Si Cécil ne fait que plaisanter à propos d'une potentielle visite de sa ville natale avec ses connaissances kerosienne, Séraphin semble prendre le projet plus au sérieux, proposant même de faire un crochet par Roche-Sur-Gliffe pour voir l'aquarium de la ville. Distraitement, Cécil hoche la tête, encore peu convaincu par une idée dont la réalisation semble bien lointaine.
Adepte de l'improvisation, le coordinateur ne se projette pas plus loin mais laisse tout de même la possibilité à ce voyage de se réaliser.

Qui sait ?
Le futur est après tout incertain.

Incertain, ou presque. Cécil déglutit, choisit d'ignorer les pensées parasites et se concentre d'avantage sur son ami qui semble un instant perdu dans ses pensées. Puis ce dernier reprend, l'interroge sur son premier badge et la possibilité qu'il ait pu en remporter d'autres. La question lui arrache malgré lui un sourir.
Au loin de lui l'idée de vouloir se pavaner mais-.. Mais en fait si. Assez fier de son palmarès – même incomplet – Cécil se voit ravi d'abreuver la curiosité du médecin et ce, même si le commentaire qui suit le désarçonne un bref instant.

« Ah, ça... C'est-... » pas important, aimerait-il conclure. A la place, sa phrase reste en suspens et le kalosien cligne bêtement des yeux un bref moment. Ses cheveux blancs ne le complexent pas plus que ça. Pas trop. Si ça avait été le cas, il se les serait teint après tout. Et pourtant, c'est un peu sur la défensive qu'il fait la moue.
La couleur ne le complexe pas outre mesure, les circonstances en revanche-...

Des circonstances qu'il passe sous silence.

Retrouvant rapidement son aplomb, Cécil esquisse un sourire. « Je n'ai jamais tenu en place, explique-t-il. Dès qu'il m'a été possible de parcourir la régions, j'ai saisi ma chance de voyager, les arènes étaient une excuse parfaite. » son regard se teinte alors d'une certaine nostalgie. A l'époque, le défi des arènes était un excellent exutoire et une superbe excuse pour s'éloigner un peu afin de prendre du recul et de l'indépendance. Si être dresseur n'est au final pas la carrière qu'il a choisit, les souvenirs lui mettent tout de même du baume au cœur.

« Pour répondre à votre question, j'ai gagné trois badges avant d'être appelé ! » conclut-il, pas peu fier de lui. Peut être que sans le service militaire, il aurait poursuivi sa quête, peut être pas. Cécil ne s'y attarde pas – de même qu'il fait mine de ne pas remarquer le commentaire murmuré du médecin –.  « Beaucoup de jeunes gens rêvent de partir à l'aventure, c'est le modèle qu'on nous vend... siffle-t-il distraitement avant de reposer son attention sur Séraphin. Et vous, Séraphin ? Ca ne vous a jamais tenté de visiter les recoins de Keros ? »

Il croit deviner la réponse. S'il ne connaît Séraphin que depuis peu, il suppose que son caractère un peu casanier n'a pas énormément changé. Pourtant, c'est avec curiosité qu'il fixe son comparse. Il ne serait pas non plus surpris d'apprendre que par le passé, le médecin avait de grands rêves de gloire – autre qu'avoir son visage sur une affiche parce qu'il serait le meilleur des médecins – mais que ceux-ci avaient été étouffés dans l'oeuf par des attentes strictes des figures parentales.

C'est comme ça que ça marche chez les riches héritiers, non ?

Lorsque Séraphin ouvre la bouche pour répondre, Cécil n'est pas surpris. Les explications de son comparse ne font que renforcer certains des a priori que le kalosien avait à son sujet et celui-ci ne peut s'empêcher d'étirer un sourire amusé à la brutale honnêteté du médecin. 'Une perte de son temps' déclare-t-il sans une once d'hésitation ou de tact.
En d'autres circonstances, le commentaire aurait pu être interprété comme une critique indirecte, une offense à ses choix de vie et une invitation à se mettre sur la défensive. Pourtant, et contrairement à d'autres préjugés qu'avait nourri Cécil, il n'y a aucune animosité ni aucun jugement dans les mots de son compagnon d'infortune.

Séraphin ne fait qu'expliquer concrètement sa réflexion, il n'y a là qu'une simple observations menant à une conclusion logique.

« Vous avez les pieds sur terre... » commente-t-il distraitement en observant le médecin. Ce n'est pas quelque chose qu'il envie. Cécil se sait bien trop volage pour rêver d'une vie bien tranquille, posé dans une seule ville dans laquelle on finirait par l'enterrer.

Il sait aussi la vie bien trop courte pour être raisonnable.

Pourtant, il y a une certaine admiration pour son ami lorsqu'il prononce ces mots. En tant que riche héritier, Séraphin aurait pu choisir nombre de carrières différentes qui lui auraient rapporté autant de gloire et de richesse si ce n'est plus que médecin. Pourtant, c'est au service des autres que le kérosien a décidé de se mettre.
Cécil n'en est pas certain, mais c'est peut être ça qui le fascine et lui plaît chez son ami, qu'en passant outre son caractère et ses propos malheureux, ce dernier soit assez responsable et dévoué pour se soucier de la santé des autres.

C'est peut être un standard bien bas.
Mais pas aux yeux du kalosien.

