Innerlands. Duilleag. Parc de Jolie Plume. Le froid commençait à s’installer doucement en ce mois de Novembre, mais cela ne t’empêchait pas de faire ton travail. Aujourd’hui, une petite publicité pour ce magnifique parc, et de magnifiques photos pour le photographe qui t’accompagnait.

Tu y étais allée tôt le matin. Prises sous les étoiles s’endormant, puis sous le soleil levant, tu avais déjà une belle batterie de photos. Lorsque la séance fut terminée, l’heure approchait les quatorze heures. Le temps pour une bonne pause et pour te poser. Fort heureusement, tu n’avais pas emprunté de tenues cette fois. Rachel au naturel, c’était ce qu’ils voulaient. La grâce, l’élégance, la prestance. A peine maquillée, vêtue de tes vêtements quotidiens, mais extrêmement élégants, la coupe que tu aimais arborer… On pouvait dire que tu étais « au naturel ». Au quotidien, plutôt.

Ton photographe personnel, Julius, était incroyablement doué. Il saurait vous rendre un Tardmorv plaisant. Tu appréciais discuter avec lui, c’était un Gallien convaincu. Tu l’avais déniché il y a quelques jours à peine. Une vraie petite perle, cet homme-là.

Tu déambulais désormais dans le parc, accompagnée par ton agent, en retrait, et le photographe, qui appréciait quelques instants ce parc, avant de finalement partir à son tour. Ton agent, lui, ne te quitterait probablement pas des yeux avant ton retour. La popularité, vous savez…

Tu fus abordée soudainement par une voix, puis par une silhouette qui s’approcha. Tu la reconnus aisément. Reginald. Ton agent s’avança, alors que ton vieil ami parlait. Tu fis un geste, avant de lui lancer :

« Tout va bien, Elijah. C’est un vieil ami. Vous pouvez disposer. »

Tu attendis que ton pseudo garde du corps s’éloigne, avant d’afficher un léger sourire envers Reginald. Tu apprécias quelques instant ce qu’il venait de se passer, puis tu lui répondis en toute franchise :

« Je suis pourtant souvent dans ces endroits, Regi… Nald. Je faisais un shooting photo pour la promotion du parc et… Un peu ma propre promotion. »

Tu affichas un sourire amusée. Cette séance avait été à double sens, tu le savais, mais tu pensais plus à ta propre popularité qu’à celle de cet endroit. Et puis, pas certain que Reginald apprécie que tu ramènes bien plus de gens ici. Tu passas ta main dans tes cheveux, observant les alentours.

« Au travail, je suppose. Mmh… Tu fis une courte pause, puis tu marmonnas, une collaboration pourrait être un bon coup de pub Gallien… Il faudrait que j’en parle à Elijah… »

Tu relevas les yeux vers Reginald, tout en réfléchissant. Ton idée était bonne, d’autant qu’elle t’était venue dans forcer. Tu en parlerais plus tard. Ce n’était pas le sujet. Tu repris :

« Eh bien, je pense que nous avons beaucoup de choses à rattraper. Depuis cinq ans, encore une fois. »

Tu haussas lentement les épaules. Malaise ? Aucun entre vous, pas pour toi. Tu avais dépassé tout ce qu’il avait dit, tu t’en étais servie comme tremplin. Tu étais aujourd’hui une Sealg accomplie, une Gallienne certaine, et surtout, une femme majeure qui avait toute la vie devant elle, et surtout, un million de liberté offerte. Tu n’avais plus seize ans, tu n’étais plus une enfant, tu t’étais libérée des fers. Tu fis un geste de la tête pour inviter Reginald à marcher avec toi. Habitude de la noblesse.

« Une petite promenade ? »

Une courte pause, puis tu ajoutas :

« Alors, à moi de poser la question : qu'est-ce que tu deviens ? »

Elijah disparu, tu te sentais soudain plus légère et libre. Tu gardais un œil sur lui pour s’assurer qu’il s’éloigne suffisamment. Tu voulais être sûre de ne pas être épiée. Tu avais déjà parlé de la possibilité d’attribuer ce rôle à des pokémons, mais ton idée s’était retrouvée muette. Ils n’avaient pas confiance.

