Depuis sont arrivée au manoir Cornwall, Aurora passait la plupart de ses journées à explorer les lieux. Certaines pièces lui étaient interdites d'accès et elle ne pouvait qu'imaginer pourquoi. Pas question non-plus de s'aventurer dans les sous-sols, elle n'était 'pas encore prête' selon son otōsan. Mais de tous les lieux, son endroit préféré était les serres regorgeant de plantes rares et exotiques d'où pendait des baies qu'elle n'avait jamais vu et dont les effluves l'enivraient agréablement. Tout ça était l’œuvre de son okāsan. Et elle ne pouvait être qu'admirative d'un tel savoir-faire. Elle espérait en secret être initiée à ce genre de savoir.
Pourtant, son otōsan lui avait ordonné de ne pas y rester trop longtemps. Sa peau pâle supportait en effet très mal le soleil estival de Tartan. Même si la fraîcheur procurée par les végétaux y était agréable, elle devait tout de même faire attention à ne pas s'y aventurer trop souvent. Le temps brumeux et la forêt sombre de Eagal lui manquait beaucoup, elle avait 'le mal du pays' comme on disait. Cet endroit était le seul à lui rappeler ce qu'elle avait perdu en se rendant à Tartan et elle n'avait même pas le droit de s'y prélasser. Châtiment veillait bien à ce que sa 'protégée' suive les ordres de Cornwall. Bien sûr, elle n'avait pas le droit de s'en prendre à la jeune fille, mais ça ne l'empêchait pas de lui filer une bonne migraine à coup de Psyko si elle se montrait trop récalcitrante. Elle lui rappelait la vieille Sachiko-san à bien des égards.
Puis un jour, Aurora en eut assez et se disputa avec sa chaperonne. Cette dernière était bien bornée et avait un morceau de glace à la place du cœur. Elle ne semblait pas connaître le concept de compassion. C'était harassant. Finalement, Aurora trouva un argument plutôt valide.
Si j'y vais avec une ombrelle, il ne pourras rien m'arriver. Le soleil ne me fera rien. Décréta-t-elle dans sa langue natale. Une langue que le spectre semblait comprendre. J'y vais, tu pourras me faire exploser la tête si tu veux, mais j'irais quand même.
Sa décision était prise et la spectre la traita de sombre idiote. Elle la laisserait faire, disait-elle, mais elle le regretterait amèrement lorsque les premières taches apparaîtraient sur sa peau d'albinos. Aurora ne l'écouta pas et armée de sa belle ombrelle, elle se décida à s'aventurer dans cette serre qu'elle affectionnait tant. Elle en profiterait pour lire un peu plus de ce recueil de contes qu'elle avait trouvé chez la vieille Winters. Ruby était évidemment venue avec elle pour écouter les histoires qu'elle raconterait en butant sur chaque mots. Mais quand elle arriva dans la serre, ce fut une odeur d'infusion étrange qui l’accueilli. Suivant l'odeur, elle s'aperçut qu'elle provenait de l'endroit même où elle voulait se rendre : la petite terrasse faite pour prendre le thé, avec canapé et sofas fort confortables.
Elle fut encore plus surprise lorsqu'elle trouva, allongée sur le sofa et à moitié somnolente, une jeune femme qui avait le ventre tout rond, sans doute avec un bébé à l'intérieur. Sa présence, aussi discrète soit-elle, fit reprendre ses esprits à l'inconnue qui leva péniblement la tête pour observer la nouvelle venue. Aurora s'empressa alors de s'incliner malgré son ombrelle encombrante et de répéter le mot qu'elle connaissait par cœur à force de le répéter.
Enchantée.
Châtiment vint murmurer quelque choses à l'oreille de la petite, elle écouta attentivement. Pour une fois, ce n'était ni moquerie ni reproches mais bel et bien un échange d'informations. La petite hocha la tête et se retourna donc vers l'inconnue dont elle connaissait maintenant le prénom. Châtiment dire que vous être Emilico. Elle pas mentir pas pour se moquer ? Demanda-t-elle, soucieuse, tandis que le spectre ricanait sous l’œil assassin de Ruby. Moi Aurora, mon otōsan être Misao Cornwall. Ami à vous ?
Rosemarie adore se nicher contre elle, notamment contre son ventre, pour lui tenir chaud. Mais la pauvre se retrouve forcée de quitter sa place habituelle en ce moment, il fait déjà assez chaud. Alors la petite pyronille s'installe sur le haut du canapé, juste au dessus de sa dresseuse, pour malgré tout rester proche.
