Toujours la même chose, toujours le même scénario. Ton psychologue, derrière son bureau en bois de pin et te toisant longuement de son regard azur - la main prête à mettre sur papier la moindre de tes réactions. Dans ton cas, tu es assis dans un fauteuil verdâtre peu confortable - les bras croisés et plus occupé à observer la clinique sous les moindres détails qu'à porter ton attention à l'humain. Le silence est palpable, n'ayant que les tic-tacs de l'horloge pour le briser. Cela te permet de savoir depuis combien de temps vous êtes comme ça.

12 minutes, cela faisait 12 minutes que tu avais ignoré sa question. Et cela suffit pour que l'homme lâche un long soupire, exaspéré par ton habituel entêtement. L'humain à la chevelure poivre-et-sel commence à écrire quelques notes sur ses papiers immaculés. Mais tu deviennes que cela n'est en rien différent de toutes les autres fois où tu es venu. Le psychologue continue, et à chaque fois, tu y réponds par ton mutisme ou par des répliques sèches pour couper court à la conversation.

Ces rendez-vous t'agacent, ils ne sont là que pour t'enfermer avec un humain pour au moins une bonne heure. Ils veulent que tu fasses confiance à cet humain et que tu lui parles, mais jamais. Au grand jamais tu ne t'ouvriras à un humain. Encore moins un qui aurait le pouvoir de totalement reprendre toutes tes libertés. Ainsi, tu fais de ton mieux pour ne pas imploser, pour ne pas empirer ton cas.

Tu sais que cela exaspère aussi l'humain à force.
Au moins tu n'es pas seul à détester cette situation.

La consultation prend fin, une nouvelle t'as été donnée sur un papier. Ni une, ni deux, tu quittes bien vite les locaux et tu jettes la feuille de consultation. Tu n'as pas besoin de ça. Et ainsi, tu te presses de vite rejoindre ton frère et l'Etourmi qui t'attendent discrètement dans les environs du bâtiment.

▬  ...On y va.

Tu as besoin de prendre l'air, d'être loin de la ville.

... Tu te pensais à l'abri au Lock Nowih, ou du moins loin des humains qui viennent te déranger avec des concepts humains. Mais non, un humain s'approche de toi. Déblatérant longuement, ne pouvait-il pas faire simple et concis ? Tu es heureusement assez concentré pour saisir l'ensemble de ce qu'il te dit, mais il n'en change pas que cet humain parle trop, mais surtout de manière trop élaboré. Tu n'aimes pas ce genre d'humains, car leur parole sont souvent trompeuse ou dans le but de flatter (et cela peut aller dans le sens de se lancer soi-même des fleurs... Tu as bien connu ça durant ta captivité de 3 ans). Bref, cet étrange humain donc...

Tu l'écoutais d'un froncement de sourcils, devant les informations qui t'étais données. Ton nouveau médecin ? Est-ce que le vieil homme en aurait finalement eu assez ? Tu restes toujours sur la défensive, alors que Bràthair se met derrière toi - comme pour assurer ta protection devant le dénommé Orkas Al Khalid. Brisg, quant à elle, observe curieusement le trio - toujours à l'abri dans tes bras.

On te pose donc la question, et sans réel intérêt dans le sujet, tu soupires avant de simplement répondre machinalement - à force d'entendre les termes être employé encore et encore depuis des années. Tu les dictes juste, avec indifférence.

▬  ...Trouble explosif intermittent. Syndrome du Saveur. Pistanthrophobie. Misanthropie.... Ca s'arrête là.

Tu ne précises rien, mais il est vrai que la majorité est assez vrai sur ton cas. Il y a évidemment des nuances dans certains cas, mais dans l'ensemble c'est comment on t'as souvent diagnostiqué. Tu ne dis rien de plus.

Tu le laissais parler, tu le laissais déblatérer avec une certaine indifférence. Tantôt tu avais déjà entendu auparavant ce qu'il te dit, tantôt tu en as cure de son avis sur tes "problèmes" comme le disent souvent les autres humains. Mais tu ne vois pas les choses de cette façon, ton comportement ne t'a jamais dérangé. Pire, ton comportement est ce qui te protège le mieux de la malice humaine.

