Elle tourne et retourne devant son miroir. Elle étend ses bras, analyse les coutures et la silhouette que son image renvoie. La robe qu'elle a prévu pour Breith lui va bien, du moins elle croit. Elle n'en est plus si certaine, maintenant qu'elle sait qu'elle ne passera pas le réveillon chez elle.
Finnegan lui a dit qu'il n'y avait pas de code vestimentaire pour la soirée, qu'il ne s'agissait que d'un repas tranquille et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter... Teagan hésite, peut-être en fait-elle trop. Pinçant les lèvres, elle se jauge encore une fois, se dit qu'elle pourrait très bien se changer, porter quelque chose de plus passe-partout.

Onyx derrière elle l'observe d'un regard critique. Le matou suit chacun de ses mouvements jusqu'à ce qu'elle se retourne vers lui et lui pose la question fatidique. « Qu'est ce que tu en penses ? Je devrais me changer, non ? »
L'interrogation est rhétorique, la décision déjà prise, mais le Mangriff ne l'entend pas de cette oreille. Se redressant, il se jette sur la deuxième tenue de son humaine – plus sobre – et s'y frotte, y laissant ainsi quelques épais poils noirs qui ressortent de trop sur le tissus clair.

Elle rouspète.
Secoue son haut.

En vain. Les poils du matou s'accroche au tissus et le coupable miaule non sans un certain orgueil avant de se diriger vers les sacs que Teagan a prévu pour le départ. Rien de bien grandiose somme toute : un champagne sucré que son père a acheté pour l'occasion, le gâteau qu'elle a préparé – qu'il faudra qu'elle finisse de décorer là bas –, de quoi finir son œuvre et finalement, les cadeaux pour Finnegan et sa mère.
Onyx la presse de récupérer sa veste, mais la rouquine sent une boule se former dans son estomac. Et si elle n'avait été invitée que par pure politesse ? Et si la famille Harper ne les avait accepté que par pitié et qu'ils auraient largement préféré passer le Réveillon entre eux ?

Elle renifle.
Retrousse son nez par réflexe.

C'est stupide, Finnegan n'était pas comme ça. Il pouvait sembler moqueur et insensible, mais il ne l'était pas vraiment. Ils étaient devenus amis, on n'a pas pitié de ses amis !
La persuasion est bancale mais suffisante pour que Teagan se réveille. Elle inspire un bon coup, récupère son épaisse veste et son écharpe, rappelle Onyx dans sa pokéball et embarque ses sacs avec elle. En sortant, elle verrouille la porte, frissonne sous le vent glacial et se décide à s'engager sur la route indiquée.

Teagan presse le pas autant qu'elle le peut. Le froid ne la dérange pas outre mesure, mais celui-ci est vicieux, lui mord les jambes malgré les épais collants qu'elle porte – rien que pour ça, peut être aurait-elle du changer de tenue – et lui claque le visage.
A mi-chemin, cependant, son esprit est déjà ailleurs. Elle imagine quelques scénarios de soirée, certains déplaisants – qu'elle efface directement de sa mémoire – d'autres agréables. Elle pense à son père qui arrivera en retard, un paquet dans les mains – parce que bien sûr, il ne viendrait pas les mains vides même si leurs cadeaux sont déjà préparés, ne serait-ce que pour s'excuser de son retard –, elle s'imagine plaisantant avec Finnegan, Onyx roupillant près d'une cheminée avec les autres pokemons de la maisonnée – y avait-il au moins une cheminée là bas ? –.

Puis son attention se perd sur à quoi pourrait bien ressembler la mère de son ami. Elle se la représente telle une grande dame, svelte, les cheveux longs, encore plus pâles que ceux de son fils. Elle aurait un air mystérieux mais avenant, probablement celui que sont censées avoir les mères. La démarche éthérée un peu... Un peu comme les nymphes que l'on retrouve dans la forêt.
Teagan sait qu'elle a tort, mais son image mentale la satisfait et si elle ne reste que ça – mentale – alors elle ne fera de mal à personne.

Ses pérégrinations imaginaires l'aident à passer le temps alors qu'elle se presse sur le chemin. Le vent hurle à travers les ruelles étroites de Doon, semble porter les complaintes de quelques fantômes – et elle est presque convaincue que ce n'est pas qu'une vision de l'esprit – mais elle ne s'arrête pas jusqu'à atteindre la maison en question.

