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Keros
FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES

En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite

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Le diable s'habille en Pravda

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Le diable s'habille en Pravda Mar 5 Déc - 2:34

Pavlenko Fyodor

Identité

NOM Pavlenko
Prénom Fyodor
Âge 37
Orientation Hétérosexuel

ORIGINES Strana
VILLE NATALE Magnetongorsk, une ville industrielle à Strana
DOMICILE ACTUEL Ambassade de Strana

ACTIVITÉ/MÉTIER Adjoint à l'ambassade de Strana
VOTRE ALIGNEMENT Neutre
CARTE DEMANDÉE Aucune

CHOIX POUR VOTRE ÉQUIPE Deux choisis

NOM DE L'AVATAR Russia - Axis Powers Hetalia

ton image
https://www.pngkit.com/png/detail/912-9126355_easter-and-spring-themed-kecleon-and-sableye-for.pngSauron
Niveau 45 Mâle Kecleon

Obtenu par Fyodor lorsqu'il était à l'armée, K4 puis Sauron n'est peut-être pas le pokemon le plus fiable en matière de combat, mais il est terriblement doué en matière d'infiltration et d'espionnage. Avec le temps, il a fini par se faire aussi hypocrite que son dresseur dans son attitude, n'hésitant pas à jouer un rôle

Camouflage Rafale Psy Ombre Portée Etreinte Grincement Clonage
Sazan
Niveau 6 Femelle Magicarpe

Capturée par Fyodor dans un lac de Keros

Trempette Hydrocanon Capacité III Capacité IV

Caractère

Doux, charmant, sympathique, diplomate... Voilà les termes auxquels les gens que tu croises t'identifient le plus généralement. Il est vrai que tu sais y faire, pour jouer ton rôle à la perfection. En tant qu’assistant à l’ambassade, tu es la vitrine du régime straniote aux yeux de tout le gratin kerosien, cet amas de nobles et de bourgeois sortis des plus grandes écoles privées pour au final s'amasser dans les soirées mondaines. Face à eux, tu joues volontiers la bête de foire dans ton splendide uniforme, racontant des jolies histoires à ces riches bercés par l'exotisme impensable d'un pays où des enfants d'ouvriers se hissent dans les plus hautes fonctions de l'État. Ces contes utopiques, ils savent très bien qu'ils sont faux, ou du moins ils en sont convaincus, mais tu parles si bien, avec ton air agréable et accessible, qu'ils s'émerveillent malgré tout.

Ce qu'ils ne savent pas, c'est que comme pour ta terre natale, ils n'en voient qu'une façade, une affiche de propagande pétillante dissimulant une vérité terrible, grise, aussi dure que le béton et aussi glaciale que le vent qui matraque les terres gelées de son Orient. Foutu serpent que tu es, à tapir dans l'ombre des étoiles de ton uniforme une poigne de fer. Bien peu sont au courant des torrents de sang et de larmes qui coulent sous la neige immaculée des cartes postales, et bien que tu en fasses partie, ce macabre spectacle ne te dérange en rien. Il est parfaitement justifié après tout, jamais le Parti n'oserait donner de bons camarades à l'appétit dévorant de la steppe, non ?

Relais du parti, tu l'es aussi à l’ambassade, bien aidé par ton expérience faible mais de haute volée dans les plus hautes sphères de l'Etat straniote. Tu contrôles tout ce que tu peux. Tout voir, tout savoir, tout surveiller. Rien ne doit t'échapper et tu y veilles particulièrement. Traqueur patient, tu sais suivre ta proie autant de temps qu'il le faut. Tu la charmes, gagnes sa confiance dans l'attente du mot de trop, de la preuve qui te permettra d'avoir une raison d'agir plus tard... Quand elle s'y attendra le moins, de préférence. Oh oui que tu les aimes, ces petits traîtres, quand tu poses tes doigts sur eux, quand ils sursautent, qu'ils crient terrifiés... Ils sont adorables au moment de leur soutirer des aveux, quand tu te charges toi-même de le faire. Tous ceux-là qui fuyaient Strana te supplient en se soumettant. Et toi tu tapes encore, toujours plus heureux de constater leur traîtrise, t'amusant à faire garder l'espoir de vivre aux cadavres en devenir qu'ils sont désormais sous ton emprise. Ils ne pourront échapper à la logique du Parti, et toi non plus...

