notes

L'hiver de Keros n'était pas si rude. Ilya n'avait eut aucun mal à s'habituer au changement de saison. Le climat continental de la grande Strana était bien plus caractériel. Des étés brûlants et des hivers glacés.

Ici, rien de tout ça.

Alors le stranaïte arpente les bois, les rues, les routes, errant. Encore un jour où il avait fallu s'éclipser, se cacher de la colère acariâtre de Vassilisa. Il s'imagine que les autres sont bien au chaud chez eux.

Que ce soit Finn, Genya, Teagan ou même Oliver, il n'a pas envie de leur compagnie. Il veut être seul, ses pensées sont vagues, tristes, mornes. Comme le ciel gris de ce mercredi après-midi.

Chernaya traîne à ses cotés, elle a insisté pour sortir et se dégourdir les pattes, Ilya n'a pas dit non. Peut-être qu'elle le mènera vers ce qu'il cherche, même si il ignore ce que c'est. Il s'en remets une fois de plus à Sankta Morena.

C'est dans cette triste humeur qu'il décide de s'écarter des sentiers battus. De s'approcher de là où il ne faut pas. Les mines de charbon, toujours actives, toujours fumantes.

Moins qu'avant. Bientôt, sans doute, ça s'arrêtera. Et les dédales souterrains retomberont dans le silence.

Ilya ne sait plus à quel saint appartiennent les mondes souterrains et les mines plongées dans l'obscurité. Sankta Svarog, dresseur de Groudon ? Sankta Vélès, dresseuse du terrible Darkrai ? Les icônes saintes se perdent dans son esprit.

En tout cas, ce qui est abandonné des hommes appartient à Sankta Morena, c'est la seule certitude qu'il ait. Et bientôt, tout ça sera sans doute abandonné, même si les adultes se mentent à ce sujet. Même Vassilisa.

L'époque du charbon s'enfuit peu à peu, comme l'époque des Tsars. Il ne restera que des ruines. Et des exilés.

Il ne sait pas exactement où il va, il suit Chernaya, il sait qu'il peut se fier à elle. Elle sait où elle va, ce petit miracle sur patte. Elle le traîne plus loin, lorsque la forêt rencontre le charbon. Un vieux tunnel à moitié condamné.

À moitié oui, des planches de bois ont été arrachées, d'autres ont été usées par le temps et trahies par des clous de plus en plus rouillés. Ilya sait où il est.

La mine de l'Est.

Il en a entendu parler, vaguement. Triste endroit, des morts, des catastrophes, ce genre de chose. Maintenant que Sankta Svarog a crié sa colère, les lieux sont redevenus muets, sombres, abandonnés.

Quel autre endroit pouvait choisir Chernaya, honnêtement ? C'est peut-être ça qu'Ilya cherchait, un abri rien qu'à lui. Que même sa sœur ne connaîtrait pas. Il sait qu'il peut y trouver des inconnus, mais il sait comment s'occuper d'eux depuis le temps.

Il n'a pas vécu la guerre pour rien.

Alors il arrache les quelques planches qui encombrent encore le passage, au milieu des friches, personne ne l'entends faire. Ou personne ne s'en soucie en tout cas.

Inconscient, courageux ou totalement désintéressé de son propre sort, il entre dans le tunnel à la sinistre réputation. Le bruit de ses pas y raisonne, il entends le bruit du ruissellement sur la roche, de l'air qui s'engouffre dans les galeries.

Il s'arrête, contemple un moment les ténèbres ambiantes. L'idée de s'y engouffrer et d'avancer à l'aveuglette lui traverse l'esprit, devient tentante, puis il se souvient que c'est dangereux, potentiellement mortel et qu'il a encore des raisons de rester vivant, là-bas, en dehors du tunnel.

Chernaya, Flash !

L'endroit s'illumine grâce à la petite Lixy ébène. Des vieux débris se révèlent, du matériel de mineur, de vieilles lampes cassées au sol, des casiers vides, certains tordus ou éventrés. Tout cet endroit porte la marque de la dresseuse de l'Exilé.

Sankta Arkæ a détourné le regard de ces lieux. Ilya s'y sent libre. Presque à l'abri, ironique pour un lieu qui a arraché tant de vies. Mais il s'y sent bien. Il s'adosse au mur, inspire, expire et se laisse glisser au sol, au milieu des débris et autres joyeusetés.

L'air porte une odeur d'humidité âcre.

Une douleur au creux de la paume le fait tressaillir, il lève la main, regarde.

Ah, une coupure. Un éclat de verre.

Il regarde la plaie d'un air complètement désintéressé, ça ne saigne pas beaucoup mais ça pourrait s'infecter, peut-être que...Non, pas la peine.

