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Keros FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES
En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite
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Tout a commencé avec cette chanson idiote. C'était pourtant inévitable : la série a du succès, le personnage d'Ilya a du succès, alors on sort des produits dérivés. Ça n'aurait dû être que ça : un produit dérivé pour vendre des quarante-cinq tours aux ménagères. Une chansonnette sans prétention, qui disparait des mémoires aussi vite qu'elle n'était venue.
Oliver ne sait pas trop pourquoi, mais il déteste cette chanson. Il aime la série - enfin, il l'aimait jusqu'à ce que ce stupide refrain ne la ruine pour lui, le rythme est joyeux, et il a déjà entendu de paroles bien plus bêtes à la radio. Pour une raison qui lui échappe, celle-ci lui donne envie de s'arracher les cheveux à la moindre écoute.
C'est en revoyant Ilya qu'il a compris : voir le jeune homme lui fiche la chanson en tête et la chanson lui met le visage de son ami en tête. Rien d'étonnant, quand les paroles répètent son nom. Love ya, Ilya. Penser à son meilleur ami en écoutant une chanson d'amour... c'est plutôt gênant et humiliant. Qu'en penseraient les autres ? Ses parents s'énerveraient, ses amis se moqueraient, Ilya ne voudrait plus le voir. Pourtant, il n'y peut rien. C'est une simple association de mots ! Il n'a pas choisi de créer la chanson, il n'en a pas choisi les paroles et il n'a définitivement pas choisi d'y penser plusieurs heures par jour tous les jours. Ça vire à l'obsession. Et l'association est telle qu'il ne sait même plus ce qui l'obsède le plus des deux.
Ilya. C'est définitivement Ilya le problème. Il s'est surpris à y penser en entendant une autre chanson. Puis une autre, puis une autre. Au bout d'un moment, toutes les chansons d'amour ont commencé à lui rappeler son ami. Même ses précieuses chansons de princesses. Pourquoi ? Comment ? Ça n'a aucun sens ! Mais c'est inévitable, Oliver en a presque peur d'écouter de la musique maintenant. Ça ne suffirait pas d'arrêter, de toute façon. La musique le poursuit jusque dans son subconscient. Sans aucune raison, il se met à chantonner puis à penser à Ilya, ou inversement, il se met à penser à Ilya pour une raison x ou y et voilà qu'il repense aux chansons de la Belle au Bois dormant. C'est oppressant. Il s'est même mis à rêver plus de lui, et pour la plus grande honte d'Oliver, souvent dans des situations dans lesquelles deux garçons ne devraient pas se trouver. Il y repense au réveil, il rougit de honte, il a envie de sombrer dans ses draps et de crier dans son oreiller. Il commence à comprendre son problème et ça ne lui plait pas.
Q-qu'est-ce q-que ça f-fait d-d'être... am-amoureux ?
Un grand silence se fait entendre à l'autre bout de la ligne. Oliver, nerveux, joue avec le cordon du téléphone en attendant une réponse. N'importe laquelle. Il angoisse de ne pas en avoir une. Elle ne va pas s'énerver, si ? Elle ne peut pas se douter... si ? Il sursaute en entendant enfin du bruit : un éclat de rire. S'il est rassuré, il est également vexé. Et après, elle se demande pourquoi il ne lui téléphone pas plus souvent...
Oh non ! Mon petit bébé Ollie est amoureux, c'est trop mignon !
Il se sent mourir en entendant sa sœur gazouiller d'une voix niaise. Il regarde autour de lui, honteux... heureusement, il n'y a personne pour l'entendre. Il a fait exprès d'attendre que maman soit occupée. Il ne veut pas être entendu. Ce qu'il fait est déjà assez risqué.
N-non, p-pas d-du tout, j-je v-veux j-j-juste savoir- Ah mais faut que tu me racontes tout ! Elle s'appelle comment ? Elle est mignonne ? Tu l'as rencontrée comment ?
