Séraphin s'excuse, se défend, prétend que la chose ne valait probablement pas le coup et Cécil arque un sourcil. Ca-... N'avait pas l'air d'être quelque chose d'inintéressant à en juger par son entrain. Le coordinateur aimerait insister sur ce point, lui souffle tout de même que ce n'est pas grave, mais son interlocuteur n'a pas l'air à l'aise avec l'idée, prend une gorgée de sa boisson et laisse planer le silence. De telle manière que Cécil ignore s'il doit reprendre la parole. S'il doit le rassurer ou changer le sujet pour dissiper la gêne.
Mais alors qu'il sirote sa boisson, le regard perdu sur le liquide ambré, Séraphin prend les devants, lui propose de lui ré-expliquer, cette fois-ci dans sa langue natale et en des termes plus simples. Le kalosien se redresse à cette proposition, pose de grands yeux sur le médecin qui insiste qu'il n'a pas besoin d'accepter. Mais si la décision du coordinateur est déjà prise, ce commentaire achève de le convaincre.

Il n'est pas obligé d'accepter.
C'est bien pour ça qu'il veut accepter.

« S'il vous plaît, l'encourage-t-il d'un sourire. Je ne vous promet pas de tout comprendre, mais je suis curieux. »

Et si Séraphin semble le dévisager comme un curieux spécimen – est-ce parce qu'il assume ne pas être bon en sciences ? –, il finit tout de même par lui ré-expliquer les choses.

Cécil ignore si le kalosien facilite sa compréhension où si en plus de parler dans une autre langue, le médecin a la grâce de lui épargner des termes trop pointilleux, mais dans la globalité du discours, il ingère relativement bien les informations. De temps à autre, il ponctue les phrases de son interlocuteur de oh et de légers hochements de tête pour prouver qu'il écoute toujours.
De temps à autres, il prend une autre gorgée de bière qui lui donne envie de glousser lorsque le mucus est mentionné comme ayant des 'capacités exceptionnelles'. Une plaisanterie est avortée avant de franchir ses lèvres, principalement parce qu'on lui pose une question. Comme un professeur patient qui cherche à s'assurer que son élève a bien suivi le cours.

Alors Cécil hoche doucement la tête, laisse son regard vagabonder un instant sur les côtés afin de rassembler ses pensées et d'être effectivement certain qu'il a mieux compris comme ça qu'avant. Et il pense que oui, n'en est pas certain, pince des lèvres et hésite.

« Je pensais que toutes les branches oubliées de pokemons que l'on pourrait retrouver serait toutes des fossiles, admet-il en se tapotant le menton, les yeux levés et pensifs. Mais votre Mucuscule est né d'un œuf, ça voudrait dire que cette branche oubliée n'est pas éteinte... Ca veut dire qu'il y en a peut être-... D'autres ? »

La réalisation se fait en direct devant les yeux du médecin, à mesure que Cécil parle. L'idée de découvrir de nouvelles espèces lui illumine le regard un instant et fait apparaître un sourire furtif sur ses lèvres. Un instant, il songe à ce que cela implique, l'autre, il se rend compte qu'il ne sait finalement pas trop ce que cela pourrait impliquer. Alors à la place, il reprend une gorgée de bière, s'assure qu'il en reste encore dans son verre et repose les yeux sur Séraphin.

« J'ai mieux compris je crois, merci, débute-t-il en tapotant sur la table. Mais, pourquoi vous étudiez un pokemon ? » Un instant, son regard perplexe papillonne. Main sur le menton, il ne tarde pas à préciser sa pensée. « Vous parlez de la coquille et de sa solidité... Est ce que vous pensez pouvoir vous en servir pour-... ses sourcils se froncent de confusion, pour des médicaments, ou des soins ? »

Et ce n'est pas qu'il se sent bête de poser la question – l'alcool l'en empêche – mais ça le contrarie de ne pas saisir le pourquoi du comment, principalement parce qu'il a l'impression que c'est parce que Séraphin trouve la réponse tellement évidente qu'il ne la lui a pas directement expliqué.

Vexant un peu.

'Ahhh' souffle le coordinateur lorsqu'on lui explique la différence entre le Mucuscule et les fossiles. Ca fait sens, alors satisfait, Cécil hoche la tête avant de reprendre une gorgée de sa boisson et de faire la moue quand Séraphin lui raconte qu'il essaie au maximum de ne pas se déconcentrer. C'est justifié, probablement, mais le kalosien ne peut pas s'empêcher de trouver ça un peu dommage, encore plus lorsque l'alcool le fait se questionner sur des sujets qui ne l'intéresseraient pas en d'autres circonstances.

