Confiteor Deo omnipotenti
Solo
Tu ne fêtera pas Breith en famille.Comme l'an dernier. L'excuse d'être nonne et de devoir rester au couvent pour prier est bien pratique. Même si beaucoup de tes consœurs ont choisis d'aller voir leur famille pour fêter l’événement. Pour ta part, l'idée de faire de même te répugnerais presque. Tu es mieux sans eux et ils sont mieux sans toi. La tristesse que te provoque cette idée est aspirée par Tempérance. Mais c'est vrai, ils n'ont pas besoin d'une bâtarde. Puis que diras-tu à Mary, ta sœur aimant d'autres femmes de façon que tu estime inappropriée ? Tu lui dirais des choses qu'elle ne mérites pas d'entendre. Et si tu n'es pas prête d'accepter son mode de vie, tu dois reconnaître que la jeune fille a toujours été adorable avec toi. Elle ne mérite pas ça. Tu ne la mérites pas en tant que petite sœur.
Cette famille n'est pas la tienne.
Tu as prétexté une santé vacillante pour rester cloîtrée dans ta chambre. Il t'as fallu du temps pour sortir de ton lit, toi qui es pourtant habituée à te lever aux aurores pour prier avec tes consœurs. Ce jour a un goût d'amertume, rester couchée était une façon comme une autre de retarder sa venue, de le vivre le plus tard et le plus rapidement possible. Tu es maussade, même tes pokémons s'inquiètent pour toi. Bianca et Courage, d'habitude joueuses, se sont collés contre toi tout le long de ton processus de réveil bien pénible. Comme quand elle a peur pour toi, Tempérance frotte sa joue contre la tienne. Et Menthe, il t'attends au pieds du lit, les yeux rivés fixés toi. Tu jurerais apercevoir une certaine tristesse dans ses iris améthystes.
À peine levée que tu te plonges déjà dans la lecture des textes sacrés. Aujourd'hui sera un jour de jeûne. Comme de nombreux autres jours. Tu n'as pas d'appétit de toute façon. Si ton ventre gargouille à t'en faire mal, tu ne sens pas le besoin de le nourrir. Ou plutôt pas l'envie. Cela te plonge dans un état fébrile, vulnérable. Tu mets du temps à lire, devant reprendre certaines phrases. Ton esprit embrumé par une tristesse que tu repousses peine à comprendre ce qu'il lit. Tes yeux se figes sur le paragraphe qui parle du sacrifice d'Arkée pour laver les péchés de l'humanité. Tu le relit plusieurs fois. Le visage du jeune homme blonds et bègue te reviens en mémoire. Cela fait pourtant longtemps que tu l'as sauvé d'un mauvais tour de ses camarades de classe.
Tu espères qu'il se porte bien. Que lui possède une famille aimante avec laquelle passer Breith.
Tu lui avais dis qu'Arkée aimais chacun de ses enfants puisque lui-même avait accepter le sacrifice en leur nom. Tu le penses de tout ton cœur, c'est vrai. Mais tu ne peux t'empêcher de penser que ça ne compte pas pour le tiens. Enfin, pour les tiens. En plus d'être illégitime, tu ne sais pardonner. Tu n'avais jamais prit conscience d'à quel point cela pouvait être douloureux. Mary, pauvre Mary, qui t'aimais toujours et t'écrivais toujours des lettres pleines d'inquiétude face à ton silence qui durait maintenant depuis des mois déjà. Elle avait juste eut la malchance d'aimer les femmes et voilà que tu ne pouvait penser à elle que dans un sentiment d'aigreur. Comme si tu étais jalouse qu'elle assume pleinement ce que tu taisais au plus profonds de toi. Elle n'avait pas à faire l'effort de suivre la voix d'Arkée de toute évidence !
Et pourtant, quelque part, tu l'aimais toujours. Ce silence te blessait autant qu'elle.
Étrangement, Lenore te manquait également, mais elle était de celles qui étaient parties rejoindre leur famille. Personne pour frapper à ta porte et t'apporter de la nourriture en douce. D'habitude, tu détestait ça. Mais là, tu n'aurais pas dis non. Ta gorge se serra et tes yeux devinrent humides. Jesabel aussi te manquait, iel et son étrange cas de n'être ni homme, ni femme. Tu observa muette le bracelet qu'iel t'avais offert, où étais maintenant incrusté ta Gemme Sésame. Ton cœur n'était qu'une plaie plongée dans un sentiment de manque. Tu referma le livre, impossible de te concentrer de toute façon, puis la faim n'aidait pas. Tu regarda ton lit un moment et considéra l'option d'y finir ta journée. Tu te levais avec lassitude pour t'y écraser quand on frappa à la porte. Ce qui ne manqua pas de te faire sursauter.
Tu hésita un instant. D'habitude, tu n'ouvrais qu'à Lenore. Voilà que tu restais comme une idiote devant cette porte, te demandant si il fallait l'ouvrir ou non. Puis une voix se fit entendre, une voix plus ou moins familière.
« S-soeur Prudence, vous êtes là ? »
En dehors de Lenore, tu ne côtoyait la communauté que pour prier et prendre tes repas. Si tu te souvenais bien, cette jeune femme qui frappait à ta porte devait s'appeler Rosemary. Une nouvelle un peu discrète et étourdie. Tu soupira lourdement, si elle venait dans l'espoir de faire ami-ami avec toi, c'était peine perdue. Tu n'étais vraiment, mais alors vraiment pas d'humeur pour ce genre de chose.