Mais les dernières questions te forcent un froncement de sourcils. Tu aurais pu lui offrir le silence, mais il y a un détail qui t'en empêche. Ce même détail qui pousse Zoroark à grogner derrière toi, tout aussi offensé par la possibilité de médire vos parents. Ainsi, tu répliques d'une voix plus sèche :

▬  Agacement. Une forêt. Et AUCUNE maltraitance.

Tu voulais être clair sur ce point, mais avant que votre conversation ne puisse continuer, les Pokémons sauvages semblent en avoir décidé autrement. Tu ne sais pas vraiment ce qui a mené le Grelaçon à s'en prendre à ton frère en lui faisant une Charge dessus, mais la scène te pousse presque à un soupire. Et c'est reparti pour un tour. Comme toutes les autres fois, Bràthair n'allait pas se laisser faire et allait très vite en découdre avec le Pokémon Glace. Et tu vas le laisser faire.

Les lois de la nature sont ce qu'elles sont.

Tu fais tout de même en sorte d'avoir Brisg à l'abri dans tes bras, tu ne voudrais pas qu'une Attaque Glace vienne sur elle par inadvertance... Ou n'importe quelle coup en fait. Ainsi avec un sourire carnassier, Zoroark se prépare à éradiquer le Pokémon Glaçon. Et cette fois il n'y avait pas le type Fée pour le ralentir de son annihilation ! Le Pokémon Ténèbres se prend l'attaque, non sans faire Aiguisage au passage.  

Confiant d'avoir touché le sombre Pokémon, le Grelaçon semble bien lancé sur une Morsure... Sans vraiment se rendre compte que son adversaire est de base du genre à encaisser les coups... Pour mieux répliquer. Oui, exactement comme ce qu'il est en train de faire en ce moment. Bràthair esquisse un sourire mauvais alors qu'il faire abattre de pleins fouet un Tranche-Nuit sur le Pokémon accroché à lui. L'impact est des plus fracassants à cause de la précédente préparation.

Mais le Pokémon sauvage n'en démord pas. Cette fois-ci il est prêt à braver les coups - usant de Abri pour se protéger du second Tranche-Nuit qui lui allait lui tomber dessus. Le Pokémon Glace n'allait pas se laisser battre aussi facilement, il devait après tout protéger la pauvre Barpau face aux deux Pokémons !

Tu pourrais être touché par sa détermination à protéger son prochain, mais tu ne sais rien de ce qui se trame dans l'esprit du Pokémon sauvage malheureusement. Et du côté du Zoroark... Même s'il avait sa petite idée - il s'en fichait royalement des raisons du Grelaçon. Une agression est une agression, et lorsqu'on s'en prend à lui... Il faut apprendre à assumer ses actes jusqu'au bout ! Ainsi, Bràthair continue ses attaques sans vraiment faire attention à ce que prépare le Pokémon sauvage.

Et ce que ce dernier prépare... est une Avalanche ! Tu te permets d'afficher une mine étonnée en voyant l'Attaquer arriver. Surtout qu'elle te vise toi aussi. Ni une, ni deux, tu te relèves bien vite de ta position assise pour sortir du champs de l'Attaque Glace - plus pour protéger l'Étourmi avec toi que pour ta propre sécurité.

Ton frère se prend l'Attaque avec le même choc, ne s'attendant pas à une certaine puissance de la part du Pokémon sauvage. Grandement blessé par ça, c'est pourtant le dernier de ces soucis. Alors que ça ce petit Glaçon se trouvait malin à entraîner son petit frère et une de ses protégées dans le combat hein ? Plus aucune pitié dans ce cas. Le combat continue de plus belle, mais avec Zoroark qui arrête de jouer franc jeux et simplement réduire à néant le Grelaçon devant lui.

Ce dernier tente tant bien que mal à se défendre avec des Abri et contre-attaquer comme il le peut, mais il avait clairement énervé le mauvais Pokémon. Bràthair est actuellement plus proche d'une bête sauvage que du frère aîné protecteur. Tu grimaces légèrement à cette vague de violence. Il semblerait que le TEI est de famille... Le Pokémon sauvage est finalement projeté dans l'étendue d'eau pour y disparaître sans remonter à la surface... Tu ne sais pas trop quoi y penser.