Il sort un mouchoir de sa poche et recouvre la blessure, l'attache à sa main. Chernaya le regarde d'un air inquiet, il lui échange un sourire.

Tout va bien. C'est un mensonge mais tout va bien.

Il sent la crise arriver à fouille dans son autre poche, il y ressort sa boite de médicaments, sort un comprimé, l'avale et déglutit avec difficulté. Le remède lui laisse un goût amer dans la bouche. Puis il s'étire, soupire et s'affaisse un peu plus.

Tant pis pour le verre cassé. Ses vêtements s'y frottent et s'y accrochent mais sans plus. Il sait où il ne faut plus poser les mains au moins.

Chernaya vient chercher sa main blessée, la lèche, mordille le bandage de fortune. Cela fait sourire le stranaïte, il se contente de la caresser pour la rassurer. Il ne sait pas quoi dire puis de toute façon, il n'a pas envie de parler. Même à un pokémon.

Il ne sait pas ce qu'il fout ici, dans cette mine, à Doon, à Keros, sur Terre, vivant.

Son remède le plonge peu à peu dans la torpeur mais il sursaute tout de même quand un écho lointain se fait entendre. Il se relève rapidement, observe les parties sombres de cette 'salle' de roches.

Quelque chose a bougé, il en est sûr. Mais c'est englouti dans les ténèbres. Son esprit vague a du mal à discerner. Chernaya feule et hérisse son poil. Ce n'est pas que lui donc.

Il n'a aucune envie de se battre mais un sentiment saugrenu lui dicte de le faire, de s'imposer.

De montrer qu'il est ici chez lui.

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Avant de pouvoir clairement discerner la créature, un jet de sable vient aveugler la pauvre petite Lixy aussi bien que son dresseur. Mais le problème est rapidement réglé avec Explonuit, l'onde ténébreuse disperse la poussière.

La lumière de Flash vacilles mais Chernaya tient bon.

L'attaque ne semble pas avoir affecter ce drôle de pokémon serpent. Ses sifflements hostiles se font entendre. Il retourne sous terre et prépare sa prochaine attaque. Pour sa part, Ilya sort son couteau dissimulé dans sa botte.

Si le pokémon veut jouer les agresseurs, il va vite comprendre qu'il ne s'est attaqué à un enfant de chœur. Le stranaïte sait ce montrer cruel, particulièrement pour défendre son nouveau territoire.

Ce refuge est à lui, Sankta Morena l'a guidé ici, il ignore encore la signification de tout ça mais ça doit vouloir dire quelque chose.

Le serpent sort enfin de sa cachette, tout proche de Chernaya, trop proche même, il la surprends et la Lixy émets un cri de surprise. Il s'enroule peu à peu autour d'elle et l'immobilise, pensant son plan parfait.

C'est sans compter sur Ilya qui vient le poignarder méchamment dans le cou. Il s'attendait à une giclée de sans mais il n'y que du sable, du sable qui se déverse au sol. Ce qui ne manque pas de faire gémir la créature et de lâcher sa prise.

Aussitôt, la créature vient attaquer le jeune homme à coup de Queue Poison. Le blond se protège avec ses bras, ce qui n'empêche pas la queue tranchante de l'ennemi de lui balafré l'avant-bras. Il grimace.

La blessure est peut-être empoisonnée, il faudra faire appel à Raine. Une fois de plus.

Chernaya, furieuse que l'on s'en prenne à son maître, vient enchaîner avec un double coup de patte, le Dunaja est désarçonné, blessé. Il abandonne et s’éclipse dans les ténèbres ambiante.

Ilya se contente de réunir ses affaires à la va-vite et se tourne rapidement vers sa Lixy, quelle surprise quand elle se mets à briller d'une lumière bien plus forte que Flash. Il se couvre les yeux un instant.

Il sait ce qui se passe et cela lui arrache un sourire. Chernaya évolue. La Lixy ébène devient un superbe Luxio couleur charbon. Ilya lui adresse un sourire et bien lui faire moult caresses pour la féliciter.

Mais il est temps de partir maintenant. Positionnant son sac à dos sur son épaule, il regarde une dernière fois en arrière. Tout ce qui reste du Dunaja est une trace de sang fine qui mène plus loin dans les dédales souterrains.

Il ne sait pas si il est fier de lui ou si il regrette.

De toute façon, il n'a pas de temps à perdre. Le chemin jusqu'à la clinique St Soin-Bobo est bien plus rapide qu'il ne se l'était imaginé. Une fois entré, il frémit. Que pourra-t-il bien raconter au médecin sans que celui-ci ne lèves les yeux au ciel.

Bah, par d'importance.

Il se contente de se diriger vers la secrétaire, la salue poliment et lui adresse sa requête.

Je avoir besoin voir Docteur Raine. Urgent. S'il-vous-plaît.