« Soeur Rosemary, je suis fatiguée. Si vous souhaitez parler, je... »
« Ce...Ce n'est pas ça, j'ai des colis pour vous. »
Tu fût un peu prise de court par cette nouvelle, tu resserra nerveusement ton châle autour de tes épaules. Qui était assez niais pour estimer que tu méritais des cadeaux pour le jour de Breith ? Enfin bon, autant ne pas faire attendre Rosemary une éternité devant ta porte. Surtout si elle avait les bras chargés. Tu vint ouvrir la porte, soupirant un peu, sans doute de lassitude. Rosemary esquissa un sourire joyeux en te voyant sortir de ta tanière. Elle avait trois colis pour être exact, un petit, un moyen et un grand. Cela te fit penser au conte de Boucle-d'or et les trois Ursaring. C'était un peu amusant. Aussi tendis-tu les bras pour venir les attraper. Rosemary semblait ravie de se défaire de ce fardeau, elle qui devait posséder encore moins de force physique que toi à en juger par sa taille et sa corpulence de Fermite.
« Merci, Soeur Rosemary. Passez un bon jour de Breith. »
« Oh, euh...D-de rien, vous aussi ! »
Tu lui adressa un sourire triste avant de refermer la porte de ta chambre. Si seulement elle savait...
Tu étala les colis sur ton lit et les observa un bon moment. Ce qui eut le mérite de rameuter tout tes pokémons, intrigués. Tu te décida enfin à ouvrir le plus grand en premier. Il contenait une magnifique écharpe en laine couleur lilas. Ta couleur préférée. La laine était très douce au touché et sans doute devait-elle être très chaude une fois enroulée autour du cou. Un simple petit mot l'accompagnait.
'Pour que tu n'attrapes pas froid cet hiver. De la part de ton papa et de ta maman qui t'aiment.'
Tu serras l'écharpe contre toi comme si il avait s'agit d'un doudou. Quelle faible tu étais, tu t'étais juré de ne plus profiter de leur gentillesse à ton égard. Elle était malvenue. Tu n'avais été que le fruit de la malchance de ta mère et ton 'père' ne t'acceptait sans doute que par pitié. Pourtant, l'écharpe que tu tenais à présent dans tes bras te semblait plus précieuse que tout l'or du monde. Ils se souvenaient encore de ta couleur préféré, malgré...
Malgré deux ans déjà. Par Arkée, que le temps passe vite.
Tu reposes l'écharpe avec délicatesse et t'attaques au second colis. Il contient des chocolats et des biscuits de toute sortes, appropriés à la période de Breith. Tu ne peux empêcher ton ventre de gargouiller d'envie. Tu ne pensais pas que tu aurais envie de manger aujourd'hui mais il faut avouer que ces biscuits sont bien plus appétant que n'importe quel plat que tu aurais pu obtenir ici. Tu chipe donc un petit Evoli en pain d'épice et vient le grignoter pendant que tu ouvres la petite lettre qui accompagne ce festin.
'J'espère que ça te plaira, je ne savais pas trop quoi t'offrir pour Breith. Puis je me suis souvenue que tu aimais le pain d'épice. On les a fait nous-même avec Peggy et Louise.
S'il-te-plaît, donnes-nous de tes nouvelles. On t'aime très fort.
Mary, Peggy et Louise. Tes petites sœurs adorées.'
Tu réprimes une envie de pleurer de plus en plus forte. Alors ils se souviennent vraiment de tes goûts ? Quand tu fais tout pour les oublier de ton coté ? Tu te sens ingrate, méprisable. Arkée peut-il vraiment pardonner à une personne comme toi. Tempérance s'approches de toi, sans doute pour aspirer toute cette tornade de sentiments négatifs. Tu la repousse gentiment avec un sourire triste.
« Non, je ne le mérites pas. »
Oui, tu mérites de ressentir cette tristesse. Tu mérites de te sentir mal et coupable. Tu pensais leur accorder une faveur en te coupant d'eux mais ils sembleraient que tu ne fasses que les inquiéter. Mais tu n'es pas prête de revenir vers eux, tu ne peux pas leur écrire. Tu as trop honte pour ça. Tu dirais bien que le pain d'épice à un goût amer dans ta bouche mais c'est tout l'inverse, c'est sucré et épicé comme tu l'aime. Ce qui ne fait qu’agrandir ta tristesse.
Avec tout ça, tu en oublierais presque le troisième petit paquets. Tu le saisi avec délicatesse et vient le déballer. Et...Oh, une belle broche à l’effigie d'un ange. Elle est vraiment magnifique, qui peut bien donc t'offrir cela ? Comme tout les autres cadeaux, un petit mot l'accompagne, tu t'empresse de le sortir de son enveloppe pour obtenir la réponse à ta question.
'De la part de Jesabel. Iel avait trop le trac pour écrire quelque chose alors son colocataire s'en charge. Je crois qu'iel vous aime vraiment bien parce que c'est la première fois qu'iel stresse autant pour trouver un cadeau à quelqu'un ! Enfin, passez un bon jour de Breith !'
Tu ne peux t'empêcher de rigoler malgré ton envie de pleurer et tes yeux de plus en plus humides. La broche est magnifique, il n'y avait point d'inquiétude à avoir. Tu t’assois doucement sur ton lit et l'observe avec minutie. Les larmes commencent à couler le long de ton visage. Tu es émue par tout ces cadeaux, tout ces gens qui pensent à toi. Qui te pardonnent quand toi tu ne le peux. Tu serre la broche contre toi. Peut être que...
Oui, peut-être que si eux le peuvent, un jour tu le pourras aussi.
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