Ce n'est pas la seule à lui tenir compagnie, Suzanne veille comme toujours. Le feunard prend rarement du repos, bien déterminé à faire le guet même la nuit. A tel point que Emilico doit souvent le rentrer dans sa pokeball pour qu'il dorme lui aussi. Elle sait que ça part d'une bonne intention, mais elle n'a pas besoin d'un chaperon.
Le renard argenté s'est en tout cas couché au pied du canapé pour s'assurer que rien ne vienne troubler le sommeil de sa maîtresse. La jeune femme dort beaucoup ces derniers, épuisée par sa grossesse. Dans ses bras dort aussi la douce Heidi, à la fraîcheur plus que bienvenue par cette chaleur.
Suzy montre un peu les crocs lorsqu'une jeune fille ose poser les pieds dans la serre. Malgré le peu de bruit qu'elle s'efforce de faire, c'est suffisant pour réveiller à moitié Emilico. De quoi grogner encore plus le feunard.
-Du calme, Suzy.
Elle marmonne d'une voix encore à moitié endormie avant de bâiller un coup. Enfin son regard se pose sur la nouvelle venue, une tête qui ne lui est pas familière au manoir.
Cependant elle devine bien vite son identité : Misao lui a parlé de l'orpheline adoptée récemment, ajoutant qu'elles allaient sûrement se croiser un jour. Ce jour semble être arrivé.
-Enchantée Aurora.
Désormais complètement éveillée, la future maman se redresse en faisant très attention à ne pas déranger Heidi. La polarhume dort heureusement d'un sommeil profond, et n'est pas dérangée par ce mouvement.
-Châtiment ne ment pas, je m'appelle Emilico. Et oui, Misao est un ami très cher pour moi.
La petite ne semble pas connaître son histoire, alors elle est hésitante à lui en parler. Une jeune adolescente n'a pas besoin de savoir tous ça, même si elle est désormais embarquée dans une famille... Particulière.
-Ton... "Otōsan" m'a un peu parlé de toi. Tu te plaît ici ?
Le regard timide d'Aurora se perdit dans le pelage argenté et bleuté du Feunard chromatique qui la fixait d'un air un peu hostile. Malheureusement, elle ne parlait qu'aux spectres, sinon, elle lui aurait sans-doute dit qu'elle ne voulait pas de mal à sa dresseuse. La dame ne semblait pas étonnée de sa présence ici, otōsan semblait déjà lui avoir parlé d'elle. Ce n'était pas étonnant d'un coté mais de l'autre, Aurora aurait bien voulu en savoir plus sur Emilico.
C'est à ce moment qu'une idée saugrenue germa dans sa tête. Elle joignit nerveusement ses mains et bascula d'un pieds à l'autre comme si elle ne savait pas où se mettre. Et cette fichue ombrelle, toujours contre son épaule, encombrante mais nécessaire. Mais à sa grande surprise, Châtiment ne se moqua pas, comme si la présence de la dame l'intimidait. Ce qui poussa la petite poupée à vouloir rester un peu plus avec cette Emilico, elle voulait connaître son histoire, savoir ce qu'elle faisait ici, mais surtout, elle voulait savoir si sa théorie était exact. Je pouvoir m'asseoir ? Demanda-t-elle poliment. Sa question fut répondue par un hochement de tête et elle s'empressa de prendre place dans l'un des fauteuils tandis que Ruby 'prit place' dans le second. Elle posa son vieux recueil de contes sur la table basse, se disant qu'elle n'aurait peut-être pas l'occasion de raconter des histoires à Ruby pour cette fois-là. Elle regardait toujours le Feunard, intimidée mais émerveillée. Elle aurai voulu plonger sa main dans sa fourrure et la caresser mais on disait que quiconque touchait la queue de ce pokémon finissait maudit. Aurora s'imaginait que c'était le genre de malédiction qui lui ferait perdre le don de parler aux spectres et elle ne voulait surtout pas ça. Aussi se tint-elle tranquille sur son fauteuil.
Son regard intrigué vint observer le ventre rond de la jeune femme. Il était tout de même assez gros. Peut-être que... Elle murmura silencieusement quelque chose à Ruby qui lui répondit par un petit 'hochement de tête'. Les spectres savaient des choses que les humains ne savaient pas et Aurora en profitait bien pour s'informer comme ceci. Mais comment informer la maman sans être impolie ? Elle qui avait une question si délicate à poser...
Oh, hum... Ruby penser que deux bébés...Hum, jumeaux dans votre ventre. Sentir deux personnes.
