moindre preuve.

Mais, Oliver étant Oliver, il se contenta de laisser son ami terminer son monologue avant de lui lancer un regard suppliant. Ses joues, comme les siennes, étaient déjà couvertes de larmes. Bien joué, Oliver, tu l'as encore fait pleurer, et sans rien dire cette fois !

I-Ilya, j-je... n-non, b-bien sûr q-que non ! articula-t-il difficilement dans un rire forcé, j-je n-ne f-ferai j-jamais ça ! Tu le sais, p-pas v-vrai ? J-je n-ne suis -pas assez c-courag-geux, d-de toute f-façon, haha...

Il se tut aussi vite qu'il n'avait parlé, regarda le sol poussiéreux, puis les yeux inquiets de l'Evoli dans ses bras. Quelque chose dans les siens ne dut pas plaire à la renarde, qui baissa les oreilles, attristée. Même elle sentait que rien n'allait sous ces boucles blondes, alors qu'elle avait moins d'une heure d'existence. Son mensonge devait être évident pour Ilya.
Il vaudrait mieux être honnête, pas vrai ? Mais, s'il le détestait ? Il venait de dire qu'il ne supporterait pas de le perdre. S'il s'apprêtait à avouer ce qu'il avait en tête, il lui reprocherait de ne pas penser à lui, à tous ses amis, à ses compagnons à quatre pattes ou à ses parents. Il aurait eu raison. C'était une décision égoïste, c'était bien ce qui la rendait difficile.

Il suffit d'un dernier regard à Ilya pour rompre son hésitation. Ses yeux humides de Voltoutou battu lui transpercèrent le coeur. Il ne pouvait pas lui mentir. Ilya était une bonne personne, son meilleur ami et il l'aimait plus qu'il n'avait le droit de l'aimer. Alors ses quelques larmes à peine bonnes à lui mouiller les joues vinrent se joindre à un torrent quand il éclata en sanglots.

J-j-je suis il eut un premier hoquet d-d-désolé !

Il essaya bien d'en dire plus, d'exprimer toutes ses peurs et ses peines, mais dans son état, il ne sortait de sa bouche qu'une purée de mots à peine articulés, qui même sans pleurs pour les brouiller, n'auraient pas voulu dire grand chose. C'était donc ça, la conséquence de garder un secret trop longtemps ?

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Oliver aurait aimé retourner l'étreinte digne d'un Ursaring de son ami. Il la méritait. Il méritait tous les câlins, toute l'affection, tout l'amour du monde ! Seulement, il était trop faible, misérable et fatigué pour bouger. Alors il se laissa simplement bercer et caresser le crâne, dans une embrassade qui lui rappelait celles de sa mère. Quand il était tout petit, elle lui en faisait souvent. Chaque fois qu'il se croûtait un genou, chaque fois qu'un enfant lui avait tiré les cheveux, chaque fois qu'il avait simplement envie d'un peu d'amour.
Désormais, il était "un peu trop grand pour ça", et il se sentait de plus en plus distant d'elle, malgré lui. Et il avait beau avoir hâte d'être grand frère, il se doutait bien que l'arrivée du bébé n'aiderait en rien. Ce pauvre gamin n'était même pas déjà né qu'Oliver en était jaloux.

Il avait abandonné l'idée de s'exprimer, s'étant rendu compte que personne ne comprendrait un mot sorti de sa bouche tant que son nez serait encore rempli d'eau. Il se contenta d'écouter Ilya, qui en avait des belles choses à lui dire. Il n'était pas peureux, mais courageux d'avoir tenu bon. Il n'était pas nul, juste malade, comme lui. Il n'était pas coupable de ce qu'il lui arrivait, c'était ses proches et ses camarades qui avaient fait de lui la boule de nerfs qu'il était à l'heure actuelle. Ils se battraient ensemble contre le monde. Il n'y avait vraiment qu'Ilya pour lui dire tous les mots qu'il voulait entendre.
Cela n'arrêta pas les pleurs, au contraire. Mais les larmes se faisaient moins lourdes, la gorge moins serrée. Il n'était plus malheureux, juste un peu triste et très ému. Tous les Pokémon s'étaient joints à eux pour essayer de leur remonter le moral. Il était bien rare qu'Oliver se sente si... "pas seul".

M-merci... murmura-t-il d'une voix éraillée.

Il prit le temps de se calmer un peu. De laisser ses yeux s'assécher, de reprendre une respiration régulière et d'avaler la boule qui l'avait étouffé. Une fois le contrôle de son corps retrouvé, ses bras vinrent enserrer son ami comme ils auraient dû le faire plus tôt.

C'est toi. C'est toi q-qui est g-gentil. J-je... p-pas m-moi. Il y a d-des ch-choses... m-même à toi, j-je n-n'ose p-pas les d-dire... il soupira, j-je n-ne suis p-pas v-vraiment d-digne d-des Sankta, ajouta-t-il dans un rire humide.

Après tout, qui voudrait de Sankta Ollie, dresseur de Pachirisu chromatique, saint patron des pédales ?

