Hopes and Dreams [solo] Mer 27 Avr - 1:17 | |
| Bordel, une heure du mat, toujours foutu devant cette machine à écrire. Je bloque, je sais pas quoi écrire d'autre et j'ai pas envie d'aller me coucher. Quand je me décide à me lever c'est pour faire les cents pas dans la pièce. Pourtant, tout allait bien ce soir, on avait passé une bonne soirée avec Lorina, je l'avais emmené boire un diabolo Pêcha au café d'à coté après l'école et on s'étaient amusés à jouer au Chacripan jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
Je me suis dis que c'était chouette, que ça me donnerait du temps pour écrire mon nouveau roman -j'ai même pas trouvé de titre d'ailleurs. Une histoire d'un roi et de son chevalier qui tombe amoureux, dédicacé secrètement au petit Dixon. Mais voilà, quand je me suis foutu devant cette machine à écrire, il n'y avait rien dans ma tête. Et comme la nature a horreur du vide, elle y a mit de la lassitude à la place. Je me sens épuisé, épuisé d'exister.
Je me lève, agacé par tout ces sentiments que je ne veux pas ressentir, je fouille dans mes affaires et en sort de quoi me rouler un petit tarpé pendant que la gamine dort. La weed, ça sent bon mais ça e change pas forcement la donne. J'ai beau tirer toute les lattes que je veux, je suis en train de tomber dans un abîme sans fond. Je vais penser à des choses qu'il ne faut pas auquel je pense. Je cherche autre chose dans ce foutoir...
De l'alcool ? Non, pas avec la mioche.
Des somnifères ? Y en a plus, la date de prescription est périmée depuis un bon moment. Il faudrait que je retourne voir le toubib mais...
Plus d'herbe, peut-être ? Non, c'est tout ce qui me restait. Depuis que j'ai Lorina sous ma garde, je fume peu, que ce soit tabac ou cannabis. Alors j'ai pas forcement de quoi me rouler deux joints.
Je soupire et sort de mon bureau. Une tisane, je vais juste me faire une tisane et tout ira bien. De la camomille, c'est pour les vieux mais apparemment ça aide à dormir. Le goût est pas dégueulasse alors j'aime bien en boire. Mais pour quelqu'un qui est passé par les drogues dures et qui veut un effet immédiat d'apaisement, c'est plus frustrant qu'autre chose. Ma tasse à peine entamée finit dans l'évier.
Je soupire, il faut bien que j'y penses à un moment ou à un autre de ma vie, non ? Je me résigne, je vais chercher dans les vieux cartons les photos et les lettres. C'est vieux, ça pue la poussière et l'humidité, ça pue les choses qu'on touche jamais. Les photos de Maman, d'Edmund et de Juliette. Trois ans avant l'accident. Maman est déjà malade, on sent qu'elle va partir mais elle pose une main bienveillante sur l'épaule de sa belle-fille enceinte. Edmund qui se tient fier, peut-être malheureux de ne pas pouvoir avoir Pa' à ses cotés. Et puis dans un coin du cadre, moi, avachi sur une chaise, qui fait une grimace moqueuse.
Je me souviens qu'Edmund m'avait un peu engueulé d'ailleurs. Pour avoir gâcher la photo. Mais on sentait bien au ton de sa voix qu'il ne m'en voulait pas vraiment et qu'il s'était bien marré lui-aussi en voyant la tronche du tirage. Je range les photos, de toute façon, aucun de ces trois-là ne reviendra.
Ma main vient saisir une lettre à moitié déchirée que je vais lire et relire pour la cinquantième fois du mois. Jay me propose une entrevue, il va passer à Keros bientôt, il attends ma réponse. Et moi je ne réponds rien. Parce que je suis encore plus paumé dans la vie que je ne l'étais sans Lorina. Je suis un radeau en naufrage avec une pauvre gamine qui essaye de survivre dessus. Je jette la lettre quelque part dans la pièce. Il y a encore beaucoup de souvenirs dans ces vieux cartons que je ne fouille que quand je vais mal. Mais j'ai déjà vu suffisamment pour aujourd'hui.
Je me pose contre le mur et les larmes coulent toutes seules. Je me sens perdu dans tout ce merdier. Je ne sais ni ou aller ni pourquoi y aller. Je ne sais plus d'où je viens ni où je vais et je n'ai plus personne pour me l'expliquer maintenant. Et dans tout ce foutoir. Il y a Rina', pauvre petite Rina', qui doit garder la tête hors de l'eau.
Alors oui bien sûr, je la couvre de cadeaux et d'autres fanfreluches, mais soyons francs, elle sait que son bateau prends l'eau depuis un bon moment. Peut-être que je devrais la confier à quelqu'un de vraiment stable, quelqu'un qui saches s'y faire avec les gosses. Pas une pédale droguée dépressive à mi-temps. C'est sur cette idée que je me perds. Je ne sais pas combien de temps passe avant que je sentes une petite main sur mon épaule.