En effet, tu es une coquille vide, réceptacle d'une idéologie qui t'a construit, remplissant ton vide sentimental par une logique froide, partisane. Et cela, ça t'empêche d'avoir l'esprit tranquille. Même quand tu t'amuses à faire ton macabre travail, même avec les gens que tu apprécies, que tu considères comme proche, tu as peur. Une peur terrible de ne plus avoir cette impression de contrôle. Pas vraiment une phobie, plutôt une crainte plus insidieuse qui, si elle n'était pas forte, te forçait à garder une certaine méfiance avec les autres. Comment ne pas être paranoïaque, ne pas imaginer des complots potentiels partout, quand tu as trahi et éliminé tant et tant de gens par ces méthodes fourbes ? Un jour peut-être, tu pourras t'allonger et t'endormir l'esprit tranquille Fyodor, peut-être un jour...

Physique

Tu es robuste : 2m08 rendus encore un peu plus denses par l’entraînement militaire. Un Seviper bien caché sous une carrure d’Ursaring. Il va sans dire que tu sais jouer de cette grande taille pour intimider les esprits impressionnables. Et pourtant parfois elle te joue des tours : les portes du métro sont trop petites, les marches d’escaliers trop fines, pleins de petits désagréments que tu affrontes sans montrer ton agacement.

Cela fait longtemps que ton visage n’est plus le reflet de tes véritables émotions. Un véritable masque changeant, pouvant s’illuminer sans jamais refléter le véritable Fyodor, emprisonné depuis des années derrière le théâtre dirigé par les pupilles violettes du commissaire. À vrai dire, l’expression « un gant de fer dans une main de velours » te convient parfaitement bien. En effet, tes mains marquées tant par le froid que par les coups donnés sont en permanence cachées par des gants fins, le plus souvent blancs, de manière à ne donner aucun signe de ta rudesse au monde extérieur.

En tant qu’adjoint à la sécurité et gradé de la police d’État, tu ne ressembles absolument pas à un diplomate lambda. Constamment, lors des situations officielles, dans un uniforme bien dressé, tu affiches une allure martiale qui est à peu près l’inverse de la manière dont tu t’habilles dans tes « excursions ». Au cours de celles-ci, tu portes généralement des vêtements lambda, pouvant aller du maillot de sport au polo-jean. Si la situation le réclamait, tu serais sûrement capable de te déguiser en grand-mère comme le Lougaroc du conte pour enfants.

Histoire

Tu es né bien loin de la fumée des guerres révolutionnaires, plutôt à côté de celle des immenses aciéries de ta ville, une des plus grosses régions industrielles de tout Strana. Îlot de béton au milieu de la montagne, marqué par des kilomètres de chemins de fer, acheminant sans arrêt des cargaisons colossales de minerai depuis les mines de la périphérie jusqu’à ces monstres de feu et de charbon qui l’engloutissent pour en sortir des barres de cet acier rutilant dont s’enorgueillissent les autorités. Qu’elle semblait parfaite, la glorieuse cité de Magnetongorsk, sur les affiches de propagande colorées montrant des ouvriers heureux, qui construisaient le communisme, disait-on.

Cette ville, tu l’apprécies malgré le froid qui y règne, malgré l’hostilité apparente des rangées d’immeubles gris qui la forment, faisant ton sur ton avec les monts chargés de fer qui les dépassent dans ton champ de vision. À peine as-tu su marcher que tu arpentais déjà les rues ternes et maussades pour aller jouer au football avec les enfants du voisinage. Ton père t’avait même inscrit à un club, en espérant que tu marches dans ses traces plus tard.

