You're such a snowflake, Mister Northwood! [ft.William Northwood]

C’était sans doute une erreur de laisser à Valkyrie quartier-libre sous la surveillance de Blitz’, maintenant, la Forgelina était introuvable et la Lucario paniquait en la cherchant dans tous les recoins de Bronswick. Aaron, quand à lui, essayait de relativiser, la marche était une bonne activité pour son âge et cela lui permettait de redécouvrir la beauté de sa ville natale. Il se demandait ce qui avait pu attirer l’attention du petit pokémon impulsif, un Corvaillus ? Ils étaient pourtant loin du point Léviator et de tous ces volatiles qui donnaient à cette petite une féroce envie de meurtre. Peut-être était-ce un simple Canarticho de Galar qui avait attiré son attention, du moment que ça avait un bec de toute façon…

Oui, définitivement, il avait surestimé les capacités de Blitzkrieg et sous-estimé le chaos infernal qu’était Valkyrie. Après tout, c’était une addition nouvelle à l’équipe, il ne connaissait pas encore son plein potentiel. Que pouvait-il faire de plus que d’errer sur les traces de cette dernière maintenant ? Ce n’est pas en paniquant que ça irait plus vite, autant garder son calme pour mieux analyser la situation et demander aux passants s’ils avaient vu la bête. Grâce aux traces de chaos – poubelles renversées et autres débris – et au témoignage des riverains, il avait réussi à plus ou moins localiser la Forgelina. Blitz’ semblait également pointer vers cette direction en usant de sa perception d’auras et de son flair.

C’était un quartier résidentiel plutôt tranquille, agréable à regarder avec ses magnolias, ses lilas et ses autres arbres parfumés laissant pendre leurs branches au-dessus des murets. Aaron prit soin de se délecter de cette bonne ambiance, ayant l’impression qu’il aurait besoin de ce calme pour canaliser la situation à venir. Sans doute son instinct…

Allons bon… Soupira-t-il, devinant qu’il avait débusqué la chipie en apercevant un rassemblement au coin d’une ruelle. Laissez-moi passer, s’il-vous-plaît.

Simple formalité, il passait de force en bousculant les imprudents. Le spectacle qui s’offrit à lui était si ridicule qu’il pinça des lèvres et arqua les sourcils. Un jeune homme blond aux yeux rubis essayait tant bien que mal de se dépatouiller avec Valkyrie qui agitait son gros marteau devant un de ces Zorua au poil fourni et à la fourrure claire qui avait fait apparition à Keros depuis cette histoire de Hoopa à Doon. Quoiqu’ait fait l’illusionniste, ça avait raté apparemment, puisque ce dernier tirait une tête d’enterrement et que son maître pestait contre Arkée, à la limite de la panique. Dans ses bras, un Minisange au plumage doré, chromatique.

Inutile d’avoir peur, jeune homme. Maugréa Aaron en s’interposant calmement entre le Zorua ancien et la Forgelina avide de sang. Valkyrie ne s’en prends pas aux êtres humains, seulement aux Minisange et à leur évolution. Rangez-donc le vôtre dans sa pokéball et l’histoire sera réglée.

D’un signe de tête, il indique à Valkyrie de le suivre, cette dernière ayant perdu toute son excitation et son désir de violence en voyant son maître pointer le bout de son nez. Aaron est vraiment le seul à pouvoir la ramener à la réalité dans ce genre de cas, sans doute parce qu’il lui fait encore un peu peur, ce grand homme à l’air grave. Pourtant, il ne s’est jamais montré particulièrement violent avec elle, sévère peut-être, comme avec tous ces pokémons. Peut-être que le jeune éleveur de Glenn qui lui a fournit cette machine à écraser du piaf était trop tendre avec elle. Enfin, inutile de se poser ce genre de question à présent, Valkyrie recevra sa punition en temps et en lieu, mais ici n’est pas l’endroit pour se donner en spectacle.
 

