Cécil n'est pas en retard. Ca ne l'empêche pas de trottiner pour arriver à l'heure, parce que s'il n'est pas en retard, il est à la limite de l'être. Et il apprécierai de continuer à ne pas l'être, en retard. Surtout quand il n'a pas d'excuse valable à offrir à Séraphin qui, sans nul doute, doit déjà l'attendre.
Peut être qu'il se trompe, mais le coordinateur n'y croit pas une seconde : s'il ne connaît pas ou peu le médecin, celui-ci a l'air bien trop rigide – d'aucun dirait coincé – pour se permettre d'arriver pile à l'heure... Et encore moins un poil en retard. Peu importe si le temps n'est pas à sortir, s'il fait froid et s'il vaut mieux rester à l'intérieur.

Cécil en pesterait presque s'il n'avait pas lui même proposé son aide, s'il n'avait pas déjà accepté le rendez-vous. A la place, il se sent un peu bête, se maudirait presque : c'est que s'il force l'allure en sortant de la ville, ce n'est pas uniquement parce qu'il veut faire une bonne impression. Et déjà, cette envie précise trahit un autre motif : retrouver un ami sur une plage – même celle d'un lac et pas de la mer – l'égaye plus que ça ne devrait. Même si ce n'est que pour 'des études', Cécil ne peut s'empêcher de ressentir l'excitation de ses premiers voyages, de ceux où ils rencontraient différents dresseurs et coordinateurs sur les routes, par hasard, et qu'il se nouait d'une amitié aussi forte qu'éphémère.

Un sentiment qu'il ne pensait plus retrouver.
Qu'il espérait pourtant ressentir sur les routes étrangères de Keros.

Alors certes, Séraphin n'est pas un dresseur en quête de gloire, de badges ou de trouver sa voie dans la vie, mais lui même n'est plus le jeune coordinateur qu'il était. Les choses changent, les rencontres sont moins fortuites – moins bon enfant – mais il y a des choses qui ne changent pas. Ils vont se rencontrer. Sur une plage. Pour s'entraîner.
Et ça, c'est un étrange mélange entre quelque chose de nouveau et de familier, assez pour que Cécil ne ralentisse pas l'allure et regrette de ne pas s'être mieux organisé la veille.

Alors le bougre peste, jette un œil à sa montre et se rassure car il n'est pas encore en retard.

Quand il arrive finalement au lieu de rendez-vous, à peine essoufflé pour maintenir les apparences, il est à l'heure. Pile à l'heure, c'est un succès. Et sans surprise, Séraphin est déjà là, semble l'attendre depuis un moment déjà. Alors Cécil se compose, se redresse, rajuste les manches de sa veste. Les deux hommes sont habillés pour les circonstances même s'il semble au kalosien que son compère est tout de même mieux préparé que lui. A défaut de voyager avec de vraies bottes de pluie, Cécil a opté pour de confortables et robustes chaussures de marche, assez tout-terrain pour supporter l'humidité et la boue. Le jean qu'il porte est usé et à moitié délavé, rêche comme il faut mais parfait pour crapahuter et ne pas avoir peur d'un trou malheureux, et s'il a opté pour un haut à manches longues mais sans pull, c'est pour mieux pouvoir porter un ciré brun trop grand pour lui, 'emprunté', jamais rendu à son père.

Ca ne l'a pas empêché de tout de même glisser un pull dans son sac, juste sous l'oeuf, au cas où.

Ainsi, arrivant à proximité du médecin et de ses pokemons – les deux de sortie –, Cécil lève un bras et les interpelle de loin dans le doute qu'ils ne l'aient pas vu. S'il s'est arrêté de courir un peu avant d'arriver – pour reprendre son souffle et ne pas révéler l'honteuse vérité –, il trottine sur les quelques mètres qui le sépare du binôme pour les rejoindre et les saluer en bonne et due forme. Avec peut être même un peu trop d'entrain.

« Ah, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre... » souffle-t-il sans vraiment être désolé : il est arrivé à l'heure, mais si son objectif était d'arriver un peu à l'avance, mais ça, personne d'autre que lui n'a besoin de le savoir.
Alors Cécil se laisse distraire facilement, salue Pénélope avec la même tendresse qu'il a pour ses propres pokemons et finit par s'accroupir pour observer le Mucuscule. 'Salut, petite bavouille' lui murmure-t-il dans sa langue natale en lui tendant un doigt pour se présenter.

Le pokemon est semblable à ce dont il se souvenait : il n'a pas particulièrement grandi pour tenir encore dans les pattes de la Wimessir et est aussi calme que lors de son éclosion. Cécil en serait presque jaloux si l'énergie de Bichou n'était pas un facteur attendrissant bien qu'éreintant.

« Il a l'air en pleine santé ! » qu'il déclare avec entrain avant de relever le visage vers le médecin. « Comment s'appelle-t-il ? »

Cécil tique, lance un regard un peu confus à Séraphin. Si 'être prudent' avec un pokemon semble raisonnable, dans la bouche du médecin – qui croise les bras avec austérité – la connotation est différente, donne l'impression que le petit dragon est fait de verre et qu'on lui reproche de ne pas avoir fait attention. Craint-il que Cécil ne blesse la créature ?
Alors le coordinateur papillonne un peu des yeux, dévisage un instant Séraphin, laisse son regard vagabonder entre lui, le Mucuscule anonyme et Pénélope qui réagit du tac-au-tac. La Wimessir semble fulminer, et si Cécil est bien incapable de comprendre correctement ce qu'elle veut dire, il devine – au moins à moitié – son mécontentement et l'origine de ce dernier.

Interdit, Cécil reste muet un instant. Si Séraphin n'a rien d'un dresseur expérimenté, il ne lui semblait pas que le médecin soit du genre à surprotéger ses pokemons. Alors il songe, peut être est-ce à cause de l'origine même du dragon et de son gène récessif qui inquiète son ami ? Le bougre ne peut en être certain, d'autant que l'absence de nom pour son Mucuscule ne semble pas non plus être quelque chose d'habituel pour Séraphin. Et si ce dernier se relève, Cécil reste accroupi, sourit gentiment au dragon avant de relever les yeux sur Séraphin.

« Ils vont bien, merci de demander. Je vous présenterai les nouveaux venus, mais ce n'est peut être pas le meilleur endroit ni le meilleur moment. Quant à l'oeuf, il effectue un vague geste de la main vers son sac. Il n'a pas encore éclot, mais il remue de plus en plus, je serais bientôt fixé sur son identité. »
Et si Cécil semble assez ravi, et si sa réponse donne l'impression d'avoir mordu à l'hameçon, il n'a toujours pas bougé. Un instant, il fixe Séraphin, un sourire taquin aux lèvres. C'est qu'il n'imagine pas d'autres raisons que la maladresse et le manque d'expérience pour expliquer l'absence de nom du Mucuscule et la réaction hâtive du médecin pour passer l'oubli sous silence.

