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Keros FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES
En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite
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La peur au ventre, Oliver frappa à la porte de l'orphelinat. Ça faisait... presque un mois qu'il n'avait pas vu Ilya. Presque un mois qu'il faisait le mort, persuadé que sa mauvaise influence l'avait rendu homosexuel. Un mois qu'il lui manquait terriblement, mais qu'il s'interdisait de s'en approcher parce qu'il ne s'en sentait pas digne. Alors même si Zahra lui avait promis qu'il ne racontait que des bêtises, même si Lily l'avait traité d'idiot au téléphone, il n'en menait pas large. Il s'était décidé. Il reparlerait à Ilya. Il s'excuserait de l'avoir évité si longtemps. Il lui avouerait tout. Ça lui prendrait tout son courage, mais il était déterminé. Et puis... il l'avait un peu promis à Lily. S'ils s'appelaient et qu'elle apprenait qu'il s'était dégonflé, il serait honteux.
Après seulement quelques instants, la porte s'ouvrit. Sans grande surprise, il s'agissait de Ceriz, la Wimessir de madame Nightingale qui s'était autoproclamée majordome. Elle sembla le reconnaître, puisqu'elle le traine joyeusement à l'intérieur pour montrer sa trouvaille à sa maîtresse. Cette dernière ne cacha pas sa surprise en le voyant, lui faisant baisser la tête pour la saluer. Elle avait bien changé... sa grossesse avait semblé durer des années, et voilà enfin que son ventre était plat. Comme maman, elle semblait fatiguée, mais néanmoins épanouie, même si de gros cernes trahissaient des nuits sans sommeil.
Tu viens voir Ilya, c'est ça ?
Il hocha la tête en silence, toujours sans la regarder dans les yeux. Elle devait l'attendre depuis longtemps. Ilya et lui étaient censés être meilleurs amis, après tout, alors pourquoi avait-il pris si longtemps pour venir le voir ? Est-ce qu'on l'avait pris pour un homophobe ? Comme il aurait été hypocrite. Mais c'était probablement ce que tout le monde pensait. Lui seul, enfin, lui, Zahra et Lily étaient les seuls à connaître la vraie raison. Et jusqu'ici, il avait été le seul à ne pas la trouver complètement ridicule. Ilya serait probablement fâché. Peut-être qu'il ne voudrait plus être son ami. Mais il se devait de lui dire. Il ne voulait pas qu'il passe un jour de plus à croire qu'il le détestait.
Ilya ? Oliver est ici, il voudrait te voir, dit la jeune femme d'une voix hésitante après quelques coups dans la porte.
Aucune réponse. Pas avant un long moment. Oliver pouvait néanmoins entendre du mouvement à l'intérieur. Un lit qui grince, probablement quelqu'un qui hésite entre se lever et aller ouvrir ou rester dans son coin. Puis, des pas. Enfin, la porte s'ouvrit et en voyant le visage de son ami, Oliver se sentit trembler de la tête aux pieds.
Ilya était là. Il avait ouvert. Il voulait bien lui parler. Du moins, il ne lui avait pas crié de déguerpir. Il lui adressa un petit signe de la main, avec le regard fuyant. Il était heureux de le revoir. Si heureux. Il avait l'impression d'enfin respirer après un mois, mais l'angoisse, elle, l'étranglait pour l'empêcher de respirer cet air frais. Il le suivit à l'intérieur, la porte se referma et il aperçut le regard inquiet de madame Nightingale avant qu'elle ne disparaisse. Désormais, il était seul avec Ilya, assis sur son lit, à ne pas oser dire le premier mot. Ce n'était pas la première fois qu'il se sentait si nerveux en sa présence. Seulement, cette fois était différente. Cette fois, il n'était pas juste honteux de ses sentiments mais aussi de ses actes. Il prit une grande inspiration, s'apprêta à formuler des excuses... mais la phrase qui franchit ses lèvres lui échappa.