Rien de très étonnant, le jeune se rebiffe. C’est tous ce que les jeunes savent faire de toute façon, Aaron se demande s’il était aussi agaçant dans ses premières années ? Cette idée lui arracherait un sourire s’il savait encore comment faire pour activer les muscles de ses lèvres vers le haut. Le petit blond n’a pas l’air dans son assiette et ce n’est pas uniquement lié au fait qu’il a manqué de perdre son pokémon tué à coup de marteau – s’il voulait que le champion s’excuse pour ça, il a de l’espoir. Le plus âgé se contente d’intimer à Valkyrie de se placer bien derrière lui avant de soupirer et d’expliquer à contrecœur :

Valkyrie est une addition récente à mon équipe, son plein potentiel m’est encore inconnu. Elle a trompé la garde de ma Lucario et s’est enfuit. Ne sous-entendez pas que je laisse mes pokémons errer dans les rues comme des malfrats. Quand à la fin de la phrase, elle lui fait froncer les sourcils. Écrasante n’est pas le mot que j’emploierais pour qualifier ma ville natale mais je suppose que l’appréciation d’un lieu est quelque chose d’objectif.

Le reste du discours est… Totalement incohérent. Le vieux Claymore ne sait pas trop quoi répondre à cette avalanche de nonsenses à moitié paranoïaque. Il fixe le blond d’un air préoccupé en se demandant s’il ne s’agit pas là d’un évadé de l’hôpital psychiatrique de la ville et qu’il ne faudrait pas prévenir les autorités. En attendant, il se contente de se retourner vers les badauds qui observent, groupés autour d’eux. S’il n’aime pas se donner en spectacle, il n’apprécie pas non-plus que d’autres le fassent pour lui, aussi s’exprime-t-il d’une voix forte.

Veuillez s’il-vous-plaît passer votre chemin, Messieurs-Dames. Rendez-vous donc au théâtre si vous voulez vous divertir de la misère humaine. La foule se dissipe peu à peu et Aaron attends que le dernier d’entre eux soit parti pour se retourner vers le jeune homme, il est presque surprit qu’il soit toujours là et qu’il n’en ait pas profité pour fuir avec le reste. Où en étions-nous donc ? Ah, oui, à vos élucubrations incompréhensibles, je suis navré, je ne suis pas un fanatique d’Arkée. Vous pouvez vous rendre à la Grande Cathédrale si vous souhaitez blasphémer devant quelqu’un de concerné.

Il l’observe des pieds à la tête. Oui, bon, pour un évadé de l’asile de fou, il est bien présentable tout de même. Il a l’attitude mais pas le look qui va avec. Autant se concentrer sur des signes de fièvre alors, mais il n’est pas une infirmière et ne va pas lui poser la main sur le crâne pour vérifier que ce qu’il y a en dessous de celui-ci n’est pas en train de bouillir. Le blanc de ses yeux est de couleur normal, pas un junkie donc et il ne pue pas l’alcool non-plus.

Je suis navré de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais si quelqu’un a tenté à votre vie, vous devriez en informer les autorités compétentes. Sa voix trahirait presque de l’inquiétude. Presque, s’il en avait vraiment quelque chose à faire. En attendant, je vous recommanderais de tenir un discours plus cohérent, d’autres que moi pourraient penser que vous n’avez plus toute votre tête.

Après un grand silence gênant où le jeune homme le fusille du regard, Aaron se sent incapable de partir dans ces conditions. Ce pauvre bougre a l’âge d’être son fils après tout. Il peut AU MOINS essayer d’avoir l’air d’être concerné par cette situation absurde.

Avez-vous besoin d’aide ? Finit-il par soupirer avec contrecœur extrême, priant presque cet Arkée inexistant pour que ce ne soit pas le cas.
 

Le vieil homme se contente d'écouter son cadet blasphémer une nouvelle fois sur la religion, abandonnant définitivement l'idée de comprendre. Il soupire juste, soulagé que le blondinet ne lui ait pas fait signe qu'il ait en effet besoin de son aide. Son regard se perds sur la Zorua ancienne qui le fixe d'un air menaçant. Il hausse un sourcil, allons bon, que va-t-elle trouver pour le terroriser ? C'est un beau jour pour mourir de crise cardiaque mais Aaron est assez sceptique sur la capacité de ce spectre à effrayer les non-croyants.

Et comme si elle percevait sa pensée, la spectre lui lance un regard meurtrier, feulant presque avant que son dresseur ne la rappelle à la raison. Il s'explique sur le comportement de la renarde et le champion se contente de hocher la tête.