J-je n-ne suis m-même pas sûre que j-je m-manq-manquerai à q-quelqu'un. Enf-fin... j-je ne d-dis p-pas ça p-pour toi mais... il prit une grande inspiration, m-mes p-parents... ils... j-je c-crois q-qu'ils ne m'aiment p-plus. Et les g-gens à l'éc-l'école... ils seraient sûrem-ment heureux.

Il serra un peu plus fort le corps entre ses bras, profitant de toute la chaleur que pouvaient lui offrir Ilya et leurs compagnons à fourrure ou à plumes.

Alors tu c-comp-comprends, c'est d-dur d-de te c-croire, avoua-t-il honteusement. Il aurait voulu être un bon ami, être capable d'avoir une pleine confiance envers lui, m-mais, p-promis, je f-ferai d-de mon m-mieux.

Son sourire était faible, fragile, dissimulé dans le tissu de la chemise du jeune homme. Mais il était tout de même là, représentant le peu d'espoir qu'il lui restait.

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Oliver se vit presque déçu des paroles de son ami. Peut-être aurait-il voulu être bêtement rassuré, entendre dire que ses parents ne le détestent pas, que les garçons du lycée regretteraient leurs actes s'il se donnait la mort. Ca valait sûrement mieux comme ça. Ilya ne lui mentait pas, mais il faisait de son mieux pour lui redonner le moral. Il aurait aimé pouvoir l'écouter et le croire. Mais il lui était bien difficile de vivre pour lui-même.

Avec les années, l'amour de ses parents qui diminuait et le harcèlement qui empirait, il avait fini par en déduire que le problème venait de lui. Qu'il était une horrible personne. En toute logique, il se détestait. Il hésita à le formuler à voix haute mais se ravisa. S'il parlait de ça, il pleurerait encore. Aujourd'hui devait être une journée heureuse, illuminée par deux naissances. Le bébé Évoli et Dimitri méritaient mieux que ça.
Oliver commençait tout juste à se sentir mieux, bien confortable dans des bras qui le serraient peut-être un peu trop près et un peu trop fort pour "des amis". Ce n'était pas le moment de faire tout voler en éclat avec une crise de larme. Il se contenta de respirer doucement, et un sourire se dessinait doucement sur ses lèvres. Il resta quand Ilya commença à lui parler de légendes Stranaïte. C'était comme écouter sa mère lui raconter des contes de fée. Il ne comprenait pas forcément tout, les métaphores étaient plus compliquées que celles de Boucle d'Or ou du Petit Chaperon Rouge, mais il aimait quand même entendre parler son ami.

Mais il se raidit quand le jeune homme conclut. "C'est pas grave si tu es...". Il écarquilla les yeux, terrifié à l'idée de ce qu'il dirait. Sankta Sieba était à la fois un homme et une femme, il faisait peut-être juste référence à son apparence efféminée. Oliver aurait été flattée qu'on l'accepte plutôt qu'on s'en moque pour une fois, mais il avait le pressentiment qu'Ilya parlait d'autre chose. De Sankta Zaria qui aimait une femme ? Mais n'en était-elle pas une elle-même ? Sûrement une mauvaise traduction du Stranaïte au Kerosien. Pas vrai ?
Ilya ne pouvait pas parler de ça. Il ne pouvait pas savoir. S'apprêtait-il vraiment à lui dire qu'une telle chose n'était pas grave ? Impossible. Ou alors, il l'aurait fait pour se moquer. Peut-être avait-il deviné ses sentiments trop peu platoniques ? Allait-il le confronter là, maintenant, tout de suite ? Maintenant semblait un bon moment pour changer de sujet et aborder cette haine de soi finalement.

Mais un ange vint à son secours. Un ange sous la forme d'un Lixy immaculé qui percuta son humain et l'empêcha de finir. Oliver soupira de soulagement. S'il y avait une chance pour qu'Ilya se soit apprêté à l'accepter, elle était trop infime. Il n'était pas prêt à entendre la suite. À moins qu'il ait juste angoissé pour rien, comme d'habitude, ce qui n'aurait rien eu d'étonnant.

Comble du destin : Belun avait apparemment choisi ce jour pour évoluer. Comme Peluche, Chernaya et Sieba avant elle, elle disparut derrière une boule de lumière avant de reparaître sous la forme d'un beau Luxio blanc. Comme elle était belle. On en aurait presque oublié ses yeux qui louchent.
Fière d'elle, la lionne se jeta sur son dresseur pour lui réclamer un câlin, sûrement inconsciente de sa nouvelle force. Le pauvre se retrouva projeté au sol, et le garçon qu'il tenait dans ses bras subit le même sort. Oliver ne put retenir un petit rire, amusé et soulagé par la situation. Il ne put non plus empêcher ses joues de se tacher de rose dans une telle position. Enlacés, allongés sur le sol comme... comme... des amoureux. Un cri intérieur fait vite taire cette idée et Ilya ne tarde pas à se lever. L'espace d'un instant, le jeune garçon s'inquiète d'avoir pensé trop fort, en particulier quand le Stranaïte laisse échapper un gros soupir, mais il l'aide à s'assoir à son tour et n'ajoute rien à sa pensée. Il se contente de caresser se nouvelle Luxio avec un sourire triste.