Après un nouveau silence, elle reprit parole d'une voix un peu hésitante. Il fallait bien répondre à la question que Madame -ou mademoiselle- Emilico lui avait posé, non ?
Sentir très bien ici mais trop de soleil. Mauvais pour albinos dire otōsan. Et Châtiment un peu méchante aussi mais protéger moi contre méchants. Forêt me manquer beaucoup et Molly...
Elle s'arrêta à la mention de Molly et déglutit, elle essuya rapidement ses yeux brillants de larmes, pleurer devant une inconnue était tout sauf polie. Molly n'était qu'un souvenir, elle avait elle-même décidé de choisir sa famille adoptive avant Aurora et il fallait qu'Aurora fasse de même, c'était ainsi. L'utopie que la petite poupée avait fondé sur leur compagnie éternelle n'était que du vent, elle avait bientôt quinze ans maintenant et il était temps d'être digne de son âge. Alors elle continua son récit.
Beaucoup de pièces où pas avoir le droit d'aller. Otōsan dire pour mon bien, moi pas prête. Mais vouloir aider quand même, juste pas savoir comment faire. Amis spectres dire beaucoup de pokémons à la cave, je vouloir apprendre à soigner avec plantes comme okāsan pour aider pokémons là-bas.
Puis elle se réfugia une nouvelle fois dans le silence, les yeux toujours rivés sur le ventre d'Emilico qui cachait deux petits bébés selon Ruby. La question lui brûlait la langue mais elle ne savait pas comment introduire la question.
Oh, hum...Moi venir pour lire contes à Ruby. Elle humaine avant d'être spectre. Beaucoup aimer contes de quand elle être petite. Mais moi pas très bien lire... Nouveau silence, la poupée sentait ses joues virer au rouge Tamato. Puis enfin, elle posa sa fameuse question. Est-ce que jumeaux être bébés d'otōsan ?
Et devant la mine surprise de la jeune femme, la poupée se sentit tout de suite honteuse et se mit à genoux, cognant presque sa tête par terre. Comme le voulait la tradition de Kanto quand on a fait une grosse bêtise ou que l'on est très reconnaissant. Honto ni Gomennasai ! S'écria la petite. Désolée, désolée, très désolée !
Un hochement de tête lui répond quand la petite demande à s'asseoir. Misao lui a parlé de cette orpheline qu'il a récemment adopté, mais c'est la première fois que toutes deux se rencontrent. Elles vivent sous le même toit, c'est l'occasion d'enfin faire connaissance en personne.
Pour que Don Cornwall adopte cette gamine, elle doit avoir quelque chose de spécial. En dehors de simplement parler avec les spectres. C'est après tout désormais l'héritière de la famille. Une famille particulière, et peu recommandable. Mais Emilico a bon espoir que les choses changent un peu avec cette nouvelle génération.
Si Suzy reste un peu hostile à cette inconnue qui dérange sa protégée, Rosemarie s'approche de l'adolescente, curieuse de la rencontrer. La jeune femme espère qu'Aurora n'a pas peur des insectes, la pyronille est une douceur mais parfois un peu envahissante.
-Elle est gentille.
Emilico le précise, surtout à cause de la réaction du feunard. Ce dernier, tiré en arrière par sa dresseuse, se retrouve allongé pile à ses pieds. Elle ne veut pas risquer qu'il morde la petite, même si elle doute qu'il le fera. Suzy adore les enfants, Aurora n'est encore qu'une adolescente, ça le rend de suite moins méfiant.
Il est juste trop protecteur, sa dresseuse n'arrive pas à le détendre quand il s'agit de la défendre.
Du stress ou de de la joie, elle ne sait pas trop ce qu'elle ressent à l'annonce de la petite - enfin de son spectre. Deux enfants dans son ventre ? C'est vrai que celui-ci est anormalement gros mais... Elle a sûrement voulu éviter de se poser la question. La nouvelle fait cependant naître un sourire.
-Des jumeaux hein... J'ai de la chance on dirait.
Une chance dans sa malchance. Emilico était déjà angoissée à l'idée d'en élever un, alors deux... Le manoir Cornwall va vraiment devenir agité d'ici quelques mois si c'est effectivement le cas.
La jeune albinos doit en effet souffrir du soleil qui tape en ce moment, d'où l'importance de l'ombrelle. Lui avoir confié Châtiment comme chaperon est un peu cruel, trouve la jeune femme, car elle connait le caractère de la momartik. En même temps, c'est une protectrice efficace contre n'importe quel sbire sealg.