Elle vérifie une dernière fois, puis tape à la porte.
Trois coups rapides, qu'elle espère assez fort pour avoir été entendus, elle détesterait avoir à insister. Heureusement, elle n'en a pas besoin. Il ne faut pas longtemps au battant de bois pour s'ouvrir, encore moins pour voir la frimousse de Finnegan la saluer.

« Bonsoir ! » lui répond-elle avec un entrain qui, elle l'espère, camoufle la tension qui revient la tirailler maintenant que son esprit s'ancre à nouveau dans la réalité.
Elle ne se fait pas prier pour rentrer, le froid ne la dérange pas outre mesure mais c'est principalement parce qu'elle peut apprécier le retour de la chaleur après.

Puis, alors qu'elle enlève sa veste, Finnegan complimente sa robe. Plaisante sur le fait de ne pouvoir lui jeter de la farine.
Ses joues déjà rosies par le froid s'empourprent un peu plus sous l'attention positive. Elle se sent un peu bête, elle qui avait songé à ne pas la porter, elle qui avait craint qu'on ne lui explique gentiment mais fermement que ce n'était pas une tenue convenable pour une 'fille comme elle'...

« Se serait gentil d'éviter, effectivement. » elle feint la contrariété, mais le sourire qui danse sur ses lèvres témoigne d'un autre sentiment, un sentiment plus chaleureux, plus agréable. Quelle idiote d'avoir douté de Finnegan !
Quand ce dernier referme derrière eux, elle ose faire quelques pas pour s'aventurer un peu plus dans la demeure. Il y a dans l'air une odeur d'épices qu'elle ne parvient pas entièrement à déchiffrer. C'est agréable, un peu sucré et surtout-... Si Breith avait une odeur, c'est celle-ci que Teagan lui donnerait.

Sans surprise, l'endroit est plus grand que chez elle. Sans surprise, c'est également plus peuplé. Elle rend leur salut aux pokemons de Finnegan d'un geste de la main accompagné d'un « Bonsoir vous tous ! » un peu trop enjoué au goût de certains. Le Mimiqui de son ami file derrière un meuble mais elle ne peut réprimer un gloussement « Oups, désolée. » souffle-t-elle plus doucement avant de rendre la poignée de main d'un Brocelôme plus aventureux que les autres.
Elle ne peut pas nier que la réputation de garçon aux spectres de Finnegan n'est pas usurpée. Par contre, peut-être est-elle biaisée, mais elle ne voit pas le problème.

Sa veste sous le bras, elle secoue la tête pour répondre à sa première question. « Non non, ça va, il fait bon ici, je vais me réchauffer assez vite-... Par contre, je veux bien boire quelque chose si tu veux bien ! »
Elle tourne la tête à droite, à gauche, pose des yeux pétillants sur les décorations qui ornent le salon. C'est joli et confortable, son sourire ne peut s'empêcher de s'agrandir, elle ne peut s'empêcher d'espérer que son père sortira le plus tôt possible pour les rejoindre.

« Oh ! Par contre, j'ai des choses à mettre au frais avant. » D'un geste, elle soulève l'un des sacs qu'elle porte pour illustrer ses propos, prête à suivre Finnegan vers la cuisine.

Son prochain champ de bataille. Elle aimait bien voir ça comme ça : la cuisine comme une guerre au terme de laquelle ils apporteraient gloire et victuailles à leurs familles respectives !

« Ta mère n'est pas encore rentrée ? » demande-t-elle avec curiosité. Peut être travaillait-elle comme son propre père, ça leur laisserait le temps de préparer le repas pour les accueillir à leur retour avec de bonnes odeurs ! « D'ailleurs, ça ne dérange pas si je laisse sortir Onyx ? »

Ils sont donc effectivement seul. La mère de Finnegan n'est pas là, sortie faire des courses de dernières minutes lui explique-t-il. Distraitement, Teagan opine du chef en lui suivant jusqu'à la cuisine, elle espère que ce n'est pas à cause d'eux, qu'ils n'ont pas bousculé – de trop – les plans initiaux de Bren.
Cependant, son esprit ne s'attarde pas trop là dessus : Finnegan est bien trop nonchalant pour l'alarmer et la maison grouille et fourmille de trop de détails pour qu'elle ne puisse se concentrer que sur une seule chose à la fois.