Alors Cécil lui fait signe de la main pour le rassurer : il ne l'ennuie pas, il ne lui poserait pas de questions s'il l'était ou s'il voulait changer de sujet. Ce n'est pas tous les jours qu'il a l'occasion de parler de ce genre de choses – pas tous les jours qu'il a envie d'en parler d'ailleurs – mais pour une fois qu'on prend le temps de lui expliquer les choses clairement ? Oh, il ne va pas se plaindre.
Puis il pouffe dans sa bière, manque de s'étouffer et secoue la tête. « Qui ça, moi ? Un espion ? Jamais ! » et peut être est-il un peu dramatique en poser sa main sur son cœur, l'air visiblement surpris et blessé, mais le commentaire l'amuse bien trop pour qu'il le laisse glisser sobrement. Alors comme ça, même les médecins se volent leurs idées entre eux ?

Amusant.
Enfin pour lui, pas pour eux.

Mais enfin Séraphin en vient au vif du sujet – non sans vider lentement mais sûrement son verre – et lui explique l'objectif – le potentiel objectif. De son propre aveu, il ne sait pas encore ce qu'il pourra tirer du fameux mucus, mais il a effectivement des hypothèses qu'il s'empresse de partager. Celles-ci sont d'abord raisonnablse et Cécil hoche la tête à chacune d'entre elles. Jusqu'à ce que l'Ecremeuh du médecin soit mentionnée et qu'à nouveau, il manque de s'étouffer avec une cacahuète cette fois-ci.
Eglantine est terrifiante, c'est volontiers qu'il l'admet, il n'aurait pourtant pas cru qu'elle faisait peur à son propre dresseur. Pas au point de songer à créer une armure contre elle. L'idée le fait ricaner plus longtemps qu'il ne devrait.

Il lui faut un moment pour se remettre d'avoir avalé de travers, tellement qu'il ne suit plus ce que lui raconte Séraphin. Cependant, lorsque celui-ci balaye d'un geste de main et conclut par un 'vous voyez, ce genre de choses', Cécil acquiesce. Cette fois-ci, s'il n'a pas tout suivi, il est convaincu d'avoir compris l'idée générale.

« Je vois ! Ca pourrait effectivement aider pas mal de gens.. Bonne chance dans vos recherches alors ! » qu'il déclare avec un entrain alimenté par l'euphorie de l'alcool. Et alors qu'il prononce ces mots, il se permet de venir chercher le verre de son vis-à-vis pour le servir à nouveau et terminer sa bouteille.
C'est allé vite, le médecin a effectivement une bonne descente et Cécil lui propose de lui en commander une autre, lui assure qu'il compte en faire de même pour l'accompagner, lui propose même d'essayer un autre parfum. Il lui ressert même un fond de sa propre bouteille pour lui faire gouter et qu'il puisse prendre une décision avec plus de données.

Une fois la commande passée, lui même se ressert et entame son troisième verre. Si la boisson fraîche et pétillante n'est pas encore assez consommée pour lui faire perdre le fil de ses pensées, elle ne manque pourtant pas de le faire parler un peu plus vite et un peu plus fort.
« Mais donc-... Si cette espèce est une branche oubliée, comment en avez-vous entendu parler ? Ah, vous êtes médecin, vous devez avoir des contacts avec d'autre scientifiques comme des professeurs pokemons ou quelque chose dans le genre... Et ça doit être comme ça que l'idée vous est venue, ahhh. » Posant des questions y répondant lui même, Cécil hoche la tête pour lui même de temps à autres.

« Et vous êtes seul à travailler là dessus ? » finit-il tout de même par demander. Pas qu'il ait pris le commentaire d'un peu plus tôt sur un potentiel espion au sérieux, mais si Cécil ne s'y connaît pas trop en sciences, il a l'impression que c'est le genre de chose qui fonctionnent mieux en équipe. « C'est parce que vous n'êtes sûr de rien pour l'instant que vous ne préférez prévenir personne, ou y a-t-il vraiment des histoires de-... Vols ? Plagiats ? »

Sourcil arqué, il ne sait pas si les termes sont les plus appropriés pour la situation et au final, ça le confond plus que la question en elle même.