Aurora sait-elle toute la vérité ? Probablement pas encore, Misao la forme petit à petit. Un jour elle sera une tête importante dans le trafic, néanmoins il y a le temps. Elle n'a pas besoin de tout découvrir de suite. Trop jeune pour voir l'horreur réelle.
-Misao a raison d'attendre un peu, il y a des choses qu'on préfère découvrir tard crois moi.
Ou qu'on préfèrerait ne jamais découvrir.
-Je ne doute pas que Peggy est une excellente professeur, elle est tellement douée avec les plantes. J'adore les infusions qu'elle me prépare régulièrement, elles sont délicieuses.
Parler de la rouquine lui donne un regard rêveur un instant. Si elle adore autant ces préparations, c'est parce qu'elles viennent de Peggy. La jeune femme n'est pas aveugle sur ses propres sentiments.
Les jumeaux, les enfants de Misao ? La pensée est tellement saugrenue que Emilico reste sans voix un instant. Ça doit se voir, vu qu'Aurora s'excuse aussitôt, à la façon kantonienne. Heureusement que Misao lui a déjà fait le coup, alors ça ne la surprend plus.
-Non ce sont... Les enfants d'un autre homme. Misao est un très bon ami, mais je n'ai jamais pensé à lui ainsi.
D'un geste elle invite l'adolescente à se relever et se rassoir. Habituée ne signifie pas que ça ne la dérange plus. En plongeant la main dans la fourrure de Suzy, elle songe qu'il est peut-être mieux d'expliquer son histoire.
-En fait, si je vis ici, c'est parce que mes enfants seraient en danger à la maison. Je viens d'une famille noble, mon père espérait tirer de moi un mariage utile.
Il n'était pas loin de réussir d'ailleurs.
-Mais j'ai perturbé tous ses plans avec cette grossesse. Si je voulais que mon... Mes enfants voient le jour, il fallait que je trouve refuge quelque part, et Misao a bien voulu m'accueillir. C'est une chance que tu as d'avoir été adopté par Misao, il ne t'imposera jamais rien de ce genre.
Nul mariage arrangé, nul préjugé sur la personne dans sa vie.
Aurora n'a pas peur du drôle de pokémon qui vient la voir, parce qu'aucun de ses spectres ne lui dit de se méfier. Ruby n'est pas tranquille avec le Feunard mais c'est tout. Ce pokémon-là ne lui fait pas peur et d'après Emilico, elle est gentille. Alors la petite poupée ne s'affole pas de la voir voleter vers elle. En tout cas, Aurora avait raison de s'excuser, les enfants ne sont pas ceux d'Otōsan. Emilico ne connaît pas l'homme qui est le père des jumeaux. Aurora ne juge pas, elle non-plus ne connaît pas son père. Et personne ne lui a 'informé' que le travail d'une prostituée était mal vu, alors la comparaison ne la choque pas.
Emilico semble ne pas être à l'aise avec les coutumes de Kanto, c'est ce que murmure Ruby en lui conseillant de se relever. Châtiment se contente juste de ricaner, comme à son habitude. Mais Emilico a une histoire à raconter, l'histoire de pourquoi elle est ici. Aurora tient à savoir, elle est une Cornwall à présent et les affaires des Cornwall sont les siennes. Il semblerait qu'Otōsan ait promit la protection à Emilico pour que ses enfants puissent naître et vivre en paix. Aurora hoche la tête, assise bien droite, son ombrelle calée contre son épaule. Je suis Cornwall aussi maintenant. Mon devoir protéger vous aussi.
Et ça, quoique puisse dire Emilico, elle en restera convaincue. La façon dont elle l'a dit est tellement solennelle qu'elle ne laisse aucune place au doute. Ce n'est pas otōsan qui lui impose, comme dis Emilico, c'est elle qui le choisit. Emilico a l'air d'une bonne personne et les jumeaux dans son ventre ont besoin d'une vie comme la sienne : libre de toutes contraintes 'aristocratiques'. Elle protégera ces enfants, parce qu'au fond, elle les considère déjà comme ses frère et sœur.
Votre père... Elle hésite un instant. De Montgomery ? L'homme ennemi d'otōsan ? Lui dire homme très dangereux.
Aurora ne montre pas de signe de crainte. Parce qu'elle ne craint pas De Montgomery, elle fait confiance à ses spectres. Et si ce n'est pas suffisant, elle préfère mourir dans l'honneur plutôt que d'accorder le plaisir de la crainte à son ennemi. Fierté Kantonienne sans doute. Et pour une fois, Châtiment est d'accords. Sans doute parce que Châtiment place le nom et l'honneur des Cornwall avant tout, en tout cas, elle promets une mort lente et douloureuse au paternel De Montgomery si il venait à s'en prendre à l'héritière de la famille qu'elle protège. Ce qui conforte Aurora dans sa vaillance.