C-comment tu as su q-que tu aim-aimais les g-garçons ?
Malgré les mots des deux jeunes filles, il restait un dernier bastion qui restait fort et droit, qui maintenant que toute cette histoire était de sa faute. Qui de mieux pour réfuter cette hypothèse que l'intéressé lui-même ? Il regrattait déjà d'avoir été trop direct. Il aurait dû commencer par des bavardages ordinaires, pas par une question qui fâche. Malheureusement, c'était la seule chose qu'il était capable de penser pour le moment.
Cela aurait été plus simple si ça avait été Zahra. Il l'aurait envoyé balader et si la Sabatéenne aurait râlé, elle ne l'aurait pas mal prit. Elle savait qu'il y avait des jours avec et des jours sans.
Quand il avait entendu la voix de Lady Nightingale, il avait tout d'abord cru qu'elle venait discuter une énième fois avec lui de ses crises de violence. Il lui avait pourtant dit tout ce qu'il pouvait : il ne maîtrisait rien et le Docteur Raine cherchait encore un anxiolytique adapté.
Mais elle était là pour annoncer la venue d'Oliver.
Oh, Ilya avait bien une petite idée de ce que le jeune homme était venu faire ici mais il aurait voulu avoir un peu plus de temps. Cela aurait pu avoir eu lieu dans dix ans qu'il ne se serait toujours pas senti prêt. Il allait falloir mettre les choses au clair et peut-être dire 'Adieu' à leur amitié et à tout ce qui pouvait en découler d'avantage.
Après une hésitation qui sembla lui durer des plombes où il avait prit le soin de remettre un peu d'ordre dans sa chambre, il finit enfin par ouvrir la porte. La suite, il ne s'en souvient pas très bien, il sait juste qu'il se retrouvait assis sur son lit, les yeux dans le vide et les mains jointes, serrées à s'en blanchir les articulations.
Oliver lui posa une question et il lui fallu du temps pour comprendre le sens des mots, comme si le stress l'empêchait de comprendre le Kerosien correctement. Ah, comment avait-il apprit qu'il aimait les garçons ?
Voilà qui était une fâcheuse question. Il lança un regard en coin à Zaria qui piailla comme pour s'excuser encore une fois. Ce n'était pas de sa faute, elle pensait bien faire...
Il fallut quelques minutes pour que l'ancien Tsarévitch ouvre enfin la bouche. Mon premier amoureux... J'avais quinze ans... Il s'appelait Grisha. Je ne sais pas trop comment on a 'su', c'est venu naturellement je crois. L’œil dans le vide, il continua. Zaria m'a fait oublié son visage, car la dernière fois que je l'ai vu... Il était à moitié explosé à coup de fusil.
Comme si il s'était rendu compte de ce qu'il venait de dire, Ilya se redressa subitement et lança un regard affolé à Ollie.
Je...Pardon, je ne voulais pas te dire ça. Tu n'as pas à... Subir ça. Bredouilla le Stranaïte.
Il était nerveux, très nerveux, trop nerveux. Il savait que c'était le jour fatidique. Il souhaitais se tromper, qu'Ollie ne l'aime pas et qu'ils se retrouvent juste tous deux à aimer les garçons sans ambiguïté entre eux.
Comme cela, ils pourraient vivre un peu plus dans le mensonge.
Zahra m'a dit que... Tu avais peur de m'avoir contaminé. Il eut un petit rire sans joie. C'est pas une maladie tu sais.
Les médias et les gens pouvaient raconter ce qu'ils voulaient, ce n'était pas une maladie. Ilya avait toujours su plus ou moins qu'ils n'était pas aux femmes. Depuis qu'il était petit et qu'il attendait son prince charmant, déguisé en princesse. Grisha avait été la confirmation de tout cela.
