Peace & Love [ft.William Northwood]

Bon, il faut avouer, les fringues de meuf sont rarement confortables mais je suis plutôt fier de moi. Il fallait juste la bonne adresse de couturier et me voilà avec la dernière robe à la mode portée par nulle autre que Meredith Smith.

Du velours rose tirant sur le lilas satinée -c'est Rina' qui a choisit la couleur évidemment- et un chapeau noir élégant qui fait ressortir la rousseur de mes cheveux. Et pour compléter ma superbe, Dream en écharpe regarde autour d'elle de son habituel air fatigué. Je me sens belle et séduisante....

C'est un mensonge, je me sens totalement ridicule mais c'est rigolo.

Une grande drag-queen de deux mètre dix de haut qui regarde les flics en baissant la tête c'est toujours assez impressionnant pour eux. Un seul d'entre eux m'a lancé un 'pouffiasse' mais il a baissé les yeux quand j'ai levé le mien vers lui.

C'est gentil, mon chou, j'étais pas certaine d'être assez vulgaire pour l'occasion. Merci du compliment ! Je lui adresse un sourire des plus charmeurs. Ta petite moustache est très tendance, j'adore ! Ton barbier t'as dis que ça faisait très pédé par contre ?

Et je m'éclipse dans la foule avant qu'il n'ai eut le temps de lever sa matraque sur moi. Enfin, disons que je mets de la distance et des obstacles entre lui et moi parce qu'il me voit toujours concrètement. Je l'entends encore me traiter de Gruikui de là où je suis et je ne peux pas m'empêcher de rire. Pas trop quand même, il s'agirait de ne pas gâcher mon maquillage. Une œuvre d'art made in Norah Hailey, tout de même !

Et en parlant du Lougaroc, je l'ai perdu de vue et je la cherche depuis tout à l'heure. Sans succès. Hum, dommage, ce n'est pas drôle d'insulter les flics et les fachos sans elle. Mais c'est plus raisonnable aussi, il faut bien montrer à 'Monsieur et Madame tout-le-monde' que nous sommes des gens civilisés.

On s'en prends plein la gueule tout les jours mais on doit le faire avec le sourire pour leur faire plaisir à ses enculés. J'ai jamais bien compris le concept...Calme-toi, Ab', ton sourire crispé n'est pas séduisant du tout.

J'en ai ras le cul des gens normaux...

Tiens, tiens, mais qu'est-ce qu'il se passe là-bas. Un attroupement ? Je m'approches pour voir, je suis terriblement curieuse ! La curiosité est un vilain défaut et je suis une vilaine salope. Alors si il y a des emmerdes, je cours les chercher.

C'est avec un dandinement des plus appliqués que je fends la foule, ils s’écartent rapidement en voyant ma taille, les cons. Ils ont peur de se faire taper par une folle, ou quoi ? Je me pince les lèvres pour ne pas rire. Non, ce que je fais en revanche, c'est de froncé les sourcils quand je vois le spectacle qui se présente à moi.

Un blondinet qui engueule un flic et pas une gentille engueulade, non. Une bonne grosse engueulade des familles. Je lève l’œil au ciel, il fallait bien que ça arrive. Si on laisse les choses tel quel, ça va rapidement dégénérer en émeute. Et comme personne ne semble décidé à se bouger le cul...

Ah, te voilà mon Laporeille ! Je te cherchais partout.

Dream bouge sur mes épaules, le nouveau venu semble susciter son intérêt. J’ignore pourquoi. Mais ce n'est pas le moment d'y penser, tout d'abords, je dois le tirer de là, ce con. Il est hors de question de donner raison à cette bande de connards qui nous traite de sauvages ! Alors quand on est suffisament loin des flics, je me baisse vers le mec pour lui grogner à l'oreille.

J'ai aucune idée de ce que ce flic t'as dis et je m'en fout. Aujourd'hui, pas de dérapage, c'est tout ce qu'ils attendent. Tu ne les vois pas, ces Grahyèna ? Ils attendent un faux pas de notre part pour satisfaire leur point de vu de petit con péteux homophobe de merde. Je suis sûr qu'ils sont tous en train de prier Arkée pour que ça arrive. Tu veux leur donner raison peut-être ?

