Doucement, Cécil hoche la tête. Il imagine bien qu'en tant que médecin, Séraphin en a vu des belles et des moins belles, mais comme ce dernier le précise, ça ne rend pas la chose plus facile. Le kalosien arguerait que c'est normal, que c'est même plutôt rassurant de ne pas s'habituer à ce genre de chose mais étrangement, ce n'est pas un sujet de conversation sur lequel il souhaite s'étendre.
Alors il acquiesce dans un murmure sobre, presse gentiment l'épaule de Séraphin avant que celui-ci ne le surprenne en changeant de sujet. Le pouffement qui lui échappe arrive sans prévenir et est bien vite étouffé par sa main libre. Réputation ou pas, c'est l'air faussement désolé – et le sourire présent – que Cécil secoue la tête.

« Navré, je ne vous promets rien, Séraphin. » déclare-t-il peut être un peu trop fier – peut être un peu trop pressé de la perche tendue pour changer le sujet –, une lueur amusé dans le regard. Si sa main tapote l'épaule de son voisin de canapé, ce n'est plus animée de la même compassion. Il y en a toujours, certes, mais celle-ci est désormais plus taquine, désolée d'avance probablement. « Et puis, voyez le bon côté des choses : il faut bien quelqu'un pour s'aider à se relever quand on chute. Néanmoins, je promets de garder le secret, si ça peut vous rassurer. »
Et c'est plus pour lui même que pour son compagnon d'infortune qu'il hoche la tête pour appuyer ses dires et refouler le goût amer qui lui remonte discrètement le long de la gorge. D'un ami et d'une main secourable, il en aurait bien eu besoin au terme de leur première rencontre, mais Cécil se raisonne : amis, ils ne l'étaient pas à l'époque.

Ce n'est peut être pas une raison pour chercher à reproduire l'événement.
Il serait navré d'être déçu.

Alors ignorant ses propres craintes, Cécil libère l'épaule de Séraphin lorsque celui-ci lui indique d'un petit tapotement que ça va mieux avant de se relever. Sagement, le coordinateur la repose sur ses cuisses qu'il croise l'une sur l'autre mais pas pour longtemps.

« Volontiers, répond-il avec entrain, se relevant à son tour. Je prendrai bien un café ! » Et oh, ce n'est probablement pas l'heure d'en prendre un, il serait plus raisonnable de demander un verre d'eau pour pouvoir dormir... Cela fait, ceci dit, longtemps que la caféine ne l'empêche plus vraiment de dormir, que c'est autre chose qui le tient éveillé et que finalement, une petite tasse s'avère être l'excuse parfaite pour justifier parfois sa lenteur au matin.
Alors Cécil suit Séraphin dans la cuisine, laissant derrière eux le salon et les sujets fâcheux pour une conversation – il l'espère – plus casuelle. Sur le chemin, il récupère le panier laissé à l'abandon sur une table baisse et le fait glisser sur la table en le détaillant.

« J'ai gagné ça avant l'oeuf, explique-t-il distraitement. Il s'agit de douceurs de Kanto je crois, ça pourrait servir pour le petit déjeuner demain, vous sauriez où le ranger ? »
La question n'en est pas vraiment une, Séraphin a l'air ici chez lui alors c'est sans trop hésiter que le kalosien laisse les pâtisseries aux bons soins du docteur. Rien n'a l'air vraiment périssable – ça n'aurait pas été laissé hors d'un réfrigérateur autrement – mais ce n'est pas une raison pour le laisser posé là.

Puis il s'installe sagement à table et attend poliment son breuvage. « Je me demande ce qu'il va en sortir, siffle-t-il alors distraitement afin de ne pas laisser le silence s'étendre à nouveau. De l'oeuf je veux dire. Le vendeur ne m'a rien dit, c'est un peu irresponsable de sa part maintenant que j'y pense. »
Et s'il ne peste pas – pas encore – Cécil fait une légère moue. Offrir des œufs comme ça aux passants simplement parce qu'ils ont eut de la chance... Il aurait pu refuser, songe-t-il, mais même comme ça, il trouve la pratique curieuse. « Imaginez que l'oeuf contienne un dragon, et que ce soit un enfant qui le gagne ? Ah... J'imagine qu'ils y ont pensé, mais tout de même... »

Le kalosien soupire et hausse les épaules. Lui a l'avantage d'être un dresseur et d'avoir de l'expérience, mais il n'est ni éleveur, ni spécialisé dans les espèces dangereuses. Bichou est déjà un défi en soi à cause de sa taille, et Fripouy-... Fripouy est un défi pour d'autres raisons largement différentes.

Et le voilà avec deux nouvelles créatures...

Cécil pince des lèvres. Il n'est pas contrarié à proprement parler, mais parfois-... Seulement parfois, les gens lui semblent bêtes.

Au commentaire de Séraphin, Cécil ne peut s'empêcher de laisser échapper un bref rire, à mi chemin entre l'amusement et l'outrage. « Tout de même, Séraphin... » souffle-t-il dans un murmure pour faire bonne figure. C'est que l'idée du karma s'abattant sur les inconscients l'amuse, mais clairement moins s'il s'agit d'amputer le doigt d'un enfant trop enthousiaste à l'idée de recevoir son premier partenaire.