Avant de proposer un peu de marche à Reginald, et pour consoler Elijah, tu sortis la pokéball de ta Floramantis, et tu la laissas sortir. Elle te regarda, intriguée, avant de comprendre pourquoi elle avait été libérée. Elle esquissa un petite sourire en découvrant Reginald, qui avait bien changé depuis le temps, et elle t’emboîta silencieusement le pas lorsque tu commenças à marcher.

Lorsque Reginald reprit tes mots concernant une possible collaboration, tu lui souris, avant de répondre :

« Rien, une idée qui m’est venu. Les mannequins sont souvent juste des objets ou des photos, et rares sont ceux qui font de la charité, s’essaient à des métiers difficiles ou se présente comme compétents, plus que simplement une coquille vide. »

Reginald accepta donc ta proposition à entamer une petite balade dans le parc. Au moins, il avait du temps à te consacrer, heureusement. A ta demande, Reginald te raconta ces quelques années passées. Comme tu le pensais, discuter de ça avec lui t’avait grandement manqué, et un léger sourire se dessina, et persista sur ton visage. Ainsi donc le jeune oiseau avait définitivement quitté le nid pour former sa propre unité. Hélas pour toi,  l’annonce de la ville principale, tu sentis une pique dans ton cœur. Bronswick n’était pas si loin de ton cœur d’action Sealg. La situation devenait légèrement plus dangereuse pour toi. Tu devrais faire bien plus attention. Former une équipe de pokémons spécialement pour tes rapt semblait approprié.

Ensuite, concernant son affaire familiale, il avait le vent en poupe. La fraicheur et la jeunesse ne faisait pas de mal à ce genre de vieille entreprise. Ce fut à cet instant qu’il te proposa son bras. Tu glissas délicatement ta main, sans pression ni empressement, et toujours avec un léger sourire. Tu étais tout de même satisfaite que l’accrochage d’il y a cinq ans s’était atténué. … Il en vint à parle de toi. Tu eus un léger soupir.

« Eh bien… J’ai laissé cette lourde tâche à mes parents. Je ne vais pas te menti, plus ça traînera, plus ça m’arrangera. Je me vois mal mariée et avec des enfants l’année prochaine… A trente… Ou quarante ans, peut-être. Je vis ma vie comme je l’entends, mais je suis encore trop « faiblarde » pour entreprendre de leur tenir tête, mais ça ne saurait tarder. »

Et sa question sur ton premier amour. Tu haussas lentement les épaules, un petit sourire en coin déçu, un instant de silence, et un soupir. Puis tu répondis, en toute franchise :

« Je devais avoir dix-neuf ans, lorsqu’on s’est mis en couple ? Ça n’a pas duré bien longtemps, c’était un connard fini, il a joué avec le feu, a fricoté avec d’autres dames. J’ai décidé de rompre moins d’un an après notre mise en couple et… Je devais avoir vingt ans… ? Presque vingt-et-un, plutôt. Un ami commun m’a rapporté que Steves s’était donné la mort… Il y avait une lettre d’excuses pour moi, mais ça ne change rien, le mal a été fait. »

Encore un haussement d’épaules. Cette histoire n’était plus qu’un souvenir et une part e toi du passé. Tu n’allais pas lui raconter la vérité, mais celle que tu avais exprimé à l’ordre, ça tu le pouvais. Tu étais toujours constante dans tes explications. Après tout, tu n’y étais vraisemblablement pour rien, dans sa mort. Tu adressas un nouveau regard au Ranger, avant de lancer :

« Travailler hors du domaine familial m’a ouvert les yeux. Tu avais raison, en partie, il y a cinq ans. J’ai eu le temps de m’affirmer entre temps et… Même si je dois garder une certaine façade au travail, je vois des changements. Je peux provoquer ces changements. »