Pas peur. Dit-elle calmement. Vous ici à l'abri. Otōsan promettre, moi aussi promettre. Spectres défendre vous. Eux savoir choses que personne savoir, si vous en danger, eux savoir.
Perceval n'est peut-être encore qu'un Monorpale mais il peut transpercer le cœur de De Montgomery si besoin se fait. Imouto peut briser sa nuque à coup d'os. Châtiment le déchiqueter à coup de piques de glaces ou lui faire exploser la tête à coup de Choc Mental. Ses spectres sont encore 'faibles' mais ils ne manquent pas de ressources. Contre les Sealg, au sein de la forêt Eagal, une part 'mauvaise' d'Aurora s'est dévoilée. Une part qui souhaite voir souffrir ses ennemis autant qu'ils font souffrir les autres.
Ravie que l'adolescente n'ait pas peur d'elle, Rosemarie vient gentiment se coller contre elle pour la réchauffer. Sa dresseuse observe ça d'un œil attendrie, même si elle doute que la chaleur soit la bienvenue vu le soleil qui tape. La pauvre insecte ne retrouvera sa place préférée que lorsque les températures baisseront.
Emilico ne peut pas en vouloir à Aurora d'avoir pensé ça, pas quand Misao est le seul homme du manoir dont elle est proche. Forcément, pour certains, ça peut amener à confusion.
Mais elle n'a pas honte non plus d'avouer que le père est un - presque - inconnu. Le fait est que, le temps d'une nuit, elle a aimé cet homme. Elle s'est abandonnée dans son étreinte de son plein gré, et ne le regrette pas.
Ces enfants, même sans être nés, font déjà son bonheur. Dès la découverte de sa grossesse elle a juré de les protéger de son père. Tout comme son ami a fait la promesse de sa sécurité ici.
-Tu es gentille.
Gentille et solennelle. Nul doute que l'adolescente prend cette promesse très au sérieux, tout comme elle prend son nouveau nom au sérieux. Elle est une Conrwall elle aussi. Misao a bien choisi son héritière, Emilico n'en doute pas.
De Montgomery. Voilà un nom qu'elle entend encore parfois au sein des sealgs. Qu'elle l'apprécie ou non ce nom a encore de l'importance au sein du réseau.
-En effet mon père est un homme dangereux. Je ne suis pas fière d'être sa fille, mais rien ne changera ça. Il ne reviendra pas nous mettre en danger cependant, je m'en assurerais.
Après la naissance des enfants, une fois qu'eux seront bien en sécurité au manoir Cornwall, il sera temps de rendre une petite visite à son paternel. Peggy et Misao seront sûrement contre, mais la jeune femme est décidée.
Son équipe sera là pour la défendre, elle ne risque rien. Du moins elle veut l'espérer.
-C'est vrai que tu parles avec les spectres, c'est un beau don que tu as là.
Un beau et utile don. Emilico se déteste d'y voir de suite le côté pratique.
Réveillée par les éclats de voix Heidi s'est assise sur les genoux de sa dresseuse, observant avec curiosité la jeune adolescente en face.
-Dis moi, tu n'as pas peur de faire partie de notre famille ? Nous avons des côtés très sombres, même si tu ne vas pas tous les découvrir de suite.
Elle se souvient de sa propre peur en découvrant le trafic des Montgomery, Aurora a du cran d'avoir accepté de rejoindre la famille Cornwall.
Aurora n'aime pas vraiment la façon dont Emilico lui dit qu'elle est gentille. Comme ce que l'on dirait à un enfant après qu'il ait sauvé un Chacripan coincé dans un arbre. Pas comme quelqu'un qui jurerait vraiment allégeance à une cause. Mais elle ne dit rien et hoche la tête, Ruby lui dit que c'est mieux comme ça.
Pour l'instant.
Elle se renfrogne un peu plus quand Emilico assure qu'il est de sa responsabilité de se débarasser de la menace que représente son père. La petite poupée aimerait protester, lui dire qu'elle veut venir avec elle pour que Châtiment en fasse de la pâté pour Ponchien. Cette idée semble d'ailleurs plaire à la principale concernée. Un puissant en moins sur la liste, dit-elle, ça laisse le champ libre aux Cornwall de s'étendre sur le marché Sealg. C'est...Et bien, techniquement vrai. Et Aurora devrait se soucier de ce genre de chose aussi mais son intérêt premier et de défendre son invitée et de se débarrasser d'un ennemi d'otōsan.