Bien, vous voir reprendre un vocabulaire cohérent me soulage. Quand à votre spectre, elle a tout mon respect concernant son comportement protecteur, il va de soi que vous êtes en position de faiblesse.

Cette fameuse Skaya avait en effet un « bon » comportement aux yeux du champion, la relation d'un dresseur et de son pokémon devait être faite d'entraide et de bienveillance. Skaya aurait faite une très bonne camarade sur le champ de bataille, mais pour rien au monde Aaron ne lui souhaitais de vivre la guerre. Aussi effrontée soit-elle.

En parlant de cette expérience de guerre, Aaron aurait juré voir une lueur familière dans les yeux rougeâtres du jeune homme. Ce genre de lueur qui brillait parfois dans ses propres yeux ou dans celle de ses anciens frères d'armes. Ce  gamin devait avoir vu bien des choses, cela expliquait peut-être sa folie. Oui, en prenant les choses comme ça, tout semblait plus clair pour Aaron, même logique. Être à Bronswick devait être aussi pénible pour ce gamin que pour lui quand il se rendait au temple Cyan ou quand il venait fleurir les tombes à Soraid.

Était-ce de la compassion ? Ses traits se détendirent peu à peu et son visage, si on oubliait ce sourire absent, avait déjà quelque chose de plus bienveillant.

J'ignore ce que Bronswick vous a fait, jeune homme, mais je ne peux qu'imaginer la violence de votre vécu pour tomber dans un tel état. Un rapide coup d’œil vers Valkyrie qui s'était définitivement calmée et regardait sa victime d'un air confus. Dites-moi, pourquoi ne pas avoir tenté d'affronter Valkyrie au lieu de la fuir ?

Il imaginait... Ou plutôt connaissait déjà plus ou moins la réponse.Parce que certaines choses sont plus simples à fuir qu'à combattre.
 

La réponse que lui fournit le jeune homme est à peu prêt celle qu'il avait attendu. Elle était suffisante pour lui confirmer que ce gamin était tout bonnement terrorisé à l'idée de perdre son pokémon. Peut-être à l'idée de perdre quelqu'un ou quelque chose d'important tout court. Il ne pouvait que compatir à cela, même si il n'en montra rien. Affichant son air sévère habituel, il répliqua simplement.

Ce n'est pas aux vieux Capumain que l'on apprends à faire des grimaces, mon garçon. Peut-être qu'un jour, vous reconnaîtrez vos faiblesses pour mieux les affronter mais ce n'est pas de mon ressort. Il enchaîne rapidement sur un autre sujet, plus enclin déjà à faire preuve de semblant de remords pour ce qu'il vient d'arriver. Navré de vous avoir rappelé une personne désagréable ceci-dit, mais l'incident ne devrait plus se reproduire.

Un regard appuyé sur Valkyrie la fit hocher la tête d'un air penaud. Ce n'est pas ainsi que devait se comporter un pokemon de champion et la Forgelina était tout à fait au courant de cela. Son amour pour s'en prendre à la lignée évolutive des Minisange la perdra. Surtout si elle tombait sur un morceau plus gros qu'elle, le Corvaillus du jeune Will Byrde par exemple. Il devrait lui rendre visite un jour, tiens, uniquement pour cela.

Son attention revint rapidement au blondinet qui semblait perdu et effarouché, quoiqu'il puisse en dire. Il était vrai que sa fuite devait l'avoir mené dans un coin de Bronswick qu'il ne connaissait pas du tout et peut-être se rendait-il compte qu'il allait devoir passer plus de temps que prévu au sein de la capitale, histoire de retrouver son chemin. Mais bon, à ce stade, Aaron s'était suffisamment adouci pour accepter de l'aider malgré son désordre psychologique flagrant et sa fierté mal placée.  

Je ne vais pas passer par quatre chemins en essayant de rendre ma proposition moins condescendante, voulez-vous que je vous raccompagne en terrain connu ? Un rapide regard en biais qui voulait clairement dire « arrête ton cirque ». Et inutile de nier, vous avez l'air d'un Passerouge à peine sorti du nid.

Sans vraiment attendre de réponse, il fait volte-face et commence sa marche. Retrouver son chemin sera pour lui plus aisé que de respirer puisqu'il est sur son territoire, son lieu de naissance, comme si ces ruelles étaient une extension de son propre corps. Le parcours se dessine déjà dans sa tête à peine le premier pas effectué, il se contente juste de faire un signe de la main en lâchant un rapide :

Suivez-moi si vous le souhaitez.

