La rumeur de Glenn

Glenn est une magnifique petite bourgade. Accueillante, chaleureuse et pittoresque, avec ses jolies petites maisons en pierre et ses champs à perte de vue. La magnifique cathédrale n'est pas en reste. Cécil a beau s'être spécialisé dans la coordination de pokemons disgracieux, il n'en est pas moins insensible à la beauté qu'un autre.
Puis il est là en vacances.

En presque-vacances.

Alors il passe quelques jours dans la petite ville, profite de l'air pur de la compagne pour 'se remettre', en oublie presque qu'il est là pour ça. Le soleil lui fait un bien fou et l'invite à reprendre une marche dans les rues de Glenn. Peut être pourrait-il rejoindre le marché, faire un détour par la cathédrale pour l'admirer une nouvelle fois.
Cependant, alors qu'il y arrive, le décor est différent des derniers jours. Le parvis n'est pas parsemé de quelques passants et croyants se rendant à la messe : c'est une véritable foule qui s'y est accumulé. Les habitants présents semblent en colère, vocifèrent avec bien trop de vitesse et de véhémence pour que Cécil y comprenne quoique ce soit.

Son premier réflexe et de tourner les talons. Il n'est pas là pour ça et n'a pas envie de se mêler des affaires des paysans (encore moins de paysans religieux) alors qu'il ne comprendra qu'un mot sur deux de leurs revendications.
Son deuxième réflexe est de tout de même se rapprocher de la foule, trop curieux pour ignorer un tel événement. Cécil ne se considère pas comme une commère, mais ça n'engage que lui : les secrets et les histoires des autres l'intéressent bien trop pour que quiconque admette qu'il ne l'est pas.

C'est donc inconscient de ce qui l'attend qu'il rejoint la foule en colère, tente de déchiffrer ce qui est dit, comprend vaguement qu'il y a une histoire de bétail disparu et de-... D'homme-lougaroc ?
Cécil arque un sourcil, vaguement amusé. La ville a certes l'air campagnarde, il ne s'attendait pas à y trouver des gens encore capables de croire à ce genre de légendes. Cependant, alors que sa curiosité est satisfaite, il ne se résout pas à partir. S'il connaît la raison de l'attroupement, il est désormais bien trop curieux de connaître la résolution de l'affaire.

Une erreur.
Le ton monte, s'échauffe et il lui est à nouveau difficile de tout comprendre. Ce n'est que lorsque des doigts accusateurs se pointent que Cécil comprend. On cherche des coupables. A l'intérieur du village. On dirait une mauvaise parodie d'un jeu au coin du feu. Cécil plisse les yeux : pourquoi cherchent-ils le coupable à l'intérieur alors que si le bétail disparaît, c'est sans doute l'oeuvre d'un pokemon sauvage. Sont-ils stupides ?

Il se résout à adopter cette réponse jusqu'à ce qu'un homme accusé par les autres finissent par lever la main, visiblement ennuyé.
Il parle plus posément que les autres, est donc plus aisé à comprendre, et semble être le plus raisonnable de tous. Son intervention semble attirer l'attention des paysans autour qui posent sur lui des yeux dubitatifs – certains sont plus courroucés que d'autres – alors qu'il propose de simplement enquêter avant de jeter la pierre. Peut être est-ce parce qu'il porte une blouse blanche que les autres ne répondent pas directement et semblent peser le pour et le contre.

« Il a raison. En fait, le coupable est probablement extérieur à Glenn. »

Cécil a pris la parole sans trop réfléchir. Bras croisé, l'air assez nonchalant, il rejoint le premier à avoir dit quelque chose de censé. S'ils sont plusieurs à les pousser vers la bonne direction, peut être que la foule en colère se calmera et réfléchira.
Malgré son accent cassé au sol – encore que ne dit-on pas que l'accent kalosien est séduisant ? –, le bougre est positivement certain d'avoir correctement formulé sa phrase.