« En revanche, Séraphin, il va tout de même falloir trouver un nom à la bavouille. Vous m'avez demandé des conseils pour le dressage, voilà le premier. C'est important pour créer un lien de confiance entre vous. »
Et enfin il se redresse, n'insiste pas pour qu'il lui en trouve un tout de suite. Ces choses là se font naturellement songe-t-il. Parfois, le nom vient tout de suite, parfois il faut un peu attendre. La période d'attente pour le dragonnet est-... Plus longue que prévue, mais-... Si Cécil ne peut pas vraiment arguer connaître Séraphin, il ne peut pas non plus se prétendre surpris.

Pas vraiment.

Alors il indique à Séraphin de prendre la tête de leur expédition puisqu'à apparemment, ils ne resteront pas ici, et laisse Pénélope le dépasser afin de l'avoir elle et le dragonnet dans son champ de vision. C'est que si la zone a l'air tranquille, les pokemons sauvages ne sont pas absents pour autant. Ainsi, relativement aux aguets, Cécil balaye la zone du regard en suivant Séraphin. Tout semble aller pour le mieux et il ne tarde pas à reprendre la conversation.

« Alors ? débute-t-il en apercevant un Nigosier au loin. Vous n'avez pas l'air de vouloir partir à la conquête des badges ou des rubans, quel est donc notre objectif aujourd'hui ? »

Parce que 'conseil en dressage', c'est un thème large. Cécil sait des choses et la plupart font plus parties de connaissances intuitives, oubliées, du genre à ne refaire surface qu'aux moments où elles sont nécessaires. Affiner l'objectif de leur excursion – entraînement – lui semble donc le plus logique.

Si Cécil est tenté de se laisser distraire par leur expédition, par les souvenirs qu'elle fait remonter à la surface et par son envie de simplement partir explorer les berges du lac – après tout, n'y a-t-il pas une légende sur un Locklass immaculé dans les environs ? – Séraphin le rappelle à l'ordre en le piquant sur son 'professionnalisme'.
Le commentaire fait arquer un sourcil au coordinateur et lui arrache un demi-sourire. L'a-t-il vexé ? Mais de la même manière que le médecin est à la tête de leur groupe et ne voit donc pas ses réactions, Cécil ne peut lire son expression. Alors il garde le silence, attend sagement que son comparse finisse ses explications et décrive ce qu'il attend de lui. Et à mesure que Séraphin parle, son ton se fait plus grave.

Est-ce de la frustration qu'il entend lorsque le médecin lui décrit ses essais infructueux de faire évoluer son pokemon ?

Mais Cécil ne relève pas, pose un regard rapide sur le crâne du Mucuscule qui porte Pénélope devant lui avant de le glisser sur Séraphin. Lèvres pincées – plus parce qu'il réfléchit que par réelle contrariété – le kalosien prend un certain temps pour répondre. Quelque chose le chiffonne dans ce qu'on lui a dit.

« Hé bien, ce que je vais vous dire ne va probablement pas vous plaire, mais à part avec une pierre, on ne force pas une évolution. »

Songeur, il porte une main à son menton et laisse ses yeux vagabonder sans vraiment se poser sur un endroit précis. Ils sont peut être arrivés à destination, mais autant revoir les attentes de Séraphin à la baisse avant de poursuivre l'entraînement.

« Vous avez raison, cependant, le combat n'est pas la seule façon pour un pokemon d'évoluer... Ce n'est pas non plus une méthode infaillible d'ailleurs-... qu'il rajoute à la va vite. Si ça avait été le cas, Maush, l'Opermine que vous avez déjà vu, aurait déjà évolué il y a quelques années de cela. » et si Cécil ne peut réprimer un sourire affectueux pour son compagnon de toujours, il se reprend rapidement. Les nouvelles qu'il donne à son compère, si elles ne sont peut être pas neuves, n'ont pour l'instant rien de réjouissant pour lui.
« Ca dépend beaucoup du pokemon et de s'il veut évoluer, ajoute-t-il en lançant un regard au Mucuscule. Et le votre est un dragon, ils prennent généralement plus de temps que les autres à grandir. »

Un instant, Cécil craint de voir de la déception dans le regard de Séraphin. C'est qu'il l'a appelé pour l'aider et jusqu'à présent, le discours qu'il tient semble plus décourageant qu'autre chose. Conscient de ça, réprimant l'envie de lui faire la morale comme à un enfant – du genre qui n'ont jamais eu d'effet sur lui –, Cécil adresse un sourire qui se veut rassurant à son compagnon d'infortune.

« Dans tous les cas, rassurez-vous : cette petite escapade ne pourra lui faire que bien ! Les pokemons, aussi petits soient-ils, ont tous besoin de se dépenser. » Et si Cécil essaie d'y mettre de l'entrain pour remotiver la troupe, il ne s'engage pour autant pas à voir le dragonnet évoluer dans la journée.
C'est que, si Séraphin n'a à cœur que le meilleur en l'ayant arrosé d'eau qu'il a lui même préparé, ne se résolvant à utiliser que l'eau de pluie qu'après coup, c'est que le Mucuscule n'a pas l'air d'avoir eu le droit de découvrir le monde qui l'entoure à sa guise. Du moins, c'est ce qu'il comprend en repensant à la demande 'continuer à rester prudent'.

« Si nous sommes arrivés, laissons-le explorer la zone, je surveillerai qu'il n'arrive rien, rassure-vous. » et sur ces belles paroles, Cécil s'accroupit près de Pénélope, le regard posé sur le Mucuscule encore dans ses bras pour lui souffler quelques mots gentiment. « Qu'en dis-tu, petite bavouille, tu veux explorer ? Tu veux en apprendre plus sur le monde qui t'entoure et devenir grand et fort ? »

Séraphin a l'air abattu, défait, et Cécil s'en sentirait presque coupable s'il y pouvait quelque chose. Or, la seule chose qu'il peut se permettre de faire c'est donner un frein à ronger à son compère : la nature ne se presse pour personne, mal maîtrisée, résultat de trop de pression ne finit généralement jamais bien, que ce soit pour le pokemon ou son dresseur.
Alors, lorsque le médecin donne sa permission pour relâcher la petite bête et lui permettre de vagabonder, et qu'il s'accroupit à ses côtés, Cécil lui adresse un sourire qui se veut compatissant. Amusant de se rendre compte que tout humain au contact des pokemons, peu importe son objectif, finisse toujours par se heurter à ce genre de problème.

Mais Séraphin est probablement assez raisonnable pour comprendre.

Qu'il soit contrarié, Cécil le comprend aisément : une part de ses études repose sur le Mucuscule et il serait bien mal avisé de prétendre ne pas avoir vécu la même chose. Mais Séraphin n'insiste pas. Certes la situation est fâcheuse, mais ce dernier finit par changer de sujet, pose une question qui n'a rien à voir avec le dressage à un Cécil qui hausse les sourcils.
La question posée le laisse un instant hébété, le fait se questionner lui même sur quelque chose auquel il n'avait pas fait attention. Parler en kalosien à ses compagnons est juste-... Naturel, et un instant, il songe à demander à Séraphin s'il pense que ses pokemons le comprennent lorsqu'il parle en kérosien, comme si la situation était comparable.