Une lueur de pouvoir semblait se mouvoir dans tes yeux. Oui, tu avais du pouvoir, tu sentais que tu pouvais faire bouger les mentalités, grâce à ta popularité. Tu continuas, après un court instant de silence :

« Avec assez de popularité, je peux choquer les gens. Faire ce que je veux, les pousser à penser autrement. Avec assez d’influence, comme tu le disais, personne n’osera me contredire ni s’opposer à moi. »

Tu eus encore un moment de pause. Tu levas les yeux au ciel, tu réfléchis un instant, tu inspiras profondément.

« Je peux être libre, Reggie. Enfin. »

Reginald te prit en pitié, chose à laquelle tu répondis par un simple sourire. Inutile d’en faire tout un plat, tu allais bien, et inutile de créer un conflit pour ce genre de choses, cela ne servirait à rien. Tout au long de ton discours, tu t’écoutas, simplement, et lorsque tu lui soufflas que tu avais cette possibilité d’aspirer à la liberté, il te le confirma. Un nouveau sourire se dessina légèrement sur ton visage : oui, tu serais libre. Libre, mais peut-être pas heureuse, mais qu’importe. Il existait toujours des solutions.

Tu aurais bien continué à discuter de tout ceci d’un ton joyeux, mais lorsque tu voulus reprendre, ton élan, ainsi que votre marche, fut coupée par un immense oiseau de métal. Un Corvaillus. Avant même que Reginald te le demande, tu te reculas, main dans une des poches de ton sac, refermée sur une pokéball. Tu aurais bien observé le combat, mais ton regard fut attiré par une seconde ombre, moins massives, mais tout aussi imposante. Tu pestas en silence, tout en sortant et activant la pokéball de ta Oratoria. Tu n’entendis pas Reginald, tu étais déjà concentrée sur le combat. L’oiseau en question était un Flambusard visiblement énervé, qui fondait sur toi, entouré d’un halo de feu. Tu avais bien choisi en sortant Pearl. Tu fis un pas en arrière alors que vous étiez chacun occupé par votre propre adversaire.

« Encaisse et riposte avec Aqua-Jet. Ne le laisse pas s’éloigner ! »

L’Oratoria poussa un cri de défi avant de lâcher Aqua-Jet vers le Flambusard, lorsque celui-ci s’apprêtait à toucher. La collision entre les deux pokémons résultat par un court instant où chacun ne savait plus ni où il était, ni ce qu’il fallait faire. Mais le Flambusard avait l’air plus affecté que ton pokémon. Une chance d’avoir un pokémon eau, n’est-ce pas ? Tu n’attendis pas. Le Flambusard tenta de retourner dans les airs.

« Aria ! »

Pearl chargea une attaque sous forme de petites bulles d’eau, Aria de l’Ecume, et l’envoya sur le Flambusard qui s’éloignait. Touché, une fois de plus. Mais cela n’empêcha pas l’immense oiseau d’utiliser Rapace. Lorsque tu le vis fondre vers le sol, et ton pokémon, une pointe d’anxiété monta. Tu redoutais ce genre d’attaque, puissante, et dangereuse aussi pour l’utilisateur. Le Flambusard avait l’air résigné à faire mordre la poussière à ton pokémon.