Ce n'est pas ta faute, c'est comme ça, c'est tout... C'est un peu comme si la destinée de la lignée impériale était de s'éteindre. Je ne crois pas que Genya soit... Comme les autres filles non-plus. Pas qu'elle soit...Enfin, tu sais... Je crois qu'elle n'aime juste personne.
Il replongea dans le silence, l’œil fixé au sol. Que pouvait-il dire de plus ? 'S'il-te-plaît, dis-moi que tu n'es pas amoureux de moi' ? Il lui aurait brisé le cœur en avance si c'était le cas. Alors il se taisait. Et il attendait qu'Oliver reprenne la parole.
Ilya finit par parler... difficilement. Sa voix éraillée trahissait une envie de se taire plutôt que d'avouer. Il ne devait rien à Oliver, et pourtant il lui expliqua en soupirant, comme s'il se sentait obligé de le faire.
Le nom d'un certain Grisha apparut. Le "premier amoureux" d'Ilya. À cette idée, Oliver ne put s'empêcher de se mordre la lèvre, soudain pris d'un sentiment de jalousie mal placé. Il ne pouvait pas. Pas en se doutant que ce pauvre Grisha n'était... la suite des propos d'Ilya confirma le sort du pauvre garçon, et de l'envie d'Oliver, il ne resta plus que de la honte, de la tristesse et de l'horreur.
I-Ilya...
Pas un mot de plus ne franchit ses lèvres. Que lui dire de plus ? Qu'il était désolé ? On est désolé pour quelqu'un qui perd son grand-père, pas pour quelqu'un qui voit l'être aimé se faire défigurer par un fusil. Ilya s'excusa vite. À ressasser sans cesse les horreurs de la guerre, pas étonnant qu'il oublie que son ami, lui, tournait de l’œil devant un simple morceau de viande. Il tint quand même à faire non de la tête. Il ne lui en voulait pas d'en avoir trop dit. S'il l'avait fait, c'est qu'il avait besoin d'en parler. Ce sentiment désagréable qui le prit au ventre rien qu'à imaginer ce que Zaria lui a fait oublier... il le garderait pour lui.
Au moins, cette histoire tragique apportait un petit quelque chose de positif. Une victoire bien amère. Mais une victoire quand même, puisque quand la réalisation lui vint, Oliver souffle d'étonnement.
A-alors ce n-n'est p-pas moi q-
Il s'interrompit, car Ilya venait d'avouer. Zahra lui avait dit. Elle lui avait dit ? Que lui avait-elle dit exactement ? Il savait qu'il avait eu peur de le contaminer, ce qu'il aurait préféré garder secret, et... est-ce qu'elle lui en avait dit plus ? Notamment sur ce dont il lui avait fait jurer de ne pas parler ? Elle n'avait quand même pas avoué à Ilya... qu'il l'aimait bien ? A cette idée, ses joues se tintèrent de rouge de honte comme de rage. Il lui expliquerait sa façon de penser la prochaine fois qu'il la verrait, tiens !
J-je... suis rass-rassuré... m-mais d-du coup ? T-tu sav-savais ? P-pour moi ?
En effet, Ilya ne semblait pas étonné plus que ça. Et dire qu'Oliver avait écrit un texte qu'il avait lu et relu, pour avouer à son meilleur ami que lui aussi aimait les garçons. Tout ça pour ça ? C'était un peu... décevant. Mais malgré cette déception, il ne put chasse la chaleur qui commençait à lui réchauffer doucement le bout des doigts. Une chaleur qui venaient directement de son cœur. Il rigolait, bêtement, de sa propre bêtise, et du fait qu'Ilya l'avait démasqué depuis longtemps. Il se sentait enfin plus léger d'une tonne, juste heureux d'avoir retrouvé son ami, cette fois, libre de tout secret. De tous... sauf un.
C'était l'idée de Lily. C'était ce qu'elle lui avait dit avant de raccrocher.
"Fonce, je sais qu'il t'aime aussi !"