Il n'en a pas le temps. Lorsque le médecin poursuit, c'est sur une remarque que le coordinateur a du mal à ne pas interpréter comme un reproche. A-t-il réellement été perçu comme insultant ? Le kalosien fronce les sourcils et fait la moue, marmonnant quelques mots sur la défensive sans vraiment rien articuler d'intelligible avant qu'un rire surpris ne lui échappe.

« Pardon ?! » et s'il veut avoir l'air insurgé, son expression trahit plus sa confusion sur l'origine du surnom. Est-ce à cause des œufs ? Ce n'est pourtant pas si rare d'en récupérer... Pas commun, mais pas rare non plus.

« 'Petit éleveur' c'est-... Long comme surnom, et pas très beau... rétorque-t-il comme s'il s'agissait là du soucis principal. Bavouille, en revanche c'est-... » un instant, il cherche la meilleure manière de décrire son idée, remue des mains comme s'il partait à la pêche aux adjectifs. « C'est mignon. C'est rond en bouche, ça glisse tout seul. » et s'il pourrait pester sur le fait que 'petit éleveur' ne le décrirait absolument pas et que quitte à choisir un surnom trop long pour être agréable à dire, autant en choisir un qui lui fasse honneur – tel que 'Epitome de la Grâce' – Cécil préfère se concentrer sur leur raison d'être ici.
« Et puis, 'Bavouille', c'est affectueux, je ne me moque pas, un instant, il prend l'air songeur. Si j'avais dit 'Baveux', là ça aurait été méchant. » Et s'il pose un regard sur Séraphin, hoche la tête pour cimenter sa thèse et affirme à nouveau 'Bavouille', c'est mignon – prêt à mourir pour défendre cette cause – Cécil finit par conclure sur le véritable centre du soucis « Ceci dit, ça vous donne une bonne raison de lui trouver un nom. » Adressant un sourire entendu à Séraphin et un coup de coude amical, le coordinateur ne tarde pas plus à se redresser et à suivre les pokemons qui les accompagne.

C'est qu'il a promis de surveiller le Mucuscule, et si Pénélope fait le plus gros du travail, le kalosien n'a pas l'envie de la laisser se débrouiller seule s'ils venaient à tomber sur un pokemon sauvage et hostile. « Très bien, finit-il par déclarer en s'étirant vers le haut. Je vous propose de le laisser encore prendre ses marques puis de commencer l'entraînement. Maush fera un excellent partenaire, il sait retenir ses coups et encaisser ceux des autres, ça vous va ? »

Si Cécil peste intérieurement, la moue qu'il affiche sur son visage est bien visible, le regard ennuyé qu'il jette au médecin également. Insister que le surnom que lui a trouvé Séraphin n'est pas un bon surnom ne ferait que rajouter de l'huile sur le feu, alors c'est résigné que le kalosien se détourne, prêt à trouver lui même un petit sobriquet pour le médecin. 'Ca ne glisse pas vraiment...' marmonne-t-il tout de même sans pouvoir s'en empêcher.
Sa contrariété n'est pourtant pas réelle et lorsque Séraphin admet qu'il est effectivement temps de trouver un nom au Mucuscule, supposant que Cécil ne lâchera pas celui de 'Bavouille', ce dernier lui adresse un sourire faussement innocent.

« Il faut simplement que vous en trouviez un meilleur, et je l'adopterai. »

Meilleur sous quels critères ? Ca, le kalosien le garde sous silence jusqu'à reprendre la parole pour proposer son compagnon de toujours en tant que partenaire de combat. Et si Séraphin n'a pas l'air enchanté par l'idée, il n'objecte pourtant pas. Pas entièrement. Insiste cependant sur la fragilité de son pokemon.
Cécil tique un peu, lui lance un regard interrogateur et ne cherche pas longtemps une trace de plaisanterie dans l'expression de son comparse. C'est que la suite des opérations semble l'inquiéter, et si le coordinateur ne voit pas en quoi, il songe tout de même qu'en tant 'qu'expert' dans le domaine, il devrait au moins essayer de tranquilliser Séraphin.

« Rassurez-vous, je ne vous propose pas un 'vrai' combat. lui souffle-t-il Les coups seront majoritairement portés par votre Mucuscule. Maush est simplement assez expérimenté pour ne pas se faire mal ou lui faire mal en retour, c'est bien pour ça que c'est lui que je choisis. »
Lui, et pas un autre. Maush est son seul compagnon venu de Kalos à l'avoir accompagné. De loin le plus habitué aux combats, aux concours et à Cécil en général. Si Cécil songe que Bichou aurait fait un bon partenaire – ne serait-ce que parce qu'ils sont nés en même temps ou presque – l'idée a fondu comme neige au soleil en voyant le dragon-limace sur le dos.

Les pokemons sont plus robustes qu'ils n'en ont l'air.
Ce n'est pas une raison pour envoyer voler la Bavouille au loin.

Alors, sur ces belles paroles, Cécil récupère la pokeball de l'Opermine pour le laisser apparaître dans un jet de lumière. Maush ne laisse échapper qu'un vague bruit en émergeant alors que ses têtes se tournent chacune dans un sens opposé pour découvrir l'endroit où il a atterrit.
La zone, sans être connue, doit lui être familière, songe Cécil en l'observant. Après tout, lui aussi est originaire de Relifac-le-haut.

Attendri, concentré sur les grosses têtes de l'Opermine qui lui font signe après avoir pris leurs marques, la question de Séraphin le prend soudainement au dépourvu.
Comme un Vivaldaim pris dans les feux d'une voiture, Cécil se fige et fixe un instant, un bref instant le médecin avec de gros yeux avant de détourner le regard. « Ah ! Ca-... C'est... » et le regard insistant de Maush ne l'aide pas à ne pas balbutier.

Pire encore.
Sont-ce des rougeurs qu'il sent sur ses joues ?

« J'avais neuf ans, Séraphin. » déclare-t-il soudainement, sèchement, sourcils froncés. Clairement embarrassé, il n'a pas de meilleure réponse que celle là. Alors Cécil se dandine brièvement avant de s'accroupir près de son compagnon de toujours et d'effleurer ses griffes du bout de son doigt jusqu'à ce que l'une des mains referment sa prise sur lui.

« C'est affectueux. souffle-t-il, plus doux. Pas gentil, je vous l'accorde, mais je l'ai toujours appelé comme ça, et quand j'ai fini par réaliser que ça ne l'était pas, c'était-... Le nom avait déjà perdu sa signification d'origine pour nous deux. »

C'est sur le ton de la confidence que le kalosien explique un peu mieux la situation, relevant un sourire un peu embarrassé vers le médecin. Maush serre toujours sa main dans l'une des siennes, prenant soin de ne pas écorcher sa peau par mégarde. « Pour tout vous dire... C'est lui qui m'a motivé à me tourner vers les concours plutôt que les arènes. »  ce n'est peut être pas ce que Séraphin avait demandé à savoir, ni même ce qui l'intéresse en premier lieu, mais Cécil continue sur sa lancé, nostalgique. « Maush n'est peut être pas aussi gracieux qu'un Milobellus, mais il a au moins autant à offrir, si ce n'est plus ! Il faut que le monde sache. »

Enfin, l'Opermine ouvre ses griffes, libère la main de Cécil qui s'attarde avant d'effleurer gentiment la joue de l'une des têtes de Maush. Enfin, les confessions cessent et le kalosien se redresse, mains sur les hanches. « Tout ça pour dire : vous pouvez avoir confiance en lui. Il a tout fait, il fera attention à votre Mucuscule. »
Et comme pour illustrer ses propos, Cécil a à peine le temps de tourner vers le pokemon pour que celui-ci se redresse et laisse échapper un vague bruit, à mi chemin entre le soupir et l'affirmation.