Ton frère ne dit rien, revenant tranquillement à vos côtés. Observant juste d'un coup d'oeil pour voir si vous allez bien avant de simplement s'allonger près de toi pour se reposer, que ce soit pour son corps blessé que pour calmer les ardeurs de sa colère de toute à l'heure. Tu le caresses de manière incertaine.

L'humain semblait se débrouiller tout seul comme un grand, bien, tu n'avais pas envie d'aider aujourd'hui. Ton "Syndrome du Héros" dépend très facilement de ton humeur... Du moins lorsque cela concerne les humains. Certains diront que ce n'était qu'un Barpau et qu'en général il n'y a rien à craindre d'un Pokémon aussi faible... Mais justement, il y a parfois des exceptions qui peuvent rendre des situations assez dangereuse. Tu n'as jamais vraiment cherché à savoir comment cela fonctionnait, mais il arrive que de même Pokémon se retrouvent avec des capacités totalement différentes voir quasi-inédites. Mais bon...

Là n'est pas le sujet.

Tu écoutes donc silencieusement la satisfaction de ton nouveau médecin, tu ne dis rien lorsqu'il mentionne les concours. Ton frère le fait très bien à ta place, en pestant lourdement dans sa barbe alors qu'il lèche ses blessures. La mise en spectacle de ses congénères pour le prestige humain fait parti des choses qui l'exaspèrent le plus. Le pire est sûrement ceux qui altère l'apparence de leur Pokémon avec des couleurs ou des accessoires en tout genre. Tu te souviens que les humains t'avaient déjà parlé d'un Pokémon, présent hors des Innerlands, qui était la plus grosse 'victime' de ce besoin de changer l'apparence pour l'esthétique humaine.

Tu n'es plus certain de son nom, mais il semblait que c'était Couafarel...?
Ton esprit retient surtout les apparences affreuses que lui donnent les humains.

Bref, passons.

Tu rattrapes machinalement ce que l'humain vient de te lancer, lui accordant un bref coup d'œil pour voir de quoi il s'agissait. Une potion bien entamée. Ton regard ambré se dirige à nouveau vers le dénommé Orkas, avant de lui faire un signe de tête et lui dire, avec une légère confusion dans ta voix :

▬  ... Merci.

Avant de commencer à utiliser ce qu'il reste sur le Zoroark. Celui-ci peste un peu - n'aimant vraiment pas avoir des produits humains sur lui. Mais il abandonne très vite en sachant pertinemment que c'était ça ou vous serez encore ici pour des jours durant le temps qu'il se remette de ses plaies.

Ainsi fait, tu as tout de même quelques instants d'hésitation avant de demander.

▬  C'est terminé ..?

Autant savoir si tu pouvais ou non vaquer à tes occupations. Loin d'humain.
Et il te semble que l'humain a eu les informations qu'il voulait, non ?

Enfin, tu connais rien de ce que font les médecins, donc tu n'es pas certain.
Mais si le médecin a besoin d'autres choses, autant le faire rapidement.

Pas fini, mais fini ? Bon, temps que c'est terminé pour aujourd'hui... Tu n'écoutes et questionnes pas plus le médecin. Certes tu as entendu ses impératives et ses instructions pour le prochain rendez-vous. Si tu étais aussi farceur que ta famille, tu serais presque enclin à faire exprès de ne pas venir et certes toujours avoir ces terribles séances... Mais au moins pas enfermé entre 4 murs. Néanmoins tu ne feras pas ça, tu sais que cela risque d'avoir des répercussions sur ta liberté.

Donc autant ne pas empirer ton cas.

▬  ...Au revoir, dans ce cas.

Dis-tu simplement, avant d'aider ton frère à se relever. Le jappement de la Malosse t'arrêtes cependant dans ton action de partir. Tu la fixes longuement, avant de simplement lui offrir un hochement de la tête et une bref caresse derrière l'oreille. Tu peux entendre le Zoroark pester derrière toi, désireux du même traitement. Tu roules instinctivement des yeux avant d'en faire de même pour le massif Pokémon.

Une fois parti, un long silence se fait sur le chemin.
Mais tu le brises très vite avec une question pour Bràthair et Brisg :

▬  ... C'est sur quelle lune un mercredi...?

Tu risques de bel et bien louper ton prochain rendez-vous.
Et même pas intentionnellement pour le coup...