Si Cécil se concentre sur les termes à employer correctement, Séraphin devient plus sérieux également. Lui donne une réponse sobre qui sonne pourtant plus comme une question qu'une véritable explication. S'il met le temps à préciser sa pensée – temps que Cécil lui offre gracieusement, trop occupé à siroter sa boisson – il finit pourtant par reprendre la parole.
Et à mesure qu'il parle, le coordinateur hoche un peu plus la tête. Travailler en duo est déjà quelque chose qu'il fait au sens strict du terme. Ses idées, il doit les expliquer et les faire comprendre à ses pokemons, parfois même les retravailler parce que ça ne leur convient pas, que ce soit une question de volonté ou simplement de goût.

Mais ses compagnons sont compétents, eux.
Pas comme l'hypothétique partenaire que décrit Séraphin.

« Donc vous avez juste peur de vous traîner un boulet. » déclare-t-il simplement lorsque le médecin termine sa tirade. Le ton semble plus empli de jugement qu'il ne l'est vraiment. Elitiste, Cécil l'est sans vouloir l'admettre. Si une part de lui aime crier à qui veut bien l'entendre que n'importe qui peut devenir coordinateur, au fond, il ne peut s'empêcher de grimacer à certaines prestations. Il ne peut s'empêcher de juger et critiquer celles et ceux qu'il ne juge pas à la hauteur. Déformation professionnelle, arguerait-il probablement. Au moins a-t-il la grâce d'avoir appris à rendre ses commentaires constructifs en face.
Il n'a cependant pas la même décence en privé en revanche. Alors, si leurs domaines respectifs sont diamétralement opposés, le coordinateur ne peut que comprendre la position de son interlocuteur et hocher la tête avec sympathie alors même qu'il n'assiste clairement pas au débat mental qui se joue dans l'esprit de Séraphin.

« Je vois, je vois, rajoute-t-il. Un incompétent vous ralentirait plus qu'autre chose, et vous ne pourriez pas vous assurer non plus de trouver quelqu'un sur la même longueur d'onde que vous... Des auditions prendraient trop de temps. »

C'est qu'il a l'air d'y réfléchir sérieusement en plus, comme s'il pouvait trouver une vraie solution à ce problème. Faire passer des entretiens – des auditions, dit-il par habitude – serait une idée, mais une idée chronophage dans tous les cas. Alors Cécil finit par abandonner en haussant les épaules avant de tendre à nouveau l'oreille à ce que lui raconte Séraphin.
La question lui arrache un ricanement moins contrôlé que les précédents, l'alcool commence lentement mais sûrement à faire effet, et il s'empresse de prendre une nouvelle gorgée de bière avant de répondre à la question, l'air cynique.

« Oh, vous n'avez pas idée ! » siffle-t-il avant de secouer la tête, appuyant bien sur le dernier mot pour rendre sa déclaration bien dramatique. Des histoires d'idées et de costumes volés, de représentations volées ou de coordination qui tournent mal ? Il en a la pelle. Certaines le concernent, d'autres concernent des connaissances et d'autres encore ne sont que des légendes urbaines.

Et il est assez alcoolisé pour en livrer quelques unes comme la commère qu'il essaie de ne pas être quand il est sobre.
Mais sobre, il ne l'est plus vraiment, juste assez pour qu'un dernier acquis de conscience le sépare de révéler quelques secrets de coulisses.

« Mais-.. Oh, je ne voudrais pas vous dégoûter du milieu. » souffle-t-il en haussant les épaules, traçant les rebords de son verre du bout de l'index. A ce stade, et puisqu'il sait que le médecin en face de lui n'est pas là par passion, il n'a que peu de scrupules à lui faire ce genre de confidences. Ce qui l'arrête en revanche, ce n'est pas sa morale, mais un certain orgueil.
C'est qu'il évolue dans un sacré nid de Sévipers, mais il ne voudrait pas qu'on le prenne pour l'un des serpents du groupe... Par pour l'un des pires tout du moins.

Et puis, et surtout... Il s'agit de son milieu. Une discipline qu'il a choisit par amour et par passion, une qu'il se donne le droit d'insulter par moment parce qu'il sait qu'il l'aimera toujours. Il n'est pas certain que l'engagement de son interlocuteur soit le même – oh, il ne l'est pas, ce n'est même pas une question – et ne voudrait pas avoir à l'entendre être un peu trop enthousiaste dans sa critique.

Alors si Cécil joue autant de suspens que de précaution par son dernier commentaire – parce qu'il vit un peu pour qu'on le presse de questions – il s'humecte tout de même les lèvres avant de reprendre et de souffler quelques précautions d'usage.