'Voyez ?' C'est un peu trop fier de son partenaire que Cécil tend les mains vers lui pour le désigner, grand sourire plaqué aux lèvres.

C'est un hochement de tête approbateur que Cécil rend à Séraphin lorsque celui-ci s'annonce convaincu. S'il a encore des réticences, ce dernier ne les montre plus et rejoint les côtés de son petit dragon-limace pour commencer.
Et si – selon ses mots – le médecin pense que Cécil n'avait pas à lui raconter tout ça – comme s'il venait de lui confier un secret d'état – il annonce tout de même en garder quelque chose en tête. Le coordinateur n'est pas certain de ce que cela peut bien vouloir dire mais songe que c'est quelque chose de positif... Probablement. Alors il esquisse un sourire, réplique un « Et encore, je ne vous ai pas tout dit. » comme s'il faisait la promotion du dernier feuilleton à la mode.

Des choses à raconter, il y en a encore, mais l'heure n'est plus aux bavardages et Cécil songe qu'ils ont encore du temps devant eux pour discuter plus tard. Ainsi, c'est mi-amusé mi-attendri qu'il observe le Mucuscule foncer sur Maush. La charge n'a ceci dit rien d'une attaque et l'Opermine ne cligne même pas des yeux lorsqu'il réceptionne la créature. Il le laisse même renifler ses visages et le rocher sur lequel il a élu domicile. L'une des têtes émet un soupir mais aucune d'elles ne repoussent la limace.
C'est finalement Pénélope qui prend la situation en mains et récupère le petit pokemon pour le repositionner et lui expliquer ce qu'on attend de lui. Quant au coordinateur, c'est avec un regard où se mêle la perplexité et l'amusement qu'il observe les réactions de son ami.

Séraphin a l'air-... Dépassé.

Il en serait presque désolé si le sérieux du médecin n'était pas aussi cocasse à ses yeux. Cécil comprend bien que les enjeux sont de tailles pour les études de Séraphin mais-... Mais ils ne sont pas là pour rendre le dragon puissant, en une journée, ce serait impossible. Et de ce qu'il voit, la créature n'a pas l'air d'avoir énormément socialisé avec les autres.
Hâter les choses ne serait pas une bonne chose et s'il veut rassurer son comparse, lui proposer d'aller plus doucement et de laisser le Mucuscule s'amuser un moment avec Maush – à la manière dont les Miaouss apprennent à chasser et à se battre en s'amusant avec leurs frères et sœurs – le kalosien se rétracte et referme la bouche.

En face de lui, la bataille est toute autre.
Et c'est Pénélope qui la remporte.

Le moment fatidique arrive alors, celui de trouver un véritable nom au Mucuscule puisque c'est ce qui semble chiffonner la demoiselle et qui expliquerait que le dragonnet ne réponde pas aux ordres. C'est donc avec un sourire en coin que Cécil observe la scène, l'air aussi concerné qu'un spectateur devant une comédie.
Il n'est personne pour juger les noms proposés par le médecin – vraiment personne – mais si son avis penche en faveur de 'Charlie', aucune des propositions ne semblent vraiment ravie le pokemon. Ce dernier ne semble même pas réaliser que c'est à lui qu'on s'adresse et à qui on propose un patronyme.

Et là, c'est le drame.

C'est 'Bavouille' qui fait réagir le Mucuscule, et si Cécil fixe la scène avec de grands yeux, songe d'abord à une coïncidence – une très amusante – c'est un rapide 'Mais non...' qui lui échappe lorsqu'il réalise.
Et oh, il aimerait garder son calme. Peut être taquiner un peu Séraphin, lui annoncer qu'il aurait du le baptiser plus tôt mais c'est impossible. Par réflexe, il a plaqué une main devant sa bouche, sentant la crise de fou rire arriver. Ce n'est pas faute d'essayer de la refouler, mais la désillusion, l'air dépité de Séraphin, son silence et son geste accusateur ?

C'est trop .

Si Cécil ne rit pas à gorge déployée, c'est parce qu'il fait tout pour essayer de conserver une once de respect. Mais oh, c'est bien la seule chose qu'il parvient encore à faire car le rire est incontrôlable et c'est à grand peine qu'il parvient à articuler quelques mots alors qu'il se replie sur lui même. « Oh non-... Désolé, désolé-... » S'excuse-t-il de rire, ou d'avoir nommé un pokemon n'étant pas le sien ? Lui même ne sait pas.
Et oh, à force de rire le plus silencieusement possible, c'est accroupi derrière Maush que Cécil termine, comme si son pokemon pouvait le dissimuler du regard des autres. Ce dernier lui adresse d'ailleurs un regard es plus blasés et l'une de ses têtes se permet même de se secouer par dépit non sans conserver tout de même un discret sourire.

Un fou rire ?
Maush se sent béni.

Peu importe que Cécil continue de s'excuser par intermittence, il lui faut tout de même un moment pour reprendre son calme et sa respiration et enfin balbutier une phrase plus intelligible. « Oof-... Navré, c'est-... C'est l'ironie qui-... » et il ne finit que par un vague geste vers Bavouille, puisque c'est désormais son nom.
Le kalosien s'essuie alors le coin de l'oeil pour en retirer les larmes ayant perlé avant de se redresser et de se montrer un peu plus digne. Son sourire n'a pas disparu, mais le voilà enfin calmé et plus tranquille.

« Désolé, vraiment, je ne pensais pas qu'il s'identifierait si vite à ce surnom. » et s'il ne regrette pas vraiment – toujours convaincu que Bavouille est un nom adorable – Cécil s'excuse tout de même au souvenir de l'expression dépitée de son ami. « Ne m'en voulez pas-... » ajoute-t-il dans un murmure, sourire peiné – mais pas trop – aux lèvres.

Séraphin n'a pas entièrement tort.

Désolé, Cécil ne l'est pas, pas vraiment. Peut être l'est-il d'avoir un peu trop ri, incapable de se contrôler, mais sa culpabilité ne va pas au delà, encore moins lorsqu'il devine que son comparse lui même est plus amusé que vexé. Son sourire en coin le trahit et ce même lorsqu'il tente de lui reprocher de l'avoir inquiété.
Pour faire bonne mesure, Cécil articule pourtant une nouvelle excuse qui n'est pas plus sincère que les autres. C'est qu'il doute qu'un médecin puisse réellement confondre un fou rire avec une crise d'épilepsie, et puis, il n'a pas réellement le temps de regretter de ne pas être honnête : l'entraînement doit reprendre et s'il y a bien une personne pour leur rappeler ce qu'ils sont venus faire ici en premier lieu, c'est bien Séraphin.