Chaque question est une torture supplémentaire. Il ne veut pas y répondre. Déjà parce que ce n'est pas une "elle", mais il ne peut pas la corriger, et ensuite parce que ça serait admettre qu'elle a raison. Il est encore dans le déni. S'il y a la moindre chance que ses sentiments ne soient pas romantiques, l'espoir est permis.
Em, s-s'il te plaît ! Roh, ça va, je te charrie ! Ça faisait longtemps que j'attendais ça, vraiment, je commençais à croire que tu ne t'intéresserais jamais aux filles !
Oliver rit, un rire nerveux. Emily est peut-être convaincue depuis son appartement à Pryderi mais si elle avait vu son visage déconfit, elle aurait sûrement découvert le pot au rose. Le fait qu'elle ne sache presque plus rien de lui est autant une malédiction qu'une bénédiction. Au moins, elle ne connait pas ses amis et ne risque pas, comme sa mère, de demander une par une ce qu'il pense de ses connaissances féminines.
Alors... je ne sais pas si c'est pareil pour les garçons mais...
Il déglutit, s'accrochant encore plus fort au fil entortillé comme un Dodoala à son oreiller. C'est l'instant de vérité. Il va enfin pouvoir avoir la certitude qu'il s'est inquiété pour rien, encore une fois, que son anxiété lui a joué des tours, et que s'il dormait plus, il saurait faire la différence entre ses différentes émotions.
Déjà, tu penses tout le temps à lui - enfin, à elle...
Une grimace déforme le visage d'Oliver. Il peut dors et déjà cocher cette case sans se poser trop de questions. C'est bien pour ça qu'il a décidé de poser cette question terrifiante, à l'origine. Il ne dit rien et se contente d'écouter le reste, tout tremblant.
Tu as des Charmillon dans le ventre quand tu la vois...
Alors c'est comme ça que les gens normaux décrivent l'horrible sensation de fourmillement dans son estomac ? Il l'aurait plus comparé à un coup de poing, ou à un couteau plongé dans ses entrailles. Rien de bien agréable, et certainement rien d'aussi charmant que des Charmillon. Pourtant, il voit très bien ce qu'elle veut dire et ça n'apaise pas vraiment ses inquiétudes.
Tu es tout heureux quand tu vous êtes ensemble et tu aimerais passer plus de temps avec...
Il ne peut définitivement pas le nier. Malgré les peines et les larmes partagées... même si leurs conversations ne sont pas toujours très joyeuses, l'un ayant souvent besoin de l'autre pour être rassuré, Oliver est toujours heureux d'être avec Ilya. Il sourit plus, il est plus guilleret, plus ouvert... Mais maintenant qu'il y pense, il en est de même pour ses autres amis. Il est heureux avec Finn, avec Teagan, avec Lily, ça n'a rien à voir avec de l'amour ! Il soupire, rassuré. Il se croit tiré d'affaire et se permet même d'interrompre sa sœur.
C'est q-quoi alors... la d-dif-férence ? Av-avec un ami ? Hum... est-ce que tu as envie de l'embrasser ?
Oliver manque de lâcher le combiné pour se cacher le visage cramoisi de honte. Comme il est heureux que personne ne puisse le voir dans cet état. Il a envie de lui crier que non, que c'est dégoûtant, qu'il ne voudrait jamais faire ça... puis les souvenirs d'un rêve dansant lui reviennent, et avec lui les moments embarrassants. Ça a été le tout premier rêve où il embrassait Ilya.
Et à sa plus grande honte, pas le dernier.
Mais les rêves ne veulent pas dire grand chose ! Souvent, ils n'ont aucun sens et ne sont que le fruit d'un cerveau fatigué. Il n'a jamais souhaité ce genre de choses de sa vie éveillée ! C'était dégoûtant, après tout. Il a le malheur de se laisser l'imaginer, s'attendant à grimacer à l'idée de toucher un autre garçon, comme il le devrait... Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Ce n'est pas désagréable à imaginer. Merde.