Sans douceur, je lui remonte le col de sa veste et j'époussette un peu celle-ci puis je reprends mon rôle de grognasse.

Regardes-moi ça, tu as l'air d'une souillon ! Ma chérie, une beauté comme la tienne, il ne faut pas la gâcher comme ça ! Je lui tapote l'épaule avant de lui demander avec un petit sourire 'charmeur' -entendez là un sourire de pute qui cherche à aguicher son client. Moi c'est Abraham, mais tu peux m'appeler Ab ou même Abby si t'as envie. Et toi, ton petit nom, c'est quoi ?

Ah et bien il s'appelle William. Il est mignon, pour sûr. Mais pas mon genre. En tout cas, il a l'air d'avoir un sacré caractère, c'est peut-être même pour ça que les flics l'ont provoqué. Peut-être qu'ils ont vu dans ses yeux un truc du genre 'si tu veux me faire chier, je te défonce' et qu'ils en ont profité. Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, au petit William, Jay était pareils et avec tout ce qu'on se prends dans la gueule chaque jours, ça devient épuisant d'être une pédale.

Comment ne pas avoir envie d'égorger des gens, hein ?

T'excuse pas, mon Laporeille. Le suis sûr qu'ils ont choisit les policiers les plus homophobes et misogynes de tout Keros pour encadrer la Pride, histoire de 'pimenter un peu les choses', si tu vois ce que je veux dire.

Nous continuons de marcher quand soudain, je remarque un autre attroupement un peu plus loin. Encore une bagarre ou un truc du genre ? Je jette un coup d'oeil vers mon William. Il va pas essayé d'y aller, hein ? Je veux juste jeter un coup d’œil.

Et ben. Ça en valait la peine tiens. Voilà qu'un bouffon de première classe se mets à scander n'importe quoi bien à l'abri derrière la flicaille. J'arque un sourcils. Qu'est-ce qu'il fout ce con. En tout cas, on dirait que certains sont là pour l'engueuler mais que la majorité s'est arrêté pour rire.

Soyez maudits, pécheurs que vous êtes ! Arkée ne vous pardonnera pas ! Vous humiliez vos parents, vous humiliez vos frères, vos sœurs ! Vous souillez le nom que vous portez d'une infamie ignoble ! Vous irez en enfer, vous qui osez afficher le péché avec cette fierté qui est la votre !

Je ne sais pas si William est énervé ou pas, si il s'apprête à rappliquer quoi que ce soit ou si il est juste abasourdi mais moi, je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire tant il y a d'idiotie dans un discours pourtant si court. Je ne savais pas que l'on pouvait loger autant de conneries dans si peu de mots. Cet homme est un champion.

D'ailleurs, il m'a remarqué et se tourne vers moi.

Pourquoi rie-tu, fieffée gomorrhéenne ? Penses-tu que cet étalage de putains et de pédérastes soient admirables ? N'êtes-vous pas les clowns ici ?

Je relève la tête et il comprends tout de suite son 'erreur'. Et oui bibiche, j'ai les traits trop masculins pour être une gomorrhéenne. C'est bien que tu t'en rendes compte. Le seul œil qu'il me reste est occupé à l'observer d'un air moqueur puis je lance avec un sourire narquois aux lèvres.

Alors déjà mon ange, tu devrais prendre un peu plus soin de ton style. Cette veste vraiment, pouah ! On est plus dans les années vingt, c'est totalement démodé ! Puis écoutes-toi, à t'entendre, on dirait qu'Arkée a un balais dans le cul, le pauvre. J'espère qu'il est pas comme toi parce que le tiens, il est tellement profondément logé que je suis étonné qu'il te ressorte pas par la bouche.

Tout le monde rigole bien. Et à ma grande satisfaction, même certains fliques esquisse un sourire furtif qui trahit leur envie de rigoler avec nous.