Alors, lorsque l'un des hommes à la moustache bien fourni le dévisage – Cécil le reconnaît, il s'agit du gérant de l'auberge où il réside actuellement –, il ne s'attend pas forcément à ce qu'on l'accuse.

Et pourtant.

« Ou bien, vous travaillez ensemble. » le ton est froid, l'homme les observe comme si Arkée lui même était descendu lui donner cette révélation.

A un rien d'éclater de rire, Cécil se maîtrise, arque un sourcil, jette un regard à l'homme à la blouse blanche pour savoir s'ils ont bien compris la même chose.

« Excusez-moi ? » finit-il par articuler, dubitatif, lorsqu'il comprend que l'accusation est on ne peut plus sérieuse.

foutue curiosité

Cécil n'est pas particulièrement outragé d'avoir été accusé à tort. Vexé, peut être, mais il se contrôle, se console en se disant que les gens du coin ne sont simplement pas des lumières et qu'ils n'y peuvent rien. Qu'ils n'ont aucun goût, et aucune culture non plus, que c'est la raison pour laquelle ils ne le reconnaissent pas. Ce n'est pas parce qu'il ne ressemble plus trop à l'éclatant coordinateur qu'il sur les écrans-.
En revanche, lorsque son compagnon d'infortune lui pose une main sur l'épaule et lui adresse quelques mots murmurés, son sang ne fait qu'un tour. Mise à part la proximité non désirée qui le tend plus que de raison, l'autre lui parle comme à un petit ponchiot trop excité pour se calmer.

A-t-il l'air d'un ponchiot enragé ?! Non monsieur, non madame. L’entièreté de son calme a été conservé.

Pour l'instant.

Ce sont des yeux ronds qui se posent sur l'autre homme. Surpris, l'invitant à ne serait-ce qu'oser lui répéter ce qu'il lui a dit. Les bûchers ne l'intimident pas – il ne seraient jamais devenu coordinateur sous une identité masculine si ça avait été le cas – mais comment l'a-t-il appelé ?
Pourtant, contre toute attente, il garde le silence, mord l'intérieur de sa joue pour se faire violence. C'est que le bougre n'a pas entièrement tort. Vu la bêtise des habitants, s'ils veulent être nettoyé de tout soupçon – et s'il veut revoir ses affaires en un seul morceau – trouver le véritable coupable semble la solution la plus rapide et la plus simple.

Soit.

Après la proposition de l'autre accusé, le silence s'étend quelque peu autour d'eux. Réprimant un lourd soupir et une folle envie de rouler les yeux au ciel et au delà, Cécil finit par décroiser les bras.

« Très bien, allons voir le lieu du crime, j'en ai assez vu ici. » déclare-t-il, agacé. Les visages rougeauds des locaux lui donnent soudainement la nausée après la véhémence dont ils ont fait preuve. Rester ici pour interroger de potentiels témoins ne serait pas une mauvaise idée, mais-... Pas tout de suite.
Cécil n'a pas la force de gérer une foule qui se courroucerait à nouveau, et puisque son compagnon d'infortune a proposé d'aller vers les champs...

C'est parti.

Sans trop de délicatesse, Cécil entraîne avec lui l'homme en blouse blanche par le bras. Il est déjà par les champs lors de ses visites des jours précédents et n'a rien vu de vraiment suspect – qu'il y soit passé, était-ce une raison de l'accuser ? – alors il ne lui est pas difficile de retrouver son chemin.
La démarche vive et déterminée, ses talons résonnant furieusement sur les pavés de Glenn et maugréant dans sa langue natale de temps à autre, il faut pourtant un certain temps au coordinateur et son acolyte pour arriver à destination.