« C'est qu'il ne faudrait pas croire que ce domaine n'est qu'un panier de Krabby, non non non, débute-t-il avant d'agiter son index et de claquer la langue au même rythme que ses 'non'. Vous n'êtes déjà pas un grand fan, peut être vaudrait-il mieux que je vous vende le bon côté de la chose. »

Il se laisse aller à glousser doucement, avec une certaine légèreté. Parler du positif est moins amusant, certes, mais ça ne lui déplairait pas non plus. Il en aurait moins à dire, aborderait certains thèmes avec plus de pudeur – il est curieusement plus difficile de parler de ce qui rend heureux que de ce qui contrarie, lui semble-t-il – en garderait d'autres pour lui.

Mais somme toute, il ne rechignerait pas à dépeindre un cadre plus flatteur.

Cécil pouffe quand Séraphin se plaint, ose même lancer un « J'aimerai bien vous y voir. » taquin lorsque celui-ci lui demande s'il doit le supplier à genoux. L'idée est cocasse, l'amuse plus qu'elle ne le devrait, c'est qu'il ne dirait effectivement pas non.

Même s'il sait que son interlocuteur exagère dans le seul but d'exagérer.

Alors il ne doute pas plus de suite, se contente de jouer le jeu et de lutter vainement contre le sourire étirant ses propres lèvres pendant que le médecin lui explique qu'au final, lui raconter ces histoires maintenant ne pouvait que lui rendre service, afin d'avoir un guide dans le monde fabuleux et hypocrite des concours. Qu'il lui déclare être son fan.
Cécil arque un sourcil, relativement pris au dépourvu. Surpris, mais agréablement, la révélation lui arrache un bref rire qu'il cache malgré lui d'une main devant la bouche. Il n'y a pas de raison d'être gêné, au contraire. Son orgueil est brossé dans le sens du poil : que Séraphin, qui prétend ne pas aimer le milieu lui assure avec aplomb être fan, de lui ? Oh, est-il si doué qu'il charmerait le plus réticent à la cause des concours ?

Le kalosien est un peu fier de lui. Un peu embarrassé aussi, lorsqu'il remarque que son interlocuteur l'est. Gênant. Il n'y avait rien de plus à comprendre s'il en était resté là, mais le voilà un peu pourpre et silencieux et Cécil ignore comment lui renvoyer la balle. Ignore s'il veut vraiment lui venir en aide ou juste apprécier de le voir se décomposer.
Au final, c'est le serveur qui leur donne un peu d'accalmie lorsqu'il apporte leurs nouvelles bouteilles et voilà une opportunité parfaite pour que Séraphin reprenne le contrôle. Grand seigneur, le coordinateur acquiesce lorsque son compagnon d'infortune lui propose de servir pour mettre en œuvre ce qu'il a appris sur les bières. 'Je vous en prie', lui siffle-t-il avant de hocher la tête avec fierté lorsqu'il voit que la leçon a bien été retenue. Il le féliciterait presque s'il ne s'était pas déjà emparé de son verre pour prendre une gorgée.

C'est que la bière est fraîche, et jamais assez désaltérante pour qu'il veuille arrêter. Mais voilà déjà la deuxième bouteille qu'il entame, et son esprit est déjà nettement plus léger. Plus étourdi aussi : lorsque Séraphin reprend, c'est un peu perdu qu'il lâche un 'Mh ?' interrogatif.

Ah ! Oui ! Les histoires de coulisses.

Par réflexe ceci dit – et pas parce qu'il a une réelle raison de trinquer à nouveau – Cécil entrechoque son verre avec celui du médecin un peu plus fort que précédemment. Et par automatisme, il boit à nouveau une gorgée avant de reposer le verre tandis que son interlocuteur conclut qu'il veut bien les 'bonnes' anecdotes également.
Cécil glousse, ricane même.

« En tant que mécène, vous n'avez pas forcément besoin de savoir mais-... Oh soit, vous l'aurez voulu. » et s'il sonne un peu plus menaçant, son ton est trop amusé pour que l'effet soit aussi dramatique que prévu.
Alors il boit une dernière gorgée, se racle la gorge et va à la pêche aux souvenirs. Pensif, il lève un instant les yeux au ciel le temps de trouver la bonne anecdote à raconter. S'il cherche quelque chose de léger, la seule qui s'impose dans sa tête ne l'est pas mais est l'une de celles qui l'ont marqué et qui ne le concerne pas directement.

