On dit souvent "jamais deux sans trois" mais bon, Koa-Kanno n'en était qu'à son deuxième kidnapping alors l'expression ne s'appliquait à priori pas (à moins que le Grand Sinnoh lui réserve d'autres surprises à l'avenir). C'était une première fois niveau prise d'otage, alors il espérait bien que le karma ne compte pas par trois... Mais ne jugez pas trop vite les préoccupations du Ranger, il n'y avait rien d'autre à faire du temps que ces salauds de Sealg lui laissait et ces scénarios hypothétiques lui offraient au moins un avenir, là où la situation actuelle était plus incertaine : les probabilités qu'il soit contraint à dire adieu à la vie étaient hautes, or le nombre de choses qui lui restait à accomplir sur cette Terre avait de quoi y enchaîner son fantôme une éternité.

Faire chier les sbires en parlant l'ancienne langue de Sinnoh avait vite perdu de son charme, il semblerait qu'ils aient abandonné l'idée de tirer la moindre information de lui. A court d'interprètes, peut-être ? Quoi qu'il en soit, ce n'était pas comme s'il savait grand chose : il était juste un Ranger de bas rang, au mauvais endroit au mauvais moment. Apparemment comptaient-ils envoyer leur boss en désespoir de cause, Koa-Kanno cru entendre, mais il n'y avait pas grand chose qu'il puisse faire de ce bruit de couloir. Il doutait qu'une personne -aussi importante soit-elle- concède de le laisser repartir s'il demandait poliment...

Pourquoi alors- pourquoi eut-il un semblant d'espoir, l'instant où il l'a vit ?

Son coeur semblait avoir loupé quelques battement, avant de reprendre son rythme habituel. De même, Koa-Kanno tenta de se ressaisir : une femme, donc. Il avait cru comprendre que la séduction était une stratégie d'infiltration ayant fait ses preuves, bien qu'il n'était pas disposé à s'en servir. Il préférait encore mourir et garder sa dignité que de jouer ainsi avec les sentiments d'autrui... Mais là, à l'instant, ce dilemme morale était hors de ses considérations : il n'avait rien à perdre en faisant au moins bonne impression, or fixer sa future interlocutrice tel un Magicarpe hors de l'eau n'allait sûrement pas dans ce sens. Bien sûr ne l'avait-il observer aussi attentivement que pour se faire une idée d'avec qui il avait affaire...

" - Bonjour, que me vaut l'honneur de la visite d'une demoiselle si importante ?" finit-il par demander, dans un kerosien parfait mais non sans une pointe d'amertume. Compréhensible vu la situation, peu de gens aiment être enfermés contre leur gré par un groupe de crime organisé et il espérait qu'on le lui excuserait. Sourire ironique au lèvres, car laisser deviner un seul instant ses véritables pensées était un risque qu'il ne devait prendre sous aucun prétexte... Peut-être, d'une autre part, parce qu'il n'avait pas envie que l'autre s'aperçoive du trouble qu'elle causait dans son esprit. Bien sûr, l'homme aurait rit si on lui avait parler de "coup de foudre"... Mais y avait-il seulement un autre mot pour désigné ce qu'il ressentait ?

(Le Grand Sinnoh lui avait effectivement réservé une surprise).