Quand on lui avait offert un nouvel œuf de Pokémon, Oliver avait été ravi. Il avait même embrassé la joue de sa grand-mère, lui qui avait passé son enfance à se plaindre qu'elle piquait. La fête s'était néanmoins vite terminée quand son père s'y était opposé.
Il n'a pas besoin d'un autre Pokémon, maman, il ne se sert déjà pas du sien !
S'en suivit une longue dispute entre mère et fils, tandis qu'il regardait d'un œil triste cet œuf qu'il ne pourrait pas garder. Son père avait raison : il ne comptait pas s'en servir, pas pour combattre. Tout ce qu'il voulait, c'était un ami en plus avec qui jouer. Au moment où il avait reçu ce présent, il n'avait pas encore rencontré Ilya et la solitude le rongeait de l'intérieur. Et puis, Noisette aurait sûrement été très heureuse d'avoir un compagnon de jeu. C'était que Vendredi 13 n'était pas du genre joueur, c'était plutôt un gros pacha qui dormait toute la journée quand il n'accompagnait pas son jeune maître en ville. Mais non, ce bébé, avant même d'être né, était voué à être abandonné. Et comme Barbara Dixon était une femme têtue qui n'hésitait pas à s'opposer à son rejeton, qu'Oliver croyait pourtant invincible, il n'était pas question qu'elle le rapporte à l'éleveur.
Résultat : son paternel avait promis de le garder pour faire belle figure, mais il était question de confier le petit à la SPP dès qu'il serait sorti. Oliver trouvait ça cruel. Il s'était déjà attaché à ce Pokémon dans sa coquille, et s'il était le premier à le voir naître, cet attachement deviendrait réciproque. Au moins, il aurait le bonheur de le voir éclore...
Il se souvenait du jour où l’œuf de Noisette avait éclos. Une coquille d'un blanc parfait, brillant et réfléchissant la lumière. Il ne savait pas ce qui l'y attendait (c'était censé être une surprise) mais il ne fut pas déçu quand il vit la minuscule Pachirisu. Ses parents s'étaient indignés, mais il ne l'avait su que plus tard. Noisette aurait dû être un Flambino, mais ils s'étaient faits rouler. Oliver s'en moquait. Son Pokémon préféré quand il était enfant faisait bien pale figure par rapport à son vrai premier Pokémon. Quand il a croisé le regard de l'écureuil, il a souri comme jamais il n'avait souri.
Il aurait aimé revivre cette émotion, mais il savait que la naissance du petit monstre serait tachée de déception. Pourquoi ne pouvait-il pas le garder, exactement ? Pas assez d'argent ? Noisette et Vendredi 13 ne leur coûtaient presque rien en nourriture. Une question de place ? Il aurait pu rester dans sa Pokéball à l'intérieur. Non, vraiment, il ne voyait comme seule raison que le fait qu'il avait perdu la confiance de ses parents en étant mauvais. Et pourtant, qui sait ? Peut-être que la créature qui allait en sortir serait une grande combattante, qui lui ferait apprécier la carrière de dresseur. C'était un risque que les adultes n'étaient pas prêts à prendre.
Et si ce nouveau Pokémon était aussi faible que Noisette ? Il risquerait de conforter leur fils dans sa passivité.
C'était néanmoins ce qu'ils pensaient de la Pachirisu. La seule raison pour laquelle ils ne s'en étaient pas déjà débarrassés, c'est qu'ils savaient qu'Oliver ne s'en remettrait pas. Il suffisait de voir les mois qu'il avait passé à pleurer après qu'on l'avait séparé de son doudou. Ils n'approuvaient pas une telle émotivité, mais Oliver restait leur fils, et ils n'avaient pas envie de le voir déprimer davantage.
Cette fois, on ne lui laisserait le temps d'aimer son Pokémon.
Voir sa coquille se fissurer mercredi après-midi fut aussi excitant que déchirant. Enfin, il allait voir ce qui se trouvait à l'intérieur, mais serait aussi les dernières heures qu'ils passeraient ensemble.