“Mon papa, c’est le meilleur joueur de football du pays !” que tu racontais fièrement à ton école, suscitant l’admiration de tous tes petits camarades à qui tu parvenais à obtenir des autographes, qui finissaient sans doute précieusement encadrés dans la chambre de ces enfants ravis de les afficher pompeusement à côté d’un poster de la star locale. Il faut bien admettre qu’il était doué, ton papa, avec un ballon du moins. Tout le monde à Magnetongorsk connaissait Vassili Pavlenko, le capitaine et gardien de but du Metallurg, club nommé en l’honneur des installations métallurgiques d’où provenaient la plupart des supporters. On disait qu’il était un leader né qui pouvait remporter la victoire même avec dix Magicarpe sur le terrain comme équipiers.

Tellement que ton père était fort, il voyageait avec son club dans tout Strana afin d’affronter divers clubs de l’élite du football de ce vaste pays. Bien sûr, tu étais content lorsqu’il te ramenait le maillot d’un de ses adversaires, le plus souvent des gardiens, évidemment puisque comme lui tu jouais à ce poste dans ton équipe de jeunes, mais au final il n’a pas eu si grande importance sur ton éducation du fait de ces absences répétées. Ceux qui t’ont réellement élevés, c’est d’abord ta mère Iekaterina, travailleuse dévouée qui consacrait ses efforts à l’entretien du foyer et ton éducation à peine rentrait-elle du travail, mais aussi son frère, l’oncle Ilya.

Lui était un convaincu du parti. Quand, sortant de l’usine d’acier où il dirigeait la cellule du parti, il passait à la maison saluer sa chère soeur, il te racontait les merveilles qu’il avait lues dans les livres de propagande. C’est lui déjà, pas ton père, qui t’a conté la merveilleuse épopée familiale, comme quoi ton grand-père était mort en héros à la guerre. À chaque fois, des étoiles luisaient dans tes yeux. Il te parlait d’autres choses aussi : un jour, il t’a offert une carte postale représentant un champ de blé. Tu l’as encore avec toi aujourd’hui, d’ailleurs. Il t’a dit “Regarde, Fyodor, ces champs d’or, dans certains endroits de notre pays ils s’étendent jusqu’au bord de l’horizon, là où fleurit l’aurore qui les abreuve de ses rayons”. Il t’avait promis de t’emmener les voir un jour qu’il serait à la retraite.

Il était gentil tonton Ilya, mais dès que papa était à la maison les deux finissaient par s’engueuler, malgré les cris de ta mère qui cherchait à faire stopper le tintamarre des deux braillards en les séparant. Ton père, il te disait qu’il fallait pas l’écouter, tonton, qu’il disait n’importe quoi. Il n’aimait pas l’influence qu’il avait sur toi. Il se méfiait du parti même, et un jour il t’a pris à partie dans ta chambre pour te dire un truc bizarre. Il parlait d’autres pays. Il t’a dit que quand il est parti jouer à l’étranger dans des coupes avec son club il avait vu la réalité, que ce que dit le parti n’est pas forcément vrai. Tu n’avais pas compris pourquoi il te disait ça, et tu as juste acquiescé comme le petit enfant que tu étais sans pourtant y réfléchir vraiment.

Et puis, il y a eu cette coupe des clubs du continent, organisée à Keros, quand tu avais dix ans. Les joueurs pouvaient emmener leur famille, et, pour la dernière grande compétition à laquelle il participerait, ton père t’avait emmené avec ta maman. Tu as vu alors comment c’était en dehors de Strana. Ton père avait beau te dire “Regarde Fyodor, les gens ici sont libres”, tu ne saisissais pas. Quelle différence entre les gens que tu voyais dans les rues kerosiennes et ceux qui vivaient leur vie à Magnetongorsk ? La seule différence que tu voyais, c’était la noblesse de Keros. Lors de la finale, qui opposait Strana à Keros, tu étais dans les tribunes VIP, pas loin des sièges réservés aux gens importants de l’Empire. Presque tous des nobles, avec leurs manières bizarres, leurs habits huppés que même les cadres du parti étaient loin d’égaler à Strana. Ils t’intriguaient, ces gens qui semblaient venus d’un autre monde, mais à peine les joueurs furent-ils entrés sur le terrain que tu avais oublié pour soutenir l’équipe de ton papa.