Tu te mordis légèrement la lèvre. Tu n’aimais pas ce genre de situation. Tu étais destinée à la Coordination, pas aux stupides combats pokémons comme celui-ci. Pearl n’avait pas l’habitude de simplement frapper pour mettre KO ou blesser…

« Esquive ! »

L’Oratoria t’adressa un premier regard, mauvais réflexe. Ce type d’ordres, elle n’avait pas l’habitude, tu paniquais légèrement. A part lui crier des attaques et énoncer des combos, tu ne savais pas gérer les combats… Erreur de la part de la pokémon Eau, elle se prit le Rapace du Flambusard. D’instinct, elle riposta avec Laser Glace. Le rayon toucha le pokémon, mais ne le gela pas. Flambusard s’éloigna une fois de plus, mais chargea une attaque à quelques mètres de toi. Tu lanças :

« Encore ! »

L’Oratoria inspira et, en même temps que le pokémon Feu, elle lança son attaque. C’était bien la première fois que tu assistais à la confrontation entre un Lance-Flamme et un Laser Glace. C’était magnifique à voir, la vapeur, la condensation, le gel… Les deux attaques s’estompèrent dans le ciel, parfaitement équilibrées. Wow. Tu avais changé d’avis, il te fallait un pokémon comme ça dans ton équipe. Ball en réserve ? Tu en avais une. Mais pour l’instant, tu devais l’affaiblir ou le calmer.

« Voix Enjôleuse. »

Alors que Pearl utilisa sa capacité, qui ne pouvait louper. Mais à ta surprise, Flambusard se posa au sol, et sembla se reposer. Atterrissage… Tu lâchas un soupir, avant de te rendre compte de ce qu’il se passait.

« Non, non, putain, non… »

Petit coup de stress… Mais cela te donnait l’initiative d’une autre attaque. Même s’il se régénérait, cela ne serait qu’un peu plus de temps perdu.

« Aria, encore une fois ! »

Pearl tira son amas de bulles, alors que le Flambusard s’apprêtait à redécoller. Cette fois, ce n’était plus ta lèvre que tu te mordis, mais l’ongle de ton pouce. Ce pokémon était bien emmerdant, pour le coup. Il se renvola, et rattaqua avec Nitrocharge. Avant que tu ne puisses hurler une attaque, Pearl lança Laser Glace pour stopper sa course. Le Flambusard s’arrêta dans les airs et évita le rayon par la même occasion, et entama un Lance-Flamme. Pearl utilisa à nouveau Aria de l’Ecume.

« Pearl ! Calme-toi ! On l’aura à l’usure, inutile de faire ça ! »

L’Oratoria lâcha son attaque, puis te lança un regard interrogateur. Tu secouas la tête, avec un léger sourire, qui sembla la calmer. Au prix de cette mise au point, l’Oratoria se prit l’attaque Feu.

« Aqua-Jet. »

Ton timing était parfait. En observant l’oiseau, tu avais vu qu’il s’apprêtait ç utiliser Nitrocharge, et Pearl le frappa de plein fouet. L’oiseau s’écrasa au sol, et resta immobile pendant un court instant.

« Laser Glace ! »

Cette fois, pas de doutes. Un amas de glace se forma autour d’une patte et d’une aile, un peu trop proche, de l’oiseau, et le bloqua. Le Flambusard lança Lance-Flamme, que ton Oratoria évita en utilisant Aqua-Jet. Le pokémon fut frappé de plein fouet et s’écrasa contre un arbre, laissant une traînée au sol. Tu rejoignis ton pokémon, abandonnant Reginald. Tu caressas lentement la crinière de ton pokémon, tout en observant le Flambusard, qui cherchait une nouvelle attaque. Ton pokémon utilisa Laser-Glace pour lui clouer le bec. Tu soupiras, restant à bonne distance.

« Calme-toi maintenant. T’attaquer à un pokémon Eau n’est pas une bonne idée, Flambusard. »

L’oiseau secoua la tête et te lança un regard noir. Il était bien embêté et entre son bec et ses plumes givrées, en plus de sa patte, il ne pouvait même plus se relever, malgré ses tentatives. Tu t’approchas lentement, malgré ses gestes paniqués et désespérés pour te faire fuir. Restant incroyablement droite et impassible, tu lui lanças un premier regard mauvais et jaugeur.