Il lui raconte donc cette histoire de deux coordinatrices qui se retrouvaient souvent, un peu trop même, ensembles lors de concours – il prend une pause pour lui expliquer que les concours Kalosiens sont de véritables concours, avec plusieurs participants et qu'il n'y a qu'un vainqueur, contrairement à Keros, et son ton est un peu trop vague pour savoir s'il considère ça comme une bonne ou une mauvaise chose –.
Lorsqu'il reprend son histoire, il l'informe que l'une des deux demoiselles détestait avidement l'autre, assez pour la suivre et chercher activement à lui nuire.

« Comprenez, siffle-t-il en jouant avec un bout de serviette, il n'y a pas qu'un concours à la fois et s'il arrive de recroiser d'anciennes concurrentes, c'est rare de toujours tomber sur la même. Elle avait beau prétendre qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence, tout le monde a vite compris que ce n'était pas vrai. »

Vient alors la description de quelques coup bas bénins et puérils. Des gommes à mâcher posées stratégiquement sur un siège, de vilaines rumeurs colportées, des alliances formées avec d'autres coordinatrices pour enfoncer l'autre... La victime du harcèlement s'en sortait remarquablement bien en réalité.

« Elle était gentille, explique Cécil, l'air un peu peiné. Trop, probablement. Et trop passive aussi. Elle pensait que si elle ne répondait pas, l'autre finirait par se lasser et la laisserait tranquille. »

Il pince les lèvres, le regard vague sur le côté avant de prendre une petite gorgée de bière et de reprendre son récit. Rapidement, il explique que sans surprise, ça ne s'est pas arrêté, mais c'était si petit qu'au final, la dame s'était rapidement habituée et avait appris à réagir vite.
Mais ce n'était pas si simple. L'ignorer et simplement réagir n'était pas suffisant, Cécil siffle amèrement qu'elle aurait probablement du lui coincer les doigts dans une porte pour lui apprendre à ne plus recommencer. Haussant les épaules, il reprend. Le 'clou du spectacle', celui du cercueil de la carrière de cette jeune coordinatrice a été lors d'un spectacle à Illumis. Même pas un concours, juste un événement précédant l'ouverture d'une nouvelle saison de concours. On y présente les coordinateurs qui se sont démarqués, certaines nouvelles têtes ainsi que des vétérans. Il y avait été invité ainsi que les deux dames en question et d'autres.

Vraiment, il n'y avait pas de raisons de jouer les pestes, assure-t-il.
Les coordinateurs qui se respectent ne s'abaissent pas à ça.

Sa voix vibre un peu de colère alors que sa mine est visiblement dégoutée. Il explique que l'événement consiste en plusieurs représentations en solo, en duo et en groupe sur un thème donné. Cette année, il n'avait pas eu la chance d'avoir sa représentations en solo, mais il avait pu participer en duo et dans la représentation de groupe – quitte à jouer les figurants, mais il ne s'y attarde pas trop –. En revanche, la dame victime de harcèlement avait été reconnue pour son talent.
Cécil admet volontiers que si elle avait une approche assez commune des concours, elle ne s'y enfermait pas. Elle avait une manière fraîche et légère de présenter les choses et chacun de ses spectacles étaient plaisants à regarder.

« Je pense que vous l'auriez apprécié malgré tout. » commente-t-il, pensif.

Elle avait donc eu l'honneur de faire partie de ceux choisis pour les représentations en solo, les premiers à passer. C'était beaucoup de pression et une énorme responsabilité, mais c'était également un énorme coup de pouce dans la carrière d'une coordinatrice.

Sauf que.

« Qu'est ce qui pourrait arriver de pire ? » Une question rhétorique, il n'attend pas vraiment de réponse et balaye même son interrogation d'un geste de la main.
Plus sombre qu'avant, il plonge son regard dans celui de Séraphin pour lui faire comprendre que la situation est sérieuse. Là, il lui raconte que sa première tenue, celle pour l'ouverture de l'événement avait été sabotée et pas qu'un peu. « Vous auriez vu ça, Séraphin. » siffle-t-il, visiblement contrarié. « Le buste avait été déchiré, la jupe raccourcie et plusieurs insultes avaient été gribouillées dans le dos, c'était-... Uugh »