Quatre-vingt-dix minutes plus tard, tu n’étais plus juste le fils du gardien de but du Metallurg Magnetongorsk, mais celui d’une légende sportive de stature internationale, au même titre que des gens comme Zinédine Zigzaton ou Cristiano Ronaldodrio. Tu avais couru sur le terrain pour le prendre dans tes bras dès le coup de sifflet final, profitant de l’instant, bien loin de te douter que c’était une des dernières fois que tu le verrais. Dans l’aéroport de Bronswick, alors que tu t’apprêtais à monter dans l’avion qui ramenait l’équipe et leurs familles à Strana, ton père est venu te voir, l’air pressé. Il t’a dit plein de choses que tu ne comprenais pas sur le coup, à quel point il t’aimait. Puis il a parlé à ta mère qui s’est mise à pleurer, l’embrassant une dernière fois avant de s’en aller.

Pendant longtemps, tu l’as attendu, préférant te refuser à reconnaître la vérité pour croire qu’il avait simplement pris un autre avion, ou qu’il avait eu un problème à Keros, ou n’importe quelle autre raison qui aurait justifié son absence si longue. Chaque jour un peu plus longue. La saison suivante, sans aucun mot dans les journaux, le club avait changé de gardien. Tout le monde semblait avoir oublié ton père comme par magie, comme si on avait voulu l’effacer de l’histoire et des mémoires.

Sans figure paternelle, tes projets de t’entraîner encore plus pour suivre ses traces s’envolèrent, ou plutôt tu les avais mis à la poubelle. En sortant de l’école, au lieu de courir vers le stade du quartier, tu te mis à fréquenter les organisations de jeunesse du Parti. Ce même Parti qui allait peu à peu se mettre à organiser ta vie, tes pensées, le seul à obtenir ton obéissance pleine et entière.

Ce n’est pas ton oncle qui allait te pousser à faire autre chose. Au contraire, il applaudissait chacun de tes exploits parmi les Pionniers du Parti. Une fois que tu avais ramené une médaille obtenue avec toute ton équipe, il t’avait emmené à l’aciérie lors d’une inspection d’État, pour te présenter fièrement au maire de la ville, également un des membres les plus influents du Parti dans la région. Ce dernier, te couvrant d’éloges, t’avait alors donné un badge représentant un drapeau rouge que tu allais garder en guise de souvenir, mais surtout cela a renforcé ta conviction à vouloir travailler pour le Parti.

Tu redoublas d’efforts dans les Pionniers, bien aidé par tes qualités de meneur d’hommes et de dialogue. Rapidement hissé au rang de commandant de ton équipe dans le système quasi-militaire des organisations de jeunesse, tes camarades t’y respectaient et tu le leur rendais en les menant à la victoire dans plusieurs compétitions. Sans surprise, le jour de ta majorité tu te rendis toi-même au siège du parti pour y adhérer, avant de rentrer fièrement à la maison pour montrer ta carte à ta mère.

Sur les conseils maternels, tu te préparais à faire des études en vue de devenir un des milliers de bureaucrates straniotes, engrenages silencieux et invisibles de la complexe machine qu’était l’État. Le fait de passer tes journées dans un bureau à faire de la paperasse sous l’œil bienveillant d’un portrait du Guide suprême accroché au mur ne te déplaisait guère, mais le destin t’avait réservé tout autre chose.