Puis pour l'instant, celui qui fait honte à sa famille, c'est toi. Et oui, bébé, à t'égosiller comme ça, tu va attirer les caméras et on te prendra pour le fou du village. Allez, retournes à Glenn, mon chou, Pryderi c'est trop grand pour toi.

Il grogne dans sa barbe inexistante puis ses yeux se fixent sur quelque chose ou quelqu'un derrière moi. Ah oui, mon petit William. Qu'est-ce qu'il lui veut ? Attention à lui si il ne veut pas qu'une Meredith Smith de deux mètre dix lui casse métaphoriquement les dents.

Northwood, j'aurais dû m'en douter ! Toi, ici ! Avec cette racaille ! Ça te ressemble bien !

Je regarde les deux hommes se balancer des saletés à la tronche. Il y a pas à dire, le petit William est clairement plus doué que son adversaire pour le mettre en déroute. Des piques sur l'homosexualité non-assumée, cruel mais ça fait toujours son effet. Je ne peux m'empêcher d'en rire, je suis une mauvaise personne. Surtout que vu la réaction de l'autre abruti, ça m'a tout l'air d'être le cas.

C'est vrai qu'il a l'air d'un pédé. Je lâche, pensif. Bon, il est pas à mon goût et je pense pas qu'il soit au goût de grand monde, mais si il se fringuait un peu mieux, il pourrait peut-être séduire d'avantage. Je hausse le ton pour que mes paroles l'atteigne à travers le brouhaha de la Pride. Tu m'entends mon Poussifeu ? Il faut que tu prennes plus soin de toi, surtout ta coiffure, c'est une horreur ! Tu ne trouvera jamais un homme qui veuille de toi sinon !

Il refait sa tête de tout à l'heure et je le vois chercher quelque chose dans sa poche, une pokéball ? Alors ils vont vraiment faire un duel, ici ? N'importe quoi. Je tapote la tête de Dream pour qu'elle se réveille et qu'elle réagisse.

Allez ma belle, rends moi un petit service. Le crétin, là, zou, dodo. Chuchotais-je à l'oreille de la petite Zorua.

Elle semble me sourire, un sourire tout gentil et m'obéis en douceur. Le type papillonne des yeux, titube, tandis que Dream le fixe du regard. Il grogne, essaye de se redresser tant bien que mal.

Je vais vous...Punir...Au nom d'Arkée...

C'est tout ce qu'il réussit à dire avant de tomber par terre comme la pire des loques alcooliques, je lève l’œil au ciel et feint la surprise. Les flics, les manifestants, personne ne semble comprendre ce qu'il s'est passé. Je suis fier de moi, même si je ne devrais pas. Je suis vraiment une mauvaise, très mauvaise personne.

Ciel, voir tant de pédales d'un coup lui a fait tourné la tête, il a eut un malaise. Qu'on appelle les urgences ! Soupirais-je en ne cachant pas mon mépris tout comme ne le cache pas les autres qui rient aux éclats. Même un flic souffle du nez avant de se reprendre immédiatement sous le regard noir de ses collègues. Il faut garder son sérieux face aux pédés, c'est la règle.

Non, au lieu de rire, ils vont ramasser le mec endormi par terre et s'occupent d'appeler du secours. Tous pensent qu'il a fait un malaise à cause de la foule ou à cause de sa colère, c'est très amusant. Cela restera mon secret en quelques sortes. Sauf si le petit William m'a observé du coin de l’œil évidemment, mais je compte sur lui pour garder sa langue dans sa poche.

D'ailleurs, en parlant du William, je me tournes vers lui et lui demande d'un air amusé.

Une de tes connaissances ? Drôle de type, tu connais son petit nom ? Je connais deux ou trois mecs qui seraient intéressés de faire sa connaissance. De façon...Totalement pacifique bien sûr, ça va de soi. Il faut l'encourager à faire son coming out je pense, il me paraît tellement frustré, c'est malheureux.

Je suis partiellement franc. Ce type est frustré et ça se voit clairement. Un coincé du cul, comme je disais tout à l'heure. Empalé par le balais qu'il a dans le fondement. Un passage au Draining Kiss lui calmerait peut-être les nerfs. Cet homme a besoin de nouveautés.

