Histoire

Si Murphy est vraiment une loi, croyez le, il la subit plus qu'il ne la gère.
C'était en tout ce dont il était persuadé assis sur son canapé, un café tiédasse à côté de lui, une paire de chaussette dont une était trouée dans la bouche de son Tylton et une clope au bec. A la télévision passait un autre de ses vieux films romantiques dont il était friand, mais il n'avait pas écouté la moitié. Aujourd'hui, avec le temps un peu grisâtre avec une pluie ne semblant pas volontaire à s'effondrer, il était bien plus plonger dans ses pensées. Il se demandait très sincèrement quand est-ce que ça avait si mal tourné.

Est-ce que c'était depuis qu'il était passé de clown à animateur assigné à un stand ? Pourtant ce n'était pas le pire travaille et il pouvait se permettre un joli petit temps mort entre deux clients. Bon, même s'il devait souvent suivre pendant ses fins de mois avec des missions de ranger, il n'était dans la pire des situations... Non ce n'était pas ça qui avait déclenché sa nonchalance actuelle.

Ça devait être avant... Peut-être ce moment où il avait vu sa femme avec une autre dans leur cuisine. Il était rentré un peu plus tôt de sa journée, une mauvaise migraine et les yeux rouges à cause du pollen. Anna avait vite essayé de s'expliquer bien-sûr, et lui l'avait juste écouté sans réagir. Elle avait fini par lui reprocher leur mariage, sa stérilité et même d'avoir adopté Riley. Ça, ce petit mot n'était pas passé... et depuis, c'est vrai que c'était devenu compliqué à la maison. Mais ce n'était pas ce qui avait conduit, ce n'était qu'une conséquence.

Peut-être qu'elle avait raison et que d'avoir mis Riley dans leur vie avait été la pire des idées ? Après tout, elle avait été adorable durant toute son enfance mais maintenant c'était un véritable enfer. Sa phase de gothique ne s'arrêtait pas une seconde. Elle avait même annoncé que son premier pokemon serait forcément un Absol, par ce qu'il apportait le malheur et qu'elle adorait ça. C'était sa façon de vivre, et en soit, Murphy n'avait aucun problème avec ça... tant que ça ne provoquait pas de si fortes engueulades avec sa femme. Les deux femmes n'arrivaient pas à se supporter, et lui, il subissait au milieu...

Non, pour lui, elle avait été un rayon de soleil depuis qu'il l'avait sorti de la rue, ça venait donc d'un autre moment. Il passa une main dans ses cheveux en se demandant à quel moment ça avait pu se passer autrement. Est-ce que c'est le moment où il a sût qu'il ne pourrait jamais donner d'enfants ? Ça avait été un grand choc pour lui, quelque chose qu'au fond il n'avait jamais pu digérer... mais il l'avait tout de même mieux encaissé qu'Anna. Une fois, saoule, elle lui avait avoué qu'elle ne restait avec lui que par ce qu'il était le mari parfait, enfin, qu'elle l'avait cru parfait avant de savoir qu'il n'y aurait jamais une personne venant d'elle et lui dans leur petit monde. Depuis, Anna s'était éloignée et lui n'avait rien dit, gardant sa propre souffrance pour lui. Après tout, elle devait souffrir bien plus que lui... Il ne devait pas se plaindre. Alors il avait passé le cap.

Mais ce n'était pas le fond du problème, en tout cas clairement pas le seul... Il devait y avoir quelque chose de plus profond, d'encore plus lointain. Est-ce qu'il culpabilisait encore de ne pas avoir réussi à rester aux côtés de son frère dans cette baraque de l'enfer ? Avec les cris des deux hommes de la maison, la mère qui ne disait rien au fond de sa cuisine et lui qui ne faisait qu'écouter sans être vraiment là. Il avait fini par trouver ces bruits habituels. Même en sortant dehors, il les avait toujours en lui, il les entendait toujours comme des fantômes. Même aujourd'hui, parfois quand il ferme les yeux, il entend Chiel hurler contre leur paternel, et leur paternel hurler contre Chiel. Il détestait ça. Mais il ne détestait pas son frère, bien au contraire... C'était un peu comme le héros de son enfance à l'époque. Il était fort, capable de faire ses choix et de l'avouer.
Un jour, il avait dit à anciennement Titi qu'il aurait aimé faire comme lui. Il aurait aimé porter ses fringues, être aussi gueulard, vivre sa vie à fond... sans avoir besoin de l'aval de leur père. Peut-être que s'il porte ces genres de vêtements aujourd'hui c'est à cause de son frère aussi... C'est peut-être sa forme de rébellion à lui, le mieux qu'il puisse faire du haut de sa claire dépression.

Alors est-ce que c'était ça ? Il n'arrivait pas accepter le fait d'avoir quitter cette maison. Non, ça l'avait peut-être sauvé d'une véritable connerie, d'une bêtise qu'on ne fait qu'une fois par ce qu'il n'y a pas d'après.
En même temps, il ne pouvait pas rester là dedans. Pas après ce fameux jour où il avait rencontré Anna, qu'il s'était retourné vers son ami de toujours Bo' (paix à son âme, pauvre frère...)... pour lui dire comme cette personne était belle. Pas Anna mais bien le mec à côté. A ce moment, il avait douté, est-ce qu'il était comme son frère ? Peut-être est-ce pour se satisfaire d'oublier cet instant, mais il était de suite parti rencontrer la demoiselle qui était devenue sa femme. Quelques semaines plus tard, un peu avant ses dix-huit ans, il partait... il fuyait avant qu'une autre erreur comme cette phrase ne se fit. Vite, il oubliait et le voilà marié.

Il n'avait pas la force de son frère, il n'avait fait que fuir rapidement, fuir avant de subir plus, et d'être celui qui endurera les cris cette fois. Par ce qu'il n'y aurait pas survécu.

Au final, il ne vivait pas vraiment dans ce canapé... mais au moins, il survivait.
Le film était fini tiens... est-ce que c'est bien Don't Be Cruel la musique du générique ?