Le Fantôme des Breith passés | solo Breith

C'était un vingt-quatre Décembre, à Galar, il n'y a pas si longtemps. Quoique, quand on n'a que vingt ans, cinq ans peuvent paraître une éternité. Pas pour Lumière : les souvenirs de ce Breith étaient encore frais dans sa mémoire. C'était le dernier Breith qu'elle avait passé avec lui.

Insouciante, innocente, naïve des horreurs du monde, elle savourait cette soirée en compagnie de sa famille, de celle des Noctis et évidemment, son garde, meilleur ami et bien plus encore : Orphée. Oh, comme les adultes les regardaient avec attendrissement, comme ils se lançaient des regards furtifs avant de tourner la tête, rougissant quand l'autre le voyait, ou comme ils se croyaient discrets à se tenir la main sous la table. Ces deux-là était vraiment faits l'un pour l'autre, personne n'en doutait.
Personne n'en parlait vraiment non plus, on ne voulait pas leur forcer la main...

Les Solano et les Noctis s'étaient mis d'accord. Leur tradition de garde du corps prendrait sûrement fin avec l'union de leurs rejetons. Leurs familles n'en ferait plus qu'une, après tant d'années à dépendre l'une de l'autre. Quelle belle façon de conclure une histoire entremêlée pendant des siècles.

Évidemment, tout cela avait pris fin quelques mois plus tard, endeuillant deux familles pour le prix d'une. Lumière était dévastée, les Noctis inconsolables, les Solano désolés. Plus personne n'a reparlé d'unification, plus personne n'a parlé de tradition. La maison du lion de feu et la maison du lion de foudre seraient destinées à se séparer à cet instant précis.

***

L'année suivante, Sirius, l'aîné d'Oprhée était rentré de voyage. Lui qui venait de perdre son Pokémon dans un tragique accident, voilà qu'on lui annonçait qu'il avait aussi perdu un frère. Son cœur était brisé et pourtant, il accepta d'honorer une promesse faite il y a longtemps. Protéger sa Lumière à sa place quand il ne pourrait pas. Évidemment, c'étaient des promesses vides. Quel petit frère meurt avant le grand ? Apparemment, celui dont il devrait assumer l'héritage.

La soirée de Breith chez les Solano n'était plus ce qu'elle était. On n'entendait que la musique, car personne ne parlait, la caboche encore bien remplie des discussions animées des années passées. Désormais, la famille dînerait en silence sur fond de tourne-disque passant des classiques de saison. De temps en temps, Lumière lançait un regard agacé vers son nouveau gardien. Un qui était venu pour remplacer son bien-aimé. Comme elle le détestait.

***

Le Breith de ses dix-huit dans fut le premier qu'elle ne passa pas dans le manoir près de Motorby. C'était dans une chambre d'hôtel, à l'autre bout de la région, avec pour seule compagnie Julio et Sirius, qui avait rapporté quelques gâteaux du marché. Ils n'avaient besoin de rien d'autre. Malgré la relative frugalité de ce repas, ils avaient quelque chose qui leur avait manqué : la liberté.
La liberté de laisser Lumière sans surveillance quand elle sortait sans s'inquiéter qu'il ne lui arrive un accident mortel.
La liberté de laisser Sirius vaquer à ses occupations sans lui reprocher de manquer à son devoir.

Ils étaient libres mais pourtant ils étaient là l'un pour l'autre. Fuguer était sûrement la meilleur idée qu'ils n'avaient jamais eue.

***

Cette année, Breith s'annonçait bien plus festif. Tant d'invités étaient attendus. Évidemment, les Solano organisaient la fête dans leur grande demeure, invitant entre autre les Brooke et les Noctis. Lumière n'avait pas osé refuser. Non seulement parce qu'elle avait ignoré leur invitation l'année passée pour se rendre au bal avec Rowann, mais aussi parce que, malgré elle, ses parents lui manquaient. Ils avaient eu leurs différents, elle avait dû se battre pour s'échapper, mais au fond, elle les aimait autant qu'ils l'aimaient.

Depuis combien de temps n'avait-elle pas posé le pied à Galar ? Un an et demi ? Peut-être plus. Elle en avait frôlé la frontière en se rendant dans les landes désertiques mais n'avait jamais ne serait-ce qu'approché les terres enneigées de la Couronne. En descendant de son taxi volant, des sons et des odeurs familiers l'assaillirent, pour le plus grand déplaisir de son cerveau mais le bonheur de son cœur.

Après une si longue séparation, Lumière avait longtemps parlé avec Sirius sous le gigantesque sapin de la grande salle. Entendre parler des aventures du dresseur était plus intéressant que de danser (sinon, elle serait allée à Bronswick), et bien plus palpitant en personne que par lettres. Elle-même était ravie d'avoir des choses à raconter sur sa nouvelle vie à Keros. Peut-être pas indépendante économiquement, elle s'estimait fière d'avoir entrainé tant de Pokémon et d'avoir visité tant de lieux de la région.
Vint une question à laquelle elle s'attendait :

Et tu n'en as pas un peu marre de Keros ? Tu devrais visiter Kalos, un de ces jours, je sais que tu adorerais.

Et il était vrai qu'elle se l'était déjà posée. Keros n'était qu'une ombre de ce qu'elle avait été sous l'égide de Galar. Il n'en restait plus que des villes en constante évolution, remplie de jeunes révoltés et des campagnes perdues. Et pourtant... pourtant, elle s'y sentait bien. Peut-être pas au point d'y habiter pour toujours, Arkée, non ! Elle n'avait que vingt ans après tout ! Elle comptait encore voyager !
Comme l'avait dit Sirius, sa vie ne serait pas complète avant d'avoir vu Illumis et d'avoir fait tourner la tête des vendeuses de toutes les boutiques de mode et des boulangeries. Unys aussi avait son charme, et c'était sans doute l'influence de Pryderi qui parlait aussi. Et si elle n'avait pas la fibre aventureuse qu'avait Sirius et son amour des régions plus sauvages et naturelles, elle pourrait toujours jeter un oeil à Hoenn, aux Îles Oranges d'où venait son Ponyta ou à Alola, ne serait-ce que pour dire qu'elle y était allée. Il y avait tant de choses à voir, mais elle avait le temps, pas vrai ?

Non, pas encore... je pense rester encore un peu, chantonna-t-elle sur un ton qui en disait long.

"Je ne suis pas prête d'en bouger."

@feat joueur Des petites notes ici