C'est pas pour te dégoûter, William, mais peut-être qu'il a un petit faible pour toi. Il refuse de l'accepter et tu deviens son bouc émissaire, quelle tragédie. Il y a de quoi écrire un livre. Si seulement j'avais emporté de quoi prendre des notes.

Je soupire, un carnet n'aurait pas été de trop, cet événement est si riche en rebondissements, il y a de quoi écrire toute une saga, d'amour, de fierté, de courage et...De bêtise humaine aussi.

J'écoute mon petit William exposer sa théorie. Oui, c'est vrai, son look est aussi déplorable que sa conduite. Quand à sa relation avec Arkée, je ne peux m'empêcher de trouver cela...Poétique, tragique, un homme s'était entiché d'une divinité inaccessible.

Décidément, mon petit William, tu me vends du rêve. J'écrirais sans doute mon prochain livre sur ce genre d'amour impossible. C'est que c'est une vraie tragédie que tu me présente là.

Je continue de l'écouter sur la façon dont il connaît l'hurluberlu. Ah, ils sont collègues, pas de bol. Et William m'a tout l'air d'un homo qui s'assume. Pas étonnant que ça dégénère au travail, j'aimerais pas être leur collègue en tout cas. L'ambiance calme de mon logement me convient très bien. Enfin, elle n'est plus très calme depuis l'adoption de Noodle mais ça c'est une autre histoire.

Tu m'as l'air d'être un vrai bagarreur, t'as le sang chaud comme un Limagma, mas parole. Enfin, j'aime bien l'idée que ce con se prenne un mur dans la gueule, dommage que ça lui remette pas les idées en place. Je m'interrompt et lève l’œil au ciel d'un air rêveur. Tu t'imagines si ce serait aussi simple, cogner les gens pour leur faire accepter notre existence, ce serait magique. Un miracle d'Arkée, l'ami imaginaire des gens qui se sentent seuls.

Je ricane à ma dernière phrase, petite pique contre la religion. Je n'aime pas Arkée et je ne m'en cache pas. Si son seul but dans l'existence c'est de gâcher des relations familiales alors bravo. Ma mère et moi étions unis comme les doigts de la main après l'épreuve que nous avons traversés ensemble, et il a fallu que je ne fasse qu'un truc 'contre la volonté du grand Arkée' pour qu'elle refuse de me parler jusqu'à ce qu'elle daigne enfin m'adresser deux trois mots sur son lit de mort. Cette blessure ne se refermera jamais, je crois.

Je grimace quand il me balance le nom du type. De tout les noms qui existent sur terre, pourquoi était-il forcé de porter celui-ci. Je grogne un peu avant de baisser la tête, profitant de l'occasion pour remettre mon chapeau en place.

De tout les foutus noms de la planète, ce con est obligé de porter le nom de mon frère. Soupirais-je avec amertume. Comme quoi les prénoms, ça veut rien dire sur la personnalité des gens.

Enfin, l'humeur est à la fête, je ne veux pas plomber l'ambiance alors je lui demande avec un sourire complice.

Et toi de ton coté, en couple, intéressé par quelqu'un ou calme plat ? J'ajoute d'une voix plus basse pour que nous soyons les seuls à entendre. Tu connais le Draining Kiss, je suppose. C'est sympa pour s'y faire un coup d'un soir. Mais si t'es du genre plus romantique, je te rassure. J'ai une amie qui y a trouvé son 'épouse' en quelque sorte.

Je prononce le mot 'épouse' avec une pointe de sarcasme. Le mariage n'est pas permis chez les pédales, mais ça ne l'empêche pas de désigner sa copine comme sa femme. Au diable l'état et l'église, si ils ne veulent pas nous marier, faisons-le nous-même. L'idée me fait rire, cette histoire de mariage ne m'a jamais fait ni chaud ni froid mais je comprends que l'on puisse souhaité l'être. C'est juste con qu'il faut forcement un homme et une femme dans l'équation. Pour les gamins à pondre, je suppose.