C'est près d'une barricade brisée que Cécil s'arrête enfin et libère le bras pris en otage. Au moins les paysans n'ont-ils pas menti sur un probable vandale, mais jusqu'à présent, aucune trace d'homme Lougaroc.
Peu impressionné par la situation, le kalosien relâche enfin un soupire et se pince l'arête du nez. Marcher aussi vite n'était-... Peut être pas une aussi bonne idée, lui semble-t-il alors qu'un bref vertige menace de le faire tituber. Ca ne dure qu'une seconde, pas assez pour l'alarmer.

« Nous y voilà. » siffle-t-il, cachant du mieux qu'il peut son agacement. L'autre homme n'y est – à priori – pour rien non plus, et s'ils sont dans le même bateau, il n'a pas à déverser sa frustration sur lui. « Des idées ? Vous avez l'air de mieux connaître la zone que moi. » dit-il comme s'il n'avait pas été celui qui l'avait traîné jusque là, trop pressé de s'éloigner du trop plein de monde.

Son compagnon d'infortune lui fait subtilement comprendre qu'il n'est pas plus renseigné que lui sur la zone et maintenant qu'ils sont seuls et qu'il ne craint plus d'envenimer la situation, Cécil ne se prive pas de rouler des yeux. Les voilà bien avancés !
Peu disposé à rester sans rien faire – parce qu'autant cette affaire l'agace qu'elle l'intrigue – le bougre s'apprête à se détourner de la blouse blanche, prêt à enquêter avec tout l'amateurisme qu'il lui était donné d'avoir, jusqu'à ce qu'un cri perce les alentours.

Cécil met un temps à en identifier la source, mais lorsque ceux-ci se calment et qu'il s'apprête à les suivre, l'autre homme ouvre la bouche. Pour dire quelque chose que le fait arquer un sourcil. C'est pour lui dire ça qu'il l'interrompt ?
'Le coupable revient toujours sur les lieux du crime', on aurait dit une accroche bateau d'un vieux roman policier. Pour le reste, il aurait pu accorder que l'idée n'était pas mauvaise, mais sans dépouille, il n'était pas près de le lui accorder. Alors le coordinateur claque la langue, impatient et reste dubitatif à la plaisanterie de son vis-à-vis.

« Wow, me voilà face à un vrai blagueur... » souffle-t-il, sarcasme au bout de la langue, sans vraiment attendre une explication ou même une réponse.

Sans être un génie de l'humour, Cécil pouvait au moins affirmer que ce n'était pas drôle, et aucun des deux hommes ne semblaient vouloir s'attarder plus avant sur ce sujet. Alors, ignorant – ou feignant d'ignorer – le fait que la blouse blanche avait vaillamment décidé de le laisser passer en premier, le coordinateur prend les devants sans hésitation.

« Allons-y, nous verrons bien. » peut être un peu téméraire... Le kalosien a du mal à voir en quoi ce serait un piège, les lamentations sonnent trop vraies – peut être un peu exagérées – pour être fausses. C'est ce qu'il pense tout du moins.
Une fois arrivés à la ferme isolée, Cécil toque poliment à la porte qui s'entrouvre. Peut être est-ce parce que tout le monde se connait dans ce patelin, mais le bougre trouve l'idée vaguement dangereuse. En attendant, il ne se gêne pas pour faire quelques pas à l'intérieur et appeler la personne s'étant mise à pleurer et à se lamenter.

« Madame ? Qu'est ce qu'il se passe ? » sa voix manque probablement d'urgence, mais pas d'une certaine inquiétude.

Pour ce qu'il en savait, Bridget pouvait aussi bien être un petit Snubbull qu'une fillette disparue.

La dame sursaute et Cécil se mord doucement la lèvre.
Très bien, rentrer sans être invité n'était probablement pas la meilleure idée du monde, mais quelle idée de crier mort d'homme de la sorte ? Cependant, la femme éplorée ne semble pas leur en tenir rigueur, se confie même sur la source de son malheur. Sa fille a disparue les informe-t-elle, depuis ce matin.

