C'est une idée qui lui trotte dans la tête depuis quelques temps. Difficile à concilier avec sa vie au couvent, c'est pourquoi elle en a avant tout parlé avec la Mère supérieure. Celle-ci, émue, s'est contentée de l'encourager. De lui dire que, si Arkée pense que telle est sa voie, elle doit y aller. Mais le chemin risque d'être jonché d'épreuves, car celui-ci n'est pas le plus accueillant pour les femmes. Bien au contraire. Il va falloir se battre pour obtenir sa place, elle le sait déjà. Et Lenore est prête à cela, prête à ce que qu'il faille bâtir petit à petit sa place dans ce monde.
La base ranger de Bronswick est assez grande, bien équipée. Des techniciens semblent communiquer avec les rangers sur le terrain. On voit une claire distinction cependant. Les femmes au travail de bureau, les hommes sur le terrain. Eh bien, aujourd'hui, la jeune femme est venue bouleverser cet ordre implicite établi.
-Bonjour ?
Elle accoste celui qu'elle pense être un ranger, expérimenté, vu sa carrure et son âge apparent. Il sera plus à même de la renseigner. Mais aussi de la repousser. C'est qu'elle ne paie pas de mine, avec un voltoutou idiot à ses pieds, et un rattata sur l'épaule. TOus les pokemon méritent considération.
-Je souhaiterai des renseignements sur les formations pour être rangers. Pourriez-vous m'aider ?
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Ionna Campbell
Lun 28 Mar - 2:06
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@Lenore
Après sa ronde nocturne, Allan finit par rentrer à la base ranger. Contre toute attente, la fatigue n'a pas encore frappé et l'adrénaline causée par une nuit blanche fait toujours son effet. Le bougre se sent plein d'énergie, peut être un peu trop agité pour rentrer chez lui directement.
Peut être est-ce parce qu'il ne veut pas encore croiser son acariâtre colocataire.
La matriarche a beau savoir faire preuve de patience, se retrouver avec une ménagerie dans son appartement alors que son petit-fils lui avait promis de ne pas en ramener d'autres à part Bill et Fido ? Que l'une des bêtes ait littéralement été trouvée dans les égouts ?
C'en était trop. Allan comprend.
Alors, à défaut d'avoir déjà trouvé un nouveau lieu de vie, il traîne à la base. Pique un donut dans la boîte pour les rangers encore en service, plaisante un instant avec l'un de ses collègues sur le point de partir pour sa propre ronde. Ils s'échangent quelques banalités, quelques informations sur les différentes zones dans lesquelles ils vont patrouiller jusqu'au départ du deuxième ranger.
Alors Allan se retrouve seul, termine la pâtisserie, décide de traîner un peu plus. Voir s'il ne peut pas se rendre utile, consulte le tableau de missions – rien qu'il ne puisse réaliser sans préparation. Peu à peu, il sent la fatigue commencer à peser dans ses jambes, alors il s'étirer, se résigne, peut être devrait-il rentrer finalement.
Mais une voix l'interpelle.
C'est une jeune femme qui le salue poliment, accompagnée d'un Voltoutou – dont la bouille arrache un sourire attendri à Allan malgré lui – et d'un Rattata perché sur l'épaule. Il la salue en retour, accompagnant son salut d'un cordial signe de tête en attente de la suite. La demoiselle lui explique chercher des informations sur les différentes formations de rangers et même si ce n'est pas son rôle, le bougre est trop heureux d'avoir quelque chose à faire pour lui dire d'aller voir ailleurs.
« Oh ! Bien sûr. » d'un geste, il lui indique de le suivre pour la guider vers le guichet d'accueil. « Il y a des dépliants à l'accueil qui expliquent toute la marche à suivre et les différentes manière de poursuivre la carrière. » l'informe-t-il.
Une fois au comptoir, il ne demande pas avant de récupérer l'un des nombreux dépliants de recrutement et de le tendre à la jeune femme. « Vous vous renseignez pour votre frère ? Prévenez-le qu'il y a des journées portes ouvertes pour qu'il se fasse une meilleure idée du métier ! »
Parce qu'après tout, pour qui d'autre une jeune demoiselle demanderait des renseignements pour rentrer dans une carrière aussi dangereuse ?