Courroucé, il s'apaise en soupirant et en finissant son verre avant de se resservir – resservir son interlocuteur si son verre se trouvait vide également –. Claquant la langue, il reprend, explique que ce n'était dans l'intérêt de personne de ruiner la représentation de qui que ce soit dans ce genre d'événement. « Nous ne travaillons pas souvent en équipe, les compétitions sont ce qu'elles sont, il n'y a qu'un vainqueur, pragmatique, il retrousse le nez avant de reprendre. Mais pour ce genre d'événements, saboter le travail de l'une d'entre nous, c'est saboter l'entièreté du groupe. »
Alors tout le monde a aidé un peu en catastrophe à lui trouver une autre tenue. Couturières de l'extrême, certaines coordinatrices avaient puisé dans leur propre garde-robe pour lui fabriquer un costume de dernière minute. Et encore un autre pour la représentation finale, celle qui accueillait tous les artistes présents.

« Vous penseriez que ça finit comme ça, n'est ce pas ? » et oh, ça serait déjà bien assez d'émotions pour un concours, mais son sourire pincé laisse entendre que ça ne s'arrête pas là.
Vient la partie la moins plaisante de l'histoire. Si voir tous les coordinateurs – ou presque – s'affairer pour sauver le numéro de l'une d'entre eux pouvait mettre du baume au cœur, la suite est nettement moins plaisante.
Cécil explique sans plus de détails que jusqu'à l'ultime numéro, il n'y a plus eu d'accroc, si ce n'est que celui en duo auquel participait la présumé coupable avait beaucoup de similitudes avec ce que pouvait faire la première dame dans la plupart de ses représentations. Etrange, mais pas assez de preuve pour la bannir de l'événement.

Ils ont continué comme si de rien n'était, personne n'a songé que le dernier numéro, parsemé de cabrioles et de capacités de pokemons, pouvait mal tourner : après tout, ils avaient tous tellement répété que parfois, il rêve encore de ce spectacle. 'Sérieusement, j'ai encore des automatismes !' déclare-t-il à la volée.

Puis il prend une pause, gratte la base de son verre. Interdit pendant quelques instants, il soupire et finit par cracher le morceau. Il y a eu un accident. Un qui aurait pu être évité, non pas par plus de répétitions – ils étaient tous rodés à la perfection – mais en bannissant la trouble-fête.
A nouveau, sa voix vibre d'une colère froide. Cécil a l'air calme, mais ses yeux tempêtent. Le reste de la narration lui coûte plus, mais finalement, il explique que le pokemon partenaire de la maudite a 'loupé' un mouvement, bousculant un autre, qui en a bousculé un autre, qui a paniqué et lancé une attaque dans la mauvaise direction.

« Croyez-le ou non-.. un rire nerveux lui échappe. Mais c'est passé inaperçu aux yeux du public. Tout le monde a presque instantanément changé de place pour s'adapter et officiellement, il ne s'agissait que d'un accroc mineur. » mais l'amertume dans sa voix témoigne bien que ce n'est pas aussi simple.

Admettant qu'il ignore lui même comment c'est possible, lorsqu'ils ont tous quitté la scène, la première coordinatrice a fondu en larmes dans les coulisses et s'est effondrée. Et si tout le monde a d'abord cru à une retombée de la pression, ils ont rapidement compris qu'elle pleurait de douleur, pas de stress.
Cécil fait la moue, explique qu'un pokemon l'a probablement percutée – ou peut être même une autre coordinatrice – et sa cheville-... En a fait les frais. Lorsqu'on lui a retiré sa chaussure, sa cheville était toute gonflée et avait commencé à prendre une vilaine teinte.

« ... Elle a arrêté la coordination après ça. » annonce-t-il abruptement. La pression et le harcèlement avait été trop fort. Elle n'avait jamais été physiquement attaquée par le passé et ne s'y attendait pas, encore moins lors de ce genre d'événement. Cécil fait la moue, baisse les yeux un instant et songe que ce n'était peut être pas la meilleure histoire à raconter au début finalement.

Mais Séraphin lui a demandé de le tenir au courant.
Et pousser les rivales à se retirer des concours est une stratégie plus répandues qu'on ne le croit.

Alors il relève les yeux vers son vis-à-vis, soucieux de jauger ses réactions. C'est qu'il n'y a pas que du négatif dans ce qu'il lui a raconté. L'union des coordinatrices pour aider l'une d'entre elles vaut bien la peine d'être relevée. Mais il se doute bien que ce n'est pas ce que l'on retire de cette histoire.