« Tu espères encore pouvoir m’agresser dans cet état ? Tu détestes à ce point les humains ? »

Il secoua à nouveau la tête et tenta de gratter la glace avec sa patte libre. Tu t’accroupis devant lui, avant de lui lancer :

« Pearl pourrait te geler cette patte aussi, si tu n’es pas coopératif. »

L’oiseau tenta de te griffer, mais le geste de recul que tu eus si facilement l’empêcha de t’atteindre. Finalement, après quelques minutes à se secouer dans tous les sens, épuisé, il se laissa tomber au sol. A cet instant seulement, tu affichas un léger sourire et tout ton corps se détendit. Ce n’était pas un pokémon à braconner, ce serait ton prochain pokémon. Outil ou non, c’était maintenant ou jamais qu’il fallait lui faire confiance, pour que toi, tu aies sa confiance.

« Tu vois, c’est plus sympa quand tout le monde est calme. Tu n’as rien à craindre de moi… Tant que tu m’écoutes. Pearl n’est pas malheureuse, n’est-ce pas ? »

A son nom, l’Oratoria se glissa jusqu’à toi et regarda le Flambusard. Contre toute attente, lorsque sa patte se posa sur l’oiseau, il ne bougea pas. Il semblait presque apaisé. Tu caressas ton pokémon, qui imita ton geste sur l’oiseau. Tu pus entrevoir des cicatrices sous son épais plumage. Tu soupiras, avant de le regarder à nouveau dans les yeux.

« On dirait que tu es un grand combattant. C’est ton territoire ici, c’est ça ? Désolé d’être venu alors, mais tu n’es pas le seul à vivre ici, tu sais. Il existe des millions de Pokémons qui te défieront chaque jour. Tu les battras, certes, mais ça t’avancera à quoi ? Si tu veux devenir plus fort, il faut perdre, s’endurcir, et s’entraîner. Encore et encore. Et ce n’est pas avec ce Corvaillus, ou un simple humain, que tu y arriveras. »

Tu désignas l’endroit où tu avais vu l’autre pokémon sauvage, tout en gardant le contact visuel avec le pokémon feu. Tu tendis doucement la main, tout en ajoutant :

« Avec moi, tu auras un territoire entier. Des mers, des arbres. Tout ce dont tu peux rêver. Et des adversaires. A souhait. Où j’irai, tu iras. Et où nous irons, il y aura toujours un défi à relever, un nouvel adversaire à battre. Tu pourras montrer qui tu es aux humains, par les épreuves de Coordination que je ferais. Ils pourront te craindre ou t’estimer. Tu n’auras plus faim, plus froid, et ce sera plus confortable pour toi. Une vie de spectacle et de défis. Ce ne serait pas mieux qu’un simple parc à défendre encore et encore ? »

Le pokémon te lança un regard intrigué, mais aussi visiblement agacé. Tu eus un rire léger, avant de faire un geste envers ton pokémon. Elle brisa la glace du bec du pokémon. Ni une, ni deux, il se jeta sur toi, oubliant sa patte et son aile piégée. Il charge aune attaque Feu, et tu te contentas de le fixer dans les yeux. Sérieuse, impassible et autoritaire, une main sur sa gorge et l’autre pour te maintenir assise et ne pas tomber sous le poids. Même s’il était immense, tu ne le craignais pas. Tu avais peur d’être brûlée, certes. D’être dévorée aussi, d’être agressée, défigurée, tuée. Mais qu’importe. Tu voulais ce pokémon plus que tu ne tenais à ta vie. En un sens, il te libèrerait probablement de ce monde pourri.

Le bec se referma lentement, et le brasier au fond de son gosier s’éteignit lentement. Tu ne bougeais toujours pas, tu attendis qu’il se recule de lui-même, et tu te rassis. Si d’abord ton regard fut ferme et déçu, tu te détendis lentement, et d’un geste de la tête, accompagné d’un air amusé, tu ordonnas à ton pokémon de le libérer. D’abord tu crus qu’il allait fuir, et s’envoler, ou t’agresser, mais après avoir battu plusieurs fois des ailes, probablement pour s’étirer, il resta au sol et les replia lentement. Tu attendis quelques secondes, tu hésitas. Et puis…

Tu sortis l’unique pokéball vide que tu avais, et tu remontas le mécanisme. Laborieuse manœuvre, mais nécessaire. Le Flambusard pencha le tête sur le côté, intrigué. Le clic que faisait l’objet métallique avait l’air de l’intéresser. Tu lui tendis, tu attendis, il ne bougea pas. Tu lui montras le bouton.