Arthur fait sourire l'homme. Arthur fait sourire tout le monde en même temps, avec sa bouille un peu idiote. Mais ce n'est clairement pas un pokemon de ranger. Tout comme le rat sur son épaule. Et si on savait pour son rocabot handicapé, et son ouistempo hyperactif... Non, son équipe ne serait pas idéale. Ce qui n'empêche pas Lenore d'y croire. Tous les pokemon peuvent être utile si on leur donne de l'attention, et l'entraînement nécessaire. Si elle devient ranger, nul doute qu'on lui donnera tout ça.
Enfin, si elle le devient. La Mère supérieure l'avait mise en garde. C'est un milieu très masculin, très peu ouvert aux femmes. Pour l'instant, son interlocuteur est agréable, lui indique toutes les informations demandées. Des dépliants, une journée porte ouverte. Mais il est persuadé que c'est pour son frère. Ou n'importe quel autre homme de son entourage. Bref, pas pour elle. Lenore inspire un grand coup, puis se lance.
-Ce n'est pas pour mon frère. C'est pour moi.
Son regard déterminé vient chercher celui de l'homme. Hors de question de se laisse intimider, surtout pas par un autre ranger. Elle doit prouver qu'elle mérite sa place ici. C'est maintenant que le défi commence.
-Je souhaite devenir ranger. Quand se déroule la prochaine journée portes ouvertes ?
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Ionna Campbell
Mer 30 Mar - 23:09
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@Lenore
Allan papillonne un instant des yeux lorsque la jeune femme lui répond d'une voix ferme qu'elle est ici pour elle même.
« Oh.. »
Oui, bien sûr qu'elle est là pour elle. Comment a-t-il pu se tromper ?
Pourtant, loin d'être déstabilisé par cette 'surprenante' découverte, le ranger arque un sourcil incrédule. Les temps changent, il le sait bien. Les femmes s'émancipent, et c'est bien, de ça, il n'a aucun doute. Mais le métier de ranger ? Il pince légèrement des lèvres. S'il essaie de garder une expression neutre et professionnelle, il n'est pas difficile de discerner une forme d'inquiétude se former dans son regard. La demoiselle n'est pas bien grande, n'a pas l'air bien résistante. Les missions à réaliser sont pour la plupart rudes et physiques et il est aisé de deviner qu'elle n'est pas là pour un poste de secrétaire au regard qu'elle lui lance.
Mais la détermination ne fait pas tout.
Sentant probablement l'ambiance changer, la demoiselle insiste, demande quand auront lieux les prochaines portes ouvertes et Allan détourne un instant le regard. Hésite à lui répondre, les lèvres légèrement entrouvertes avant de se rappeler qu'il lui a déjà glissé le dépliant en mains. Qu'aucune loi n'interdit les femmes de poursuivre leurs rêves, aussi dangereux soient-ils.
Que ce n'est probablement pas à lui de décider, et que cette dame là est assez grande pour savoir où elle veut risquer sa vie. Inutilement, lui souffle une voix insidieuse, peut être même celles de ses collègues. Mais ce n'est pas ce qu'Allan finit par lui dire. Au contraire, si son expression est moins encourageante que précédemment, il ne manque pourtant pas de lui répondre.
« Les dates sont toutes notées là, la prochaine sera probablement dans quelques semaines. » Il tapote le dépliant du bout du doigt pour l'enjoindre à le lire et s'en assurer d'elle même, mais quelque chose le titille encore. Visiblement perplexe, il ne peut pas s'empêcher d'émettre finalement quelques doutes.
« Vous savez, c'est pas un métier facile. C'est même plutôt dangereux, vous êtes sûres que vous ne préféreriez pas faire autre chose ? »
Parce que si elle savait-... Si elle savait pour les incendies, les voleurs, les cadavres et les rats fondus dans les égouts, assurément, elle ne voudrait pas s'engager, n'est ce pas ? Si elle savait que ses délicates mains devraient parfois trifouiller quelques cadavres, et que la vie de son adorable Voltoutou était en jeu, elle considérerait une autre option. Probablement.
C'est ce que se dit Allan, sourcil arqué et bouche pincée en une moue perplexe. Peut être pense-t-elle qu'être ranger, ce n'est que s'occuper des bébés pokemons et les ramener à la SPP.
Encore que-... Il n'y avait jamais assez de volontaires pour les pokemons abandonnés-...