Un jour, un officier de l’armée vint toquer à ta porte. En regardant à travers la petite ouverture de celle-ci pour voir qui c’était, ta mère se mit à paniquer, pensant se retrouver bientôt dans un train vers la steppe gelée à cause de ton père. Tu n’en savais rien à ce moment, mais l’avenir te donnerait bien des manières de le comprendre. Après s’être recoiffée et pris une grande respiration, elle ouvrit la porte pour laisser entrer le soldat, qui annonça être là pour te voir. Grâce à ton rôle dans les pionniers qu’il avait participé à encadrer, il te proposait un poste dans son régiment. Sans le laisser expliquer plus, tu acceptas, fier et exciter de pouvoir entrer dans la glorieuse armée révolutionnaire du Parti.

La troupe du Camarade-Capitaine Gradziantski était loin d’être la plus prestigieuse de l’armée. Il s’agissait d’un corps d’éclaireurs destinés à identifier les troupes ennemies plutôt que de prendre part au feu de l’action. Se cacher, patrouiller, et observer, voilà ce que vous aviez à faire. Loin de l’épique promis par les films de propagande, mais tout ça te convenait parfaitement.

C’est dans le cadre de cette affectation que tu as reçu ton pokémon, considéré comme un simple outil à même de t’assister sur le terrain, mais qui allait rapidement devenir ton complice le plus proche, sur lequel tu pourrais toujours compter. On t’avait bien vite formé au dressage et au combat, avec ce Keckleon à l’origine nommé de manière parfaitement bureaucratique K4, puisque tu étais le quatrième de la troupe à en posséder un. Il t’accompagnait dans les opérations, bien aidé par sa faculté à se fondre dans le décor, malgré sa bande qui restait visible. Lors d’exercices, tu avais même développé une technique infaillible. Tu accrochais des micros à celui que tu avais fini par surnommer Sauron, reliés à ta radio de campagne, puis tu l’envoyais derrière les lignes adverses pour écouter les officiers du camp adverse et disposer de leurs plans.

Une technique infaillible, qui te valut bien des félicitations, mais qui ne suffisait pas à ta soif d’expérimentations. Si ça fonctionnait sur le champ de bataille, pourquoi ne pas le tester dans les casernes ? Ça marcherait tout aussi bien. Et tu te mis à écouter des camarades de régiment à l’aide de ton pokémon, juste pour t’amuser, puis tu entrepris de faire de même avec le Camarade-Capitaine. Tu ne t’attendais pas à grand-chose, mais ce que tu découvris fut intéressant. Ce cher Gradziantski recevait tous les jeudis soirs un officier local de la milice, et les deux s’échangeaient diverses faveurs contre de l’argent. Une méthode de corruption bien ficelée, mais qui s’effondra lorsque tu « convias » le commissaire politique du régiment à une séance d’écoute un jeudi, qui se termina par l’arrestation de celui qui t’avait repéré et donné ta chance dans l’armée. Malgré tout cela, tu te félicitais d’avoir débarrassé le Parti d’un dangereux ennemi. Mieux encore, enfin si on pouvait le dire comme ça, tu te vis offrir en récompense, en plus d’une médaille, un poste au sein de la prestigieuse police d’État, chargée de débusquer les traîtres et contre-révolutionnaires de tout poil.

Ta première mission une fois là-bas, tu t’en souviens comme si c’était hier. Tu devais traquer un adolescent ayant vendu une partie de la récolte de sa ferme sur le marché noir. Le pauvre jeunot ne devait pas avoir plus de seize ans, mais ça ne t’empêcha pas de le repérer, de l’attraper, et de le torturer à base de coups de poings jusqu’à ce qu’il avoue, et qu’il dénonce quelques complices au passage. Tu t’étais montré ouvert à le laisser partir s’il collaborait, mais tu ne pouvais pas décemment tolérer un ennemi de la révolution dans la nature. « Sabotage, activités contre-révolutionnaires, ainsi que contrebande. Embarquez-moi ça, qu’il aille se faire rééduquer dans la steppe ». Cette phrase avait provoqué gémissements et suppliques inutiles chez ta victime, mais plus ils résonnaient dans tes oreilles, plus tu jubilais intérieurement. Ce plaisir que tu avais déjà ressenti en le tabassant, en le torturant, il était encore plus fort maintenant. À ce moment, tu compris ce que tu aimais vraiment dans ce travail. Pouvoir dominer, contrôler, jouer avec tes proies puis les briser dans le creux de ta main.