« Alors, j’ai jamais fait comme ça, mon grand mais heu… J’i vu des gens faire comme ça. Tu appuies ici… Et c’est tout. On sera ensemble. Fini ta vie de sauvageons des parcs. »

Tu montras le bouton, appuyant légèrement dessus, puis tu le tendis au Flambusard. Il hésita, regarda autour de lui, puis il saisit la pokéball avec sa patte. Tu allais lui crier qu’il était débile et que ce n’était pas ce qu’il fallait faire, mais sa patte appuya sur le bouton en même temps qu’il resserra sa prise, et fut donc absorbé par l’objet métallique. Il avait accepté d’entrer dans la pokéball, même si tu te demandais si ce n’était pas un accident… Tu lâchas un soupir, tu ramassas la pokéball, puis tu te relevas. Tu te sentais faible, tes jambes avaient du mal à te tenir, et ce ne fut que grâce à ton pokémon que tu pus rester debout. La peur de ta vie ? Oooh oui. Voir le gosier d’un oiseau de feu, incandescent et prêt à vous rôtir la tronche, ça fait flipper. Mais tu étais contente que ça ait marché. Tu cherchas Reginald des yeux, prête à lui montrer ta prouesse… Et voir où il en était avec le Corvaillus.

HRP :
Capture du Flambusard ♂ Niv.37 (-1 Pokéball).

Tu lâchas un long soupir. Pokéball en main, tu avais désormais un oiseau de feu, qui venait apporter un peu de diversité dans ton équipe. Eau, Plante, Feu. Tu avais le trio basique, et tu voyais déjà tout ce que tu pouvais faire avec… En espérant que tu réussisses à tous les gérer en même temps.

Alors que tu te remettais de cet événement, Reginald te rejoignit, et remarqua que tu avais capturé le Flambusard. Tu affichas un léger sourire, lui montrant la pokéball. Alors qu’il rappelait son Tortank, un magnifique pokémon, tu te permis de relâcher un instant ton oiseau. Tu lui adressas un regard, avant de lancer :

« Ce sera Baaldalion. Baal, je te présente Reginald, un ami. »

Alors que tu faisais les présentations, le Flambusard détendit ses ailes et bomba son torse pour se sentir plus grand qu’il ne l’était. Il toisa l’humain en face de lui, le défiant presque du regard. Lorsque tu passas ta main dans le plumage du pokémon, il se détendit lentement. Tu le rappelas ensuite, avec un léger sourire, et tu rangeas la pokéball. Tu le voyais déjà, il te donnerait du fil à retordre… Mais bon, c’était aussi le jeu.

Tu vis que Reginald observait ton Oratoria, qui pencha la tête sur le côté. Tu lui adressas un regard avant de sourire, et tu en profitas pour la rappeler, elle aussi. Les applaudissements de Reginald te firent monter le rose aux joues.

« C’était rien, tu sais… Et… C’était pas la première fois… Enfin. Contre un sauvage, si, mais au final, c’est tout comme contre un dresseur, mais en plus… Instinctif ? »

Tu ne savais pas si tes explications étaient claires. Tu avais l’habitude de chasser et braconner, que ce soit face à un dresseur pour le dépouiller, ou face à un pokémon sauvage faible pour le kidnapper… Mais au final, comme ça, c’était bien la première fois.

Tu n’eus pas besoin de regarder l’heure pour savoir qu’il était déjà bien tard, car Reginald t’en informa. Il t’invita à faire encore quelques pas en ta présence, chose que tu acceptas sans hésiter.