Cécil manque de s'étouffer.
Rouspète et fronce les sourcils.

Un 'Rooh' contrarié lui échappe alors qu'il roule des yeux. Mais à l'image de son comparse, l'outrage est feint : la meilleure manière de se débarrasser de ce surnom au plus vite est de ne pas donner la satisfaction de s'en plaindre à Séraphin.

Ce n'est pas gagné.
Mais des efforts sont fournis.

Alors Cécil toussote, ravale ses pesteries et s'assure que Maush est prêt à reprendre l'entraînement. L'Opermine hoche des deux têtes, l'une après l'autre avant de se tourner vers son adversaire alors que son dresseur contient un pouffement de rire. C'est qu'il jurerait que le médecin fait tout pour vraiment rendre la situation pire qu'elle ne l'est vraiment.
Et c'est un exploit pour lui de ne pas se laisser aller à un nouveau rire lorsque son compère lui fait un nouveau reproche en silence. S'il n'arrive pas à lire sur les lèvres du médecin, Cécil comprend l'idée derrière un tel geste et se contente d'afficher un sourire innocent et ose même un clin d'oeil complice.

Imperturbable, Maush ne se laisse pas distraire par ce qu'il se passe. Plus sérieux – plus que Séraphin, incroyable – il se prépare à recevoir l'assaut du Mucuscule aussi inexpérimenté ce dernier. Mais, ce qu'il fait-... Se rapproche plus d'une embrassade affectueuse que d'une véritable capacité.
Le dragonnet se colle à lui et bave – pour ce qu'il en sait, l'Opermine trouve son nom vraiment approprié – un genre d'écume. Et si Maush est de type roche, il est également de type eau. Ca-... Le chatouille. A l'instar de son dresseur, il retient néanmoins ses propres rires – avec plus de succès que ce dernier – et se contente d'attendre la suite des opération.

Doit-il vraiment attaquer ?

La réponse est non. Cécil secoue la tête lorsque son pokemon le regarde d'un air interrogateur. Alors c'est avec une certaine tendresse que Maush repousse la limace. Le kalosien se rapproche alors du duo de pokemons.

« Vous permettez ? » demande-t-il à Séraphin avant de s'accroupir devant Bavouille et de s'adresser directement à lui. « C'était pas mal, Bavouille, mais Maush est de type eau, Ecume n'aura pas beaucoup d'effet. Tu aurais autre chose en réserve ? Ne t'inquiète pas pour lui, il est très robuste. »
Et pour illustrer les propos du coordinateur, Maush émet un cri qui ressemble à un gargouillement, certes, mais un gargouillis déterminé. L'une des têtes replie même ses griffes pour imiter le geste d'un pouce levé pour encourager le dragon-limace à faire de son mieux.

Alors Cécil se redresse et se recule pour laisser l'espace nécessaire aux pokemons pour se mouvoir sans peur de blesser qui que ce soit. Mais au lieu de reprendre sa place derrière son propre pokemon, il se glisse aux côtés de Séraphin.

« Connaissez-vous les attaques qu'il maîtrise ? »

Dans ses souvenirs, son compère n'était pas particulièrement mordu des combats pokemon. Plus scientifique que dresseur, le kalosien ne serait pas étonné d'apprendre que non et que découvrir les capacités de Bavouille serait un bon premier objectif pour son entraînement.

Quel homme de peu de foi.

Non seulement Séraphin connaît les attaques de son pokemon, mais c'est en réalité tout un carnet rempli d'annotations et d'informations sur le dragon qu'il lui tend. C'est un peu bête que Cécil fixe le livret un instant avant de le prendre pour le feuilleter. S'il est impression, c'est-... beaucoup d'informations. Trop pour ce qu'il a demandé. Heureusement, son comparse prend les devants et synthétise les données.
Cécil referme donc bien vite le carnet avant de se perdre dans les notes et écoute attentivement ce que le médecin énumère, hochant la tête à chaque capacité comme un professeur encourageant son élève à réciter sa leçon.

« Gigotage est une capacité de dernier recours de toute façon. Vous ne cherchez pas à en faire un pokemon de compétition, alors ça ne sera pas nécessaire. » souffle-t-il pour rassurer Séraphin qui semble bien décidé à éviter les coups pour son pokemon.
C'est-... Attendrissant, songe Cécil. Peut être un peu trop protecteur à son goût, mais il n'en dit rien : Bavouille – bien qu'il soit celui à l'avoir nommé – n'est pas son pokemon, ce n'est pas à lui de décider et avec un peu de chance, cette journée d'entraînement sera suffisante pour démontrer au scientifique qu'un peu de combat et quelques égratignures ne font pas de mal aux pokemons.

Ainsi, lorsque le médecin demande avec une certaine retenue s'il doit prendre l'initiative, Cécil hoche la tête. S'il était prêt à prendre le relais, autant laisser faire son comparse qui doit autant s'entraîner que sa créature. Alors il s'efface, laisse le temps à Séraphin de réfléchir, et lorsque celui-ci fait son choix, l'expose au kalosien.
Ce dernier arguerait qu'il n'y a pas qu'une bonne et unique réponse, que chaque capacité peut être utilisée différemment pour retourner un combat ou une prestation, mais ce serait s'éloigner du sujet. A la place, Cécil esquisse un sourire et hoche la tête, en profite pour expliquer brièvement ce que Séraphin doit déjà savoir : à savoir que Vol-vie affaiblit l'ennemi et renforce le pokemon ayant lancé l'attaque.

Rien qu'un rappel, le bougre ne s'y attarde pas et laisse le soin à son comparse de donner l'ordre.

Maush n'apprécie pas l'action, mais la différence de niveau et la puissance faible de Vol Vie lui permettent de résister correctement. S'il grimace, l'Opermine ne témoigne d'aucun signe de faiblesse après l'attaque et fait signe à son dresseur qu'il peut continuer sans problème.
Rassuré, et adepte des encouragements et des réaffirmations positives, Cécil s'empresse de féliciter le Mucuscule pour l'inviter à continuer sur sa lancée.

« Bien joué, Bavouille ! » quoiqu'en dise Séraphin, le surnom lui semble parfait « Tu dois te sentir plein d'énergie maintenant, non ? » et comme ils ne sont pas dans un vrai combat, même s'il reprend sa place près de son pokemon, Cécil ne lui donne pas d'autre ordre que de se tenir prêt.

« Allez-y Séraphin, nous pouvons encaisser tout ce que vous avez à nous offrir ! » déclare-t-il de son côté du terrain avant de rajouter, plus taquin « Je vous préviendrai quand ce sera à notre tour de riposter. »

Le spectacle est cocasse, pourrait en devenir hilarant si Cécil n'essayait pas un maximum de rester professionnel. 'A-t-il le droit de refuser ?' lui demande Séraphin, ajoutant avoir pourtant demandé poliment, et oh, qu'il a envie de rire. Mais il ravale son réflexe de Grimalin, se contente d'un sourire presque attendri et enjoint Maush de se tenir prêt.
Le Mucuscule ne paie pas de mine, avec son air benêt et sa petite taille, mais s'il fait parti de l'espèce la plus faible des dragons, il n'en reste pas moins un. Ainsi, lorsqu'il inspire et inspire pour lancer sa prochaine attaque, Cécil n'est pas sûr qu'il s'agisse de l'une de celles qu'a listé Séraphin.