Ce serait drôle qu'un jour deux mecs ou deux meufs puissent se marier. Ton Edmund, là, il ferait sûrement un arrêt cardiaque. Ce serait drôle à voir. Je me tournes vers lui et lui adresse un sourire narquois. Je me délecte du malheur des homophobes, leurs larmes d'indignation sont ma boisson préférée.

S'enfermer dans une église et prier pour la fin du monde ? Et bien, dans le genre dramatique, il sait s'y faire le Edmund. Déjà que ses discours ont des airs de prophètes des temps anciens qui maudit l'humanité pour sa décadence. Un vrai perché du bulbe quoi, il prends la religion un peu trop à cœur. L'idée qu'il puisse vraiment être amoureux d'Arkée devient de plus en plus crédible. Ce qui me fait ricaner.

Si il veut qu'on l'achève, il n'a qu'à le faire lui-même. Je pose ma main sur ma bouche, comme pour mimer une dame de la bonne société qui aurait lâcher une bourde. Ooooh, mais pauvre Poussifeu, j'oublais, le suicide est tabou. Il va devoir endurer ça, pauvre petit bout.

Puis j'écoute avec un sourire en coin le petit William me parler de sa cible potentielle. Il le teste, hein ? Le fait poireauter pour voir si il mords à l'hameçon, c'est amusant. Et d'un coté, ça doit être terriblement frustrant pour l'autre type. Ou pas, si il s'en fout, il doit juste trouver William bizarre. Mais tout ce petit jeu me rappelle les Dames des temps anciens et leurs preux chevaliers.

Un adepte de l'amour courtois, hein ? Fuir pour mieux se faire rattraper ? Un grand classique, ça te va bien, d'une certaine manière. Je te souhaites bonne chance pour ce coup, mon Laporeille. Dis-je, tout à fait sincère. Mis à part son sang chaud comme la braise, il ne semble pas bien méchant. Il m'a l'air d'une bonne personne, le genre qui mérite le bonheur.

Puis notre conversation repart sur la religion. Et là, je ne peux qu'être d'accords avec lui. Bon, les fidèles d'Arkée ne sont pas tous des cons, mais la plupart se prennent trop au sérieux. Et ça dérape souvent, trop souvent. J'aurais bien envie de lui dire le classique 'c'est pas Arkée le problème mais ses fidèles' mais je me mentirais aussi à moi-même. Je n'aime pas Arkée, c'est tout.

Arceus n'a pas besoin d'un dresseur. Lançais-je sans vraiment être investi dans la conversation. Je penses qu'Arkée n'est qu'une invention né de l'orgueil des êtres humains à vouloir être partout et à l'origine de tout.

Mais le petit William a raison, aujourd'hui c'est jour de fête. Au moins une fois dans cette putain d'année, on peut montrer à tout le monde qu'on est des pédés et des gouines, fêtons ça au lieu de parler des conneries de l'humanité. Sa question m'arrache un sourire, j'ai du mal à cacher ma fierté qui n'a pas lieu d'être. Je ne pense pas être un auteur de génie mais j'aime parler de mon travail, alors je réponds tranquillement à sa question.

Vu que j'ai ton identité complète à cause de l'autre con, je vais te donner la mienne. Mais je compte sur toi pour garder ta langue dans ta poche. Comme pour le coup du Zorua. Dis-je à voix basse. Je suis le très célèbre Abraham Davidson. Non, je déconne, j'ai un public de niche. J'ai des amateurs de romance comme fan. Des contes de fées pour les plus jeunes, des histoires tragiques pour les fleurs-bleues et...Certains livres un peu plus spéciaux qui ne sont publiés que par certains éditeurs et vendues dans certaines librairies. Il y en a une ou deux du genre à Unys, mais malheureusement, pas encore à Keros.