Cécil veut bien croire qu'elle soit inquiète, surtout s'il ne s'agit pas là des habitudes de la demoiselle. Du coin de l’œil, il aperçoit un portrait de famille sur lequel il porte toute son attention alors que son compagnon d'infortune se rapproche de la fermière pour la consoler et lui poser quelques questions.
La jeune fille a l'air en âge de sortir, n'en déplaise à ses parents, et la première hypothèse de Cécil est qu'elle soit partie rejoindre un garçon – ou une jeune fille, pour ce qu'il en sait –. Alors, doucement, il repose la photo, tait sa supposition pour n'offusquer personne présent dans la salle et se rapproche à son tour de la fermière qui tâche de sécher difficilement ses larmes avec un petit mouchoir.

Ils n'ont pas forcément le temps pour ces affaires, mais puisque l'homme en blouse blanche a pris l'initiative d'enquêter, Cécil se décide à suivre le mouvement, pose une main compatissante sur l'épaule de la ménagère et lui offre un sourire réconfortant.

« Ne vous inquiétez pas, mon comparse a probablement raison et elle traîne peut être avec des amis... Que fait-elle généralement à cette heure-ci de la journée ? » va-t-elle à l'église ? L'idée le traverse rapidement, mais si c'est le cas, alors peut être a-t-elle été bloquée dans la cohue. Peu probable, mais pas impossible, il relègue également cette hypothèse au silence, et reprend sur le même ton de voix, aussi apaisant que possible. « Ceci dit-... Avez-vous songé à contacter les autorités compétentes ? »

Pas qu'il ne veuille pas aider, mais outre les accusations qui pèsent déjà sur eux, ils ne sont pas enquêteurs – enfin, il ne lui semble pas que l'homme habillé en scientifique en soit un – et compter sur eux pour retrouver une enfant disparue est plus que risquée.
Si dans l'hypothèse ou 'l'homme lougaroc' s'avère être une réelle menace – humain détraqué ou pokemon sauvage – et que Bridget était tombée dessus... Mieux valait qu'une équipe de rangers soit au courant que deux randoms pequenauds.

Les traces de sympathie envers la ménagère éplorée s'estompent peu à peu. Perplexe, Cécil retire sa main compatissante de l'épaule de la dame et retient une grimace en lançant un regard à son compère. Il ne peut en être certain, et pourtant, il lui semble lire quelque chose dans ses yeux : ils pensent la même chose. Si sa théorie est au moins en partie correcte, Bridget s'est simplement échappée pour respirer un peu.
Du moins, il l'espère.

Ainsi, alors que la fermière leur explique que sa fille n'a rien d'une petite galliste effrontée, que Cécil se retient fort de ne pas rouler des yeux au ciel et au delà, il balaye la pièce du regard à la recherche d'une information plus utile que les plaintes de la femme.
Mise à part les reprendre de volée et leur expliquer que la police locale n'est qu'une bande d'incompétents, ils ne sont pas plus avancés qu'au début, et Cécil n'est pas certain de vouloir se lancer dans cette aventure là, ils ont déjà une enquête à-...

Le sursaut est inévitable. Il n'avait pas remarqué le Caninos précédemment, ses aboiements le prennent de court. La bête aboie, se débat et tire sur sa chaîne avant de se calmer comme si de rien était pour s'occuper de sa toilette. Cécil arque un sourcil, observe le spectacle d'un air perplexe avant que son compagnon d'infortune ne reprenne la parole.
Visiblement plus diplomate que lui, il s'excuse pour eux deux – tant mieux, Cécil ne comptait absolument pas le faire – et émet une nouvelle hypothèse qui laisse le kalosien dubitatif un instant. Il sais qu'il ne devrait pas juger sur les apparences – Maush s'est révélé plus d'une fois plus vif que son apparence le laissait penser – mais-... Ce Caninos n'a pas l'air très vif... Ni très contrôlable. Cécil hésite lorsque son comparse lui demande dans un murmure si c'est possible.