Bah alors, Ollie, t'as donné ta langue au Chacripan ? Quelque chose me dit que j'ai raison, chantonne Emily depuis l'autre bout de Keros. E-Em ? il attend qu'elle réponde d'un "hm ?" avant de continuer, ne le dis pas à maman, s'il te plaît... Héhé, motus et bouche cousue. Dis-moi au moins, est-ce qu'elle est jolie ? ... très. et il se dépêche de raccrocher, honteux des mots qui lui ont échappé.
***
Voilà des heures qu'il se contorsionne dans son lit, à essayer de trouver une position magique qui lui ferait oublier sa journée et sa conversation avec Emily. Mais c'est impossible. Son cerveau turbine à cent à l'heure, le moteur gronde et ne veut pas se taire et ça l'empêche de dormir. Il n'avait pas envie de manger, il n'avait pas la tête à faire ses devoirs et même une bonne douche chaude n'a pas suffi à l'apaiser. Ca se comprend : comment est-il censé rester calme alors qu'il vient de réaliser qu'il est tombé amoureux de son meilleur ami ? D'un garçon ? C'est dégoûtant, c'est monstrueux, même, diraient certains. Oliver n'a rien d'un monstre, du moins il le souhaite. Il veut juste vivre une vie normale, être un garçon normal. Mais visiblement, il ne peut rien avoir de tout ça. Il a fallu qu'on le fasse "comme ça" (il refuse d'utiliser le vrai mot), qu'on le fasse cassé. Les gens à l'église disent que c'est un choix, et que faire ce choix c'est se détourner d'Arkée. Oliver ne veut pas les contredire, mais si le choix, il l'avait eu, il aurait fait en sorte d'être normal, de tomber amoureux de Teagan, de Lily ou même de Genya ! Et puis il a prié, il a prié Arkée comme Prudence lui avait dit de faire, presque tous les soirs et chaque fois qu'une pensée intrusive lui traversait l'esprit. Tout ça pour quoi ? Constater qu'il s'est épris d'Ilya ? Bravo les prières, elles n'ont fait qu'empirer les choses !
Les poings crispés, il essaie de combattre cette part de lui comme dans un combat de boxe mentale. Pour une fois, c'est la petite voix dans sa tête qui est gentille et optimiste et c'est lui qui essaie de l'écraser. Elle lui dit que ce n'est pas grave, que l'amour est quelque chose de beau et pur, qu'au final, on se fiche bien de savoir qu'ils sont tous les deux garçons. Elle lui dit qu'Ilya pense peut-être la même chose, puisqu'ils se comprennent si bien, et que s'il lui avouait ses sentiments, quelque chose pourrait se passer. Il rejette tout en bloc. Non. L'amour entre un homme et une femme est pur. Le reste n'est qu'un péché. Les hommes qui aiment les hommes ou les femmes qui aiment les femmes sont des monstres, des rejets de la société, qui finissent par mourir jeunes, drogués ou tués par d'étranges maladies qui n'atteignent qu'eux (leur attirance elle-même n'est-elle pas une maladie ?).
Et pas question qu'il n'en dise le moindre mot à Ilya. Ilya a assez de problèmes comme ça. Il a connu la guerre, elle lui fait encore mal, au point où lui-même se fait du mal. Il vit avec une affreuse vieille tante parce qu'il a perdu ses deux parents et tout le monde le prend pour un fou. Clairement, il n'a pas besoin qu'une petite tapette s'entiche de lui. Rien que pour lui épargner du stress et du souci, Oliver se taira. Il espère qu'avec le temps, ces sentiments disparaîtront.
Ce n'est pas parce qu'il aime un garçon qu'il est gay, après tout. C'est sûrement juste une erreur de jeunesse, et quand il sera grand, il rigolera bien en se souvenant comme il avait cru être amoureux d'Ilya.