Comment pouvait-elle en être sûre, exactement ? Il pensait connaître Ilya mieux que quiconque, et pourtant... bon, il devait admettre ne pas être un expert en la matière. Pas quand il avait mis plus de six mois à accepter ses sentiments comme quelque chose d'autre que honteux et dangereux. S'il en croyait son amie... il y avait une chance... pour qu'il dise oui.
Au... au... au fait... i-il y a q-quelq-quelque chose d-d'autre d-dont j-j-j-je v-v-voulais te p-p-parler...
Malgré les balbutiements habituels, il fut surpris de la facilité avec laquelle les morts sortirent. Ce qu'il attribuait à la sensation de chaleur qui le faisait se sentir si bien depuis un moment. Comme désinhibé. Un rare moment de confiance en lui sur lequel il comptait bien tout miser.
Q-quand on s'est renc-contré, je... j-j'étais v-vraiment seul... tu es la p-prem-mière p-personne q-qui m'a app-pelé "un ami". J-j'arrivais p-pas à y c-croire et p-pourtant... m-maintenant, j-j'ai d-des amis, j-j'ai, F-Finn, Teag-Teagan et Lily et... sans toi, j'j'aurais enc-encore les autre sur le d-dos. T-tout ça, c'est g-grâce à toi... J-je c-crois que j'ai j-jamais été aussi heureux q-qu'avec toi.
Dire que tout avait commencé par un stupide exposé dans la classe de Flemming. Dire qu'il avait eu peur d'Ilya, une pensée qui le faisait encore plus rire comme un idiot plus il y repensait. Comme il avait dû le trouver ridicule.
Il baissa les yeux, incapable de soutenir le regard d'Ilya une seconde de plus. Il l'avait dit. Il l'avait dit ? Ce "beaucoup" qui était venu un peu malgré lui pour ironiquement atténuer ses sentiments, d'où sortait-il ? Il aimait Ilya plus que beaucoup. Il l'aimait, tout court ! Mais peut-être que ça, c'était un peu trop pour le petit Oliver Dixon.
Ilya pu sentir la joie de son ami tandis qu'en lui, c'était plutôt l'angoisse qui montait en flèche, il se rassit prudemment sur son lit et et resta immobile, comme une statue de bronze. Il ne répondit pas lorsqu'Ollie lui demanda si il avait su depuis tout ce temps. Évidemment qu'il le savait, c'était évident. Et son cœur comme sa tête lui criait qu'il y avait une autre évidence. Mais ça, il priait Arkæ pour que ce soit faux.
Zahra avait voulu le rassurer en lui disant simplement qu'Oliver avait peur de cette histoire de contamination. Elle n'avait rien dit de plus, mais son regard et son comportement cachait quelque chose qu'Ilya redoutait.
Il aurait été tellement heureux si les circonstances avaient été différentes.
Son cœur manqua un battement quand Oliver lui avoua avoir quelque chose à lui dire.
Pas pitié, pas ça...
Et merde, ce grand discours, ça ressemblait à une déclaration d'amour en bonne et due forme. Ilya secoua la tête, silencieux. Ses nerfs étaient à fleur de peau et il se concentrait de toutes ses forces pour ne pas interrompre son ami. Il l'écouta parler jusqu'au bout, même si ça faisait mal. Encore plus mal que les taillades qu'il s'infligeait aux bras.
Le stress l'empêchait de saisir en totalité le discours d'Ollie. Il était reconnaissant, pour son amitié. Quelque chose comme ça. Ilya aurait voulu sourire mais il se sentait juste mal. Le rythme de son battement de cœur accélérait. Et pas parce qu'il s'apprêtait à faire la déclaration de sa vie, loin de là...
Ollie conclut maladroitement.
Il l'aimait beaucoup.
Ilya n'était pas né de la dernière pluie, il savait que le 'beaucoup' n'avait rien à faire ici, aussi se couvrit-il le visage et resta silencieux un bon moment pour retenir de toutes ses forces les sanglots qui menaçaient d'éclater.