Et lorsque la bestiole ouvre la bouche pour projeter son attaque, sa pensée se confirme. C'est preste qu'il ordonne à son Opermine de se couvrir avec l'aide de Pouvoir Antique malgré le timing serré. Si l'artiste est confiant quand à la résistance de son compagnon de toujours, il n'est pas non plus sans ignorer les effets secondaires de ce genre de capacités. Alors, s'il a promis de ne pas attaquer sans prévenir, rien ne les empêche de se défendre pour autant.
Des rochers ainsi soulevés par la volonté de Maush, un éclate sous l'impact alors que les autres se retrouvent simplement noircis par la déflagration. En revanche, l'Opermine se retrouve indemne et après s'en être assuré, Cécil laisse échapper un sifflement d'admiration en inspectant les débris.

C'était inattendu.
Pour eux deux.

Néanmoins, l'action dénote d'un problème qui chiffonne Cécil. Observant les réactions de son ami et de son pokemon, le coordinateur songe à la meilleure façon d'aborder la chose. Lui même n'est pas à proprement parler un professeur de dressage, alors il lui coute de mettre précisément les mots nécessaires.

« C'était impressionnant, voilà une attaque que vous pourrez ajouter aux précédentes. » affirme-t-il avec un sourire qui s'efface doucement au profit d'une mine plus pensive. « Vous n'êtes pas très proches... constate-t-il plus qu'il ne le demande. Si Bavouille n'a pas suivi vos ordres, c'est sûrement pour ça. »
Plus fataliste qu'il ne le souhaiterait, Cécil laisse un instant flotter la fin de sa phrase. Main tenant son menton, il reprend une fois satisfait des mots trouvés « Tout est une question de confiance, le dresseur ne se bat pas, mais parce qu'il est en retrait, il peut voir le combat dans sa globalité et déterminer la meilleure stratégie. Et son pokemon doit en être conscient et lui faire confiance même si ça va contre son instinct. »

En kalosien, c'est plus facile. Cécil jauge un instant la réaction de Séraphin, incertain de si son explication est bienvenue ou bien reçue, pourtant, et même s'il fronce les sourcils car ce genre de leçons n'a rien de naturel pour lui, il reprend et poursuit. « Pour répondre à votre question, il a techniquement le droit de vous désobéir, ce n'est pas une bonne idée puisque ça vous déséquilibre, mais ce n'est pas un comportement qui vienne de nulle part. » Un instant, son regard se perd sur les parois de la grotte. « Mais ici, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose ! reprend-il avec plus d'entrain, désireux de nuancer son propos et ne pas démotiver le duo adverse. Bavouille veut vous impressionner pour que vous voyez de quoi il est capable et ayez également confiance en lui : »

Sa théorie tout du moins, une qu'il souhaiterait mettre à l'épreuve. Ainsi, après un regard échangé avec les têtes de l'Opermine, Cécil pose les yeux sur Séraphin. Ce dernier n'a pas vocation à devenir dresseur, peut être que la théorie bancale et improvisée d'un bon combat pokemon ne l'intéresse pas, mais c'est bien la seule chose que le coordinateur ait à lui offrir dans ce genre de situations. Après tout, n'est-ce pas pour ça qu'il lui a demandé son concours ?

« Continuons sur cette lancée si vous le voulez bien. Essayez de mettre Bavouille en confiance et voir s'il n'a pas d'autres tours dans sa manche ! »

Mains sur les hanches, l'air encourageant, Cécil songe qu'il n'est pas encore temps pour eux d'attaquer. Il y a encore des choses sur lesquelles travailler, ils peuvent bien se permettre de prendre leur temps.

Le titre donné le fait tiquer et arquer un sourcil. Si une rougeur – de surprise, entendons nous bien –  vient teinter timidement ses joues, Cécil la balaye d'une légère toux et d'un très vague « N'en faites pas trop... » qui n'a peut être même pas atteint son destinataire. Ce n'est, ceci dit, pas le plus important car la requête de Séraphin le prend plus au dépourvu que le surnom.
Un peu penaud, Cécil laisse retomber les mains qu'il avait auparavant campé sur ses hanches d'un air déterminé pour lancer un regard confus à Maush avant de lui faire signe de se détendre. Si l'Opermine avait la capacité de hausser les épaules, nulle doute qu'il l'aurait fait, mais à la place, l'une des têtes se contente de soupirer avant que toutes deux ne s'accordent pour sautiller à la suite de leur dresseur.

Mains croisées dans le dos, le kalosien vient se caler aux côtés de Séraphin, sourcils haussés et regard interrogateur. « Que se passe-t-il ? » demande-t-il, tout ouïe pour la suite. Et oh, la suite n'est pas aussi pire qu'il n'aurait cru. Si une part de lui s'inquiétait de voir le médecin assez frustré sur ses réponses ou ses méthodes, il est finalement assez soulagé – voir amusé – de la tournure de la question. Encore plus de la réaction de Pénélope.
Ce n'est pas vexant, c'est même plutôt proche de la réalité et la situation lui arrache un rire clair. D'aucun dirait que malgré tout, il y existe une certaine complicité entre Séraphin et ses pokemons : la réaction de Pénélope, taquine, et Bavouille restant calé dans ses bras ? Il n'y a pas rien et au final, Cécil ne sait pas vraiment pourquoi il lui pose la question.

Ni comment lui répondre sans le décevoir.
Ces choses là prennent du temps.

Alors il garde le silence, gagne du temps en laissant son ami étayer ses explications et ses doutes. Et si le coordinateur ne peut prétendre tout comprendre – parce que oh, il ne comprend pas pourquoi il y a un problème – il hoche tout de même doucement la tête.
Ce n'est pas pour autant qu'il répond directement. A la place, il lève un instant les yeux au ciel pour chercher l'inspiration, débute par un vague « Hé bien... » toujours en kalosien, puisque la discussion semble plus facile dans sa langue natale.

C'est loin de le déranger.
Trouver une explication adéquate est déjà assez compliqué comme ça.

Alors Cécil se tapote le menton du bout des doigts, évite un instant le regard de son comparse, fait de son mieux pour ignorer son pied qui tape le sol de plus en plus vite et qui lui met une pression involontaire.
C'est que la réponse lui semble évidente. Mais elle ne l'est pas pour Séraphin et oh, le bougre a l'air contrarié de cet état de fait.

« Hm, je connais Maush depuis-... » et si le calcul devrait être rapide, non seulement Cécil prend le temps de compter sur ses doigts, mais en plus, il ne donne pas non plus une réponse exacte. « Un peu plus d'une dizaine d'années, » un instant, son regard s'agrandit de surprise, le temps passe si vite, mais l'étonnement est balayé d'un bref rire alors qu'il relève les yeux vers son ami. « Mais vous avez raison de dire que Maush a toujours été le plus sage des deux. Lui n'a jamais cherché à causer de problèmes, haha. »
Se concentrer sur son compagnon de toujours lui donne un peu de répit et lui permet de donner un exemple sur ce qu'il veut dire. Maush a toujours été très volontaire et ils se sont rapidement entendus, mais la confiance ? Oh, la confiance, c'est une autre histoire.