Je le regarde avec un sourire complice. Vu son travail, il aura peut-être l'occasion un jour de toucher au monde de l'édition et qui sait, d'ouvrir un tel commerce. Je serais ravi de démonter la gueule au moindre con qui viendrait foutre le bordel. Toujours d'agréables souvenirs de mes bagarres au Draining Kiss. Je manque de lui parler de Norah et de lui dire qu'ils s'entendraient bien, ces deux casseurs de gueule mais un autre sujet me vient aux lèvres.

Bon, c'est pas que j'ai pas l'habitude de porter des fringues de meuf mais je crois que ma pote a trop serré mon corset. Ça te dit qu'on se pose dans un bar pour continuer la discute ? Sinon, je vais choir sous le soleil de juin.

Ça me fait rigoler de constater que le petit William possède aussi une Zorua. Mais elle n'a pas du tout l'air d'avoir le caractère de Dream. Plutôt l'inverse même, plus fidèle à son espèce. Les Zorua sont connus pour être des farceurs voir franchement des gros psychopathes manipulateurs d'émotions, la sienne a l'air de faire parti du lot alors que Dream...

Ma petite Zorua est une grosse feignasse. Dis-je simplement. Elle me sert d'écharpe parce qu'elle n'aime pas marcher et elle aime dormir, autant qu'un Ronflex. Heureusement elle ne pèse pas aussi lourd. La petite se met à piailler de contestation sur mon épaule, je lui tapote la tête. Inutile de faire comme si de rien était, Dream. Tu es une vraie feignasse et c'est pour ça qu'on t'aime.

Je lui grattouille le menton pendant que nous nous approchons du bar que nous avons repéré un peu plus tôt. Enfin une occasion de se poser et de reprendre la marche un peu plus tard. Je ne dirais pas non à une bonne bière. Je baisse la tête un instant pour remarquer le Chaglam qui trottine au coté de mon compagnon de route.

C'est le tiens, le matou ? Il est mignon, mais je mettrais ma main à couper que c'est une vraie furie. Tu verrais, chez moi j'ai un Manglouton qui... Deux hommes entravent notre route. Bien, le bonjour, messieurs.

Ils ont l'air de deux vrai rednecks sortis des fin fonds d'Unys. Ou bien pour être plus local, de deux frères consanguins de Glenn venus exprès à Pryderi pour chercher les emmerdes le jour où les pédales s'exposent au grand jour. Ça pue les embrouilles, heureusement, nous ne sommes plus dans le cortège donc la voie est libre pour tabasser du facho. Ça m'avait coûté de devoir jouer les gentilles Meredith Smith.

Voyons ce que donne une méchante Meredith Smith.

Vous les pédales, vous retournez d'où vous venez, on veut pas d'ici chez nous.

Je hausse les épaules.

Navré, j'ignorais que nous étions dans un quartier consacré à la consanguinité. Mais ça ne nous empêchera pas de venir boire un coup ici, on s'en fout un peu de votre avis en fait. Dis-je d'un ton acerbe.

Les voilà qui sortent leurs pokéballs.

Vous cherchez les emmerdes? Bah vous allez les trouver !

Je soupire et grattouille Dream. Elle n'est pas d'un niveau très élevé mais elle va devoir se bouger le cul. Elle qui maîtrise Hypnose à merveille, ça ne devrait pas être bien compliqué. La petite Zorua se retrouve les pattes sur terre sans comprendre et rouspète un peu. Partisane du moindre effort, comme on dit.

Je me tourne vers le petit William et lui adresse un sourire.

J'espère que ton ptit Chaglam est à la hauteur de mes attentes, on a deux gros cons à remettre à leur place. Après ça, promis, j'offre la tournée.

Le petit William s'en sort pas mal avec son Chaglam qui fait des cabrioles sur le dos d'un Ponyta enragé. Je me retiens de rire, pour ma part, je dois m'occuper de la barbe-à-papa mal formée qui louche et qui pousse des hennissement agressifs à tout-va. Le machin ne tiens pas en place, contrairement à Dream qui est lente, très lente et qui le fixe simplement du regard.

