Sarah Edmund

Histoire

TW : relation abusive, violence conjugale, un peu de violence


-Allez, babe, ça va te faire du bien. Et tu as toujours rêvé de voyager non ? C'est l'occasion rêvée !
-Je ne sais pas trop... C'est loin, et je ne parle pas bien la langue...
-Ne t'en fais pas pour ça, je t'apprendrai et je traduirai ! Allez quoi, tu ne voudrais pas me rendre triste en m'empêchant de réalsier mon but ?

Elle hoche finalement la tête, ils partent direction Keros. C'est la première fois qu'elle quitte sa Sinnoh natale, ça l'angoisse. Ça l'angoisse très fort, le ventre noué. Là-bas, dans cette région, ni amis, ni famille, hormis celle de son petit ami. Lui est originaire de Keros, de... Tartan, si elle a bien retenu la ville. Oh, il n'avait pas besoin qu'elle l'accompagne pour son tour des arènes. Mais Sarah est ainsi, facilement influencée, trop timide pour dire non. Incapable de lui dire non à lui surtout. C'est qu'elle veut toujours faire plaisir, à en oublier son bonheur, à s'en tuer la santé. Tant que ça contente les autres. Tant qu'on la remercie, et qu'on l'apprécie.

L'attachement, son pire ennemi. Cet attachement toxique qui l'emprisonne. Sarah a un besoin maladif de se sentir aimée, ainsi elle fait confiance au premier venu, le considère rapidement comme un proche. Se plie en quatre pour lui. Rien d'étonnant à ce que Ian ait réussi à l'enfermer un mois après leur première rencontre. Ian est ce garçon narcissique, autoritaire, typique de l'homme Asterien. Pourtant si doux et attentionné. Un juste milieu qui berce Sarah dans son illusion que cette relation est normale, qu'importe les coups et les insultes. Si ils arrivent, c'est de sa faute.

Son regard vers Sinnoh qui disparaît, elle se sent d'un coup nostalgique. Cette région où elle a grandi, dans la petite ville de Frimapic. Il y fait froid, on ne connait pas l'été, dans ce lieu couvert d'une neige éternelle. Beaucoup n'apprécient pas cette partie de la région. Mais pour elle, c'est sa maison, son foyer. Là elle se sent bien. Entendre la neige craquer sous ses pas, attraper des flocons, les batailles. Que de bons souvenirs passés dans cette ville. Ses parents tiennent l'unique production de baie du coin, qu'ils arrivent à maintenir malgré le froid. Des baies habituées aux températures. Unique enfant du couple, ils n'étaient ni trop sévères, ni trop permissifs. Sarah les adore aujourd'hui encore. Elle a promis d'écrire des lettres.

Un fort coup de vent fait voler sa longue chevelure rousse non coiffée, et elle doit se résoudre à quitter le pont. Par réflexe, ses doigts ses posent sur le médaillon autour de son cou. Ian voulait qu'elle le laisse à Sinnoh, elle a insisté pour le prendre. Dedans, une photo. Celle de deux enfants. L'une rousse, l'autre à la chevelure noire corbeau. Les deux rient à gorge déployée. Et revoir ça la faire sourire. Cette autre enfant, c'est Serah. Sa meilleure amie, qui malheureusement ne la suit pas à Keros. Elle seule sait contredire Ian. Serah, Sarah, nées le même jour, c'était comme un signe.

Les autres enfants aimaient se moquer de ses cheveux roux, de ses tâches de rousseurs, de sa petite taille. De tout. Puis, un jour, Serah a débarqué pour la défendre. Elle les a tellement insulté qu'ils n'ont plus jamais recommencé. Ce jour-là, le cœur de Sarah a battu plus fort que jamais.

Elle est ainsi Serah, grande gueule, capable de frapper et qui n'accepte pas qu'on la prenne de haut. Tout son contraire. C'est peut-être pour ça que leur lien est si fort. Serah va énormément lui manquer, lui préparer des cupcakes aussi. Son amie a tout tenté pour la convaincre de ne pas partir avec Ian. Mais elle l'aime, que peut-elle y faire ? Le garçon lui a même passé la bague au doigt récemment, promesse de fiançailles.

-Tu devrais rentrer, je ne veux pas que tu attrapes froid.

Il dépose sur ses épaules sa veste, en parfait gentleman. Ian est si adorable, comment pourrait-elle ne pas l'aimer ? Sarah chérit leur relation, comme elle chérit ses proches. En les couvrant d'attentions. Mais la jeune femme manque de faire un bon, lorsque passe un zigzaton à côté d'elle. Peur incontrôlable, qui ne s'efface que peur malgré les années.

Elle avait 10 ans, jouait dans la neige avec le stalgamin de la famille. Minuscule créature adorable, qui adorait sa jeune maîtresse. Puis, Sarah a hurlé. Ses parents ont accouru. Deux farfuret de visiblement mauvaises humeurs s'attaquaient à la fillette. Ses souvenirs de ce jour sont encore trouble. Elle se souvient son père, une hache à la main. Les farfuret étendus à terre. Stalgamin lui aussi victime de cette violence. La neige peinte en rouge. Il n'y a plus jamais eu de pokemon dans la maison. Elle n'a plus jamais approché l'un d'entre eux. Mais elle ne sait pas ce qui l'a le plus traumatisée.

L'attaque, ou la violence de son père.

Après de longs jours de voyage, le bateau accoste enfin à Keros. Sarah s'émerveille devant le paysage, curieuse et facilement impressionnée. Ian pose une main possessive sur son épaule, la guide jusqu'au taxi volant. Bientôt, ils seront à Tartan. Autant de hâte que d'anxiété en elle. Après tout, elle va aussi rencontrer les parents de son fiancé. De base, il était de passage pour un grand festival à Unionpolis. Les deux se sont percutés, ont fait les activités ensembles. Puis se sont revus plusieurs fois, leur amour fleurissant un peu plus chaque jour. Grande angoissée, elle se colle à lui lorsqu'il arrive en ville. Remarque aussitôt les regards. Sa voix est fluette, à moitié tremblante.

-Ils me regardent tous comme une ennemie...
-Mais non ma chérie, tu te fais des idées. C'est juste qu'ils te voient pour la première fois.

Pourtant elle sent cette hostilité implicite. Les non dits. On ne veut pas d'étranger ici, tu n'es pas des nôtres. A peine arrivée, Sarah le sait. Elle n'aura jamais sa place ici.