« Vous dites ça, mais ça serait à vous de réparer leurs erreurs par la suite.. »

Le sujet ne s'éternise cependant pas sur de potentielles blessures à recoudre et lorsque Séraphin se retourne pour lui faire face, Cécil qui s'était à moitié avachi sur la table, joue sur la main et coudes sur la surface en bois, ce dernier se sent obligé de se redresser un minimum. L'hypothèse du médecin se tient, alors le kalosien hoche doucement la tête sans grande conviction pour autant. Conséquent, c'est le cas de le dire, à tel point qu'au final, Cécil n'essaie même pas de trier ses connaissances pour théoriser. Entre Kanto, Johto, Hoenn et Sinnoh ?

C'est trop.

Le coordinateur fait la moue et hausse les épaules, nonchalant. C'est contrariant un peu, mais il s'en remettra. « Nous verrons bien, il n'y a pas d'autre choix que d'attendre maintenant. » conclut-il comme si mettre des mots sur la chose pouvait aider à canaliser sa curiosité.
Ca fonctionne, au moins en parti grâce au sifflement de la cafetière qui signe l'arrivée de son breuvage. Et Cécil est ravi de recevoir la charmante tasse et son contenu. Patiemment, il attend que Séraphin apporte à table le reste et s'installe en face de lui pour se servir une cuillère de sucre afin d'avoir de quoi touiller. Et s'il se sent prêt à reprendre la discussion une fois qu'ils sont tous les deux installés, la sonnette grésillante les interrompt soudainement.

Confus un instant, Cécil se demande qui peut bien sonner à cette heure-ci de la nuit, mais lorsque Séraphin s'excuse et se hâte vers l'entrée, le kalosien réalise qu'eux ont pu rentrer sans l'intervention des époux Flannacan.
Curieux de ne pas avoir un double des clés – après tous, les Flannacan sont deux –, mais le bougre ne pipe mot, oeille un instant son café avant de se résigner à se montrer au moins décent. Il se lève à la suite de Séraphin, peut être moins preste et se propose de donner un coup de main lorsqu'il voit les kerosiens revenir chargés de paquets.

A cette heure-ci de la nuit, il est plus difficile de suivre l'entrain et l'engouement de monsieur Flannacan, mais Cécil fait de son mieux pour leur rendre leur salut et les accueillir – amusant, quand il les accueille dans leur propre demeure – comme il se doit.
A l'instar de Séraphin, il se rassoit à défaut de vraiment pouvoir insister pour aider à ranger ou à préparer un café – peut être un thé – pour leurs hôtes. C'est que lui n'est vraiment pas chez lui. Alors c'est un peu penaud qu'il se concentre à nouveau sur son café, croise les jambes et esquisse un sourire amusé à la réaction de Séraphin lorsque Berthille Flannacan rejette son offre.

C'est très-... Familier comme ambiance. Un peu reposant, si ce n'était pour la langue, Cécil aurait un instant l'impression de se retrouver chez lui, à une époque plus tranquille, avec l'atmosphère que son foyer aurait toujours du avoir. Un instant, un bref instant, son cœur se pince et lui arrache un sourire teinté d'une mélancolie qu'il ne contrôle que lorsque l'attention se retourne sur lui, quelques secondes trop tard pour être certain que ce soit passé inaperçu.
Le bougre relève la tête, un peu hébété, papillonne des yeux et croise le regard de Séraphin qui lui indique que c'est à lui de répondre.

« C'était très agréable, merci. » qu'il répond donc avec aplomb en reposant sa cuillère sur la coupelle. Il n'a pas vraiment besoin de croiser le regard de Séraphin pour comprendre ce que son silence veut dire. Il n'aurait pas non plus eu besoin de ce rappel pour garder ses confidences secrètes. Il est des choses que l'on ne dit pas et Cécil serait bien mal avisé de partager celles qui ne sont pas à lui. Alors il retourne la question, plus par politesse que par réel doute de si la nuit a été mauvaise pour les tourtereaux ou pas.

C'est qu'ils ont l'air toujours aussi rayonnants, et toujours aussi amoureux.

Le reste de la conversation se déroule sans accroc et si, lorsque le feu d'artifice est mentionné, Cécil admet qu'ils ont du écourter le spectacle, il n'hésite pas à prendre le blâme – si blâme il y a réellement à prendre – et expliquer que son voyage l'a plus éreinté qu'il ne le pensait. Ce n'est qu'une moitié de mensonge que Cécil n'a aucun scrupule à donner avant de détourner le sujet ailleurs.
La discussion est vivante, mais finit par tourner court lorsqu'un bâillement lui échappe malgré le café – qui n'aura finalement pas su tenir son rôle – et que la maîtresse de maison propose de lui montrer sa chambre.

Un peu penaud, un peu désolé d'être celui qui coupe court à la réunion, Cécil accepte cependant la proposition, un remerciement et une excuse à la bouche. Rapidement, l'assemblée se dissout, la table se débarrasse et un instant après, le voilà dans la chambre qui l'accueillera le temps d'un séjour. Elle est accueillante, a cette odeur distincte des foyers heureux. Le lit est grand, les draps sont doux, et lorsque Cécil s'y installe, contre toute attente, il s'y endort rapidement lui qui peine s'y souvent à sombrer dans les bras de Cresselia.