Après un long moment pendant lequel Oliver avait dû se sentir terriblement mal, lui aussi, Ilya finit par parler. Sa voix tremblait.
Tu m'aimes vraiment, hein ? Quand Zahra est venue me voir, elle me l'a pas dit mais... Je le voyais dans ses yeux.
Il sentit en se maudissant une larme couler le long de sa joue.
Moi aussi, je t'aimes mais... Il prit une grande inspiration. Ollie, il faut que tu saches. Dans ma vie, j'ai...
Il manquait d'air et dissimula à nouveau le visage entre ses mains. Les sanglots éclatèrent. Impossible de contrôler ses émotions et pourtant, il avait prévu ce jour depuis son arrivée à l'orphelinat mais rien à faire. Absolument rien à faire. Il était incapable de retenir les larmes. Il savait ce que ses révélations allaient entraîner, il pouvait mentir, ne rien dire à Oliver et vivre heureux avec lui mais...
...Mais il fallait qu'il sache.
Oliver, j'ai... Il serra les dents et articula d'une voix brisée. J'ai déjà tué. Quatre fois. Johnson aurait pu être le cinquième... Williams aurait pu être le cinquième... Je ne suis pas une bonne personne...
Il se recroquevilla sur lui-même et Zaria se hâta de voleter et de se poser sur son épaule, le consolant en caressant ses joues de ses ailes. Il ferma l’œil resta, attendant qu'Oliver parte, sans doute en claquant la porte.
Chaque seconde du silence qui suivit était une heure de torture pour Oliver. Ilya ne disait rien. Il ne disait rien ? Le jeune garçon se mordit la joue, suppliant silencieusement son ami de briser la glace. Même si c'était pour dire non. Tout pour que cette tension s'arrête. Il se demanda même s'il avait bien fait de parler. Peut-être était-ce trop tôt ? Peut-être aurait-il dû garder ses sentiments secrets un peu plus longtemps, voire pour toujours... Sentant l'atmosphère s'alourdir encore plus, Oliver entrouvrit la bouche et s'apprêta à s'excuser, expliquer à Ilya que s'il ne l'aimait pas, ce n'était pas grave. Qu'il serait honoré de rester amis. Après tout, comme il venait de l'expliquer, leur simple amitié avait suffi à le sortir de la misère. Il n'en demandait pas plus. Pas que ça l'ait empêché d'espérer...
Mais Ilya prit la parole avant lui. Sa voix semblait blessée, abîmée. Par ce qu'il venait d'entendre ? Oliver espérait se tromper. Que son camarade rejette ses sentiments était une chose. Qu'il en soit dégoûté en était une autre. Il se ramassa sur lui-même, prêt à écouter ce qu'il avait à lui dire. Il ne semblait pas surpris. Une fois de plus, Oliver baissa les yeux, honteux d'être aussi facile à lire qu'un livre ouvert. Pour la défense de Zahra, elle aurait gaffé inconsciemment par son regard. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, il était aussi mauvais menteur qu'elle.
Une première larme coula de l’œil d'Ilya, laissant son ami sans voix. Était-ce de sa faute si Ilya se mettait soudain à pleurer ? Il voulait lui dire quelque chose, n'importe quoi, s'excuser, retirer ce qu'il venait de dire. Il regrettait déjà cette stupide déclaration, lui et sa grande gueule. Il aurait dû se taire, il aurait dû...
Il ne réagit même pas en entendant le jeune homme lui expliquer qu'il l'aimait aussi. Le "mais" à la fin de sa phrase pesait bien trop lourd pour qu'il fasse attention au reste. Mais ? Mais quoi ? Qu'est-ce qu'Oliver avait pu faire de si mal pour qu'Ilya lui balance un "mais" ? Une à une, il pensa à toutes les horreurs qu'il allait pouvoir lui reprocher, même celles qu'il n'avait jamais commises. Ses muscles étaient si tendus qu'il les sentait comme une corde sur le point de rompre. Et si son cœur battait toujours la chamade, ce n'était plus le sentiment de chaleur agréable qui le traversait, mais un froid glacial et mordant.