Ta fourberie, associée au zèle provoqué par le cœur que tu mettais à l’ouvrage, te firent remarquer, et tu ne tardas pas à monter en grade, pour devenir un des plus jeunes espoirs de la Police d’État, un individu destiné à traverser les décennies à moins d’être englué dans une purge comme il en arrivait bien souvent. À 24 ans tu étais fait officier. À 26, tu ne devais plus surveiller que les gens du Parti. À 28, on te fit assez confiance pour te charger d’espionner les membres même de la Police d’État, bien évidemment sans le faire savoir à tes collègues. Il faut dire que par tes actes tu t’étais attiré les faveurs du Commissaire du peuple à la sécurité de l’État, un des hommes les plus influents du Politburo, à tel point qu’il te protégeait, et que tu consentais à ne pas porter ton attention sur ses autres amis. Ce protecteur, bien qu’il n’eut probablement pas totalement conscience de ta pleine nature, avait su t’offrir le plus merveilleux des postes à tes yeux. Les agents de la police d’État, même les plus corrompus, connaissaient les combines de la surveillance, et tu ne pourrais les faire tomber sans innover et planifier longuement tes méthodes de surveillance. Pour un esprit malade comme le tien, plus l’attente était longue, plus tu pouvais jouer avec ta future proie, et plus le plaisir que tu obtenais à les voir te supplier en vain, puis à les torturer pour en soutirer des aveux emplissait ton cœur vicié en un torrent de délectation.

Ton intégration au sein des factions d'influence dans la capitale straniote te fit accéder à un nouveau statut social. Depuis, ton adolescence, toute ta vie, tes relations, tes rapports avec le monde se faisait soit au travers d'un prisme absolument martial, limitant les rapports entre camarades d'armes au strict nécessaire, et à des discussions emplies de banalité la cigarette à la main sur le perron du bâtiment où tu travaillais. À la place, tu fus jeté dans le grand bain des réunions, des réceptions, des fêtes entre apparatchiks. Au vu de ton bagou et de l'habitude que tu avais prise de paraître et laisser paraître pour mettre la corde au cou de tes proies, tu n'eus pas vraiment de souci à te fondre dans la masse. Ton poste, tu savais parfaitement à qui tu le devais, et à quelle vitesse il pourrait te le reprendre. Tous ces amis que tu t'étais fait, avec tu riais, mangeais, buvais plusieurs fois par semaine, en la présence de ton mentor, tu les appréciais sincèrement. Ce n'est pas pour autant que tu rechignais à leur offrir des vacances orientales bien méritées dès lors que le Patron ne les soutenait plus. Tu étais si loyal que bientôt tu te mis à l'accompagner dans ses déplacements, sécurisant ses trajets. Un garde du corps bien plus puissant qu'il ne le devrait, tu jouais aussi ce rôle pourtant impensable dans n'importe quel pays qui se dirait démocratique.

Le plus beau coup de filet de ta courte carrière fut l’arrestation de Sergueï Demchenko, un officier fort respecté et dont personne ne doutait de l’honnêteté. Toi-même tu n’avais rien pu trouver de spécial à son sujet, à part un témoignage de ton protecteur, suffisant pour déclencher une arrestation, de lui et tout son service. Pendant des jours tu l’as frappé, privé de nourriture, de sommeil, d’eau, jusqu’à ce qu’enfin il passe aux aveux. Lors d’un procès mené à la hâte, il plaida coupable de complot contre l’État, dénonçant au passage une flopée de ses employés, dommages collatéraux d’un règlement de comptes au sein du parti dont tu te refusais à dire la réalité.