C'est avec un étrange sentiment de satisfaction qu'il constate que le blond traîne des pieds derrière lui, accompagné de sa Zorua qui fixe toujours le champion d'un air sombre. Sans se retourner, il lance d'un air tranquille.

Je réalise que nous ne nous sommes même pas présentés. Gardez votre identité secrète si vous le souhaitez mais permettez-moi de faire preuve de politesse. Je me nomme Aaron Claymore, pensez-y si un jour, vous souhaitez faire le tour des arènes.

Enfin, il lui ferait une faveur si c'était le cas. Peut-être le battrait-il en quelques coups pour lui permettre de rentrer chez lui (où que ce soit). De son coté, Valkyrie s'approche doucement du jeune homme pour lui tendre une fleur cueillie en coin de ruelle. Si son maître n'est pas enclin à présenter des excuses propres, elle cherche tout de même à se faire pardonner. Un simple Pissenlit sauvage, certes, mais ça vaut mieux que rien, non ?
 

Face au manque de réponse et en entendant le jeune homme parler à voix basse à quelqu'un qui ne semblait pas être lui, le champion se retourne brièvement. L'attitude de Valkyrie le ferait presque sourire. Mais il fallait s'attendre à ce que le jeune homme ne soit pas enclin à la pardonner de suite, ce petit Minisange n'était clairement pas fait pour combattre et ce blondinet y semblait attaché comme à un doudou.

Ce n'est qu'après un moment qu'il ne daigne se présent. William, juste William. Sois il ne veut pas donner d'avantage de pistes sur son identité par amertume, sois il n'a pas vraiment intérêt à le faire. Ce détail le ferait également presque sourire. Un William, il en connaît un, par l'ami d'un ami comme on dit. Un sacré petit filou qui avait l'habitude de se montrer quelque peu rebelle envers les forces de l'ordre, l'idée que ce soit le même William qui lui fait face a quelque chose d'amusant. Il ne fait pas part de ses doutes, cependant et continue la marche en silence.

Le jeune William se trahit encore par quelques paroles qui montrent bien qu'il n'est clairement pas à l'aise dans cette ville. Aaron s'arrête, soudain hésitant. La voie qu'il prends le mène proche du quartier de la Grande Cathédrale. Est-ce une bonne idée de mener le garçon ici ? Il reste pensif un instant avant de répliquer d'un air tout à fait naturel.

Cher William, le chemin que nous empruntons n'est clairement pas fait pour vous plaire, veuillez m'excuser mais le détour que je vais effectuer va rendre votre calvaire plus long. Mais croyez-moi, il vous sera plus supportable ainsi.

Rapide détour, il emprunte une ruelle étroite. Un vieux chemin devant dater de la fondation même de Bronswick entre deux maisons d'apparence médiévale. Après un bon moment à errer dans les ruelles, guidés par l'instinct seul de l'aîné, ils débouchent enfin sur un petit parc des plus charmants.

Nous sommes proches de la gare. Nous avons évité la Grande Cathédrale de peu. Ne l'avez-vous pas remarqué lors de votre fuite ? Il secoue la tête, question idiote, le bougre devait fuir une Valkyrie prise de folie meurtrière, évidemment qu'il n'allait pas remarqué ça. Quoiqu'il en soit, votre périple arrive bientôt à son terme, mon garçon. Puisse Bronswick vous paraître un jour accueillante.

Il doute que cela arrive un jour, mais bon. L'espoir fait vivre.  
 

Comme Aaron s'y attendait, la réponse du jeune homme est plutôt mitigée. Voir clairement négative, il va même jusqu'à rétorquer qu'il ne se sentira bien dans cette ville qu'une fois la Grande Cathédrale rasée du territoire. Aaron n'est pas croyant, il peut comprendre la haine de la religion mais cela va un peu trop loin à son goût comme raisonnement. Quoique puisse avoir vécu ce jeune William, rien ne lui donne le droit de brûler des lieux de culte.

Ne parlez pas si légèrement de tels actes. Siffle le champion d'un ton amer. Votre haine pour la religion a ses fondements, certainement, mais gardez à l'esprit que d'autres que vous y tirent l'espoir et la paix. Si vous pensez que brûler une cathédrale va rendre Bronswick meilleure, vous ne connaissez définitivement rien à la nature humaine.