Ab ? Elle est inquiète. Elle est jeune mais elle n'est pas idiote, elle sait quand quelque chose ne va pas.
Je secoue la tête en tentant de sourire.
C'est rien, petite Skitty, retourne te coucher. Demain tu as école et... Merde, je me souviens que demain c'est Samedi. Pas d'école, pas d'excuse. En tout cas, pas d'excuse qu'elle acceptera. Il faut que tu dormes bien, sinon tu ne va pas grandir correctement et tu auras toujours la taille de trois pommes.
J'ose enfin croiser son regard. Il est larmoyant. Je regrette d'avoir ne serait-ce qu'ouvert ma grande gueule.
Tu racontes n'importe quoi ! J'ai pas besoin de dormir pour devenir grande, toi t'es un géant et tu dors même pas ! Tu dis ça juste pour que je te laisse tout seul ! Sans que je puisse réagir, elle se jette dans mes bras et me serre aussi fort que si j'étais son doudou. Sa poigne est surprenante pour une gamine de son âge. Moi aussi, ils me manquent, papa et maman. Et je suis sûre que ta maman et ton amoureux ils te manquent aussi ! Pourquoi tu veux pas pleurer avec moi ?
J'essaye de garder le contrôle de mes larmes, de mes émotions de mes gestes. J’essaye de la repousser un peu, de la calmer, de la rassurer.
C'est des choses de grandes personnes, Rina', tu n'as pas à t'en occuper... Ma voix tremble comme une feuille.
Ben les choses de grandes personnes elles me rendent triste aussi ! Pourquoi tu peux pas pleurer avec moi, hein ?!
Je ne sais pas quoi dire, alors tout ce que je peux faire c'est la serrer contre moi et lui dire 'pardon' tout en l'entendant pleurer elle aussi. Tout ça c'est de ma faute, si elle ne m'avait pas vu dans cet état...
Ou...Peut-être que ça devait arriver. Peut-être qu'on faisait semblant que tout allait bien depuis trop longtemps. Peut-être que...
Mouton déboule comme un fou dans la pièce. Il nous tombe presque dessus et me tire par le col de la chemise comme si il voulait m'indiquer d'aller voir quelque chose. C'est...Surnaturel de le voir dans cet état. Je savais qu'il avait gagné un peu de personnalité depuis son évolution mais là...
Qu'est-ce qu'il y a, Mouton, c'est pas le m...
Crac.
Les œufs !
Je soulève Lorina pour la prendre dans mes bras et nous nous précipitons dans sa chambre, à coté du petit nid de linge que nous avons confectionné pour les deux œufs. L’œuf de Zorua a éclot en premier, des petits coups de museaux font craquer la coquille de l'intérieur. Lorina s'empresse de déballer cette même coquille comme si il s'agissait d'un papier cadeau.
Elle réussit à sortir la petite créature blanche et rose de son œuf. Le petit renard s'ébroue avant de se lover contre son humaine comme une écharpe vivante. Lorina rigole, elle ne pleure plus.
Moins-non plus, je ne pleure plus.
Nous attendons quelques minutes, nous demandant si l’œuf de Mew va éclore dans le même temps, le temps se fait longs, un Zorua c'est déjà bien. Enfin, c'est ce que j'allais dire quand le premier craquement se fait entendre. Puis très rapidement un second et un troisième.
Le petit lutin rose sort de sa coquille comme une fusée et vient tournoyer autour de nous, il a l'air plein de joie de vivre. Il finit sa course effrénée dans mes bras et nous nous regardons tous d'un air...Incompréhensible. De la joie sans doute, c'est juste bizarre de voir ça alors qu'on chialait comme des bébés il y a à peine une demi-heure.
Lorina finit par briser le silence.
Dis, Ab, le livre que t'as fais pour moi quand j'étais bébé, il s'appelait comment ?
Je lui adresse un petit sourire.
'Hopes and Dreams'
Ses yeux se mettent à pétiller d'une joie plus sincère que toute les autres que je n'ai vu auparavant.
On va les appeler comme ça. Hope ! Elle montre le Mew du doigt. Et Dream ! En désignant son écharpe-Zorua.
Je garde le silence un instant. Je ne peux pas m'empêcher de sourire mais j'ai envie de pleurer en même temps, c'est étrange.
Pourquoi pas ?
C'est tout ce que je dis avant de la serrer dans mes bras. Mouton n'est pas content d'être laissé de coté alors il vient nous câliner aussi. Petite décharge électrique. Nous éclatons de rire en pleurant.
Elle n'est peut-être pas si mal que ça, cette petite famille dysfonctionnelle. agora |
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Pas de cartes
Pokédollars : 2210
Pas de badges
Inventaire : //
Pas de rubans
Hopes and Dreams [solo] Mer 27 Avr - 1:17 | |
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'Dé de Fouille' : |
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