Cependant, elle s'ancre à nouveau dans la réalité quand le feu vert pour faire sortir Onyx lui est donné. « Merci ! » Avec un enthousiasme certain, elle fait sortir le matou ébène de sa pokéball qui s'étire paresseusement et salut les résidents présents d'un miaulement grave. Onyx est un Mangriff assez tranquille, Teagan ne craint pas de le laisser seul avec les autres. Pourtant, ça ne l'empêche pas de lui adresser quelques recommandations comme une mère pourrait le faire à son enfants. Et loin de s'en offusquer, le Mangriff hoche la tête avec un sérieux irréprochable : lui aussi veut faire bonne impression.

Arrivé à destination, Finnegan désigne le réfrigérateur à Teagan et elle ne se fait pas prier pour y ranger ses affaires. Il y a de la place, bien assez pour qu'elle puisse y déposer le gâteau sans avoir à tout déplacer : c'est un véritable soulagement de ne pas avoir à tout réorganiser. C'est également un soulagement de ne plus avoir à porter tous ces sacs.

« Tout rentre ! » prévient-elle avec un certain entrain.

En se redressant, elle s'étire, les bras levés bien haut vers le ciel avant de se retourner vers Finnegan qui vient de les servir, et lorsqu'elle aperçoit la tasse qu'il lui tend, elle ne peut s'empêcher de laisser sortir une exclamation.

« Oh non, elle est trop jolie ! » Tarpaud n'est probablement pas son pokemon favori mais voir un mug à son effigie remet en perspective ses choix. Il mériterait probablement une place dans son top 5 rien que pour ça.
Concentrée sur le récipient, elle n'écoute que d'une oreille distraite les explications de Finn mais tique lorsqu'il lui assure qu'il n'y a là aucun fruits de mer. Par réflexe, elle renifle tout de même le breuvage, mais à part l'odeur caractéristique de la citrouille et de certaines épices, Teagan ne décèle rien de bien douteux. « Tout de même, ça serait bizarre de mettre du poisson dans une boisson.. » marmonne-t-elle plus pour elle même que pour son ami.

Puis elle aperçoit sa tasse. Et à nouveau, elle ne peut réprimer une nouvelle exclamation et un sourire.
« Oh non ! Elle est... Elle est trop bien ! Pauvre Chacripan ! » Elle ne plaisante qu'à moitié. Le petit félin n'est clairement pas à son avantage représenté de la sorte, mais il s'en dégage un certain charme. Le charme de ces objets bien vilains qu'on souhaite tout de même garder parce que justement, ils sont vilains et que personne d'autre n'en voudrait.

C'est du moins son impression. L'impression que même une tasse moche a le droit d'accomplir son destin de tasse dans un foyer aimant. C'est ce à quoi elle pense en sirotant la boisson mystère de Finnegan. Une boisson qu'elle ne tarde pas à complimenter par ailleurs.
« Il faudra que tu me passes la recette ! C'est super bon ! » déclare-t-elle en analysant le contenu de sa tasse comme si, d'un simple coup d'oeil, elle pouvait en deviner tous les secrets. Peine perdue, mais la couleur orangée est assez agréable à regarder.

Puis la conversation dérive rapidement sur des sujets triviaux. Teagan parle beaucoup, raconte sa journée, celle de la veille et n'hésite pas à questionner Finnegan sur les siennes. Le temps que les tasses soient vidées – deux fois dans le cas de la sienne – avant qu'elle ne se recentre. Elle n'est pas uniquement là pour discuter et le repas ne se cuisinera pas seul.
En s'attachant les cheveux, la roussotte demande à Finnegan si sa mère a laissé des indications ou s'ils ont carte blanche. Si elle est une invitée, Teagan souhaiterait tout de même se rendre utile au maximum et enlever autant de travail que possible à ses hôtes.

D'autant que si Finnegan n'aborde plus vraiment le sujet, ses mains – et probablement le reste de ses bras – font toujours peine à voir, hors de question qu'elle le laisse s'approcher des fourneaux.

C'est avec beaucoup de sérieux que Teagan s'implique dans la liste qu'a donné Bren. Le plan de bataille s'ébauche et rapidement, ils se mettent d'accord sur qui fait quoi. Les tâches sont réparties et si par moment, Teagan relève un regard discret vers les gestes de Finnegan, à aucun moment ose-t-elle lui enlever le couteau des mains.
Ce n'est plus un enfant, elle n'a pas son mot à dire... Et puis, Melinoë veille au grain à sa place. Alors la roussotte déglutit, fait taire une inquiétude mal placée et se concentre sur son œuvre.