Pour dire vrai, il en a vu brûler des églises, pendant les deux guerres. C'était même a une époque où, proche des mouvances communistes, il considérait la religion comme « l'opium du peuple », un parasite fait pour assouvir les plus pauvres au profit des plus riches. Mais même à l'époque, voir ces bâtiments brûler ne lui procurait aucune satisfaction. Signe d'une blessure de plus, béante et purulente dans un pays rongé par la guerre et la pauvreté.

Il frotte instinctivement son bras gauche, là où Lunokhod l'a frappé lors de leur combat. La pensée qui lui traverse l'esprit se métamorphe bientôt en paroles rongées d'une colère étouffée.

Certains n'ont pas besoin de raisons pour faire le mal. Ils ont juste besoin d'une opportunité. Son regard noir se plonge dans celui de William. C'est le cas de la plupart des tyrans et des tortionnaires de notre monde, mon garçon. Si il n'y avait pas de religion, ils prétendraient le faire au nom de la liberté ou au nom du peuple.

Après un long silence et un regard blasé en réponse à celui menaçant du Zorua ancien, il finit par soupirer lourdement. Pourquoi raconte-t-il tout ça ? Ce n'est pas comme si il pouvait convaincre cette tête de Tiboudet de quoique ce soit.

Je perds mon temps. Admet-il finalement. Prenez la petite ruelle là-bas et continuez tout droit, vous arriverez devant la gare de Bronswick. Le petit café qui se trouve devant est fort sympathique, bien qu'un peu cher. Nos chemins se séparent ici, tâchez juste de ne pas devenir l'un des monstres qui vous font si peur.

Il se retourne, ignorant une fois de plus le regard noir de cette petite peste de Zorua. Elle devrait mettre de l'eau dans son vin. À être trop protectrice, elle va finir par attirer plus d'ennuis à son maître qu'autre chose.

J'ai vu tellement de jeunes gens finir de la sorte, cela en devient... Épuisant.

Épuisant est un bien petit mot pour décrire son ressenti réel quand à ce sujet. Il n'est jamais agréable de se souvenir de ses frères d'armes plongés dans la folie meurtrière au nom de la grandeur de Keros. Oh, bien sûr, Keros est grande et belle. Pour Aaron, elle est la plus belle des nations. Mais ce n'est pas en tachant son drapeau de sang qu'elle le deviendra d'avantage.

Et ce n'est pas en brûlant Bronswick qu'elle deviendra plus vivable.   
 

Aaron s’assoit tranquillement et observe avec une sorte de satisfaction calme l'environnement végétal qui les entoure. Il se demande si le gamin peut comprendre la chance qu'il a de ne pas avoir vu Bronswick en flammes, à feu et à sang, dans la famine et la pauvreté. Non, il a dû grandir de façon bien malheureuse cependant, d'une façon qui lui a fait haïr Arkée. À croiser le regard du jeune homme, on croirait presque qu'il veut convaincre son aîné du bien fondé de son amalgame.

Cette discutions ne sert définitivement à rien.

Il y a de l'horreur derrière toutes belles paroles, très cher William. Que croyez-vous qu'est un discours aux troupes avant de partir pour le front ? Est-ce fait au nom d'Arkée ? Non. Et pourtant cela reste horrible. Il fait un signe de la main désignant sa poitrine puis sa tête. L'horreur est cachée ici et là, en chacun d'entre-nous. Elle est bien plus séduisante qu'on ne peut le penser.

Il observe sans rien dire Valkyrie bousculer la Zorua grise pour s'asseoir à ses cotés. Comme si la Forgelina n'appréciait pas le comportement de cette dernière. C'est pourtant un grand sourire amical qu'elle adresse au duo. Peut-être est-ce juste de la maladresse ? Impossible à dire avec elle. Ce qui ferait bien sourire Aaron... Si il arrivait encore à sourire. Non, il garde son air sombre. Ce jeune William lui rappelle celui qu'il était avant d'aller à la guerre, enfermé dans ses convictions au point de ne voir que ce qu'il lui plaît.

Vous devriez entraîner votre Zorua à être plus discrète, son animosité est trop apparente, elle ne surprends que les plus stupides. Comme cette personne que vous semblez tant haïr.