Il prend conscience de son erreur, sans en être déstabilisé. Pourtant, elle sent le doute qui émane de lui. Elle sent son hésitation, maintenant qu'il a compris que c'est une fille qui cherche des informations pour être ranger. Fait-il parti de ceux si réticents au progrès ? Ceux qui veulent que les femmes gardent leur place au foyer ? Lenore n'est pas totalement contre cette vision, après tout il y a des gens à qui ça convient. Mais d'autres non. D'autres qui, comme elle, ont un autre destin qui les attend. Sa voie est celle du Créateur, et Sa voix la pousse dans cette direction.
Il la jauge du regard, elle ne se laisse pas démonter. Certes, son physique n'est pas celui d'un ranger. Elle n'est pas très grande, un peu chétive, et son équipe n'est pas faite pour des missions. Cependant, la jeune femme est prête à mettre tous les efforts du monde, à s'entraîner, pour prouver mériter sa place dans ce secteur plus masculin.
Le dépliant contient les informations qu'elle cherche, à sa grande surprise, il se contente de le lui présenter. Du moins, dans un premier temps. Après les voilà, ces fameux doutes, formulés à haute voix. Comme si elle ne savait pas dans quoi elle s'engage.
-Je le sais bien, j'en suis consciente. Moi ou mes pokemon pouvons être blessés, voir pire, lors des missions.
Ce n'est pas un métier facile, Lenore ne vient pas en pensant que ce sera aussi simple qu'être bénévole à la SPP. Un bénévolat qui n'a fait que renforcer son envie. Si elle devient réellement ranger, c'est que Arkée lui-même approuve ce choix.
-Mais je sais aussi que c'est un métier honorable, qui permet d'aider ceux dans le besoin, humains comme pokemon. Et aider son prochain, c'est ce que nous enseigne Arkée. Il en va de mon devoir de mettre ça en application.
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Ionna Campbell
Dim 17 Avr - 21:10
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@Lenore
Allan pince les lèvres, arque un sourcil, relativement inquiet. Il n'est pas pour démonter les rêves de la jeunesse, qu'elle soit masculine ou féminine mais-... Mais il a sa vision des choses, et il sait à quel point ce métier peut se montrer cruel. Alors même si la jeune femme lui assure savoir ce qu'elle fait et les risques qu'elle encourt, Allan ne peut s'empêcher de songer en son fort intérieur que non, elle ne sait pas vraiment. Lui même ne savait pas vraiment dans quoi il s'engageait, ni ce qu'il aurait à voir dans le futur.
Alors, il soupire, peiné. Parce qu'au fond, il n'a pas vraiment envie d'insister et de lui dire de rentrer chez elle, de trouver une occupation moins périlleuse pour une frêle jeune femme. Qu'il sait bien qu'au fond, elle ne veut pas voir les cadavres de pokemons sauvages écrasés après s'être jetés d'un pont, qu'elle ne veut pas non plus voir son Voltoutou le visage fondu lors d'une mission qui aurait mal tournée...
Mais il projette, s'en rend compte à moitié et se console en se disant que l'examen d'entrée sera probablement suffisant pour la repousser si elle n'a pas ce qu'il faut. Le système n'est pas si faillible que ça, n'est-ce pas ?
D'autant qu'il ne peut pas vraiment arguer qu'elle a tort. Seulement, il y a la théorie et il y a la pratique. Allan ne peut se sortir de la tête qu'elle ne tiendrait pas longtemps sur le terrain et que la volonté d'Arkée – bien qu'il n'y connaisse pas grand chose – n'est probablement pas de la voir piétinée par une mission trop périlleuse.
« Et bien, si vous en êtes consciente.. » finit-il par déclarer presque à contre-coeur. Il n'est pas le père de la jeune dame, ce n'est pas à lui de lui dire quoi faire ou pas. Il pince alors les lèvres une nouvelle fois, ravale son inquiétude et l'envie de lui signifier une nouvelle fois que la profession est plus difficile qu'elle ne le pense. Au lieu de ça, son regard oscille entre le dépliant entre les mains de la demoiselle, son Voltoutou, le Rattata sur son épaule, puis enfin elle, « Vous avez d'autres questions ? »
Ce n'est pas parce qu'il ne la pense pas capable d'arriver à devenir ranger qu'il a à se montrer désagréable. Il peut bien lui donner les renseignements dont elle a besoin, si l'examen d'entrée est bien fait, elle ne passera simplement pas les tests requis et rentrera chez elle saine et sauve. Allan console son inquiétude paternelle - et non requise - de cette manière.