Cécil cligne des yeux quelques fois à l'entente de l'insulte adressée à l'encontre de la harceleuse. 'Gourgandine'. Voilà un terme qu'il ne se serait pas attendu à entendre dans un tel contexte et si l'histoire racontée par ses soins pèse encore un peu dans son esprit, l'alcool et la surprise de voir le médecin s'insurger en face de lui ne peuvent que lui arracher un rire franc.

« Je crois que le terme que vous cherchez est 'salope' » finit-il tout de même par articuler. Mais si déverser son fiel sur cette coordinatrice est une manière comme une autre de s'apaiser, la question de son interlocuteur, lui fait perdre son sourire et détourner son regard.
Si la harceleuse a été bannie des concours ? Oh Séraphin, quel ingénu. Le kalosien regretterait presque d'avoir à lui raconter la vérité. C'est que le médecin a l'air visiblement retourné par cette histoire et Cécil aimerait lui donner une conclusion satisfaisante à cette histoire.

Alors il hausse les épaules, fait la moue avant d'admettre que ça ne finit vraiment pas bien, que la coupable est toujours dans le circuit et bien entourée et que le seul réconfort qu'il y trouve, c'est qu'elle n'a en revanche pas beaucoup plus de succès qu'auparavant.
Séraphin a ceci dit, toujours l'air abattu par la nouvelle, et par compassion, Cécil avance une main vers l'un des avant bras de son vis-à-vis posés sur la table et le tapote gentiment, l'air compatissant. Il s'y attarde un peu jusqu'à entendre le commentaire sur les femmes qui lui arrache un gloussement. « Et vous voulez toujours rencontrer une coordinatrice ? » qu'il le taquine avant de prendre une nouvelle gorgée d'alcool.

L'esprit léger, il arque un sourcils à la confidence du médecin quant à la différence entre leurs deux mondes. Quelque part, ça le rassure un peu de savoir que les scientifiques ne sont pas assez vicieux et rancuniers pour tenter de s'empoisonner ou de s'intimider pour de mettre hors service. De l'autre, il n'est pas certain d'être réellement surpris. Ca l'empêche quand même pas de joindre son rire à celui de Séraphin.

« N'êtes vous pas un peu sévère ? » lui demande-t-il sans attendre de vrai réponse. Il ignore si tous les médecins sont aussi couards que le prétend son interlocuteur, mais le voir les traiter de 'gringalets' avec autant d'aplomb, alors que lui même est un médecin ? Oh, il en glousse encore avant de secouer la tête et de reprendre un semblant de sérieux.

« Je me trompe peut être mais-... C'est-... » il cherche un instant ses mots, tâtonne sur la formulation et finit par mélanger les deux langues. « C'est peut être parce que ce n'est pas un concours ? Il n'y a pas de top médecin ? Qui va passer à la télé, et sera adulé par tous ? Et dont l'image sera-... Collée partout alors que les autres croupiront dans l'oubli ? » Un instant, il se gratte le menton pensif, lèvres pincées. Un concours pour savoir qui est le meilleur médecin lui semble ridicule sur le coup, ça n'empêche pas son esprit d'imaginer une épreuve de quizz ou une sur 'qui soignera plus vite le patient avec cette ignoble maladie qui donne des pustules ?'.

« Ce ne sont pas les applaudissements du public ou les notes des juges qui définissent votre carrière, alors-... C'est ptêt pour ça ? » et c'est qu'il y réfléchit le bougre, très sérieusement même. « Ce qui fait votre carrière c'est comment vous sauver les gens... Ou trouvez des remèdes pour les aider... C'est admirable. » siffle-t-il, menton reposant dans sa main avant d'afficher un sourire.
Il ne souhaiterait pour rien au monde devenir médecin, parce que les pustules le dégoûtent horriblement et parce qu'il est certain que même avec tout l'entraînement du monde, il ne serait pas capable de toucher le cadavre d'un manglouton à mains nues – ah, c'est une autre raison pour laquelle il n'y a pas de concours de médecins, la discipline manque cruellement de glamour –.

Oui, fort de cette conclusion, Cécil hoche la tête pour lui même, boit une nouvelle gorgée de sa boisson et jauge sa bouteille n'est plus si remplie que ça. Ils pourraient en commander une autre, mais un regard vers Séraphin lui fait hausser un sourcil. Une part lucide de son esprit se souvient que le médecin n'a jamais mis les pieds dans un bar, lever le pied ne serait pas une mauvaise idée, ne serait-ce que pour pouvoir rentrer à l'hôtel par la suite-...