Un regard vers la bestiole. Un regard qu'il soutient cette fois-ci. Dans le plus grand des calmes. Nullement provocateur, il se contente de la jauger comme il fait avec tous les pokémons des combattants venant se bousculer à son arène. Ce qui attire la curiosité de Valkyrie qui se positionne aussitôt pour prendre part au combat.

Non, Valkyrie. Ce n'est pas un duel. Rappelle sèchement le champion avant de reporter son attention sur les beaux buissons de lilas fleuris qui bordent les alentours du parc. Je pense que nos chemins se séparent ici. William... William Northwood peut-être ? Je me trompe sans-doute mais ce nom me vient en tête, il appartiendrait bien à un idiot borné comme vous.

« Idiot borné » est lancé dans un ton calme, presque amical. Aucune animosité dans cette expression, comme si cela était une caractéristique plutôt qu'une insulte. Aaron rit intérieurement, lui-aussi a été un idiot borné dans sa jeunesse. Et il l'est toujours un peu aujourd'hui.

Pas de la même façon.

Pardonnez les élucubrations d'un vieil homme tel que moi et puisse le reste de votre séjour ici vous être un minimum supportable. Continuez votre route et ne revenez en arrière que quand vous aurez trouver un autre moyen que de brûler des églises pour apaiser vos blessures. Ce n'est pas en versant de la poudra à canon sur une plaie infectée qu'on la guérit, après tout.

Un dernier regard avant de laisser le garçon tranquille.

Bronswick est mon territoire après tout. Croyant ou non, je dois protéger cette Cathédrale, elle représente bien plus que vous ne pouvez l'imaginer à votre jeune âge.

Il repart dans sa contemplation florale, pensif. Cette rencontre lui a rappelé de bons comme de mauvais souvenirs. Ce n'est peut-être que son imagination mais il a l'impression que le cas de ce jeune William ne s'améliorera pas avec le temps.
 

Un autre long soupire, si seulement c'était juste un jeune idiot rebelle, il pourrait passer l'éponge. Mais la vérité qu'il peine à admettre c'est que cette rencontre a ravivé de mauvais souvenirs. De vieilles blessures qu'il croyait cicatrisées. Contrairement à ce que le gamin croit sans-doute, il n'a pas eut une enfance aisée, il vu très tôt de quoi les humains étaient capables, le bagne pour enfants ne pardonne pas.

Il a perdu des camarades bien avant la guerre. Morts de faim, de froid, des suites de leurs blessures et pour bien d'autres raisons encore. Il n'a jamais été question d'Arkée mais d'une sois-disante justice rédemptrice. C'était les mots du directeur du lieu.

"Cet endroit fera de vous, petits déchets de la rue, des hommes droits et prêts à servir votre pays".

Un léger frisson lui parcours le corps. C'est étrange, il n'avait pas l'impression que ces paroles l'aient autant marqué. Il regarde vite fait le jeune homme qui s'éloigne, rapidement rattrapé par sa Zorua retardataire, prétendant qu'ils ne se reverrons jamais. Conclusion peut-être faite un peu trop vite. Aaron mentirait si il disait ne pas être inquiet, très inquiet pour l'avenir du gamin.

Il ne peut pas se mentir, William a le même sale caractère que Walters. Toujours prêt à rétorquer quand on lui fait la morale. C'est stupide mais si ce gamin venait à mourir ou à mal tourner, Aaron s'en voudrait terriblement. Peut-être devrait-il rendre visite à son père ? Après tout, il n'a pas nié être William Northwood. si Aaron a vu juste, un petit détour du coté de Pryderi serait de bonne augure, si on oublie ce petit con de Cameron Waltz.

Si il se mêle de ce qui ne le regarde pas ? Sans doute, mais il veut au moins faire taire ses inquiétudes.

Le champion sursaute presque lorsque sa Forgelina lui tapote le bras. Elle a l'air inquiète de voir son dresseur aussi grave. Rare geste de tendresse, Aaron lui caresse la tête. Valkyrie a beau être folle, elle n'en reste pas moins attachante, parfois. Il pense au chemin du retour et grimace déjà à l'idée de faire autant de marche.

Je suis trop vieux pour toutes ces bêtises. J'en suis épuisé...