Contrairement à beaucoup de Kerosiens, je ne crains pas le froid. Quand on nait à Strana, on apprend à faire avec ces choses là. L'hiver devient juste une bonne excuse pour remettre mon manteau de fourrure et une chapka pour garder mes oreilles bien au chaud.
J'aime les promenades hivernales. Lisa aussi, je vois que retrouver son élément le vivifie. Il se permet même de trottiner dans la neige, lui qui d'habitude ne se permet aucun écart à sa conduite si sérieuse. C'est juste dommage... qu'on soit si seuls.
Les Kerosiens n'aiment pas le froid, et ça se voit. Aucun ne pointe le bout de son nez dehors. Les seuls courageux sont ceux qui doivent aller travailler et n'ont guère d'autre choix, ou les malheureux qui n'ont pas de toit. Les autres préfèrent rester au coin de la cheminée. Tartan, couverte d'un manteau blanc, a des allures de ville fantôme.
Si cette solitude me met mal à l'aise, je n'en tiens pas compte. En voyant le Roussil jouer dans les flocons, mon sourire n'écoute plus mes pensées mauvaises. J'aimerais qu'il soit plus souvent comme ça, comme lorsqu'il n'était qu'un Feunnec. Depuis son évolution, il ne pense qu'à travailler. C'est ma mère qui l'a élevé comme ça... finalement, nous sommes les mêmes, lui et moi.
Mais soudain, Lisa s'interrompt. Il reprend son air sévère, tourne les oreilles dans tous les sens et renifle l'air froid.
Quelque chose ne va pas ?Il approche une patte vers moi, l'air de me dire d'attendre. Sa truffe remue, quelque chose l'intrigue. Il ne tarde pas à comprendre d'où vient cette odeur. Une ruelle ombragée... remplie de poubelles ?
Lisa ! Tu ne vas pas te mettre à fouiller les poubelles, ce n'est pas digne de-Mais ce n'est pas pour manger des ordures que le renard plonge ses bras à contrecœur dans les détritus.