La journée s'annonçait belle et reposante. Avec un beau soleil, le bruit des vagues et l'air marin, Cécil était serein quant au déroulé de sa journée : tourisme, café et balade dans les rues de la jolie Lallands.
Il en aurait presque oublié qu'il n'était pas seul. Presque oublié à quel point les autres humains pouvaient se montrer désagréables lorsqu'ils ne se sentaient plus dans leur zone de confort.

Presque.

Tous ses souvenirs de mauvaises expériences, tous ces combats – parfois perdus d'avance – livrés pour qu'on ne lui accorde qu'un respect minimum.. Toute cette colère d'années passées à subir injures et mépris de ses pairs... Il ne fallut qu'une d'une parole et d'un geste déplacé pour que tout revienne à la surface.
La sensation lourde dans son estomac, brûlante dans sa gorge était – paradoxalement – aussi désagréable que rassurante. La rage qui avait accompagné sa jeunesse avait longtemps été le moteur qui l'avait fait avancer dans la vie. Elle s'était essoufflée vers la 'fin' de sa carrière et Cécil avait craint de ne plus jamais la retrouver, de passer le reste de ses jours dans une morosité fade.

Ce ne fut pas le cas.
Et aujourd'hui encore, elle grondait dans son estomac.

Ce fut un kerosien qui réveilla la bête. Le bougre l'avait abordé dans la rue – probablement certain d'avoir affaire à une jolie touriste en vadrouille solitaire – et s'était rapidement senti insulté au plus profond de son orgueil masculin de s'être fait ainsi floué en reconnaissant somme toute, le visage d'un homme.
Alors les insultes avaient plu, les moqueries aussi. L'homme n'était pas seul, accompagné de deux acolytes désireux de le soutenir dans n'importe laquelle de ses décisions.

Cécil n'écouta que la moitié de ce qu'ils avaient à lui dire, songeant avec amertume que s'il avait été une femme, il ne s'en serait pas sorti non plus.
Les trois inconnus s'étaient regroupés autour de lui, coupant court à toute fuite potentielle, l'invitant – le forçant – à les suivre dans un coin plus tranquille. Il y avait des témoins, mais personne ne bougea, et les quelques regards que le kalosien croisa se détournèrent rapidement du sien.

Par peur ? Parce qu'ils approuvaient ?
Peu importait. Ce n'était rien de nouveau.

Ils étaient trois, plus jeunes lui semblait-il, mais également – et surtout – plus grands. Avec le recul et l'expérience et malgré la colère qu'il pouvait sentir bouillir en lui, Cécil aurait préféré éviter un scandale.
Mais oh, n'apprend-on pas très jeune qu'on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut ? Puisqu'il le fallait, il se dévouerait pour leur apprendre que même à trois contre un, on récolte ce que l'on sème. Arceus, on croirait entendre son père.

Bloqué contre un mur, Cécil n'avait pourtant pas l'expression d'une proie acculée. Au fond, une certaine angoisse faisait battre son cœur, mais en surface-... En surface qu'est ce qu'il se sentait blasé.
Rien de nouveau ou d'original ne sortait de la bouche de son agresseur, rien qui ne pourrait déclencher une réelle panique. L'espace d'un instant, le kalosien songea même qu'ils partiraient d'eux même après quelques insultes.

Il roula des yeux.
Aucun d'eux n'apprécia.

Après avoir sous-entendu qu'il s'habillait comme ça pour allumer les innocents passants – pas leurs vrais mots – comme une vile tentatrice, et que par conséquent, il devait aimer se retrouver dans ce genre de situations, ils s'offusquèrent de son manque de réaction.
En même temps, habillé d'une tenue sobre ponctuée simplement de talons et d'un pull trop grand, comment aurait-il pu prendre leurs plaintes au sérieux ?

Ce qu'il prit au sérieux, en revanche, fut la main qui se plaqua contre le bas de son visage pour le projeter en arrière, celle là même qui annonçait que l'esclandre ne serait pas uniquement verbale.

Son esprit devint blanc.
Le coup de pied partit seul.