Mais elle connaît le ton de la voix d'Emilico, elle ne peut pas lui faire changer d'avis. Au moins pourrait-elle essayer de la suivre en douce ? Bon, elle a jusqu'à la naissance des jumeaux pour réfléchir à un plan et aider Emilico -qu'elle le veuille ou non. Elle ne sait pas si Saule peut tenir la distance de Tartan à Duill mais qui n'essayes rien n'a rien. Elle ne pense même pas à l'éventualité d'une chute mortelle au fond des Gorges Creagach.
Ses joues virent au rose quand Emilico la complimente sur son 'don'. Un sourire se dessine sur son visage en se rappelant de tous ces bons souvenirs au sein de la forêt Eagal. C'est une époque révolue maintenant, mais elle continuera sans doute de lui manquer toute sa vie durant. Elle ressent cependant le besoin de raconter l'origine de tout ça à la jeune femme.
Oh, en fait...Kurichisu m'a apprit...Mon Corayon spectre. Puis je suis allée beaucoup dans Forêt Eagal. Apprendre beaucoup de choses. Spectres farceurs aussi, jouer mauvais tours. Elle laisse échapper un petit rire avant d'ajouter. Les spectres dangereux parfois, ça bonne chose si utiliser dangers contre méchants Sealg.
C'était étrange de penser qu'il y avait de 'méchants Sealg' et de 'gentils Sealg' mais Otōsan semblait convaincu qu'il pouvait changer les choses de l'intérieur. Et Aurora voulait croire à ce rêve, cette utopie. Cette impossibilité. Trop occupée dans ses pensée, Aurora ne remarque pas le nouveau pokémon qui vient de se réveiller, ni Rosemarie qui s'est posée sur sa tête.
Puis Emilico lui demande enfin si elle a peur, Aurora ne peut s'empêcher de pouffer de rire. Un rire enfantin. Un peu trop enfantin.
Obasan, mes amis spectres déjà tout dire sur sous-sols et méchants Sealg. Otōsan vouloir être gentil et faire jurer moi d'attendre être adulte pour aller voir mais je déjà savoir. Beaucoup de choses mal là-bas. Promettre faire de mon mieux pour punir méchants.
'Méchant' est un bon raccourcis pour désigner tous ces crevards qui s'en prennent gratuitement aux pokémons. Il faut avouer aussi qu'en plus de la haine qu'elle avait de base contre les Sealg, Otōsan lui a transmit son mépris pour ce genre d'enflure qui maltraitait plus faible que soi.
Puis elle prends une mine boudeuse et ajoute, dépitée. Je bientôt quinze ans, Otōsan me traiter comme bébé. Comme idiote. Un jour, je lui prouver lui pouvoir avoir confiance à moi.
Elle ne savait pas encore comment elle allait s'y prendre, mais la détermination pouvait se lire dans son regard. Une détermination assez inquiétante. Elle s'était adapté à son nouvel univers avec une facilité déconcertante. Un seul point la dérangeait, cependant. Et elle en fit part à son invitée :
Juste...Soirées avec nobles très ennuyeuse. Mais Otōsan dire très important y aller pour reconnaître amis d'ennemis. Elle hausse les épaules, résignée. Ça normal, je pense. Chose ennuyeuse dans tout.
La mine renfrognée de Aurora ne lui échappe pas. Mais tout ce qu'elle peut lui offrir est un sourire désolé - même si elle ne l'est pas vraiment. Pas question de laisser la jeune héritière Cornwall s'occuper du grand ennemi de la famille.
Pour tout ce qu'il lui a fait subir, Emilico tient à régler cette histoire elle-même. Une fois les jumeaux nés, une fois qu'elle se sentira prête, elle rentrera à Duill. Sans les enfants bien sûr, elle ne veut surtout pas les exposer au danger. Eux resteront sagement au manoir, en sécurité.
C'est la première fois qu'elle ressent autant de détermination, peut-être parce que l'arrivée de la maternité lui donne férocement envie de protéger ces petits bouts à venir. Il ne grandiront pas dans la peur de leur grand-père. Et elle en a assez de vivre dans la peur de le revoir à chaque instant.
Aurora a bien du comprendre cette détermination car elle ne rétorque rien. Du peu que la jeune femme en connait cependant, elle ne doute pas qu'elle serait prête à la suivre. Elle en parlera avec Misao le jour venu, qu'il surveille sa fille.