« Bien sûr. A la base, on ne devait pas se croiser, tu te souviens ? Alors, profitons du peu de temps qu’il nous reste… En espérant ne pas être dérangés. »

Tu laissas échapper un léger rire. Il était certain que tu n’avais pas prévu qu’un pokémon sauvage vienne t’adresser en plein parc. Tu massas délicatement ta nuque, tu cherchais où tu en étais avant d’être dérangée. Finalement, tu lanças :

« Je ne sais plus de quoi on parlait. Enfin… Je veux changer les choses dans ma famille, c’est peut-être égoïste, mais c’est nécessaire. J’envisage aussi de reprendre les concours, me laisser écraser par un jury discriminateur n’était clairement pas la chose à faire, en y repensant. J’espère juste ne pas trop me surmener avec tout ça. Plusieurs batailles, plusieurs fronts… Une femme et ses pokémons. Ça pourrait bien être le titre d’un film, tu ne trouves pas ? »

Reginald releva le fait que tu savais te battre, en particulier avec tes explications. Chose à laquelle tu ne répondis que par un haussement d’épaule. Tu étais stratège, et observatrice, mais tu n’avais pas la niaque que les dresseurs avaient, voilà tout. La remarque que tu avais « tant à lui apprendre » manqua de te faire rougir à nouveau. Tu avais beaucoup appris des autres, et les concours avaient ce « quelque chose » de grâce et d’intelligence que les combats dresseurs n’avaient plus depuis bien longtemps.

Le cinéma ? Cette idée te fit rire. Toi, actrice ? Non. Tu aimais trop la liberté et la créativité des concours et de ton métier pour t’adonner à ce genre de chose. Reginald te confirma que ton idée de reprendre là où tu t’étais arrêtée était la bonne initiative. Tu y avais longuement réfléchi, et la scène manquait à Pearl, autant qu’à Morgana. Les deux s’amusaient parfois à monter des enchaînements lors de leurs moments libres pendant que tu travaillais. Elles étaient nées pour ça. Tu hochas lentement la tête aux mots de Reginald.

Etonnament, Reginald parla de sa mère. Tu ne l’avais jamais entendu aborder un tel sujet, à tel point que ton regard, interrogateur, glissa vers le Ranger.

« Ta mère …? Tu ne m’en a jamais parlé. »

Tu sentais qu’outre cette information, il ne lâcherait rien. Mais tu étais bien curieuse. La mère de Reginald… Peut-être quelques recherches dessus dans ton temps libre. Tu avais trop peu d’informations et, à vrai dire, plus que la curiosité, tu savais que toute information était bonne à prendre… Simple précaution.

Tu continuas de marcher, jusqu’à une serre, où vous vous apprêtiez à vous séparer. Comme tout bon noble, Reginald embrassa ta main, tu le laissas faire. Voilà des années que tu n’avais plus l’habitude de ce genre de contact, qui te rappelait grandement ton passé, mais… Cela te manquait un peu parfois. A ses salutations, tu lui répondis :

« Un plaisir partagé. N’hésite pas à passer, soit chez moi, soit à l’agence, à l’occasion. Cela te changera d’air. »

Tu en profitas pour sortir un papier de ton sac à main, où tu griffonnas une série de chiffres, puis tu lui tendis. Adresse et numéro de téléphone de ton appartement, ainsi que l’adresse de l’agence. Une fois libérée de cet imprévu, tu saluas une dernière fois le noble d’un geste de la tête, et tu repartis, rejoignant Elijah, qui vous suivait d’assez loin pour ne pas déranger. Tu échangeas quelques mots avec lui, un sourire, quelques rires et même quelques contacts, puis tu retournas chez toi, au calme… Une chance que ta journée s’était achevée à la fin du shooting dans le parc, et que tu n’avais pas été attendue à l’agence. Tu étais tranquille pour une fois. »