À partir de là, ta réputation était fort ambivalente au sein d’un Parti et d’une Police d’État qui te respectaient autant qu’ils te craignaient. Les grands noms connaissaient désormais tous ton nom, et le serpent qui se terrait derrière ton masque de bonhomie, même si ça n’empêchait pas certains de se faire avoir au détour d’une conversation naïvement développée en la présence de ce Keckleon espion qui t’accompagnait encore et toujours.

Véritablement, ta carrière semblait approcher son zénith, mais un élément vint changer la donne. La mort du Commissaire du peuple à la sécurité de l’État dans un accident d’avion fort suspicieux rendit ta position bien précaire, et tous tes réseaux d’informateurs ne te furent d’aucune aide face à la peur que tu suscitais parmi les hautes sphères straniotes. Peut-être craignaient-ils que tu disposes d’informations compromettantes à leur sujet, ou alors ils avaient tout simplement décidé d’être cléments, mais tu ne fus pas envoyé à la steppe auprès de tes victimes par le Politburo, comme certains de tes amis que bien intelligemment tu évitas d'appeler comme tels dès que la machine d'Etat a posé son regard contre vous. Peut-être qu'ils avaient peur d'informations que tu détenais, ou alors ils voulaient enterrer tout ça. On t'écarta de manière plus souple, avec un passeport diplomatique et un poste à l'étranger : Adjoint à la Sécurité d'État au sein de l’ambassade straniote à Keros. Incroyable qu’ils te disaient les apparatchiks, ils te félicitaient, et tu les remerciais avec un sourire radieux dans ce jeu de dupes. Ils savaient aussi bien que toi que sous cette apparente promotion ils avaient réussi à t’écarter de manière définitive des intrigues de pouvoir qui se tramaient à la capitale, et probablement que quelques uns d'entre eux ont passé des nuits bien plus calmes à partir de ce moment.

La perspective d’obtenir un poste à Keros était loin de te réjouir. C’était là que ton père t’avait abandonné, et toute cette diaspora de fuyards installée si loin de Strana, tu voulais la traquer, l’abattre, l’anéantir. Cette envie de vengeance et d’assouvir tes pulsions de tyran tortionnaire ne fut que renforcée lorsque tu appris que ton lâche de père avait joué après sa fuite plusieurs années dans des clubs de l’élite du football kerosien sans être inquiété outre mesure. Ça tombait bien, à ce nouveau poste tu pouvais gérer presque comme bon te semblait les dissidents capturés, sans grandes conséquences. Il y avait bien l’Ambassadeur, un général pompeux ayant gagné ses galons dans la Grande guerre, qui pouvait te stopper. Cependant, outre le fait que tu le considères comme parfaitement incompétent en dehors du dressage de pokémon, il te laissait une large autonomie sur le traitement des prisonniers. Au milieu de toutes les affaires classées secret défense dans lesquelles trempaient l’ambassade, la torture de traîtres ne représentait pas grand chose, à partir du moment où elle se faisait assez discrètement pour éviter tout incident diplomatique

Cela fait désormais deux ans que tu sers ainsi le glorieux régime du Parti au sein de Keros, appliquant dans l’ombre tes méthodes monstrueuses de manière systématique à l’encontre de tous ces chiens qui osent trahir, alors qu’à la lumière du jour tu es un honnête et agréable diplomate qui ne rechigne pas à se faire bien voir de la haute société kerosienne. Oui, en pensant te priver des intrigues politiciennes, on t’a en réalité accordé le droit de t’amuser à l’abri des purges. En deux ans, tu as réussi à te faire un petit cercle d'amis au sein de l’ambassade, véritable représentation miniature de Strana, mais dans laquelle c'était désormais toi le chef de faction. Un jeu d'influence bien moindre certes, principalement destiné à obtenir les faveurs de l’ambassadeur, et pourquoi pas à le remplacer, si l'occasion se présente, ou se construit.

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Re: Le diable s'habille en Pravda Mar 5 Déc - 3:30

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Re: Le diable s'habille en Pravda Mar 5 Déc - 13:52

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