Gwen de Santo Gewaldro

Histoire

D'où vient la famille De Santo Gewaldro ? Pourquoi un Jungko présent dans leurs armoiries ? D'où vient cet accent étrange ? Cet air exotique et lointain ? Et bien...

On raconte beaucoup de choses dans des régions comme celle de Strana, en Alola ou dans des régions d’extrême-Orient, à propos de l'époque où les pokémons régnèrent aux cotés des hommes sur le trône de chaque royaume, de chaque empire. Beaucoup de ces histoires finissent de façon bien étrange, parfois même très mal. On ne peut que supposer de ce qui arriva à la région mère des De Santo Gewaldro. Engloutie dans l'oublie, en tout cas, c'est sûr et certain. Car même dans sa région supposée « d'origine », Kalos, on les dit venus d'ailleurs, fuyants une guerre lointaine ou bien une révolution, une sombre opprobre ou une quelconque malédiction lancée par une tierce déité.

Peu importe, la lignée s'éteint peu à peu de toute façon. Les ventres des femmes nobles ne sont plus aussi fertiles qu'autrefois et le sang, pas assez brassé, semble perdre de sa précieuse couleur bleutée. Gwendolyn est née d'une mère noble et d'un riche roturier Galarien qui adopta sans soucis le nom noble de l'illustre famille. Héméra n'a jamais aimé Edgar, elle n'était pas faite pour ça. Son mariage n'était qu'une sombre farce, une punition destinée à châtier le saphisme de la jeune aristocrate. Un espoirs aussi du patriarche des De Santo Gewaldro pour faire repartir cette vieille branche pourrie qu'était devenu leur arbre généalogique. Mais la réalité s'imposa rapidement au mari comme au père. La famille noble n'était pas destinée à perdurer.

Gwendolyn est enfant unique et les multiples cicatrices sur son bas-ventre, qui se confondent avec celles de ses combats et de ses missions, trahissent la terrible vérité : la dernière des De Santo Gewaldro ne donnera sûrement jamais d'héritier. Et pourtant, ce fut le seul enfant du couple avant qu'Edgar, lassé de tant d'échecs et de fausses-couches, ne se décide à divorcer et à en épouser une autre, laissant femme et enfant à l'abandon dans une région dont elles ignoraient tout. Keros, si petite et si discrète en comparaison de Galar. Et pourtant, ce fut là, au sein du manoir de la famille maternelle que naquit Gwendolyn.

Peut-être est-ce son lieu de naissance qui forgea en parti son caractère, le coté abrupt des Innerlands et leur sauvagerie ont sans-doute déteint sur la gamine. Enfant sauvage, jamais à suivre les ordres, à apprendre ou à se comporter comme une vraie Lady. Elle s'amusait d'avantage à courser les pokémons de Peridot plutôt qu'à apprendre ses leçons de lecture, de couture et d'autres niaiseries que l'on se plaît à apprendre aux jeunes filles. Chez les Rangers, on raconte même, sourire aux lèvres, qu'elle serait revenu une belle après-midi au manoir avec un Etourmi égorgé entre les crocs, tel un Ponchien qui ramène du gibier à son maître. Comme quoi, dit-on, elle a toujours été plus animale qu'humaine.

Chez les nobles, on ricane, c'est le sang moisi des De Santo Gewaldro à l’œuvre ! Oh, bien sûr, ils ne savent pas pour le bas-ventre de la gamine recousu comme on a pu pour faire d'elle une binaire. Que dirait-ils comme horreurs, sinon ? Edgar, lui, n'insiste pas, il délaisse Héméra, ne considère même pas un instant Gwendolyn comme sa fille et laisse aux deux femmes le manoir de Peridot et les champs de Noigrume qui vont avec. Il n'est plus un De Santo Gewaldro, mais un... Mac-quelque-chose maintenant. On entends plus trop parler de lui à Keros mais il paraît que son élevage à Galar est très réputé. Enfin, c'est une autre histoire. Il n'y donc plus que le patriarche pour essayer de remettre la machine en marche mais peine perdue, à peine commence-t-il à arranger un autre mariage que la vieillesse le rattrape. Il meurt dans le désespoirs de voir sa famille perdurer.