"J'ai déjà tué."
Les mots, aussi lourds étaient-ils, ne firent pas de suite leur effet. Oliver écouta Ilya en silence, trop abasourdi pour dire quoi que ce soit de pertinent. Son ami pleura de plus belle et se recroquevilla comme un Sabelette, tandis que même Zaria ne parvenait pas à le consoler. Quoiqu'il vienne de lui dire, il ne pouvait supporter de voir son ami dans cet état. Il avança doucement la main pour la poser sur son épaule, histoire de lui demander ce qui n'allait pas, de lui proposer une étreinte pour le réconforter. Mais, à peine eut-il effleuré sa peau que sa main se vit violemment repoussée par le bras d'Ilya, probablement un geste inconscient qu'il regretterait, mais assez pour faire reculer Oliver sans envie de s'approcher de nouveau.
J-je... j-je vais p-partir, d-d'accord ?
Ilya ne lui répondit pas, toujours occupé à renifler dans cette petite bulle qu'il s'était créé. Le blondinet recula, pas à pas, comme si une part de lui souhaitait rester malgré tout. La raison, elle, lui sommait qu'il n'avait plus rien à faire ici. Celle-ci l'emporta éventuellement, et après un dernier regard mélancolique, il ferma la porte sans même un au revoir.
Le son de cette porte qui claque sembla le réveiller de la transe dans laquelle la déclaration d'Ilya l'avait mis. La réalité de ce qu'il avait entendu le percuta soudain comme une attaque Taurogne, si fort qu'il eut une forte envie de vomir, comme il on l'avait réellement frappé dans l'estomac.
Ilya avait du sang sur les mains. Ça ne faisait aucun sens. Ilya était quelqu'un de doux, gentil, sensible. Un ami sur lequel il avait toujours pu compter quand ça n'allait pas et qui n'avait pas hésité à se confier à lui quand il était dans le besoin. Et pourtant, ça faisait sens. Les crises de nerfs, la culpabilité donc il n'avait jamais osé avouer l'origine, les agressions contre Johnson, et celle dont avait parlé Zahra... Il avait mis le compte sur le dos de la guerre. Et si, après réflexion, l'un n'allait pas sans l'autre, l'idée qu'Ilya ait déjà tué ne l'avait même pas effleuré, niais comme il était dans son petit conte de fées.
Il ne remarqua pas ses premières larmes, mais elles furent vite suivies par un torrent. Très vite, son nez bouché le finit renifler, peut-être trop fort. Assez pour attirer l'attention de madame Nightingale qui n'avait pas dû rester loin, prête à intervenir si nécessaire. Semblerait-il qu'elle avait eu raison. Mais malgré son air inquiet et sa bouche semi-ouverte qui semblaient être une invitation à se confier, Oliver l'ignora. Égoïste, peut-être. Mais il ne voulait pas en parler. Il ne voulait pas rester ici. Il voulait juste... retrouver son lit. S'endormir, se réveiller le plus tard possible pour ne pas avoir à ruminer encore plus. Bien sûr qu'il ne pourrait pas jouer les Belles au Bois dormant. Il avait des responsabilités, des amis, une grand-mère à aider... mais pour une fois, l'envie de ne penser qu'à lui était plus forte. Il déguerpit de l'orphelinat sous les yeux déçus de la directrice, courant chez lui aussi vite que ses petites jambes le porteraient.
Zahra avait peut-être raison au fond. C'était peut-être mieux ainsi. Peut-être que certaines choses n'étaient pas faites pour avoir lieu.
Ilya ne se rappelait pas bien l'enchaînement des évenements. Oliver avait essayé de le toucher et comme une réaction viscèrale, il l'avait repoussé. Il ne voulait plus être toucher, il voulait plus de la présence de son cadet ici, il voulait juste disparaître.