Il n'y croit pas. Il ne crois pas à se réussite, sûrement s'attend-il à ce qu'elle échoue à devenir ranger. Puis reparte jouer à des affaires de filles. Ou bien se dirige vers la branche administrative, qui convient mieux à une jeune femme de son gabarit. Lenore n'en démord pourtant pas : elle sera ranger. C'est la voie qui lui est destinée.
Pourquoi une telle certitude ? Parce qu'elle veut aider autrui. Et quel plus beau métier que celui-ci pour ça. Bien sûr, au couvent, ils font régulièrement de la charité. Bien sûr, elle est oreille attentive pour toutes ses sœurs qui le veulent. Néanmoins, à ses yeux, ce n'est pas suffisant. Elle voudrait en faire plus. Beaucoup plus.
-Qu'est-ce qui vous a motivé à faire ce métier ?
Droit dans les yeux, n'a pas peur de poser une question un peu plus personnelle. Ce qu'elle espère entendre, c'est une réponse ressemblant à son propre vœu. Une réponse qui prouvera qu'ils ne sont pas si différents. Car Lenore en est persuadée : ce ranger et elle ont plus de points communs qu'ils ne le pensent.
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Ionna Campbell
Lun 18 Avr - 22:09
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@Lenore
Lorsqu'il lui a demandé si elle avait d'autres questions, Allan ne s'attendait pas forcément à celle-ci. Il songeait à des demandes sur les examens d'entrée, ce qui pouvait lui être demandé de faire, des choses comme ça...
Ainsi, quoique légitime, l'interrogation le laisse un instant perplexe. Ce qui l'a poussé à devenir ranger ? La véritable réponse lui semble bien trop vaste et personnelle pour lui être donnée dans son entièreté. L'épurer, en revanche, semble la rendre plus creuse et moins sincère. Alors Allan réfléchit un bref instant à la meilleure façon d'amener les choses avant de se décider.
« Je voulais être utile auprès de nos concitoyens.. » finit-il par déclarer le ton plus grave qu'il ne l'aurait souhaité. Les souvenirs de sa carrière dans les forces de l'ordre ne se sont imposés à lui que quelques secondes avant qu'il ne les repousse, quelques secondes suffisantes pour assombrir son expression. « Je voulais rendre le monde plus sûr, mais si ce n'est qu'un peu... »
La dernière partie lui coûte plus à dire que la première. Au fond, une voix lui souffle qu'il y aurait mieux contribué en tant que policier s'il avait poursuivi sa première carrière. Qu'il a abandonné. Difficile de repousser une pensée intrusive quand il la partage au moins à moitié. Cependant, il ne s'étend pas plus sur le sujet. Expliquer l'incident qui a rendu infirme son snubbull a vie aurait pu être suffisant pour décourager la jeune fille de s'engager dans une telle voix, mais voilà une histoire qu'il n'était pas prêt de partager de sitôt.
A la place, son regard sur pose sur la jeune femme. A bien y penser, il devine pour quelle raison elle lui a posé cette question, ça ne l'empêche pas de décider de jouer le jeu et de la lui retourner, ne serait-ce que par politesse.
« J'imagine que vous devez également avoir vos propres raison de vouloir vous engager ? »
Il n'est pas là pour la tester – c'est ce qu'il se dit –, ni pour la dissuader de s'inscrire. Mais peut être-... S'ils discutent, pourrait-il lui éviter de le faire s'ils venaient à en parler ? Trouver une alternative qui la garderait en sécurité ?
La réponse est sobre, mais exactement ce qu'elle attendait. Néanmoins, elle sent de revers plus sombres derrière cette simple réponse, et respecte la volonté de ne pas en dire plus. Respecte la vie privée de la personne à qui elle parle. Son envie est de prouver quelque chose, pas s'immiscer dans l'intimité d'une personne.
Et son point, elle le prouve par ces quelques mots.
-La même volonté nous anime.
Oui, elle pourrait poser des questions sur l'examen, sur la réalité du métier, ce genre de choses. Lenore n'en a pas envie - de toute façon le dépliant aura les informations. Au pire, elle les demandera à quelqu'un d'autres.
Maintenant qu'ils ont commencé à discuter, la jeune femme s'intéresse à son interlocuteur. Essaie de comprendre. Pourquoi une telle aversion à la voir dans ce métier ? Elle sera formée après tout, on ne la lâchera pas dans la nature.