Sourcil arqué, lèvres pincées, le kalosien hausse les épaules, l'air de dire qu'il n'en sait pas grand chose de plus.

« C'est possible, souffle-t-il malgré tout. Il n'aboie probablement pas pour rien après tout, il faudrait vérifier. »

Il suppose qu'il faudrait vérifier. Il suppose aussi qu'étant donné qu'ils se sont indirectement portés volontaires pour aider la fermière, ils devraient lui rendre ce service.

Probablement.

Cécil souhaite simplement se dépatouiller de ce traquenard. Si le Caninos est bel et bien agité par le fameux 'homme lougaroc' se serait une aubaine en plus, ils pourrais se débarrasser de ce soucis en une pierre deux coups.
Il n'y croit pas, mais l'excuse de partir vérifier avec le chien leur permettrait au moins de sortir d'ici et de ne pas se faire juger plus avant par la fermière.

Cécil n'est pas dupe, il lit la même envie dans l'expression de son comparse.

« Pouvons-nous vous l'emprunter ? »

Finit-il par demander en se tournant vers la dame.

La fermière fait mine de réfléchir puis finit par accepter. Pour faire 'comme dans les films' dit-elle. Cécil ne peut pas vraiment la blâmer, il a eut la même réaction. Alors il se contente de ne pas se mettre en travers de son chemin alors qu'elle les guide vers l'extérieur après avoir récupérer un foulard.
Enfin, elle appelle le Caninos – Séraphin, drôle de nom pour un chien – qu'elle ne tarde pas à attacher avant de poser la laisse dans les mains du – présumé – médecin – Arceus, il a l'air absolument dépité – avant de les rassurer et de leur expliquer que la bête était gentille mais brusque.

Ils ont le loisir de vérifier ça rapidement.
Cécil étouffe un rire un grand peine.

S'il tend la main pour aider son compagnon d'infortune à se redresser, il n'a pas le temps de l'aider que celui-ci se redresse sans attendre. Plus de peur que mal semble-t-il, mais ce dernier ne tarde pas à s'éloigner après avoir maugréé quelques faux remerciements.
L'amusement de Cécil est dur à contenir, néanmoins, il prend un peu plus de temps avant de suivre son comparse.

« Merci, nous vous préviendrons si nous trouvons quelque chose. » déclare-t-il à la fermière plus clairement. Moins agacé par son existence qu'il y a quelques instants, la bougresse avait au moins eu le mérite d'embellir sa journée de quelques farces. Au dépens de son compère, certes oui mais-... Ah, le karma ne tarderait probablement pas à le rattraper.
Ceci dit, le kalosien ne s'attarde pas trop non plus. Un geste de la main plus tard, il trottine à son tour à la suite de son partenaire improvisé.

Lorsqu'il le retrouve, c'est baissé vers le Caninos, le foulard collé à sa truffe. Cécil est dubitatif, peu certain que le plan marchera, mais ce sont les bougonnements de son comparse qui achève de faire éclore un sourire sur son visage.
« Si j'avais eu une mère comme ça, je me serais probablement échappé également. » acquiesce-t-il sur un ton amusé. Non pas qu'il n'ait jamais infligé de fugue à ses parents. Avec le recul, ils ne méritaient probablement pas son exécrable tempérament. Mais, oh, Cécil ne s'attarde pas sur les regrets qu'il pourrait ressentir lorsqu'on lui demande s'il 'passe un excellent moment'. A-t-il l'air de passer un bon moment ? Il en doute fortement.

« Oh, oui, j'ai atteint le comble de ce que le tourisme à Glenn avait à offrir. » siffle-t-il, balayant l'air de la main avant de secouer la tête. « Un jeu de traque grandeur nature, rien de mieux pour profiter de l'air de la campagne, merci de vous en inquiéter. »

Sarcasme au bout de la langue, il finit par se rapprocher de la bête et de s'accroupir à ses côtés. Tout dépendait du pokemon, évidemment, mais ces bêtes pouvaient se montrer remarquablement intelligente – Maush en était le parfaite exemple ! –. Alors gentiment, il vient lui flatter l'encolure et lui gratter le sommet du crâne.