Rapidement, la cuisine devient un véritable chantier, elle n'a pas l'habitude d'accumuler autant de vaisselle. Elle n'a pas non plus l'habitude de cuisiner avec quelqu'un d'autre ceci dit. Ce n'est pas désagréable, elle pourrait y prendre goût ! L'idée est plaisante, lui souffle qu'elle pourrait être la prochaine à préparer un dîner à la maison.
Teagan range précieusement cette pensée dans un coin de son esprit. Ce n'est pas qu'elle la juge mauvaise, loin de là, mais autant penser à une réunion à la fois et ne pas chercher à abuser ou étouffer son ami.

C'est qu'elle aimerait éviter de le faire fuir.

En revanche, son envie de conserver l'amitié de Finnegan ne l'empêche pas de l'éloigner des fourneaux. « Non, non, non, je m'en charge. » rouspète-t-elle le voyant approcher ses mains et ses brûlures trop près du feu. Quelle idée de vouloir se soumettre à ça le jour de Breith ?
Si elle ne veut pas trop materner le jeune homme, elle ne souhaite pas non plus le laisser se faire du mal inutilement. Les brûlures, elle a connu ça, et même si elles étaient moins impressionnantes que celles de Finnegan, les approcher d'une source de chaleur n'était jamais plaisant. Teagan n'en démord pas, en vient même à faire tournoyer une cuiller menaçante, prête à frapper si nécessaire.

Oh, elle ne l'aurait jamais abattu.
Mais le message est passé.

Finn se rabat sur la confection de la pâte sablée et si la rouquine hésite à intervenir – de la pâte dans ses bandages ? Oochie – elle se retient. Suit simplement le déroulement des opérations du coin de l'oeil.
Encore une fois, son inquiétude n'est pas fondée, les spectres viennent même en aide à leur humain pour lui faciliter la tâche. Attendrie, elle laisse une ébauche de sourire satisfait s'étirer sur ses lèvres avant de hocher la tête.

« Onyx a voulu aider à la cuisine une fois... Le ragoût était-.. Plein de petites surprises. » si un éclat de rire perce dans sa voix, la grimace qu'elle fait laisse sous-entendre que l'expérience n'a pas été si amusante sur le coup. Malgré la bonne volonté du Mangriff, les poils, ça tombe, ça colle et ce n'est pas très agréable à avaler. « Mon père s'est forcé à finir son assiette ce soir là. Il m'a assuré que c'était très bon. »
Haussant les épaules, elle baisse le feu sous la casserole dans laquelle elle fait désormais mijoter la sauce en la remuant de temps en temps. Sur le ton de la confidence, elle se retourne et murmure « Une peine à avouer, mais ça ne l'était vraiment pas ! »

Une précaution vaine. C'est un miaulement grave qui s'élève dans l'entrée de la cuisine alors qu'Onyx se tient à moitié caché derrière le mur. Son air d'habitude si neutre – voir blasé – s'est teint d'une expression abattue.
« Oh, Onyx-... » prise sur le fait, coupable et un peu penaude, Teagan rougit, cherche une manière de se rattraper. « C'est parce que-... J'avais mis trop de poivre ! Toi tu as été parfait ! » annonce-t-elle avec un peu trop d'entrain.

Peut être le matou saisit-il le stratagème de sa dresseuse, peut être comprend-il qu'elle ne cherche qu'une parade. Peu importe. Il laisse échapper un nouveau miaulement grave, semble apaisé par l'excuse fournie et rentre en cuisine. Un instant, Teagan craint qu'il ne veuille participer lui aussi, avec ses griffes et ses poils.
Heureusement, c'est dans un coin de la pièce, éloigne de toute nourriture ou ingrédient qu'il s'installe et observe le reste de la scène. Avec son regard à moitié fermé de chat.

Est-il en train de les juger ?
Teagan frémit.

Passant le feu au minimum, elle finit par délaisser sa casserole, essuie ses mains sur un chiffon et vérifie la cuisson du plat principal au four.
Tout a l'air en bonne voie. C'est avec un air satisfait qu'elle se rapproche du plan de travail devant lequel se tient Finnegan. « Besoin d'aide par ici ? »
Le salé est en marche, le sucré au moins à moitié terminé, de vrais petits chefs en cuisine. Le galarien hurlant dans Horreur Gastronomique n'aurait rien à redire s'il venait critiquer chez eux !