Toute ces choses entreposées dans le grenier, ces vieilles photos, ces tentures colorées trop belles pour le manoir Winters mais surtout ces pierres évolutives. Il n'aurait pas dû y toucher.
C'était les affaires de Ruby, sa défunte cousine.
Il ne connaissait qu'à peine l'histoire de la jeune fille, il savait juste qu'elle était morte jeune et par en croire le faciès de la Limonde quand elle regardait son album photo, d'une façon pas très belle. D'une façon à ce qu'elle se soit sans doute transformé en Polichombr ou en Ectoplasma pour hanter Eagal.
Et lui, comme un abruti, il n'avait pas fait le lien. Il avait utilisé l'une des pierres Feu par mégarde sur Rozovyy – c'est d'ailleurs en voyant le Pyroli que Vassilisa avait comprit, il avait donné la pierre Miracle à Oliver et avait caché la dernière pierre Feu dans la chambre de Genya, n'osant pas lui offrir en personne.
Il regrettait maintenant ce dernier fait, si Vassilisa trouvait la pierre avant la jeune fille, elle croirait sans doute que cette dernière était dans le coup et la punirait également. Comme si leur relation fraternelle n'était pas assez effritée comme ça.
Elle l'avait traité de tout les noms, toutes les insultes kerosiennes et stranaïtes existantes. Mais plus souvent de 'fils de putain' qu'autre chose. Elle ne devait vraiment pas aimer Anastasia, vraiment pas. Puis les coups de cannes étaient arrivés, comme une violente averse de printemps. Ilya n'avait que ses bras pour se défendre.
Et cette colère qu'il avait en lui devait être contenue.
Ce n'est que lorsque Genya intervint pour faire stopper ce fiasco qu'Ilya put enfin souffler. Enfin, pas pour longtemps, à peine la jeune femme avait elle finit sa phrase -qui comme d'habitude était pleine de fierté et de noblesse- que Vassilisa se saisit de sa chevelure couleur neige et fit brutalement basculer sa tête en arrière. Shlyuha ! Tu en veux aussi peut-être ? Je vais te la casser, ta petite gueule de poupée et on verra bien si tu fais toujours la fière !
La colère explosa en Ilya. Vassilisa pouvait le frapper autant qu'elle voulait mais il avait encore une relation assez forte avec Genya pour refuser catégoriquement que cette dernière se fasse brimer comme lui l'était.
Il avait saisit le poignet de la vieille et l'avait violemment tordu, lui faisant lâcher les cheveux de sa sœur qui put se redresser et faire quelques pas en arrière. Elle allait sans doute dire quelque chose, ou peut-être était-elle déjà en train de le dire mais Ilya n'écoutait pas, il était fou de rage. Son emprise sur le poignet de Vassilisa se finit plus forte.
Il vint la plaquer contre le mur puis ses mains s'attaquèrent directement à sa gorge, strangulation, comme pour Sergeï. C'était une méthode longue mais elle n'était pas assez forte pour se débattre, ce serait plus facile qu'avec le vieux porc.
Qui est la shlyuha ici, hein ? T'arrêtes pas de nous gueuler après comme une Limonde mais au final, je pourrais te tuer ici et maintenant, personne en aurait rien à foutre. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'ils te haïssent tous ! Tu sais comment on t'appelle à Doon ? 'Vassilipute' et je trouve que ça te convient plutôt bien. T'as bien une gueule à avoir fait les trottoirs toute ta vie.
La vieille suffoquait mais elle se débattait comme une Némélios, Ilya n'aurait pas cru qu'elle aurait autant de force. Bah, c'était un détails, encore quelques minutes et puis...
Ilya, arrêtes !
La supplication de Genya fut comme un électrochoc.
Bordel mais qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Il recula de plusieurs pas, affolé. La vieille retomba au sol et avala l'air par grande goulée. Elle était encore tremblante mais ses yeux plein de haine fusillèrent le stranaïte encore horrifié par ses propres actes. Fout le camps ! Hurla-t-elle d'une voix déformée, rauque et caverneuse. Fout le camps ou j'appelle les flics ! Mudak, pidoras ! Cette shlyuha d'Anastasia t'a dressé pour tuer !
Il ne l'écoutait pas, cette peur au ventre, cette culpabilité qui lui prenait les tripes, il ne la connaissait que trop bien. Alors c'est dehors qu'il courut pour déverser le contenu de son estomac sur le sol. Genya tenta d'aller le voir, l'affolement se lisait sur son visage mais il lui échangea un étrange regard, teinté de colère mais aussi de tristesse.
Demain, tu auras déjà tout oublié. Cracha-t-il.
Ce fut tout ce que la jeune femme put entendre avant que la main de Vassilisa ne la tire en arrière et que la porte se claque avec violence. Il entendit distinctement le cliquetis des clés tournées à double-tours et une dispute étouffée entre Genya et Vassilisa.
Lui, il n'attendit pas. Il n'avait que la Pokéball de Vodianoï sur lui et il retrouva bien vite Chernaya qui avait décidé de faire une petite escapade dans les bois pour se dégourdir les pattes. Il n'avait pas d'autres pokémons avec lui mais c'était suffisant. Il caressa la lionne au pelage noir et lui demanda d'une voix douce mais encore tremblante sous l'effet du choc. Viens, ma belle, on va aller à la maison. Notre vraie maison.
Il lui sembla que la Luxio perçut sa détresse, il lui sembla qu'elle galopait plus vite que d'habitude et se retournait plus souvent pour voir si il suivait. Enfin, peu importe. Il savait où elle le mener et ce n'était pas chez Charlotte ni aucun de ses amis.
Qu'aurait-il pût dire à Nightingale de toute façon ? 'J'ai essayé de la tuer donc elle m'a foutu à la porte' ? Non, pas question. Et il avait besoin d'être seul, de laisser sa colère exploser loin des autres.
Ce soir, il dormirait dans son abri. Dans la Mine de l'Est, le seul endroit qui voulait encore de lui.