J'ai pas de père mais au moins j'ai un chien [Solo]

Ces derniers jours avaient été... Chargés, pour Lydia.

Son frère ainé était venu en début de semaine lui annoncer le décès de leur père : ce dernier n'était pas bien vieux, pourtant, et Lydia avait eu du mal à y croire... Mais après avoir assisté aux funérailles, il fut bien contraint d'accepter cette réalité, aussi peu tangible lui semblait-elle pour le moment. C'était pour le jeune homme impensable que son parent ne soit juste... Plus là. Qu'il ait disparu avant que le roux n'ait eue la chance de gagner son respect au même titre de ses deux frères, d'être devenu autre chose qu'un boulet à ses yeux. Égoïstement, Lydia s'était même raccroché à l'espoir qu'un jour, son paternel l'accepterait comme il était, or se voir cette possibilité arrachée définitivement ainsi faisait un mal de Ponchien.

Et encore, on lui avait épargné tout le blabla administratif : que ce soit de l'opinion de ses proches ou de la sienne, Lydia était trop con pour comprendre ces affaires et pas assez opportuniste pour se jeter sur l'héritage. Tant pis si ses frères prenaient 3/4 du gâteau, tant qu'il avait de quoi faire tourner sa petite librairie... D'alleurs, cette dernière était bien calme après son retour. D'habitude c'était le bordel mais visiblement sa petite dépression nerveuse à calmer ses collocataires. Roger était porté disparu, ce qui laissait les rats et le Togetic sans adversaire à taper (et d'une certaine manière, ça semblait les ennuyer). Quand à Dorian, le matou était aussi distant que d'habitude mais il y avait quelque chose dans son regard (de la pitié ou de la compassion ?) que Lydia n'aimait pas.

Naturellement, le choix  le plus raisonnable pour combler ce trou béant dans son coeur, c'était de retourner à la SPP adopter un Pokémon ! Oui ! Puis les employés de l'associaton seront certainement ravis de le revoir, faut dire qu'il était une source de revenu stable avec les frais d'adoptions payés (et le pourboir dû à sa flemme de compter)... S'ils étaient au courant des circonstances l'amenant, soit étaient-ils doués pour ne pas le montrer, soit Lydia fit semblant de ne pas le remarquer. Il avait fait de son mieux pour masquer la moindre trace de larmes, n'ayant pas envie que (comme son frère durant l'enterrement) on lui fasse la moindre remarque concernant son manque de maturité. C'est aussi parce qu'en tant qu'homme il n'avait pas le droit de pleurer que Lydia se trouvait aussi désemparé.

Voir des Pokémon courir partout ne lui fournit néanmoins pas la dose de sérotonine qu'il espérait : au contraire, ça faisait mal de voir que le monde continuait de tourner tandis que le coordinateur ne faisait que spiraler plus profondément dans sa tristesse. Le seul un peu calme, ici, c'était le patapouf avec une bougie sur la tête dormant dans un coin... Un Toutombe, apparemment ? Qu'importe : Lydia n'aimait pas les spectres, c'était un secret pour personne, et un Pokémon avec un nom aussi morbide tombait très mal... A moins que ?
Sans réfléchir, le coordinateur s'était dirigé vers lui et regardait le chien renifler sa main, visiblement désorienté après s'être réveillé de son petit somme, avant de le regarder en remuant la queue.

" - Lucie, c'est ça ? " murmura t-il en regardant le nom inscrit sur son collier, question auquel le chien répondit que par un aboiement bien trop lugubre à son goût. D'habitude Lydia aurait fuit en courant, de crainte à ce qu'on lui bouffe le bras, mais sa main se trouva au contraire à flatter la longue fourrure du canidé distraitement. Lorsqu'il y réfléchissait, sa peur des types spectres venait du peu d'informations connu à leur sujet mais aussi de la façon dont ces derniers le confrontait à un univers lui étant inconnu - la mort. Maintenant qu'il en avait eu un aperçu, le roux ne ressentait plus ce sentiment de malaise face à ces créatures. Néanmoins ce n'était pas un changement dont il pouvait se réjouir.

" - J'espère que tu trouveras un bon dresseur. "

Quelqu'un de meilleur que lui, pensait-il. Tandis que Lydia se releva s'éloigner, néanmoins, le chien ne le lâcha pas d'une semelle. A voir le type spectre le regarder, on croirait que c'était la première personne à lui avoir accorder la moindre attention (ce qui était improbable, étant donné la bonne réputation du refuge). Si ses yeux n'étaient pas caché par ses longs poils, il ferait sûrement une tête de ponchiot battu... Juste, en un peu plus flippant. Mais le coordinateur ne put que se résoudre à son destin tandis qu'il alla signaler sa nouvelle acquisition aux employés. Il ne lui voyait pas la moindre utilité pour les concours, au contraire s'il réfléchissait plus de cinq minutes réaliserait-il le danger sur patte que représente une bougie dans une librairie, mais il avait la sensation qu'il regretterait de le laisser là.

Parfois, c'est le Pokémon qui nous trouve et non l'inverse.