Le machin se cabre, secoue la tête et charge la Zorua. Mince, son Hypnose n'a pas marché on dirait, ça ne l'empêchera pas de retenter cela dit mais pour l'instant, elle esquive juste d'un petit bond sur le coté et observe le Ponyta de Galar (Enfin, si on peut appeler ce pauvre machin déformé comme ça) se manger le mur du bâtiment d'à coté.

Son dresseur crache quelques ordres mais Dream est -pour une fois- plus rapide. Elle réplique d'une magnifique Ombre Portée qui fait s'agiter encore plus le poney consanguin qui bondit dans tout les sens comme pour se débarrasser d'un ennemi invisible alors que Dream est juste derrière lui. Quand il se reprends enfin, c'est un Double-Pied des pattes arrières qu'il assène à cette pauvre Zorua rose bonbon qui tombe un peu plus loin dans un petit cri de douleur. Je manque de crier son nom mais je me retiens, histoire de pas faire sourire l'autre ordure.

Elle se relève péniblement et c'est un regard noir qu'elle jette maintenant au Ponyta débile. C'est décidé, elle en a fait son ennemi juré. Cette fois, enfin, il tombe par terre et ronfle, son dresseur bourré à beau s'égosiller comme le dernier des cons, rien n'y fait. Elle enchaîne alors les Ombre Portée sans une once de pitié. C'est la première fois que je la vois si investie dans quelque chose pour être franc. En tout cas, elle se débrouille suffisamment bien pour que le poney arriéré ne se relève pas.

Puis elle revient vers moi d'un pas lent et me regarde avec insistance, je fais quelques pas pour la récupérer, juste à temps pour éviter malgré moi le gros con qui, comme son frangin, a décidé de me charger. Il trébuche sur ce dernier qui s'est déjà cassé la gueule et tombe à son tour comme le plus pitoyable des ivrognes. Je remets Dream à sa place et lui tapote la tête.

Bien joué, fifille. Je la félicite avec un grand sourire, elle vient de casser la gueule de ses premiers fachos, c'est un jour à fêter. Je lance vite fait un regard aux deux ivrognes mais ils n'ont pas l'air de vouloir ou de pouvoir se relever. Alors je me retourne vers le petit William et lui tapote l'épaule.

C'était du grand art avec ton Chaglam ! Pour ma part, Dream a juste eut de la chance que son adversaire soit un gros débile.! J'espère qu'elle ne deviendra pas raciste des Ponyta de Galar à cause de ça.

Parce qu'elle regarde toujours le machin complètement K.O d'un air noir. On dirait vraiment type spectre pour une fois, elle fait un peu peur. Ça change de d'habitude. Elle ne doit pas aimer qu'on la dérange dans ses siestes d'une façon si radicale. Encore une grattouille sur le crâne et je me décide à m'asseoir en terrasse, à l'ombre d'un parasols tandis que les autres clients nous fusillent du regard sans pour autant s'interposer comme les deux autres consanguins bourrés. Il y en a un qui me regarde d'un air noir très insistant, comme si mon existence même l'insupportait. Je lui envoie un baisé, sourire aux lèvres, il détourne immédiatement la tête, outré.  

Une serveuse vient enfin nous voir, elle a l'air un peu gênée. Sans doute pour l'affaire des gros cons et pour ma tenue très chic. Elle m'évite du regard, en tout cas et préfère se concentrer sur le petit William. Je l’interpelle tout de même.

Bonjour, Mam'selle, pour moi ce sera Bière sirop Pêcha. Je lui adresse un petit sourire devant sa bouille toute gênée. Faites pas cette tête, vous pourrez garder la monnaie. Nous-autre homosexuels ne sommes pas des sauvages.

Bon, je ne suis pas totalement homo mais lui expliquer lui embrouillerait d'avantage l'esprit et elle doit déjà être bien perturbée la pauvre. Je joint mes mains sur la table et attends tranquillement que Liam passe sa commande.

Puis nous pouvons commencer une nouvelle discutions. Ce jeune homme m'a l'air plein de surprises. En tout cas, d'ici à ce que nous reprenions la marche dans le cortège, je compte bien essayer d'en faire un de mes lecteurs. Même si il ne lirait mes histoires qu'au second degré.