Waiting for My Lucky Day | Ft. Ollie

Les festivités étaient terminées, et avec elles, ses amis étaient partis. Il se faisait tard, presque une heure du matin, il aurait été irresponsable de les accompagner. D'autant plus qu'il ne rentraient pas chez eux. Une battue aurait lieu dans la nuit, pour retrouver les enfants perdus. Apparemment, c'était un secret qu'il ne fallait pas révéler aux autorités. Comment l'avaient-ils su ? Qui sait, mystérieux comme il était, peut-être que Finn l'avait entendu de la bouche d'un fantôme.

Oliver était aussi jaloux qu'admiratif. Ils étaient si courageux, si brave. Lui était au bord des larmes rien qu'en s'imaginant mettre le pied dans la forêt. Les deux jeunes garçons, eux, allaient s'y aventurer en pleine nuit, armés de simples lampes torches et de bonne volonté, comme les adultes.
Comment faisaient-ils pour ne pas avoir peur ? Ils étaient jeunes, ils étaient la proie de prédilection de ce qui se cachait dans les bois. Certains parlaient de spectres, d'autre de démons, d'autres d'un tueur en série. Oliver préférait de loin les explications surnaturelles. Il n'en était pas moins terrifié, mais elles le mettaient bien moins mal à l'aise. Des Pokémon ou des forces mystérieuses qui tuent des enfants, c'est effrayant, c'est tragique. Un humain qui tue des enfants ? C'est horrifiant, c'est déprimant.

Oliver ne leur avait pas dit, mais il s'inquiétait pour Finn et Ilya. Et si le lundi suivant, il ne les retrouvait pas au lycée ? S'il apprenait qu'ils avaient disparu à tout jamais ou que, encore pire, ils avaient disparus et avaient été retrouvés morts ? Son cerveau aimait le torturer. L'image qu'il eut des corps dans vie de ses amis, maculés de sang aux pieds d'un homme bestial qui souriait de son méfait... lui donnerait sans aucun doute des cauchemars. Bah, il avait l'habitude de ne pas dormir. Il ne dormirait sûrement pas correctement avant d'avoir pu revoir les visages de ses camarades sains et saufs.

Sur le chemin, Vendredi 13 lui tenait compagnie et le rassurait un peu. Il ne payait pas de mine, mais il effrayait les fantômes selon les superstitions. Dans ses bras, Oliver tenait aussi fermement la peluche de Mangriff qu'Ilya destinait à sa sœur. Il la garderait bien au chaud dans sa chambre jusqu'à ce que la Stranaïte puisse venir la récupérer. Et si quelque chose de dramatique arrivait, cette peluche serait un souvenir douloureux des dernières heures passées ensemble. Non, il ne devait pas penser à ça. Ça n'arriverait pas.

Ilya et Finn sont forts.
Ils vont trouver les enfants.
Ils vont revenir sains et sauf.
Tout restera comme avant.

Oliver prit une grande inspiration et soupira pour se calmer. La nuit était bien froide et sa respiration se changea en fumée. Brr... vivement qu'il arrive. Il n'aurait pas voulu rester dans le froid comme l'inconnu au bord de la route. Un sans-abri, sûrement. C'était bien malheureux, mais l'adolescent ne pouvait pas se permettre de pleurer de tout. Il pleurait déjà assez comme ça.

L'inconnu pleure aussi...

Il ne le remarqua qu'en passant près de lui. Des petits couinements masqués par le tissu de ses vêtements. Sa voix n'était pas celle d'un homme, ni même d'un garçon. D'ailleurs, cette silhouette était trop petite pour ne pas appartenir à une jeune fille. Les Pokémon qui l'accompagnaient, deux petites boules toute roses, étaient plutôt appréciés de la gent féminine. Mais que faisait une gamine, perdue à Doon, si loin de la fête foraine, en cette saison ?
Elle devait être perdue... Oliver avait de la peine. Il voulait l'aider : quel monstre la laisserait là ? Mais il ne savait pas quoi faire. Il resta planté là sûrement trop longtemps.

Puis, l'un des petits Pokémon se mit à chanter pour apaiser sa dresseuse. Une douce mélodie enfantine, peut-être une berceuse. Comme elle était belle... Oliver se revit petit garçon, dans son lit, à écouter la même boîte à musique disparue de nos jours, tandis que sa mère l'embrassait sur le front. Il se revit encore plus vulnérable qu'il ne l'était maintenant, et il se revit dans cette gamine, qui devait être un peu plus jeune que lui. D'habitude, il était celui que l'on réconfortait... il était peut-être temps de grandir.

Il s'approcha doucement, de peur de les effrayer, mais les Pokémon s'écartèrent pour le laisser s'assoir à côté de leur humaine. Il n'était pas bien intimidant, après tout, à part l'énorme peluche qu'il posa à côté.

H-hum... tu... tu es p-perdue ? demanda-t-il, clairement hésitant. Il n'avait vraiment pas l'habitude de faire ça... il essaya de repenser à ses grandes sœurs, à la façon dont elles le rassuraient quand il pleurait, on p-peut aller chercher tes p-parents ensemble, si tu v-veux.