Alors ce dernier esquisse un rire lorsque Séraphin constate soudainement qu'ils sont bien différents. « C'est vrai, souffle-t-il dans un pouffement Mais ce n'est pas un mal, après tout-... »

C'est un craquement sonore qui le coupe dans sa phrase, et c'est une lumière vive qui lui indique où se trouve le problème.
C'est son sac à dos qui s'illumine de l'intérieur et Maush est déjà sur le coup. L'Opermine s'affaire à ouvrir la fermeture avec ses deux mains, mais celles-ci peinent : leurs griffes trop longues ne sont pas le meilleur outil pour attraper quoique ce soit de trop petit. Heureusement, Cécil ne tarde pas à réagir – et à pester –.

« Quoi ? Maintenant ? Tout de suite ? » Il parle vite et bas en ouvrant gros le sac et en en retirant l'oeuf. Si ce dernier est plus petit que celui de Bichou, Cécil ne sait pas ce qui va en sortir et préfère que le nouveau-né ait la place de naître.
Et si ce n'est pas la première fois que ça lui arrive, le cœur du kalosien ne peut s'empêcher de battre à tout rompre.

C'est-... Tôt, pour une éclosion, lui semble-t-il.
Mais après tout, il y a des espèces qui incubent moins de temps que d'autres.

Ainsi, le coordinateur ravale ses dernières plaintes : on ne freine pas la nature, et s'il n'est pas entièrement préparé à une naissance là, tout de suite, il doit faire bonne figure.

« On va enfin savoir ce qui va en sortir. » déclare-t-il à Séraphin. Ils avaient rapidement théorisé sur l'espèce du pokemon à naître, l'heure de vérité avait enfin sonné.

La lumière s'intensifie alors pendant un instant, les bruits de coquilles qui craque également, puis en un instant, tout est fini. Et à la place de l'oeuf ? Un bébé Axoloto. Tout petit, tout rose – ne sont-ils pas bleus en temps normal ? – qui peine à se relever.

Sans bras, c'est vrai que ce n'est pas facile.

Alors Cécil couine doucement, ému. « Il est si petit. » murmure-t-il en observant Maush l'aider à se redresser avec toute la délicatesse du monde. Malgré l'aide, le petit titube en essayant de s'avancer. Il a l'air bête avec ses petits yeux et son grand sourire. Assez pour que Cécil s'en retrouve deux fois plus attendri.
Pourtant, quand il tend les bras, c'est vers Maush que l'Axoloto se tourne.

Ah.

Cécil fait la moue mais n'insiste pas.

« Voilà déjà deux éclosions auxquelles vous assistez, Séraphin, ça devient une habitude. » souffle-t-il alors vers son comparse pour plaisanter. « Heureusement que celle-ci est plus calme que la précédente ceci dit. »

Séraphin parle et explique des choses, et sans doute a-t-il raison, mais c'est à moitié que Cécil l'écoute. Toute son attention rivée sur le nouveau venu, sur sa couleur, sur ce que sa naissance prématurée implique pour lui, sur le fait qu'il a l'air aussi bête que mignon, et que si Maush peut avoir l'air brute avec ses grosses griffes, il n'en est pas moins le pokemon le plus doux qu'il ait rencontré.
C'est beaucoup de pensées qui lui traversent l'esprit, alors il lui reste bien peu de luxe de comprendre entièrement ce que dit son comparse, et s'il hoche la tête et hume son approbation, c'est plus par politesse que parce qu'il a vraiment saisi les réflexions du médecin.

Mais peut être aurait-il du prêter plus ample attention à Séraphin, car lorsque celui-ci s'excuse, et se rapproche du bébé, Cécil papillonne du regard, l'air perdu. Une revanche ? Quelle revanche ? Trop perplexe pour faire un quelconque lien, le kalosien fronce les sourcils et se laisse pousser doucement, curieux et confus par le comportement de son comparse.
Et même après que Séraphin ait mis son plan à exécution, il lui faut un temps pour que tous les engrenages se mettent à tourner dans sa tête.

D'abord il arque un sourcil.
Puis fronce les deux.

Puis il ouvre la bouche, révolté.

Il inspire fort, offusqué comme jamais alors qu'entre les griffes de Maush, le bébé Axoloto lève des yeux curieux vers le deuxième homme. Est-il déjà trop tard ?

« Vous n'avez pas osé ?! » sont les premiers mots qui lui échappent. La question est inutile, d'autant que sous son regard médusé, Séraphin sourit, narquois, et n'hésite pas à peaufiner son infâme traîtrise. Il répète à nouveau le nom, prend bien le soin de détacher chaque syllabe jusqu'à ce que la petite créature rose réponde à l'appellation.
'nooooon', la plainte est murmurée, aiguë et vaine. Archibald, puisque c'est à ce nom qu'il répond, laisse échapper quelques couinements dès qu'il entend son nouveau nom et si Cécil l'enjoint de ne pas écouter, il est trop tard. Et il n'a aucun autre nom de prévu pour contrer le nom péteux que Séraphin a osé donner à son enfant.

De révulsé, Cécil passe à dépité lorsqu'il doit reconnaître sa défaite. « Qu'avez-vous fait, malheureux... » déclame-t-il, théâtral, le dos de sa main contre son front. Et s'il a l'air sérieux il ne l'est qu'à moitié-... Non, plutôt au trois-quart.
C'est que-... Une part de lui aimerait en rire, mais une autre – une qui prend beaucoup de place – se sent non seulement vexée, mais également insultée. « Archibald ? il retient à grand peine une grimace lorsque l'Axoloto piaille joyeusement. Est ce que Maush est en train de rire ? Vraiment ? Séraphin, vous n'aviez rien de mieux que 'Très chauve' pour mon bébé ? Vraiment ?? »

Et oh, les commissures de ses lèvres tremblent et menacent de remonter à tout moment, et ses yeux brillent un peu trop d'amusement pour avoir l'air vraiment en colère, mais-... Tout de même... Archibald ?!

C'est vraiment vexant.