Alors Cécil inspire, relève les yeux au ciel, réminiscents du passé. « Quand on s'est rencontré, ils se faisaient embêter par les mêmes gosses qui me cherchaient des crosses tous les jours, le souvenir lui arrache une grimace ennuyée. Je ne me souviens pas des détails, mais je sais que je n'ai pas hésité à sauter sur le plus gros d'entre eux pour les faire fuir. Hah ! Ca n'a pas marché. un instant, il laisse flotter sa phrase avant de reprendre avec un sourire. J'en suis sorti amoché ce jour là, mais j'avais trouvé un nouvel ami, unis par les liens du... Euh... Des bizus ? »
Cécil hausse les épaules. Ce n'est pas vraiment important, leurs liens ont évolué depuis le temps et une part de lui refuse catégoriquement d'en octroyer une part du mérite à Dom.

« Nous nous sommes rapprochés parce que je l'avais défendu ce jour là, mais ça ne veut pas dire que nous nous accordions la même confiance qu'aujourd'hui, reprend-il, l'air plus grave Les relations prennent du temps. Elles ont besoin d'une bonne base et elles ont besoin d'être construites, à deux... C'est un peu comme, euh-... Vous êtes médecin, vous savez qu'on ne soigne pas une grippe en une journée ! »
Et oh, s'il a l'air fier de sa métaphore, avec un petit sourire ravi, à l'intérieur, il n'en est pas certain. Ce n'est pas sa meilleure idée, il n'est pas un professionnel de la santé et ceux qu'il a vu ne lui ont finalement pas donné envie de leur faire confiance pour suivre un traitement. Alors le kalosien ne s'attarde pas plus sur le domaine médical.

« Mais Séraphin, il y a déjà un lien de confiance entre vous deux. Vous avez vu Bavouille sortir de son œuf, vous avez assisté à sa naissance, vous vous êtes démené pour le récupérer quand il a été volé. » oh, les termes sont peut être un peu forts, mais Cécil n'a aucun scrupule à enjoliver la situation. « Et maintenant, vous vous occupez de lui quotidiennement. Il y a une base de confiance. Les combats sont juste nouveaux pour vous deux, il faut juste que vous appreniez à vous connaître. Et à lâcher prise. Et à vous écouter. Tous les deux. »

Et s'il insiste, et que son regard ne lâche pas celui de Séraphin, c'est avec une certaine bienveillance. Maush a toujours été affable et obéissant, mais oh, des pokemons mutins et insolents ? Il en a eu, des clairement pires qu'un dragonnet cherchant à impressionner la galerie.
Une fois sa tirade finie, Cécil laisse alors glisser ses yeux sur la silhouette de la limace, avant de s'attarder sur un autre détail qui le chiffonne. Un instant, il observe simplement les gants du médecin en silence, songe qu'il s'agit là d'une question d'hygiène, probablement, mais finit tout de même pas prendre la parole.

« Dites moi, tâtonne-t-il Pourquoi ces gants ? »

La réponse tarde à arriver, mais ce n'est pas la patience qui manque à Cécil. Visiblement, le combat ne reprendra pas de si tôt – s'il reprend – et l'après midi n'est pas encore achevée. Ils ont encore du temps et puisque Séraphin n'a pas vocation à devenir le meilleur dresseur, l'artiste ne se sent pas obligé de recadrer leur entraînement.
La suite, ceci dit, le laisse pourtant assez perplexe. Il ne sait pas si ce que lui explique le médecin est réellement amusant, mais il tarde vraiment à y voir un rapport avec sa question. Sourcils froncés sous la concentration, il hoche pourtant la tête malgré une certaine confusion. Quand on travaille dans le domaine de la santé, porter des gants semble naturel, essaie-t-il de lui faire comprendre qu'il s'agit là d'une déformation professionnelle ?

C'est tout du moins la conclusion à laquelle arrive Cécil lorsque Séraphin se laisse glisser au sol. Son regard le suit, un peu hébété, attendant une fin à son explication car il ne suit pas vraiment la logique. S'il reconnaît lui même qu'il n'y a pas de danger à le toucher, alors, pourquoi ?
Mais le médecin se contente de retirer ses gants, théorisant sur les possibles sentiments de Bavouille vis à vis de son comportement, et si l'artiste doit se contenter de sa propre conclusion, il hoche tout de même la tête. Être touché avec des gants pendant une consultation, c'est encore normal à ses yeux, et au final, c'est plus rassurant d'imaginer que son ami a simplement agit comme ça par déformation professionnelle que par réel dégoût envers la petite créature.

La texture ne doit pas être des plus agréable à toucher.
Mais étant donné la réaction de la bestiole, cela vaut la peine.

Alors Cécil esquisse un sourire fier et hausse les sourcils d'un air faussement suffisant. « Héhé, je ne vous le fais pas dire, je suis un homme occupé après tout ! » occupé, il ne l'est plus trop. S'il ne profite pas de ses vacances comme il devrait, il ne suit plus le rythme effréné qui a rythmé les dernières années de sa carrière.
Et si cette pensée lui arrache une expression abattue mais fugace, il se reprend, plus taquin et affirme alors qu'il se laisse glisser à son tour au sol « Je pense que j'aurai mérité cette visite guidée, et peut être même un verre au terme de celle-ci. » et sur ces belles paroles, fier comme un Grimalin, il hoche la tête pour sceller une promesse à laquelle Séraphin n'a pas participé et qu'il devra pourtant honorer.

Et les secondes s'étirent alors en de confortables minutes.

Le bruit des vagues au loin a tout pour apaiser son esprit et le laisser vagabonder. S'il devait être tout à fait honnête, Cécil ne considère pas avoir fait grand chose pour aider Séraphin. Leur combat d'entraînement ne s'est pas fini et aucun de ses objectifs concrets n'ont été atteints. Ceci dit, si avoir donné des conseils et des encouragements à son ami est suffisant pour que celui ci se sente reconnaissant ? Eh. C'est assez agréable.

«Alors, vous avez grandi à Tartan, débute-t-il sans prévenir. Vous veniez souvent par ici ? Cet endroit me rappelle Relifac-le-haut, il y avait des grottes là bas aussi. »

Son ton est plus bas, teinté de nostalgie et d'une certaine curiosité. Si rien n'indique concrètement qu'ils en ont terminé avec leur entraînement, une pause a bel et bien été demandée et si Cécil peut apprécier le silence et le bruit des vagues, la conversation lui est plus facile.
C'est que – et une part de lui s'en surprend toujours – il reste curieux quant au point commun qu'ils partagent. Ils ne sont clairement pas les seuls à avoir grandit près d'un point d'eau, mais oh, explorer la plage de Relifac-le-haut est probablement l'un de ses meilleurs souvenirs de cette époque et, s'il doute que ce soit la même chose pour son compagnon d'infortune, ça ne l'empêche pas de vouloir partir à la pêche aux anecdotes.