Il la poussa doucement d'un petit coup de coude et lui sourit. Son sourire n'était pas sincère, mais la petite fille n'avait pas à s'en sentir coupable. Oliver ne savait pas sourire naturellement, et ce depuis toujours. Il espérait tout de même la mettre en confiance. Cette pauvre enfant... elle n'avait pas besoin d'avoir plus peur qu'elle ne l'avait déjà.

@feat joueur Des petites notes ici

Doucement, tout doucement, la jeune fille leva la tête, observant avec curiosité Oliver. Bien qu'inconfortable d'être ainsi étudié à la loupe, il ne pouvait pas vraiment s'en plaindre. C'était lui, dans l'histoire, l'inconnu qui était allé aborder une fillette. Elle avait tous les droits de le regarder de haut en bas, d'estimer s'il représentait une menace ou non.
Mais c'est d'Oliver qu'on parle ici. Même un Flabébé ne le verrait pas comme une menace. Un Vent Féérique suffirait à lui faire perdre l'équilibre. Au final, ça ne le dérangeait pas tant que ça. Il préférait mettre cette gamine en confiance plutôt que de l'intimider, et tant pis si ça se faisait au détriment de sa fierté masculine.

Elle finit par lui répondre, d'une petite voix. Elle tenta bien de paraître assurée en redressant son dos, mais les presque sanglots la trahirent. Son chapeau désormais enlevé révéla une belle chevelure blonde, semblable à celle que portait l'adolescent sur sa petite tête. Avec ses yeux bleus, on aurait pu les croire de la même famille. Enfin, malgré ses vêtements "garçon", la demoiselle avait mille fois plus de prestance que lui. La ressemblance s'arrêtait là.

Quelque chose dit à Oliver que quand la jeune fille avouait s'être perdue, elle ne parlait pas que de son chemin. Son ton trahissait quelque chose de plus profond, de plus... poétique ? Quelque chose qu'il comprenait parfaitement, se sentant lui-même souvent débordé par les évènements. La vie allait beaucoup trop vite pour ses petites jambes. Il allait bientôt avoir dix-sept ans, il était dans son avant-dernière année de lycée, il serait bientôt "adulte" selon beaucoup... et pourtant, il ne se sentait prêt à rien.
Avec Ilya - et peut-être Finn, désormais, il se voyait peut-être avancer. Mais seul ? Qu'aurait-il fait ? Il préférait ne pas y penser. La fillette avait-elle des amis comme eux ? Oliver préféra se dire que oui, mais il craignait fort le contraire. Peut-être simplement parce qu'il se reconnaissait en voyant des yeux de saphir remplis de larme.

Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre. S'il avait été une bonne personne, il aurait pu la rassurer, lui dire que tout irait mieux en grandissant et qu'elle ne devait pas se faire de mal là-dessus. Comme il aurait été malhonnête de sortir un mensonge pareil. Alors, il préféra garder le silence, se demandant même si ce n'était pas la meilleure chose à faire. Il pourrait l'aider quand elle serait calmée.

Assez vite, cependant, elle détourna l'attention d'Oliver vers la peluche de Mangriff. Tentative assez mal dissimulée de ne plus parler d'elle, pensa le blond. Il suivit tout de même son regard, qui se posa sur une petite boule rose, observant avec grande admiration le grand félin noir. Il rit presque en voyant que Vendredi 13 semblait jaloux de l'attention qu'un autre Pokémon Ébène attirait. Il n'était pas seul : le Toudoudou s'était arrêté de chanter pour rouler des mécaniques. Enfin... à sa façon. Il était plus ridicule qu'autre chose, ce qui le rendait adorable.

O-oui. Tu... tu y étais aussi ? T-tu as v-vu les f-feux d-d'artif-fice ? demanda-t-il d'un sourire timide. Changer de sujet n'était pas une mauvaise idée, au final, il préférerait voir la gamine souriante qu'en pleurs, d-désolée, p-petite, continua-t-il, à l'attention de la Mélo, cette fois-ci, j-je n-ne p-peux pas te la d-donner, elle n-n'est p-pas à moi...

Et après tous ces cris, toutes ces larmes... ç'aurait été la moindre des choses que la sœur d'Ilya reçoive bien son cadeau, que son pauvre frère n'ait pas souffert pour rien. Cela sembla bien décevoir la pauvre fée, faisant regretter Oliver, qui se demande soudain s'il n'avait pas été trop cruel.

M-m-mais ! Tu p-peux la toucher q-quand même ! Si... si tu veux !

Le voilà, le beau, le grand Oliver, en sueur devant un Mélo, terrifié à l'idée d'avoir blessé ses sentiments. Et si sa maîtresse le prenait mal, elle aussi ? Et si elle l'envoyait balader ? L'insultait ? Elle en avait tous les droits, après tout. Figé sur place, il s'attendait déjà à se faire virer de son siège d'un coup de pied au derrière.

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