Ils g-grandissent si v-v-vite, hein ? demanda Oliver avec un petit rire, tandis que sa main vint prendre instinctivement celle d'Ilya. Ça l'amusait bien de parler comme un vrai parent, m-mais ça reste n-nos b-bébés.

C'était Ilya lui-même qui avait annoncé à Oliver qu'il serait le deuxième papa de Belun. Il ne se serait jamais approprié cet honneur. La Luxio semblait approuver, puisqu'elle délaissa un moment son dresseur pour lui faire quelques léchouilles. En effet, les Pokémon grandissaient bien plus vite que des humains. Dire qu'un jour, son petit bébé Sieba serait assez grand pour qu'il puisse monter dessus comme un Galopa !
D'ailleurs, le Luxio doré s'approcha de lui, comme s'il avait lu ses pensées. Ou, plus probablement, par jalousie de voir sa petite sœur recevoir plus d'attention que lui. Un vrai petit prince... il posa sa tête sur les genoux de son père adoptif et se laissa caresser la tête en ronronnant. Bien vite, il s'assoupit dans un grand bâillement.

Oliver l'imita. Il se rendit compte qu'il était bien plus fatigué qu'il ne le croyait. Toutes ces émotions, ça crève. Il essaya de tenir bon alors que ses yeux papillonnaient, se retint deux/trois fois de piquer du nez, mais éventuellement, entre l'atmosphère calme et la présence réconfortante de son ami et de ses créatures, il plongea, écrasant sa petite tête sur l'épaule d'un pauvre Ilya probablement bien gêné.

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Oliver rêva sans heurt. Un rêve innocent, lui coursant Genya à dos de Sieba et Belun devenus Luxray. Il gagnait la course et Ilya venait le féliciter. Il crut l'entendre murmurer qu'il savait qu'il aimait les garçons et que ce n'était pas un mal avant de le prendre dans ses bras. La suite était une histoire d'enquête paranormale où le groupe d'ami cherchait à ressusciter le docteur Skyblack, mais rien de bien pertinent avec la première partie.

Il fut tiré de son sommeil par une main secouant doucement son épaule. Il ouvrit les yeux avec difficulté et mit un bon moment à se souvenir où il était. Il faisait sombre, il pouvait sentir de la poussière et des poils de Pokémon partout. À côté de lui, une boule de fourrure argentée l'observait en remuant joyeusement sa queue touffue.
Quand il comprit, il se releva droit comme un piquet. À en croire la course du soleil, il devait être tard. Et il était dans le grenier d'Ilya, pas chez lui. Il avait beau avoir envie de rester - qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour faire une soirée pyjama avec son ami, il se ferait sûrement assassiner s'il ne se dépêchait pas.

Oh n-non... j-je m-me suis v-vraiment end-dormi ? D-d-d-désolé ! il se leva, appela ses Pokémon qui vinrent le rejoindre uns à uns, j-je d-dois rentrer avant d-d'être p-plus p-puni... bredouilla-t-il, honteux.

Dans de premiers adieux déchirants, le bébé Évoli embrassa son petit frère Tiplouf sur le bec, qui la salua d'un grand câlin, non sans larmes. Puis, elle précéda son dresseur en sautant directement en bas de l'échelle.
Oliver hésita. Il s'en voulait de partir à la Galarienne. Timidement, sa tête ressortit dans le grenier pour demander, hésitant :

Tu v-veux b-bien m-me racc-compagner ?

Ce n'était pas par peur - bien qu'Oliver ne fasse pas bien confiance aux alentours d'Eagal, en particulier à cette heure-là. N'importe quelle excuse était la bonne pour passer plus de temps avec Ilya. Ne serait-ce que dix minutes sur toute une vie.

Dix minutes qui passèrent trop vite après avoir quitté le manoir Winters. S'il n'avait pas été un piètre marcheur, Oliver aurait presque souhaité habiter plus loin. Ilya le laissa à l'entrée de Doon, bien loin de sa maison où il aurait risqué de tomber sur un certain Charles Dixon. Non content de ne pas porter le Stranaïte dans son cœur, il serait sûrement de mauvaise humeur en voyant son fils rentrer à pas d'heure. Alors si les deux étaient liés... Oliver soupira. Aurait-ce été trop demander que d'avoir une famille et des amis qui s'entendent.

M-merci en-encore. P-pour m-me racc-compagner et... et p-pour le b-bébé. J-je m'occ-cuperai b-bien d'elle, p-promis.

Il n'y avait pas à en douter. Elle serait aussi pourrie gâtée que sa maman. Peut-être même plus.
Oliver accorda un dernier sourire à son ami avant de reprendre la route. Il savait que des visages moins chaleureux l'attendraient à la maison.

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