« Gentil Séraphin, tu peux nous montrer ce qui t'a dérangé tout à l'heure, mh ? » un peu gaga du toutou, Cécil feint de trouver tout ceci normal. Sans cesser ses flatteries au Caninos, il relève un sourire vers son partenaire. Maintenant qu'ils sont seuls et ont un peu de temps devant eux, c'est peut être le temps de se renseigner sur la personne avec qui il doit chasser une bête mythique.

« Au fait, avec tout ça, nous n'avons pas eu le plaisir d'avoir été présentés. Vous pouvez m'appeler Cécil. »

La bienséance voudrait qu'il se redresse et lui propose une bonne poignée de mains bien virile, mais  ses mains sont occupées ailleurs, et après avoir été accusés du meurtre du bétail, ils sont au delà de ça... N'est ce pas ?
Il ne juge pas non plus nécessaire de donner son nom de famille. Il n'est pas certain d'être reconnu comme le coordinateur qu'il est, ici à Keros, mais dans le doute-... Il n'a pas envie qu'on voit en lui celui s'étant effondré lors du dernier Grand Festival de Kalos.

Séraphin, comme le Caninos.

Cécil n'aurait probablement pas trouvé ça aussi drôle s'il avait reçu les informations dans un ordre différent, mais comme un horrible coup du destin, ce n'est pas le chien qui s'appelle comme son compagnon d'infortune, mais bien l'inverse.
Il en aurait ri, assurément, s'il n'avait pas eu un minimum de compassion pour cet homme qui partage la même désagréable expérience avec lui et surtout, si ce dernier ne s'était soudainement pas fait entraîner vers le lointain par son homonyme.

Alors Cécil se redresse – peut être un trop vite pour ses vertiges – tarde un peu mais finit par les rattraper une fois qu'ils s'arrêtent. Séraphin – l'humain – est à nouveau au sol et le coordinateur n'hésite pas à lui offrir une main secourable pour l'aider à se relever. Il ne semble pas y avoir de casse, du moins pas pour lui.
En revanche, Séraphin – le Caninos – leur rapporte un spécimen qui n'a pas eu autant de chance. Fier de lui, le chien leur montre sa trouvaille, un Manglouton mort – depuis combien de temps ? – qui ne manque pas de faire légèrement grimacer Cécil.

Il ne craint pas, pas vraiment mais-... Si, un peu quand même. Alors, lorsque son comparse n'hésite pas à s'affubler de gants pour récupérer le cadavre, le kalosien ne peut s'empêcher de se sentir soulagé et un peu admiratif tout de même.
Ainsi, pendant que Séraphin – l'humain – examine la dépouille du Manglouton – et qu'il ne risque donc pas de la toucher par mégarde –, Cécil n'hésite plus à s'accroupir près du chien pour le féliciter en bonnes et dues formes et à lui adresser quelques caresses et grattouilles dans le cou. « Bon, chien, bravo Séraphin ! »

Oh, ça fait un peu bizarre de l'appeler comme ça maintenant.
Mais l'autre Séraphin a également l'air bien fier de lui lorsqu'il lui montre les crocs du Manglouton.

Alors, avec tout son talent d'acteur, Cécil ravale son dégoût, masque sa grimace et se contente de hocher la tête aux dires de son comparse, un air pensif sur le visage.

« Et puis, un seul Manglouton n'aurait probablement pas été suffisant pour alerter tous les fermiers de la zone et alimenter une telle rumeur. »

Perplexe, c'est par automatisme qu'il continue de gratter la fourrure du Caninos le temps d'organiser ses pensées. Un seul Manglouton n'aurait pas pu être la cause de toute cette mésaventure, mais une horde peut être-... Ou la raison de sa mort ? Séraphin – le chien – ne les aurait pas mené ici pour-... Rien ?