A moitié déséquilibré, son crâne heurtant le mur, sa jambe s'était dépliée d'elle même, écrasant sans aucune pitié les parties de son premier agresseur.
Le résultat ne se fit pas attendre, la douleur vibrant dans tout le corps du kérosien, il le relâcha instantanément en couinant, rapidement soutenu par ses acolytes tandis que Cécil titubait.

Ils ne le laisseraient pas partir.
Il avait besoin d'aide.

L'esprit embrumé par le choc de son crâne contre les pavés, Cécil les entendit le traiter de vicieuse petite perverse, se rendit compte qu'ils lui coupaient la sortie de la ruelle dans laquelle ils l'avaient entraîné, comprit qu'il ne sortira pas d'ici sans rien de cassé.

Oh.
Quitte à se faire agresser, il les briserait aussi.

Alors pour rééquilibrer les forces, il appela Maush à ses côtés. Ce n'était pas la première fois qu'ils se trouvaient dans ce genre de situations précaires. Certainement pas la dernière s'ils arrivaient à s'en sortir.

Ahh ! Il avait presque la désagréable impression d'être retourné en enfance.

Quelqu'un s'approcha. Quelqu'un que Cécil vit avant ses agresseurs qui lui tournaient le dos. L'espace d'un instant, un bref instant, il songea qu'une quatrième personne était venue en renfort pour le mater, une mesure un peu exagérée mais qui ne l'aurait pas surpris outre mesure. Les passants n'étaient pas du genre à se mêler de ses affaires pour lui venir en aide.

Pourtant, l'improbable se produisit, et alors que Cécil se tenait près à se défendre chèrement envers et contre tout, l'inconnu, tel un justicier – pas masqué – interrompit les réjouissances et décocha un coup de poing qui fit reculer le deuxième des larrons.
Le premier – celui que Cécil s'était donné la peine d'émasculer – se laissa tomber au sol maintenant que l'un de ses deux soutiens l'avait lâché un nouveau flot d'injures leur échappa.

Le coordinateur papillonna un instant des yeux, analysant la situation. Le sang battait douloureusement à ses tempes, mais même ainsi, la situation lui apparut relativement clairement : les cartes avaient été redistribuées et il n'était plus en position de faiblesse. A deux contre trois, avec chacun un pokemon de sorti tandis qu'aucun des agresseurs ne semblaient porter de pokeballs...
S'il ne se sentait pas en alerte, Cécil aurait pu en sourire. A la place, il intima à Maush de jouer d'intimidation. Attaquer un humain à l'aide d'un pokemon était puni par la loi et dans l'absolu, il ne comptait pas vraiment les écraser sous les rochers du Pouvoir Antique de son partenaire - quoiqu'ils l'eussent mérité – mais simplement leur faire comprendre que s'il finissait en prison, eux finiraient à la morgue.

« Barrez-vous ! » gronda-t-il alors que le troisième avait fini par lâcher le premier pour faire face au nouveau venu, les poings serrés.
Il y eut un éclair de colère dans le regard des trois hommes, une lueur de défi. Chacun sembla contempler leurs chance de casser de la pédale avant que tout ne dégénère, mais les rochers que Maush avait soulevé et la foule qui commençait à s'attrouper à l'entrée de la ruelle sembla les décourager.

Amusant comme personne – à part son sauveur anonyme – n'osait s'approcher et restait pourtant là, animé d'une curiosité morbide. Se battront-ils, ou pas ?, comme s'ils n'étaient que le rebondissement d'une série indigente du samedi soir.
Vexant. Jusqu'à ce qu'une voix s'élève dans le fond : « J'ai appelé la police ! » disait une petite femme perchée sur sa terrasse. L'animosité ne s'estompa pas, mais le deuxième larron – celui dont le nez pissait le sang – se dégonfla le premier. 'Allez, on s'en va, ça vaut pas le coup !' et attrapant leur compère par les aisselles, ils le traînèrent hors de l'allée tandis que ce dernier, rouge de douleur et de colère leur crachat quelques insultes pour la bonne forme.

« Charmant... » siffla le kalosien dans sa langue natale en rappelant Maush dans sa pokeball. Se rapprochant de son sauveur anonyme, il lui souffla alors avec un fort accent « Ne restons pas là ! »
Il n'avait aucune envie de se faire attraper par les flics. Il n'y avait aucune casse mais il avait eu trop d'expériences avec la police pour savoir que s'ils tombaient sur le mauvais agent, ils étaient bons pour rester au poste plus de temps qu'il n'en fallait.
Alors il entraîna son bienfaiteur avec lui, s'éloignant des inconnus s'étant attroupé dans l'espoir de voir un peu d'animation – peut être même un peu de sang – pour refaire leur journée.

