Molly Adams

Histoire

Lorsque Molly est née, ses parents étaient heureux. Ils avaient déjà un garçon, et Arkée les bénissait à présent d'une petite fille. Un joli poupon aux joues roses, aux grands yeux bleus et quelques mèches déjà blondes. C'était un bébé joyeux, plein de vie et de curiosité. Il leur a fallu près d'un an pour réaliser que quelque chose n'allait pas. Comme tout enfant, elle commençait à peine à marcher et babiller. Mais elle criait beaucoup, sans qu'on ne comprenne pourquoi. Elle réagissait aux bruits forts, à une porte claquée, mais jamais à son prénom prononcé. Les parents ont fini par se poser des questions, puis l'emmener consulter un médecin. Après plusieurs tests, la conclusion fut sans appel : malentendante. Un coup terrible pour ces pauvres adultes qui avaient mieux à faire qu'élever une fille à problème. Molly est rapidement devenue une enfant négligée, d'autant plus lorsque sa mère retomba enceinte. La naissance d'une petite sœur fut le coup de grâce.

On trouva la petite de trois ans devant la porte de l'orphelinat, pleurant et essayant maladroitement de formuler les mots "maman" et "papa". Les gérants des lieux comprirent rapidement qu'il s'agissait là d'un cas d'abandon, surtout avec le mot que tenait l'enfant dans sa main. Dessus, simplement son nom et son handicap. Jetée dehors pour ce dernier. Un instant, on hésita à la garder. Personne ne voulait réellement s'occuper de Molly et son soucis d'audition. Puis, finalement, c'était quand même leur job, alors on pris la fillette à l'intérieur. Dans de vieux bâtiment un peu lugubre, pas très bien entretenu. Qui se souciait des abandonnés de la vie ?

Pour Molly, ce fut le début de la descente en enfer.

Les enfants n'étaient pas méchants au premier abord. Plutôt accueillant avec la nouvelle pensionnaire, les plus âgés prenant leur rôle d'aînés au sérieux. Puis ils ont rapidement compris que Molly était une cible facile pour les moqueries. On pouvait ricaner dans son dos sans qu'elle n'entende, faire circuler des rumeurs, ou lui faire des mauvaises blagues sans qu'elle ne puisse aller se plaindre. Les adultes voulaient la forcer à parler, mais elle contrôlait mal sa voix, criait au lieu de parler, était incapable de maîtriser la plupart des mots. Hormis des simples comme maman et papa. Et, bien entendu, aucune famille d'accueil ne voulait d'elle. On lui collait l'étiquette d'enfant à problème, elle qui était adorable et ne demandait qu'à recevoir un peu d'amour.

Molly devint au fil du temps plus renfermée, solitaire, puisque personne ne voulait être son ami. Du moins, pas sans mauvaises intentions derrière. Par habitude, elle décida que le monde était contre elle, et qu'il fallait se méfier de tout le monde. Elle n'avait aucun allié dans cet orphelinat ou même les adultes la méprisaient parce qu'elle était embêtante avec ce handicap. On demandait aux enfants de se répartir les tâches comme le ménage ou la vaisselle, mais le nom de Molly ressortait étrangement bien souvent. Elle était nourrie et logée en dépit de son problème, rien de plus naturel à ce qu'elle montre sa reconnaissance en jouant la souillon.

Un soir elle a failli fuir, elle voulait en finir. Que tout cesse.

Ce jour là, c'est Boubou qui lui a sauvé la vie.

Le mucuscule traînait souvent autour de l'orphelinat, victime lui aussi de brimades des humains. Pourtant, il revenait toujours, car on lui donnait tout de même parfois à manger. Ce soir-là, en s'approchant, il a trouvé une Molly en larmes, tenant un petit couteau entre ses mains. Les adultes l'auraient grondée, les enfants l'auraient encouragée. Boubou s'est juste approché, pour grimper sur les genoux de la fillette, et se coller à elle. Nul besoin de mots, nul besoin de plus, ce simple geste transmettait toute son affection. Tout l'espoir qu'il voulait donner à cette enfant en détresse.

Molly a refusé qu'on les sépare, lorsqu'on l'a trouvée là au petit matin, le pokemon serrée dans ses bras. Elle s'est attiré des remontrances, des moqueries, mais ça n'avait plus d'importance. Parce qu'elle n'était plus seule.

C'est à partir de ce jour là que Molly a changé radicalement. De sombre et solitaire, elle est devenue sociable et rayonnante. Prenant tout avec le sourire et à la rigolade. Sa façon à elle d'avoir une carapace contre tout ce qu'on lui faisait subir. Aucun n'a pu profiter de la gentillesse de la petite, si prompte à aider, si attentionnée si on lui en donne l'occasion. Mais son monde restait un enfer dont elle se protégeait à sa manière.

Tout n'a été bouleversé que récemment. Lorsque l'orphelinat à Doon a ouvert. Le genre d'orphelinat pour les enfants à problèmes, comme elle. Quand ils ont accueilli cette enfant joyeuse et volontaire, Charlotte et Bartholomew n'ont pas compris en quoi elle causait soucis. Qu'elle soit malentendante ? A leurs yeux, ça ne méritait pas de qualifier l'enfant de problème. Dans ce nouvel endroit, Molly a enfin découvert un peu d'amour. Fini les brimades, ce n'était pas accepté ici. Fini aussi de vouloir la forcer à parler. Ici, on la laissait s'exprimer avec ses mains, désigner les choses et inventer de petits signes pour se faire comprendre. Une véritable bénédiction pour la petite qui sentait bien sa voix vibrer mais ne pouvait pas l'entendre, et ne prononçait ainsi que quelques mots, ou des babillages digne d'un bébé.

Là-bas elle réussit à se faire des amis. Malgré tout, par habitude, Molly se méfie de tout le monde. Elle considère quiconque susceptible de lui faire du mal, alors elle garde ses relations superficielles. Mais sourit tout de même, sourit quoiqu'il arrive. Sa joie de vivre éclaire l’orphelinat, et la ville bien sombre qu'est Doon. Parfois, on se demande bien ce qu'une fillette comme elle fait dans une ville hantée par les spectres.

Que faisait un otaquin dans les rues de la ville ? La jeune fille n'en sait rien. Elle a trouvé Bulle effrayé et perdu, le lendemain de la fête d'Halloween. Sûrement une victime des mauvais coups de Hoopa, comme plusieurs pokemon sauvés dans la forêt. En tout cas, Molly a rassuré la petite créature, et lui a vite offert une nouvelle maison, avec l'approbation de la directrice. Lui et Boubou sont les seuls qu'elle considère comme de réels amis. Car elle considère les pokemon sincères, contrairement aux humains. Eux ne font pas semblant de l'aimer.