Sur un autre sujet, Emilico est sincèrement émerveillée qu'une enfant ait pu apprendre le langage des spectres. Via ses pokemon, via des expéditions régulières dans la forêt Eagal - le lieu hanté par excellence dans lequel personne ne veut se rendre. Cette gamine est clairement spéciale.
Loin d'être bête, loin d'être aussi innocente que son père adoptif ne semble le penser. Il veut la préserver des côtés les plus sombres sans savoir que celle-ci sait déjà plus ou moins de quoi il retourne. Grâce à ses spectres. Non, Aurora n'a clairement pas peur de faire partie de cette famille.
Au contraire elle en semble plutôt fière. De compter parmi les "gentils" sealg ? Difficile de croire que ça existe, et pourtant il y en a des plus respectueux des vies pokemon que d'autres. Misao et elle en sont le parfait exemple.
-Je pense que Misao a toute confiance en toi. Laisse lui le temps de comprendre que tu es plus mature qu'il ne le pense.
Emilico, en tout cas, a vu que cette petite est pleine de surprises. Son innocence est déjà envolée. Elle se demande si ses propres enfants seront ainsi, habitué à la cruauté du monde. Elle espère que non, qu'ils seront plutôt aussi doux que Peggy.
Lorsque l'adolescente mentionne les soirées mondaines elle ne peut s'empêcher de glousser. Y a-t-il seulement une personne parmi les puissants qui aime ce genre de réception ?
-Comme je te comprends. Je n'ai pas participé à une soirée depuis longtemps, mais je n'ai jamais aimé ça de toute façon. Tout est tellement faux, des sourires aux paroles, je déteste cette ambiance.
C'est primordial pour qui veut renforcer ses relations, alors l'héritière Cornwall n'y échappera pas.
-En tout cas je suis ravie d'avoir fait ta connaissance, Misao a merveilleusement bien choisi son héritière. Tu es toujours la bienvenue si tu veux me rendre visite.
Avec son sourire, elle ajoute d'un clin d’œil.
-Je promets de ne pas te traiter comme une enfant.
Aurora esquisse un petit sourire timide lorsqu'Emilico lui dit qu'elle est plus mature que ce que penses son Otōsan. Elle ne sait pas si c'est vrai, elle c'est juste qu'elle en connaît plus sur les Sealg qu'il ne pense. Mais cela lui fait tout de même plaisir.
Merci, Obachan. Merci comprendre. Fait-elle en s'inclinant poliment.
Puis elle pouffe de rire avec son interlocutrice à propos de ces soirées ennuyeuses. Tisser des liens avec les autres familles nobles et important, surtout quand on est en guerre contre l'une d'entre elle. Mais Aurora ne peut s'empêcher de trouver ça barbant, et... Un peu effrayant depuis un certain temps. Elle se confie donc à Emilico. Ça secret mais...Moi pas bien quand aller à fêtes, sentir quelque chose chez les gens. Comme si être dans leur tête. Rencontrer une dame qui comme vous, avoir bébé. Elle avoir peur de ce qui être dans son ventre. Faire peur à moi aussi.
Elle baisse les yeux, un peu confuse, ne sachant si les mots qu'elle emploie sont assez clairs pour qu'elle se fasse comprendre. Ce qu'elle nomme des 'auras' la rendent encore mal à l'aise, elle ne sait pas encore se protéger des sentiments envahissants des autres personnes. Surtout de la détresse de cette jeune femme qui l'a glacée jusqu'à la moelle. Emilico doit la trouver ridicule, parce que les gens qui sentent les 'auras' des autres ne sont pas censés exister, ce ne sont que des légendes, des racontars comme ceux que de Sachiko-san.
Je peut-être pas normal. Souffle-t-elle, pensive. Entendre spectre et sentiments des gens, bizarre. Mais promettre être vrai, pas inventer !
Elle retrouve toute sa joie quand Emilico promets de ne pas la traiter comme une enfant. Elle n'en est pas une, elle n'en est plus une. Et peut-être ne l'a-t-elle jamais vraiment été. Elle n'a jamais eut peur du Lougaroc ou des ténèbres, ses peurs ont toujours été bien réelles. Elle vivait constamment dedans avant de dédicacer sa vie à combattre les Sealg. Depuis cette rencontre avec la dame qui voulait voler les Zorua, tout cela a changé. C'est une nouvelle Aurora qui est née, mais elle ne se connaît pas encore assez elle-même pour prédire ce que cette nouvelle elle-même est capable de faire. Otōsan avoir beaucoup intelligence même si parfois un peu bête... Pas répéter, s'il-vous-plaît. Lui avoir choisi moi car déjà combattre Sealg à forêt Eagal. Rendre visite souvent si vous bien vouloir, vous être gentille aussi. C'est pour ça moi jurer protéger vous et bébés.