-Alors dites-moi, pourquoi n'aurais-je pas le droit d'exercer ce métier ? Vous avez été débutant vous aussi, mais je pense que personne ne vous a regardé comme vous me regardez. Ni qu'on ait tenté de vous dissuader.
Avec dédain. Avec cet air de supériorité, de certitude de l'échec. Lenore se rend compte qu'elle se laisse emporter, mais il est trop tard. Les mots sont dits.
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Ionna Campbell
Lun 18 Avr - 23:27
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@Lenore
« Je n'ai pas-... »
Allan croise les bras, pince les lèvres et arque un sourcil, relativement contrarié. Il n'a pas dit explicitement qu'elle n'avait pas 'le droit' d'exercer. Dans l'absolu, elle l'a, simplement-... Simplement, elle si petite ? Ne semble pas avoir la carrure où les nerfs d'endurer des missions extrêmes. Cependant, il ne finit pas sa phrase parce que la demoiselle n'a pas fini la sienne. Alors il écoute la fin, et les mots sortent plus vite qu'il n'a le temps de les penser.
« Non, on me pensait simplement trop vieux pour commencer. »
Il pince les lèvres plus fort. Ca ne la regarde pas. Ce n'est pas particulièrement personnel non plus, Allan regrette simplement d'avoir mordu à un hameçon imaginaire. Il a devant lui la fameuse nouvelle génération, celle qui veut déconstruire, celle qui se croit capable de tout. Peut être le sont-ils, il n'est personne pour juger.
Ca ne l'empêche pas de le faire pour autant, et puisqu'on lui a posé une question, le bougre s'humecte les lèvres, contrarié qu'on tente de l'accuser.
« Je crois que vous ne vous rendez simplement pas compte de ce qu'il vous attend. » déclare-t-il fermement. « En théorie, si, vous le savez, pas en pratique. Vous ne seriez pas la seule d'ailleurs. »
Pourtant c'est la seule qu'il remet en question. Allan se raisonne : c'est la seule qui lui a demandé son avis.
« Il faut des nerfs solides pour ce métier. Il faut les tripes de regarder la mort en face. » si la demoiselle s'est légèrement emportée au point de le confronter, Allan aussi, mais d'une autre façon. Son ton se fait plus grave, plus solennel. C'est d'expérience qu'il parle, peut être que s'il avait su avant ce qui l'attendrait, il se serait mieux préparé.
S'il l'on peut se préparer à ça.
« Devenir ranger, ce n'est pas uniquement aider les pokemons égarés à retrouver leur chemin. » reprend-il, fataliste. « C'est retrouver le corps d'une mère Miasmax éventrée dans un égout. Ou une famille de Rattatas fondus les uns sur les autres mais encore vivants et prêts à se battre malgré leur état. »
Si sa voix vibre un instant, il en reprend le contrôle après une brève inspiration. Son regard jauge une nouvelle fois la jeune femme, épie sa réaction. Il doute fortement que son discours lui fasse de l'effet : les mots ne sont qu'un bien pâle témoignage de la réalité, et lui n'a jamais vraiment bien su les manier.
« Puisque mon avis vous intéresse, je ne pense pas que vous n'ayez pas le 'droit' d'exercer, répète-t-il en employant les mêmes termes qu'elle. En revanche, je ne pense pas que vous ayez été préparée pour tout ça et ça, c'est inquiétant pour votre sécurité. »
Parce qu'au final, c'est un peu ça qui le chiffonne. Quel genre d'homme serait-il s'il laissait une jeune femme se mettre en danger au nom d'un soit-disant progressisme ?
Lui aussi a subit son lot de railleries, de réticences. Pour des raisons différentes, pour des questions d'âge. Elle se rend compte avoir peut-être été trop loin. Aussitôt son expression change, elle s'adresse rapidement une remontrance mentale. Quand on ne connait pas le passé d'une personne, on évite de spéculer.
-Je m'excuse, j'ai été un peu loin dans mes propos.
Car c'est vrai. Sans le savoir, il a raison. Lenore idéalise un peu ce métier, ce qu'elle y fera. Dans sa tête, il y a surtout la volonté d'aider autrui, de sauver humains et pokemon. Et malgré elle, elle grimace lorsque le ranger lui décrit la réalité du terrain sans l'épargner. Voilà ce à quoi elle aura affaire. Des scènes de cauchemar. Des missions dures à endurer.