Si Séraphin sursaute, ça ne l'empêche pas de répondre à la curiosité de Cécil. Entendre que le médecin n'était pas très 'sorties' dans son enfance n'est pas très surprenant mais oh, le kalosien ne se permettrait pas de juger. En revanche, l'anecdote de Berthille Flannacan voulant faire prendre l'air à un petit Séraphin reclus, le nez dans les bouquins, et incapable de dire non la vieille dame – qui ne devait clairement pas l'être autant à l'époque –, oh, ça c'est une image mentale qu'il n'a aucun mal à avoir. Et l'idée le fait sourire autant qu'elle arrache un rire embarrassé à son comparse.
Séraphin lui a bien expliqué qu'il connaissait monsieur Flannacan depuis aussi loin qu'il puisse se souvenir, et que leur aîné avait apparemment toujours entretenu une certaine tendresse à son égard. Après avoir rencontré le couple et avoir été témoin aux premières loges de leur chaleur, de leur hospitalité et de leur entrain, Cécil ne peut pas se prétendre surpris.

Non, tout concorde.

Même Séraphin avare en histoires que ne s'attarde pas plus longtemps sur sa jeunesse ou ses sorties ne le surprend pas outre mesure. S'il est déçu, le kalosien n'en laisse rien paraître. Ce n'est pas comme si son ami lui devait toute sa vie sur un plateau d'argent, et même si Séraphin sait se montrer loquace, c'est généralement en rapport avec ses activités et ses projets.
Alors Cécil n'insiste pas, joue le jeu et se contente de s'insurger lorsqu'on lui reproche d'avoir bravé les interdits. « Rude. » déclare-t-il fermement. Ce n'est pas parce que c'est effectivement quelque chose qu'il pourrait faire – avec moins de scrupule qu'il en faudrait – qu'il faut l'accuser sans preuve. Alors il fronce les sourcils et feint la vexation « Les grottes sont à tout le monde, je n'ai jamais dérangé personne en y allant. » déclare-t-il avec aplomb, comme si c'était vraiment le soucis.

Il sait bien que ça ne l'est pas.
Ca ne l'empêche pas de pester pour autant.

Mais l'offense n'est que superficielle, et s'il laisse reposer le silence, il finit par admettre d'une petite voix, sourire de grimalin aux lèvres « Même si je dois bien avouer qu'au moins l'une d'elles a été fermée au public à cause de moi-... » Et oh, il devrait en être gêné, probablement, mais l'anecdote est si inoffensive... Avec le recul et l'âge adulte, il comprend en quoi il a inquiété ses parents, assez pour alerter les autorités mais-...

Vraiment.
Ca n'en valait pas la peine.

Il balaye alors l'idée d'un geste de la main et en secouant la tête. Il n'en dira pas plus parce qu'il n'y a pas grand chose à ajouter, laissant le loisir à Séraphin de reprendre la parole pour lui en demander plus sur sa ville natale. Non sans glorifier la sienne au passage. Son attitude prête à sourire, mais l'orgueil kalosien de l'artiste, défié par celui de son ami, refait surface. Et s'il ne dément pas les mots du médecin directement, il ne peut s'empêcher de répondre du tac au tac « Hé bien déjà, nous avons une vraie mer. » clairement supérieure à un lac, à son humble avis.
Passée la pic, en revanche, il prend le temps de réfléchir avant d'ajouter. « Enfant, je ne voyais de l'intérêt que pour la plage, les grottes et les journées d'exploration que ça pouvait m'offrir pour être honnête. Il y a aussi les falaises qui sont parfaites pour faire de l'escalade, mais outre ça, ce qui attire les visiteurs, c'est surtout l'arène. »

Et oh, ne pas en savoir plus sur sa ville natale le gêne un peu. Il y a grandit, cet état de fait lui a donné l'impression injustifiée de déjà tout en connaître. C'est un peu vexant, surtout quand son comparse semble mieux connaître sa propre ville, mais oh, Cécil n'a pas le temps de beaucoup y penser qu'il remarque le manège de son ami. Ce dernier secoue la tête et essaie de repousser les mèches rebelles de son front sans grand succès.
Et si le spectacle prête à sourire, Cécil est d'abord confus avant d'entendre la requête du médecin. « Ah ! » Il lui faut pourtant un court instant pour se mettre en mouvement.

C'est que les cheveux de Séraphin bouclent et oh, ce n'est pas qu'il trouve ça joli mais-... Si, un peu quand même. Un moment, il contemple l'idée de lui proposer de simplement les laisser libres et accepter leur vraie nature, l'autre, il se fait plus raisonnable. « Ne bougez pas. » lui souffle-t-il en se détournant pour récupérer son sac.
De l'une des poches latérales, il tire une petite brosse – toujours pratique en toute situation – et se rapproche de Séraphin pour lui faire signe de lui tourner le dos et lui donner un meilleur accès à son crâne.

Sans trop d'hésitation, il retire l'élastique qui retenait les cheveux de Séraphin et le glisse à son poignet. Puis il s’attelle à son œuvre. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça pour quelqu'un d'autre, même si généralement, les coiffures qu'il aide à réaliser son plus sophistiquées qu'une simple queue de cheval. Ca ne l'empêche pourtant pas de faire ça avec soin et douceur. C'est qu'il ne souhaite pas non plus tirer les cheveux de Séraphin et lui faire mal par la même occasion.
La brosse qu'il utilise pour lui n'est pas la plus adaptée pour les boucles du médecin et parfois, il en glisse la poignet entre ses doigts pour rattraper les mèches avec ses doigts.

Peut-être s'y attarde-t-il plus qu'il ne le devrait. Peut être que brosser les cheveux de quelqu'un est assez répétitif pour qu'il n'y fasse pas attention, et que la proximité de l'acte donne une sensation de familiarité et de complicité nouvelle. Cécil l'ignore, n'y pense même pas vraiment et se contente de reprendre la conversation.

« Donc-... Oui, la plage et la mer attirent les touristes, l'arène attire les dresseurs. C'est là que j'ai remporté mon premier badge, je me souviens. » raconte-t-il distraitement en passant quelques mèches derrière l'oreille de Séraphin « Il y a également l'aquarium à la ville voisine mais-... Ah ! Ce n'est pas vraiment ce que vous aviez demandé. » Cécil hausse légèrement les épaules avant de s'estimer satisfait de la prise qu'il a sur les cheveux de Séraphin.
Là, il fait passer l'élastique qu'il tourne deux fois pour que celui-ci ne lâche pas aussi facilement. « C'est bon ? Ce n'est pas trop serré ? » s'enquit-il alors avant de rendre son espace personnel à Séraphin.

Son œuvre accomplie, Cécil se retourne alors une nouvelle fois pour ranger sa brosse, remercie Maush qui entre temps a sautillé jusqu'à eux et en a profité pour rapprocher le sac, et se réinstalle en tailleur, bien plus confortable que sur ses genoux.

« Après, pour être honnête, je n'ai jamais eu le réflexe de visiter ma ville natale. Je suppose que je la découvrirai en même temps que vous et les Flannacan quand vous viendrez visiter, héhé. »

Y compte-t-il réellement ? Pas vraiment. Mais oh, il reste agréable d'en plaisanter encore.