Trop bon, trop con [ft. Lumière Solano]

La campagne avait beau être belle, Lumière en avait eu assez pour un seul jour. Sa rencontre importune avec un Rattata l'avait suffisamment dégoûtée pour qu'elle souhaite rejoindre la civilisation pendant un certain temps. Oh, elle reviendrait sûrement à Glenn quand ses poumons l'appelleront à l'aide, mais en attendant, elle se satisferait de son appartement. On n'y voyait peut-être pas les étoiles, mais on n'y voyait pas non plus la vermine.

Avant tout ça, elle devait quand même s'occuper un peu de Regina. La pauvre lionne n'était pas sortie indemne de son combat, un tour dans un centre Pokémon ne lui ferait pas de mal. Justement, il semblait à Lumière qu'il y en avait un non loin d'ici. Il était bien discret - plus que ceux en ville, et si ce n'était pas pour l'insigne en forme de Pokéball, on aurait pu le prendre pour une échoppe quelconque.
Finalement, ils n'étaient pas moins efficaces qu'à Pryderi. L'Hélionceau n'avait que quelques égratignures, et en quelques minutes, elle était prête à reprendre la route. Cela ne l'empêcha pas de réclamer les bras de sa dresseuse comme la petite reine qu'elle était. Évidemment, elle fut incapable de refuser devant les grands yeux suppliants de son Pokémon.

Le soleil commençait à briller bien fort en ce début d'après-midi. Après tout, on était toujours en plein été. Les yeux rouges et la peau sensibles du félin n'appréciaient pas vraiment cette éclaircie. Quelle cruelle ironie, pour un Pokémon Feu.

Regina, tu devrais retourner dans ta Pokéball... soupira la jeune fille. Mais la bête lui répondit d'un miaulement plaintif.

Il faudrait trouver un endroit frais pour se reposer, du moins jusqu'à ce que la lionne décide qu'elle avait eu assez de caresses pour pouvoir retourner dans sa Pokéball. Il y avait un lieu parfait à Glenn. Bien que Lumière se sente un peu coupable de traiter de la sorte un lieu de culte, la cathédrale serait parfaite pour échapper aux rayons du soleil. Bah, elle expierait ses péchés à la messe de Breith, comme chaque année.

Arrivée devant la bâtisse, elle poussa doucement la porte grinçante en bois. Elle s'immisça doucement, de peur de déranger un sermon, mais le bâtiment était vide. Du moins, presque vide.
Sur l'un des bancs se trouvait une silhouette, visiblement une femme au son de sa voix, recroquevillée et reniflant bien fort. Ce n'était pas bien de se mêler des affaires des autres. Lumière le savait... il y avait de grandes chances pour que cette personne l'envoie paître si elle lui demander comment elle allait... mais c'était plus fort qu'elle. Ces pleurs lui déchiraient le cœur : elle-même pleurnicharde, elle ne connaissait que trop bien le besoin d'être réconforté. Et puis, au pire, si elle était rejetée, il lui suffirait de penser qu'elle avait eu affaire à une saleté de bouseuse.

Elle s'approcha doucement de cette inconnue, espérant ne pas l'effrayer, pour s'assoir de l'autre côté du banc. S'apprêtant à lui adresser la parole, elle observa la personne pour avoir une idée du genre de femme à qui elle avait affaire. Une longue robe noire, manifestement pas le genre d’accoutrement local, des cheveux d'un brun profond et... derrière ces mains blanches, elle crut reconnaître un visage endommagé plus que familier. C'était bien malheureux pour elle, mais elle n'était pas du genre à passer inaperçu.

Ma-Mademoiselle Nightingale ?