Batards. Cécil n'avait aucune tendresse pour ce genres de personnes.

Ils marchèrent – voir même trottinèrent – quelques temps avant d'atteindre une place plutôt tranquille, assez éloignée de la zone de l'incident pour ne plus avoir à craindre l'arrivée des flics. L'adrénaline retombée, le kalosien laissa échapper un énorme soupir.

« Merci d'être intervenu. » souffla-t-il. je ne m'y attendais pas semblaient poursuivre ses yeux. Les choses auraient pu mal tourner malgré son envie d'en découdre et il n'en serait pas sorti indemne. Passant une main tremblante sur son front, Cécil inspira longuement pour reprendre son calme. S'il ne se sentait plus assez fébrile pour en venir aux mains, sa colère n'était pas retombée. Un sentiment d'injustice le prenait aux tripes et faisait remonter un goût âcre sur sa langue.

Il en venait presque à regretter qu'ils aient fui.
Se consola en se disant que l'un d'eux ne pourrait plus marcher droit pendant quelques jours.

« Je-... » débuta-t-il, incertain de comment continuer sa phrase. N'ayant rien à offrir pour dédommager l'inconnu de son aide, il se contenta de lui tendre la main pour lui offrir – au moins – une poignée de mains reconnaissante « Vraiment, merci. » répéta-t-il.

L'inconnue lui serra la main, sourire aux lèvres avant de lui répondre. Il était naturel de l'avoir aidé, avança-t-il. Le reste de la phrase fit plisser des yeux Cécil. Son mystérieux sauveur avait l'air d'en avoir gros sur le cœur, rapport à la religion arkéenne. Le kalosien ne put réprimer un sourire pincé. Il n'avait aucun grief en particulier contre l'Eglise mais-...

Oh, il comprenait très bien qu'on puisse en avoir.

Son vis-à-vis poursuivi sur sa lancée, admettant qu'ils faisaient partis de la même communauté et Cécil ouvrit à moitié la bouche. Evidemment.
L'homme en face de lui aurait probablement pu faire illusion aux yeux des passants, mais s'il avait pris sa défense, c'était bien parce qu'il se reconnaissait en lui : un autre n'aurait pas pris cette peine.

« Je vais bien. » lui répondit-il sobrement en passant une main derrière son crâne. Pour être tout à fait honnête, il avait encore mal, mais il ne sentait aucune ouverture, aucune plaie ni aucune nausée qui justifierait qu'il s'en plaigne. « Ils parlent beaucoup, mais au final, ils n'en font pas tant que ça. »

Le commentaire lui arracha malgré lui un rire jaune malgré l'air faussement détaché qu'il voulait se donner. Oh, ils en auraient fait d'avantage s'il n'avait pas été seul cependant, il lui sembla inutile de ressasser ce point là, l'inconnu avait probablement assez de jugeote pour comprendre où il voulait en venir : plus de peur que de mal.
Il laissa flotter un silence, son regard balayant la zone avant de se rendre compte d'un détail fâcheux qui le fit froncer les sourcils.

« Ah-... J'espère que vous connaissez la zone, je nous ai éloignés de la police, mais je suis pas d'ici et-.. » maintenant, je suis perdu. La fin de la phrase était aisée à deviner. Il pinça un nouveau sourire embarrassé. Ce n'était en soi rien de grave, il pourrait toujours demander son chemin aux différents commerces et passants pour se retrouver mais-... Il espérait ne pas avoir contrarié un probable emploi du temps chez son sauveur.