Oh, il avait beau apprécier la bête, il n'en mettrait finalement pas sa main à couper.

Alors, Cécil finit par relever les yeux vers son compagnon d'infortune, curieux et espérant l'entendre dire avoir trouvé un indice qui leur donnerait une piste.

« Vous savez de quoi il est mort ? » demande-t-il en désignant la dépouille du menton.

Il n'y a rien sur la dépouille. Rien qui ne puisse leur donner un quelconque indice sur l'affaire qui les intéresse. Cécil ne peut s'empêcher d'afficher une moue déçue. Un Manglouton mort 'mystérieusement' ne leur servira à rien pour apaiser les habitants de Glenn et se laver de tous soupçons.
Alors Cécil soupire à son tour avant de sentir le Caninos se tendre. Il a à peine le temps de retirer ses mains de son pelage pour éviter de se faire entraîner que Séraphin – le chien – détale comme un Sapereau en cavale. L'autre Séraphin – l'humain – n'a pas cette chance. Et encore une fois, le kalosien se retrouve devoir les poursuivre.

et à devoir esquiver de justesse un cadavre lâché dans la course.
Son cardio aura été fait pour la journée.

Lorsque le Caninos s'arrête – enfin –, c'est devant une vieille grange aux airs abandonnés et un peu glauque. Cécil grimace, tend pour la troisième fois une main à son compagnon d'infortune qui embrasse décidément bien trop souvent le sol pour que le coordinateur ait encore envie de rire de sa déconvenue.

« Tout va bien ? » lui souffle-t-il avant de tendre l'oreille. Si l'endroit a visiblement l'air abandonné, il n'a apparemment pas été entièrement déserté. Des voix s'élèvent à l'intérieur mais pour l'instant, impossible de deviner ce qu'elles disent entre les grattements et les couinements du chien et les inquiétudes de Séraphin – l'autre –.
Il lui demande si la grange a plus l'air d'un rendez vous pour criminels ou pour amoureux, et pour être tout à fait honnête, Cécil a bien envie de répondre les deux. Un endroit isolé ? Parfait pour dissimuler toute action qui pourrait être jugée répréhensible, que ce soit par la police ou par des parents trop curieux.

« On verra bien. » déclare-t-il donc à son comparse, se rapprochant de la porte.
Son cœur bat plus fort qu'il ne le voudrait dans sa poitrine, et pour se donner du courage, il se baisse légèrement pour flatter le crâne du Caninos et l'enjoindre – probablement en vain – de se calmer.

S'il hésite un instant à pousser les battants de la porte, Cécil se raisonne : pas moyen de prétendre qu'ils ne sont pas là, leur guide a fait bien trop de bruit et la chute de Séraphin – la blouse blanche – n'est probablement pas passée inaperçue non plus.
Alors le kalosien inspire, se prépare mentalement, ignore le scénario de film d'épouvante et les battements de son cœur et ouvre doucement la porte. Pas la peine d'être discret, se dit-il. Ils sont déjà repérés, et jusqu'à preuve du contraire, ils ne font rien de mal... Les gens à l'intérieur en revanche-...

« Excusez moi ? Il y a quelqu'un ? » demande-t-il à la volée en avançant de quelques pas à l'intérieur. Pas trop non plus, autant rester proche de la sortie. Coup d'oeil pour s'assurer que Séraphin – l'humain qui le laisse ouvrir les portes en premier – ne lui ait pas fait faux bond. « Nous cherchons Bridget ? Sa mère est très inquiète ! »

Si les inconnus sont du coins – et s'il ne s'agit pas de l'intéressée elle même – ils la connaîtraient probablement et pourraient leur donner des informations.

Ou pas.

La région a l'air remplie d'incompétents après tout.