Elle ressent soudain une aura lointaine, calme, douce et bienveillante. Elle connait cette aura et même avant que sa propriétaire apparaisse, elle tourne la tête. Okāsan entre dans la serre, calmement mais fronce les sourcils en constatant la présence d'Aurora. T-tu ne dev-vrais pas être i-i-ici...C'est d-dangeureux p-p-pour ta peau ! Gronde-t-elle, mais toujours avec douceur. R-rentre à l'int-térieur. N-n-nous allons prép-parer des poffins p-pour Emilico e-et ses p-pokémons.
Un petit sourire se dessine sur les lèvres de la rousse tandis qu'elle croise le regard d'Emilico. Ruby lui conseille de partir comme demandé. Ces deux femmes ont bien des choses à se dire et Aurora peut sentir la douceur qu'elles partagent l'une envers l'autre. Cela lui rappelle les sentiments qu'elle avait pour Molly et elle ne peut s'empêcher d'être un peu jalouse. Mais elle n'en montre rien, gardant son petit sourire. Elle se lève et s'incline devant Emilico puis part, accompagnée de Ruby et de Châtiment.
Peggy la regarde partir avec une certaine tendresse puis s’assoit aux cotés d'Emilico. Elle reste pensive un moment puis finit par murmurer. E-elle est ad-dorable m-m-mais...D-des fois, elle m-me fait un p-p-peur peur... Avoue-t-elle. J-je crois qu-qu'elle dét-teste encore p-p-plus les Sealg que M-misao. J-j'epère qu'elle n-ne fera p-p-pas de b-bêt-tise...
Elle ne doute pas que Misao est un bon père, mais sûrement un peu trop protecteur. Sa fille adoptive est une adolescente plus mature qu'il ne semble s'en rendre compte. En tout cas c'est le sentiment qu'elle a de ce que lui raconte Aurora.
Au moins Emilico promet de ne pas la traiter comme une enfant, de lui parler d'égale à égale. Après tout c'est un peu sa petite sœur, si on considère que la jeune femme fait partie de la famille. Et Aurora sera l'aînée des jumeaux.
-Je te crois. Je ne sais pas de quoi il peut s'agir, mais je te crois.
Parler aux spectres, sentir les émotions des gens autour d'elle, cette petite ne cesse de la surprendre. En y réfléchissant, ça ressemble peut-être aux auras que certains pokemon peuvent ressentir.
Mais c'est la première fois qu'elle entend qu'un humain en est aussi capable.
-Tu n'es pas anormale, juste spéciale. Et je le dis comme un compliment.
Le mot pourrait être mal interprété, car on dit souvent d'enfants retardés ou handicapés qu'ils sont "spéciaux" eux aussi. Emilico le pense, c'est un don que possède Aurora, il lui faut juste apprendre à s'en servir correctement.
Pour notamment éviter d'en souffrir, si elle se laisse submergée par les émotions de ceux aux alentours.
-Bien sûr, rends-moi visite quand tu le souhaites.
C'est un plaisir de discuter avec cette jeune adolescente, Emilico a hâte de passer plus de temps avec elle.
Peggy finit par les rejoindre, gronder en douceur sa fille adoptive, puis lui proposer de faire des poffins. Le simple mot fait dresser les oreilles à Suzy, qui agite ses queues avec enthousiasme. Heidi et Rosemarie aussi ont compris, et elles ont très envie d'aider.
A tel point que leur dresseuse ne les retient pas quand elles partent toutes les deux à la suite de l'adolescente.
Pendant ce temps la jeune femme dépose tendrement sa tête sur l'épaule de Peggy, avec un léger sourire.
-Je suis sûre que ça ira, elle est mignonne, je ne pense pas qu'elle soit très méchante. Même si elle déteste les sealgs.
La digne héritière de Misao Cornwall sur ce point, sans nul doute.
Elles restent quelques minutes à discuter avant que Emilico ne se redresse.
-Tu as parlé de poffins non ? Allons préparer ça ! Je vais vous aider aussi.
La rouquine fronce un peu les sourcils comme pour lui rappeler sa grossesse puis hoche finalement la tête, souriant à nouveau.