Cécil a le rire facile et indulgent, la faute à l'alcool probablement. Les commentaires de Séraphin lui arrachent quelques gloussements là où d'habitude, il aurait pu chercher à en savoir plus. Il n'en est cependant pas d'humeur ce soir, se contente d'essayer de suivre le fil de pensée du médecin lorsque celui-ci descend ses collègues.
Pourquoi lui parler des hôpitaux ? Quel était le rapport entre ceux-ci, les médecins y travaillant et les coordinatrices célibataires ? Mystère, mais ça n'empêche pas le kalosien de plisser les yeux pour suivre. C'est que, certes ce n'est pas à lui qu'on demande son avis, mais à choisir, il aurait volontiers admis qu'un médecin indépendant travaillant dans son propre cabinet lui semble plus impressionnant qu'un autre travaillant dans un hôpital.

Encore plus après avoir entendu les explications de Séraphin.

Alors Cécil hoche la tête doucement, sirote son fond de verre, pensif, découvrant par le biais de son interlocuteur un autre univers. Les voilà tous deux à échanger les secrets des coulisses de leur discipline respective et à l'entendre – et même si ce n'est certainement pas l'objectif principal de Séraphin – le coordinateur ne peut s'empêcher de penser que c'est ça, que c'est la raison implicite qui l'a poussé à ne pas fréquenter les hôpitaux malgré tout.
Qu'il avait d'ailleurs bien raison de ne plus vouloir y remettre les pieds, si même les soi-disant professionnels préféraient explorer de fausses pistes pour se faire mousser ? Ah ! Si seulement des vies n'étaient pas en jeu, Cécil en rirait.

Mais oh, il en rit déjà, manque même de s'étouffer lorsque Séraphin déclare avec force que c'est son visage à lui qui devrait être collé partout. Voilà une bien grande preuve de sincérité et si le kalosien ne pensait pas son vis-à-vis particulièrement humble, il ne l'imaginait pas non plus comme ça.

« Oh Séraphin, vous pourriez-... » être coordinateur. aurait du être sa conclusion, mais la réaction du médecin le met en alerte. Ce n'est pas qu'il grimace, c'est pire.
Alors, quand il se relève maladroitement pour se précipiter vers ce que Cécil devine comme étant les toilettes, ce dernier se redresse à son tour – non sans tanguer un minimum – et s'empresse de suivre son compagnon d'infortune.

Et quelle infortune cette fois-ci.

Il ne faut pas être devin pour comprendre ce qu'il se passe, et si Cécil s'y attendait en pénétrant dans la salle, les bruits et l'odeur ne sont pas là pour l'aider à conserver son calme et à ne pas céder à son tour. Oh, s'il ne se sentait pas particulièrement malade, il faut bien dire que les haut-le-coeur qui l'assaillent dans les toilettes seraient presque suffisant à lui faire rendre les quelques patates mangées un peu plus tôt dans la soirée.
Mais le kalosien résiste, inspire dans la paume de sa main et se contient, lâche quand même un rôt qui, s'il n'a rien de glamour même à moitié étouffé, le soulage tout de même un minimum et lui permet de se redresser.

De pincer un sourire lorsque Séraphin propose de lui faire payer le 'spectacle'.
Un bien triste spectacle.

Cécil ne dit rien, repère un rouleau de papier hygiénique à côté de l'un des éviers et en récupère un morceau qu'il plie avant de l'humidifier un peu et de le tendre au médecin par dessus son épaule.

« Il va falloir peaufiner un peu votre prestation si vous espérez me voir payer. » lui souffle-t-il dans le vague espoir de détendre l'atmosphère. Gardant à la main son – oui, c'est désormais le sien – rouleau de papier toilettes, Cécil en coupe un autre morceau qu'il plie comme le premier mais qu'il garde sec cette fois-ci avant de le tendre à nouveau au médecin. Il lui en propose même un troisième, dans le doute avant de poser la question fatidique d'une petite voix.

« Vous vous sentez mieux ? » c'est presque timidement qu'il le lui demande, sans oser se pencher pour le voir en face – ou voir ce qui repose dans la cuvette – « Vous pouvez vous relever ? »
Et s'il lui tend la main pour l'aider en cas de besoin, il se tient prêt à le soutenir des deux bras si nécessaire-... Comme s'il s'agissait une bonne idée de le laisser lui supporter leur poids à tous les deux.
Cécil se sent bien bravache, assez pour aider Séraphin à marcher s'il le faut, mais la vérité c'est que s'il fait de son mieux, son équilibre a déjà vécu des jours plus heureux.