Il voulait qu'Oliver l'oublie.
Le bruit de la porte se refermant le fit sursauter. Il resta un long moment immobile, il cru entendre les pas du jeune homme se précipiter vers la sortie.
Ilya comprenait, qui n'avait pas peur des monstres ?
Après quelques minutes à regarder dans le vide, il caressa doucement Zaria avec un sourire triste. Puis il se leva et prit le même sac qu'il avait utilisé pour empaqueter ses affaires et débarquer à l'orphelinat.
Il ne pouvait pas rester ici, un monstre parmi les enfants, ça ne se faisait pas. Malgré ce qu'Hitomi, Zahra et Monsieur Craig pouvait penser, il était bel et bien un monstre.
Fouillant dans ses affaires, il grogna en constatant l'absence de son couteau. Toujours au poste de police de Doon, en tant que pièce à conviction pour l'agression de Williams. Ou un truc du genre. Ce n'était pas bien grave, la mine regorgeait de choses tranchantes, mais Ilya avait l'impression qu'une part de lui-même était manquante.
C'était frustrant.
Plus il s'activer à ranger ses affaires, plus une sorte d'angoisse se saisissait de lui. Il fallait qu'il parte, et vite.
Lady Nightingale frappa à la porte, demandant si elle pouvait entrer. Ilya s'entendit dire avec honte : Certainement pas ! Je me casse d'ici et vous ne m'en empêcherez pas ! Il marqua une pause et finit par déclarer d'une voix plus calme. Vous serez mieux sans moi.
Lady Nightingale, en entendant ces mots, ne se gêna pas pour entrer en trombe dans la chambre. Elle regarda, affolée, l'adolescent ranger ses affaires.
Qu...Que s'est-il passé, Ilya ?
Il prit une grande inspiration et lâcha brutalement. Je lui ai dis la vérité, je lui ai dis que j'étais un assassin. Il a pas aimé, c'est tout.
Il balança son sac sur son épaule et se dirigea vers la sortie sous les yeux impuissants de la directrice de l'orphelinat. Elle tenta de le convaincre de rester par quelques paroles qu'il n'écouta même pas et se demanda juste quel était le chemin le plus proche pour la mine de l'Est. Il réfléchirait plus tard si il quitterait Doon ou pas.
Mais avant toute chose...
Une pokéball attérit entre les mains de Lady Nightingale.
Donnez ceci à Dixon, s'il-vous-plaît. Ce pokémon est né pour un prince, pas pour un assassin.
Et sans rien dire de plus, il disparût dans les couloirs. Laissant la pauvre Lady les larmes aux yeux, le regard fixé sur la pokéball du pauvre Dimitri qui ne se doutait pas encore qu'il venait d'être abandonné par son maître.
Il avait couru, couru sans réfléchir, couru sans penser à la douleur qui brûlait dans ses jambes. Terminé les bonnes manières : il ne frappa pas à la porte, ne salua pas sa mère, qui tenta de l'arrêter, en vain. Il dévalisa l'escalier puis l'échelle qui menait à sa chambre, avant de claquer la trappe et de s'affaler sur le lit comme une demoiselle en détresse.
Est-ce qu'il n'en était pas une, au final ? Il avait l'impression d'être Rosalie, apprenant que ses parents l'ont fiancé au tyran du royaume plutôt qu'à l'homme qu'elle aime. Est-ce que c'est comme cela qu'il voit Ilya, désormais ? Un roi mauvais et aigri ? Un méchant de conte de fée ? Non. Oui ? Il ne savait vraiment pas quoi faire de ses pensées, et ses émotions envers son ami étaient sens dessus-dessous. Il était sûr d'une chose. Il n'avait pas arrêté de l'aimer. Pas dans un claquement de doigt, à l'annonce de ses crimes. C'aurait été trop facile... et c'était bien ce qui faisait mal, ce qui lui poignardait le cœur sans interruption. Il aurait préféré détester Ilya, être comme ses camarades qui le traitaient de monstre et auraient été plus qu'heureux de voir leurs soupçons confirmés. Rien de tout ça ne le rendait heureux. Il ne savait même plus ce qui avait fait le plus mal. L'aveu, ou la chute libre de ses émotions après sa déclaration ? Probablement la seconde. Ça lui apprendrait, à avoir de l'espoir, à rêver nuit et jour que quelque chose se réalise, qu'il ait enfin son "ils vécurent heureux". Il n'était pas une princesse de conte de fée. Pas plus Rosalie qu'Aurore ou même Raiponce. Juste une petite pédale au cœur brisé.