« Je suppose qu'il est toujours possible de revenir sur nos pas, mais, autant éviter. » soupira-t-il en lançant un regard vers là d'où ils venaient. Non, sincèrement, ne pas chercher plus d'ennuis. Il se retourna alors vers l'inconnu, sourire plus engageant sur les lèvres. « Ah, j'aimerai également vous demander votre nom ? Vous pouvez m'appeler Cécil. »

L'héroïque inconnu se présenta : il disait s'appeler William, admit qu'il n'avait pas songé à faire une nouvelle rencontre dans de telles conditions. L'ironie fit sourire Cécil : ce n'était certes pas une situation optimale pour connaître de nouvelles personnes, mais c'était bel et bien dans ce genre de cas qu'il était possible de deviner de quel bois était fait une personne.
Il ne connaissait William que depuis quelques minutes, mais l'homme avait déjà tout son respect. Et pas uniquement le sien apparemment.

De nulle part surgit-.. Un Tritox (?!) qui les salua et s'inclina avec une élégante révérence en face du kerosien et de son Chaglam. Sa présence à Keros, en pleine ville qui plus est, était une véritable énigme, la suite pas tellement.
Il y avait une multitude de manière de capturer un nouveau pokemon : un combat, une épreuve, un sauvetage-... Peu importait. Lorsqu'il vit William s'accroupir pour être à la hauteur de la salamandre, il était aisé pour Cécil de deviner la suite des événements. Que la lézarde se laisse aussi facilement convaincre était assez surprenant mais-... Etant donné sa présence en ces lieux – loin de son habitat naturel – et ses manières, peut-être avait-elle déjà été le pokemon de quelqu'un ?

Ou peut être cherchait-elle simplement un dresseur.
Un dresseur avec les qualités dont William avait fait preuve auparavant.

Cécil esquissa un sourire attendri, secoua la tête quand l'homme s'excusa de l'interruption impromptue.

« Je vous en prie, ce n'est rien. » Ca l'était. Quel genre de personne serait-il s'il venait à s'offusquer pour un événement à célébrer ? Il pouvait se montrer rabat-joie, mais tout de même-...
Ainsi, lorsque William admit ne pas connaître l'espèce de sa nouvelle alliée, Cécil reprit la parole pour éclairer ses lumières. « Il s'agit d'un Tritox, j'en ai déjà rencontré en concours. » il laissa un bref silence s'installer, réunissant les mots dont il aurait besoin pour expliquer plus avant ce qu'il connaissait sur l'espèce. « Je suis surpris d'en trouver un ici, ces pokemons sont originaires d'Alola, c'est curieux. Une courte reflexion lui fit à nouveau fermer la bouche, mais sans trouver un motif satisfaisant quand à la présence de la salamandre en ces terres, il reprit. Si je ne me trompe pas, seules les femelles sont capables d'évoluer. »
En revanche, de là où il se trouvait, il n'avait pu vérifier si le spécimen rencontré était un mâle ou une femelle.

« Félicitations ! » Célébrer les captures avec entrain n'était plus de leur âge à tous les deux. Sauter, prendre la pose avec une pokeball levée en l'air ne faisait plus sens pour un adulte. Ca n'empêchait pourtant pas de faire preuve de politesse et de célébrer les petites victoires : la capture avait été très fluide et non-violente, chose relativement rare pour le noter.

Du moins à son sens.

« Enfin-... Si ni vous ni moi ne savons par où aller, peut être devrions-nous demander notre chemin avant de plus nous perdre ? »

Liam acquiesça, lui retournant la question sur quel endroit aller pour commencer à interroger. Cécil resta un instant interdit, balayant la zone du regard.
C'était une petite place tranquille, avec quelques rares passants ne s'attardant pas trop. En aborder un ne devrait pas poser de soucis. Rentrer dans l'un des petits commerces longeant la place non plus. Acheter une bricole – peut être un souvenir – pourrait rendre enclin n'importe quel vendeur à répondre à leurs questions malgré les préjugés que son apparence pourrait réveiller.

Mais Cécil soupire d'avance.

S'il fallait l'avouer, la plupart des gens ne faisaient que peu attention à lui. Passer les premiers regards suspicieux, personne ne l'avait ennuyé à part-... Hé bien, à part les trois guignols d'un peu plus tôt. Et l'autre à Glenn.
Y penser seulement fut suffisant pour lui faire bouillir le sang. Inspirant profondément, le kalosien hésita encore sur la marche à suivre.

Demander son chemin était le plus prudent.
Assurerai qu'il rentre plus vite à l'hôtel.

Si on le laissait rentrer.