Pour la première fois, la jeune femme le considère sous cet angle. Il ne doit pas la trouver prête à affronter une telle réalité. C'est peut-être le cas pour l'instant.
-Vous avez raison.
Il lui faut d'abord sortir de son idéalisation.
-Vous avez raison, je rêve peut-être un peu trop ce métier. Néanmoins, ma détermination à devenir ranger ne failli pas. Je serais formée, et c'est aussi grâce à des vétérans comme vous que je pourrais acquérir de l'expérience. Suffisamment pour être prête à affronter ces situations difficiles que vous décrivez.
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Ionna Campbell
Lun 25 Avr - 18:45
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@Lenore
La demoiselle s'excuse et Allan s'apaise presque automatiquement. Lorsqu'elle admet qu'il a raison, il encaisse la nouvelle avec une certaine surprise. L'a-t-il convaincue ? En fallait-il si peu pour entamer sa détermination ?
Non. Evidemment.
Pourtant, ce n'est pas défait qu'il écoute la jeune femme renouveler ses vœux. Maintenant qu'elle a écouté ce qu'il avait à dire, il se sent bizarrement plus serein. Pas qu'il pense que ce soit pour elle une bonne idée de s'engager – toujours pas – mais au moins, quelqu'un lui a dit. Quelqu'un lui a dit ce qu'elle viendrait forcément à rencontrer un jour ou l'autre. Ainsi, lorsqu'elle lui dit qu'elle est toujours déterminée à prendre du service, cela sonne moins faux à ses oreilles, et le ranger se contente d'étouffer un soupir. Au fond, il n'a pas envie d'insister sur la mauvaise idée que cela pourrait être. Devenir ranger a été la meilleure chose pour lui après avoir quitté les forces de police, a-t-il vraiment le droit de refuser ce choix à une jeune personne ?
Et derrière toute cette inquiétude paternelle et toute cette fierté mal placées, la réponse résonne fortement : Non.
« Vous n'avez pas tort, si vous passez les examens, vous serez formée pour ce genre de situations... » concède-t-il. Elle sera formée, comme lui, comme les autres rangers. Pense-t-il que c'est suffisant pour les véritables missions de terrain ? A moitié. Allan a toujours ses réserves et ses inquiétudes mais cette fois, il se raisonne et les garde pour lui.
Ce n'est pas à lui de dire à la demoiselle ce qu'elle doit faire ou non. Et même si ça l'était-... Une certaine curiosité flotte dans son esprit. Une certaine envie de la voir réussir malgré tout. Ce n'est pas raisonnable, il le sait. Pas réaliste non plus, lui semble-t-il.
« Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance, alors. » finit-il par lui souffler, l'esquisse d'un sourire sur les lèvres.
Il n'y croit pas... Pas trop. Cette jeune détermination n'a pas ébranlé ses convictions, du moins le pense-t-il. Mais si elle y arrivait-... Ne serait-ce pas un superbe retournement de situation ? Allan ne sait pas trop, mais il a une certaine affection pour les gens à la grande détermination, alors au fond, finalement, lorsqu'il lui souhaite bonne chance, c'est, cette fois ci, avec une réelle sincérité.
Les mots n'ont pas ébranlé sa détermination, juste fissuré les rêves derrière cette dernière. Ranger ce n'est pas un métier facile. Ranger ce n'est pas s'occuper de pokemon blessés par les humains. Du moins, ce n'est pas juste ça. C'est aussi voir un côté sombre, beaucoup plus sombre de la société. Celui que Lenore évite soigneusement depuis des années.
Elle en prend un coup tout de même. Mais reste sur ses positions. Elle fera mentir les prédictions en devenant ranger. Une belle revanche sur ceux qui l'en croient incapable. Il lui concède malgré tout une victoire : on va la former au métier. Les jeunes débutants ne sont pas lâchés sur le terrain sans rien.
C'est pourquoi elle a confiance. Lenore s'incline devant l'homme, sourire aux lèvres.
-Merci monsieur. Pour toutes vos informations, et vos encouragements.
Puis elle redresse la tête.
-Nous nous reverrons lorsque j'aurais passé l'examen. Ce jour-là, j'espère que vous accepterez de m'aider à devenir une meilleure ranger, et une meilleure personne. Qu'Arkée veille sur vous d'ici là.
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