Ollie ? Je peux monter ?
La voix de maman, étouffée par la trappe, ne le fit même pas réagir. Il ne répondit pas, espérant qu'elle s'en aille, mais comme toute mère, elle le prit pour une invitation. En l'entendant rentrer, il se retourna sur son lit de manière à lui tourner le dos. Il ne voulait pas qu'elle le voie, pas comme ça. Elle avait déjà assez de soucis comme ça et... il ne pourrait pas lui expliquer.
Qu'est-ce qui ne va pas, mon Ollie ? Je t'ai rarement vu dans cet état...
Pourtant, ce n'étaient pas les crises de larmes qui manquaient chez Oliver, et sa mère était la première à le savoir. Combien de fois avait-elle dû le réconforter ? Mais malgré la distance qu'il sentait grandir entre eux, elle connaissait encore suffisamment son fils pour savoir que sa tristesse n'avait rien d'habituel.
Ça ressemble à un gros chagrin d'amour, ça...
Il se figea un instant. Quelle sorcière pour lire son esprit comme ça. Il continua de l'ignorer, mais elle avait su interpréter son silence. Elle commença à doucement caresser la joue de son enfant, jouant avec ses boucles blondes.
C'est Ilya, c'est ça ?
Cette fois, il ne put se contenter de se rouler en boule. Il sursauta, bondit pour s'assoir avec l'air affolé d'un Flambino débusqué par un Ponchien de chasse. Son regard perdu se figea sur celui de sa mère, plus résignée. Il ne lui dit pas un mot, mais elle soupira tout de même.
Il y a des choses qu'on ne cache pas à sa maman, Ollie. J'ai été adolescente avant toi... S-s-s'il te p-p-plait, n-ne le d-dis p-pas à p-p-p-papa... supplia-t-il alors que d'autres larmes revenaient au galop. Avant qu'il ne s'effondre, deux bras maternel vinrent l'enserrer, avant de lui frotter le dos comme elle le faisait quand il était plus jeune. Je ne dirais rien, ne t'en fais pas... je n'ai pas besoin de plus de stress à la maison...
Après tout, si son mari l'apprenait... elle comme Oliver savaient qu'il faudrait s'attendre à des cris. Aucun des deux ne voulait de ça. Pas alors que Maxwell avait besoin de tranquillité. Pas alors que grand-mère n'attendait qu'une occasion de se mettre sur la gueule avec son fils. Bien vite, le sermon de Charles deviendrait une cacophonies de disputes familiales et de bébé qui pleure.
Mais tu sais, c'est peut-être mieux comme ça. C'est peut-être un signe que tu n'es pas aux garçons.
Elle lui sourit tendrement, semblait fière de sa leçon. Oliver grimaça, ce qu'elle prit probablement comme une marque de tristesse comme une autre. Il savait juste qu'il la décevrait encore une fois. Son cœur n'avait pas oublié Ilya. Il n'était pas soudain attiré par les filles. Comme le lui avait dit Zahra, c'est une chose avec laquelle on vit, puis qu'on réalise un beau jour. Il hocha finalement la tête avec réticence. Il savait qu'elle avait tort, mais il y avait peut-être un point où elle avait raison. Ilya et lui... ce n'était peut-être pas voué à exister.