Une certaine amertume lui emplit la gorge avant qu'il ne se décide à reprendre la parole, légèrement contrarié par de nombreuses pensées parasites.

« Le plus simple serait de demander le chemin à un commerçant. » soupira-t-il, peu enjoué à l'idée de devoir se reposer sur un étranger. Un autre que William qui – somme toute – s'était montré bien charmant pour un kerosien. Oh, il n'était pas friand de préjugé – il aurait été bien malheureux d'en avoir – mais il n'était pas passé loin de penser que Keros n'était finalement pas très différent de Galar.

Pas qu'il ait énormément visité Galar non plus.
Mais des siècles de rivalité et de conflits ne s'effacent pas comme ça.

« Si je peux retrouver la Salle de Concours, je pourrai retrouver mon chemin. Et vous ? Où devez-vous vous rendre ? » Son attention posée sur William, Cécil lorgna tout de même vers les quelques enseignes décorant la place.

Peut être aborder un serveur d'un café pourrait faire l'affaire mais Cécil ne prit pas l'initiative : autant demander à une personne maîtrisant la langue de s'en charger à sa place.
Ce n'était absolument pas parce qu'il était fatigué de sourire aux kérosiens. Absolument pas, quelle idée !

William l'informe qu'il n'a pas de destination précise à rejoindre, qu'il n'est là qu'en simple touriste et Cécil arque un sourcil. Lui aussi n'est là qu'en touriste, ça ne l'empêche de vouloir retrouver son chemin. Dériver au petit bonheur la chance, dans une ville où il a déjà été agressé ?

Très peu pour lui.

Ceci dit, William a au moins ça pour lui qu'il est d'ici, parle correctement la langue. Et qu'il a probablement moins de chance d'être pris une femme. Alors Cécil n'insiste pas : retrouver la Salle de Concours est suffisant pour lui et son interlocuteur ne semble pas avoir de problèmes avec ce plan là.
En revanche, quelque chose semble le chiffonner et il finit par lui faire remarquer. Le kalosien reste un bref instant interdit. Oh, il ne pensait pas avoir affiché à ce point son mécontentement. Pinçant les lèvres, il finit par soupirer.

« Vous êtes plutôt clairvoyant. » déclare-t-il avec une esquisse de sourire, prêt à avouer le pourquoi du comment. « Hé bien, vous aurez remarqué que je ne suis pas d'ici. » débute-t-il. Son sauveur du jour a eu la grâce de ne pas lui faire remarquer son accent mais il est impossible qu'il le pense originaire de Keros. « Et j'avouerai également qu'après ce qu'il vient de se passer... »
Il laisse planer un court silence, désigne l'endroit d'où ils viennent du menton au cas où son sous-entendu ne soit pas assez clair.

« Ce n'est pas que Keros n'est pas charmante, mais ce n'est pas la première fois que j'ai des soucis du genre. » Amer, il roule des yeux alors que par réflexe, sa mâchoire se contracte puis se détend. « A Kalos non plus ceci dit, mais ce n'est pas pareil. » Il ne pourrait pas l'expliquer rationnellement. Peut être parce qu'il pardonnerait tout à sa terre natale. Peut être parce qu'insulter en kalosien lui donne l'impression d'avoir plus de légitimité parce qu'au moins, ses injures sont comprises.
Peut être aussi qu'il se sent plus le droit de se défendre quand il est chez lui, que dans un pays étranger. Il a l'impression qu'en plus d'être un 'vous savez', il est également un étranger qui ne devrait pas être là.

Oh, l'idée le courrouce plus qu'elle ne l'attriste.
Mais causer un esclandre n'est pas dans ses plans.

Alors il hausse les épaules, esquisse un sourire l'air de dire 'ce n'est pas si grave', de laisser le sujet derrière eux. Il n'est pas là pour causer des ennuis. Pas uniquement par respect pour les locaux – qui, somme toute, ne le mériteraient pas – mais parce qu'effectivement loin de chez lui, si les problèmes crées sont trop gros pour lui, il n'aurait personne pour l'aider.

Ce ne serait pas malin.

« Dans tous les cas, navré si j'abuse mais si vous le permettez, je vous laisserai prendre la parole. » considère-t-il l'aide de William comme acquise ? Un peu.