Héméra, elle, n'est pas si défaitiste. En réalité, ce divorce et ce deuil, et l’accueille comme un don d'Arkée. Elle est libre à présent et elle ne se prive pas pour en profiter. Quelques aventures par-ci par-là et un beau jour, elle rencontre Abby Christensen, une pauvrette de Shamrock qui travaille en tant que saisonnière pour la maison De Santo Gewaldro, histoire de nourrir une gamine à venir, sans père. La pauvre femme au ventre qui s'arrondit à vu d’œil attendrit le cœur d'Héméra, avant de le voler pour de bon. Gwendolyn n'a que deux ans et la voilà avec une deuxième maman. Drôle de famille, pour l'époque. Mais officiellement, c'est une simple nurse qui veille sur la petite aristocrate.
Pour l'accouchement d'Abby, deux œufs sont achetés chez les Braveheart, les éleveurs les plus réputés des Lowlands. Deux pokémons chien, comme le veux la vieille tradition De Santo Gewaldro. Pas de garde du corps, comme on dit, les crocs d'un molosse font très bien l'affaire. Seule tradition qu'Héméra n'a pas renié. Après tout, Nana, sa belle Mastouffe fut sa seule et unique amie pendant bien des années.

Gwenevere naît donc alors que Gwendolyn n'a que deux ans et demi. Si la petite aux cheveux verts pomme aiguise d'abords la jalousie de la gamine, elle se rends rapidement compte qu'en grandissant, une complicité naît entre elles. Gwendolyn et Gwenevere ne sont ni l'une ni l'autre des lumières, elles font beaucoup de bêtises, se blessent, se font punir mais rien n'y fait, le terrible duo est à l’œuvre et devint vite assez célèbre parmi les habitants de Peridot. Gwendolyn se plaît à raconter que si sa petite sœur adoptive était surnommée la reine du beau temps, elle était la terrible reine des tempêtes. Des deux œufs sortent enfin deux chiots tout foufous, Juno et Vesta, si Vesta est une Snubbul un peu têtue et très coquette, Juno et une Malosse aussi redoutable que sa maîtresse. Tout comme cette dernière, elle a son lot de pokémons égorgés à coup de dents.

Vesta s'énervait d'ailleurs souvent contre Juno, sa violence faisant pleurer la petite Gwenevere. Il n'était pas rare que les deux chiennes se battent, mais la petite Gwen pouvait toujours compter sur la grande Gwen pour séparer les deux chiots à coup de crocs et de griffes. Le temps passe et les deux enfants grandissent, toujours aussi piètre l'une que l'autre en classe, malgré les efforts de leurs deux mères. La petite Gwen siffle une idée à l'oreille de la grande Gwen. Pas besoin d'être douée en math ou en littérature quand on est Ranger. Et on y vit pleins d'aventures. Évidemment à l'époque -et même aujourd'hui, c'est un métier très peu fréquenté par les femmes. Mais les deux sœurs ne se découragent pas.

Si Gwendolyn a la force et l'endurance, Gwenevere a la souplesse et la rapidité. Chacune douée dans leur domaine, elles sont acceptées en tant qu'apprenties, bien sûr, avec les deux ans d'écart qui vont avec. Mais elles restent unies comme les doigts de la main. Toutes les épreuves, elles les passent ensemble et si les trois années de théorie sont bien chiantes à passer, la pratique, elle, les passionnent assez vite. Juno et Vesta toujours à leurs coté, le duo se taille vite une petite réputation chez les rangers. Si le Snubbull refuse d'évoluer, le Malosse devient un terrible Démolosse. Cela va bien de pair avec sa dresseuse qui elle, est devenue une géante à l'adolescence. Puis il a la mission, cette fameuse mission que Gwendolyn a mal senti dés le début. Quelque chose clochait. C'était la première fois qu'elle avait affaire aux Sealg, mais pas la dernière.

L'intervention dans les bas-quartiers de Bronswick tourne au désastre, les Rangers sont en sous-nombre : on a sous-estimé l'importance du trafic. Mais la grande Gwen n'abandonne pas, elle n'abandonne jamais. C'est sans doute ça qui a conduit à la perte de Juno, alors qu'elles affrontaient cette horde de pokémons drogués aux yeux révulsés et aux babines baveuses. La Démolosse a sauvé sa maîtresse du pire, elle a tenu bon jusqu'à ce que les renforts arrivent, mais à quel prix ? Il n'y avait plus rien à faire, disaient les médecins, la pauvre Juno avait les organes internes en miettes en plus d'une mâchoire cassée, d'yeux percés et de pattes cassées. Elle a perdu une corne dans le combat aussi, une corne que Gwendolyn porte toujours attachée à sa ceinture comme une sorte de grigri protecteur. Comme si Juno était toujours un peu là.

Elle a failli lâcher l'affaire. La grande Gwen qu'on disait invincible a failli arrêter le métier. Puis il y a eut Héphaïstos. Le grand Arcanin qui avait arraché la corne de Juno d'une terrible morsure. Quelle force, quelle splendeur. Juno ne pouvait avoir d'autre digne remplaçant que ce pokémon à l'air terrible et au comportement tout à fait imprévisible. On a voulu le piquer, elle s'y est opposé, l'a adopté et l'a entraîné. Pour oublier le deuil de Juno, elle s'est coupé du reste du monde, de ses mères, de sa sœur, de tous. Au fin fonds des landes désertiques, elle se battit corps et âme, bec et ongle contre ce maudit Arcanin pour le plier à sa volonté. Pour lui montrer qu'elle était la plus forte.  Héphaïstos n'était pas habitué à combattre un humain mais il refusait de se laisser mener à la baguette. Le duel de titans dura toute une semaine, toute une semaine à camper dans la nature au milieu de rien, à affronter des pokémons sauvages et à reprendre l'entraînement. Gwendolyn garde de cette époque de terribles traces de morsures un peu partout sur le corps mais surtout une autre cicatrice, une qui a failli lui coûter la vie.  

Le temps était orageux et Héphaïstos était à bout, un Éclair Fou lancé sur sa dresseuse manqua de la tuer mais la grande Gwen était plus solide que ça. Du moins, c'est ce qu'elle raconte, en vérité, elle ne faisait pas la fière, pleurante et tremblante sur le dos d'un Arcanin courant dans les plaines sauvages pour ramener sa dresseuse à la civilisation et la sauver d'une mort certaine. Mais ça, elle le garde pour elle, elle préfère dire qu'elle a accueilli l'épreuve comme une renaissance, que cela lui a permit de faire le deuil de Juno et de gagner une fois pour toute le respect d'Héphaïstos. Si elle n'a pas tout à fait raison pour le premier cas, le second en revanche, est on-ne-peut-plus-vrai. L'Arcanin la respecte maintenant avec véhémence. La redoute peut-être même. L'aime, sûrement. Sinon, pourquoi l'aurait-il sauvé d'une attaque qu'il a lui-même lancé ?

Les deux Gwen se retrouvèrent enfin. La petite très en colère contre la grande. Qu'est-ce qui lui avait prit, bon sang ? Elle rentrait des mois plus tard, mais en plus à moitié morte ! Restée seule au milieu de nulle-part avec un pokémon violent et sanguinaire. Une folie ! Une simple épreuve d'endurance, corrigea Gwendolyn. Bien qu'elle ne serait pas prête à retenter l'expérience si le besoin s'en faisait. Elle le cache peut-être mais elle a vraiment eut peur de mourir ce jour-là. Elle le cache à tous, surtout à la petite Gwen, parce que ça voudrait dire lui donner raison, lui avouer qu'elle n'avait rien prévu de tout cela et que c'était les émotions qui avaient guidés ses actions. Mensonges. La grande Gwen sait ce qu'elle fait ! Toujours !

Mais le temps avait fait son œuvre, les deux sœurs n'étaient plus aussi inséparables qu'avant, elles avaient fait leur route. Si l'une avait décidé de se poster à Duill pour y jouer son rôle de Ranger, l'autre n'était pas faite pour la vie sédentaire. Alors les deux Gwen que l'ont pensaient inséparables se séparèrent et firent leur route chacune de leur coté. Gwendolyn aime sa vie de nomade, à vivre dans son petit camtar aménagé au jour le jour et à prendre des missions un peu partout dans Keros, pour tromper l'ennui, pour oublier les absences trop nombreuses. La dernière fois qu'elle est revenue au domicile familiale et qu'elle y a recroisé la petite Gwen, c'était pour fêter ses vingt-cinq ans et recevoir cette drôle d'Evoli courte sur pattes.

La grande Gwen a cessé de se poser des questions sur comment va la vie. Parce que pour être honnête, elle n'en sait rien. Mais l'admettre, ce serait aussi admettre qu'elle n'est pas sans faille, qu'elle peut être fragile et avoir besoin d'aide, de conseils, même. Et ça, plutôt crever.