Oliver se passa bien d'appeler qui que ce soit. C'était son œuf, après tout ! Il garderait ce plaisir égoïste pour lui - et ses Pokémon, qui s'étaient précipités, curieux, d'y assister. Il avait tout lâché pour ça : son livre ennuyeux sur la guerre et son exposé pourraient attendre (il lui restait deux jours pour le rendre, de toute façon). Son attention était à présent rivée sur la naissance et rien d'autre.
La première fissure fut suivi d'un long moment de silence qui inquiéta grandement le jeune garçon, se demandant si le bébé réussirait à sortir par lui-même ou si - comble de l'horreur, il était déjà mort et la fente s'était créée elle-même. Heureusement, elle fut éventuellement suivie d'un autre craquement, puis d'un autre, et encore un autre, jusqu'à ce qu'un trou se forme, laissant apparaître une touffe de fourrure dorée. Après un peu d'efforts, ce fut toute la partie supérieure de l’œuf qui se retrouva brisée par un gros coup de tête, avant que le Pokémon, enfin à l'air libre, ne parvienne à faire exploser le reste de sa prison d'une décharge électrique.
Enfin, il était là. Après des semaines à attendre, il était là. Un petit félin, plus petit même que le Skitty qui le regardait avec curiosité, au poil blond brillant et à l’œil vif. Il était adorable. Oliver l'adorait déjà. Quand il le prit dans ses bras, manquant presque de l'étrangler, le Lixy se mit à ronronner. Évidemment, il ne pouvait pas savourer totalement ce moment de tendresse. En se souvenant qu'il devrait s'en séparer, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Il ne voulait pas s'en séparer, vraiment. Il voulait encore moins le confier à la SPP, qui le laisserait pourrir dans une cage jusqu'à ce qu'une personne potentiellement mal intentionnée ne se décide à l'adopter. Et si c'était un Sealg ? Ou quelqu'un qui faisait des combats illégaux ? Ou quelqu'un qui l'abandonnerait après s'en être lassé ? Cette idée lui brisait le coeur. Il savait que ses parents se seraient moqué de lui s'ils l'avaient entendu le dire à voix haute, mais ce Lixy était comme son enfant et l'idée de l'abandonner était trop dure.
Il devait trouver une solution. Le cacher ? Non, impossible. Maman n'avait aucune pudeur et avait tendance à entrer sans frapper dans sa chambre. Et puis, il doutait qu'un bébé soit capable de comprendre le concept de discrétion. De plus, elle et son mari finiraient par demander ce qu'il était advenu de son œuf. Supplier ses parents de le garder ? Il savait déjà comment finirait cette discussion : avec des cris de leur côté et des larmes du sien. Il n'avait jamais aimé ni supporté le conflit. Comme toujours, il se serait plié à leur volonté et en plus de voir partir son Pokémon, il subirait leurs reproches pendant des semaines, voire des mois, pour avoir osé leur répondre.
Le confier à quelqu'un de confiance, peut-être ? Quelqu'un qui en prendrait soin comme lui l'aurait fait. Quelqu'un qui ne l'abandonnerait pour rien au monde et qui le laisserait le revoir de temps en temps, pour être sûr qu'il grandisse bien. C'était peut-être la meilleure solution.
Fort heureusement, c'était lui qui avait répondu. La vielle faisait sa sieste de l'après-midi et ronflait profondément dans son fauteuil à bascule.
Genya avait grimacé et lui avait dit de décrocher vite fait. C'était que cette période de sieste était pour eux une trêve temporaire. Et il aurait été bête de la gâcher juste parce que le téléphone sonnait trop fort.
Ilya savait que cela avait été une bêtise de donner son numéro de téléphone à Oliver. Mais il voulait lui faire plaisir en quelque sorte. Et le rassurer un peu.
Mais le rassurer de quoi si il tombait sur la vieille ? Arkæ seul savait tout ce que cette mégère pourrait dire au pauvre garçon. Oliver ne méritait pas ça et Ilya aurait dû s'abstenir.
C'est ce qu'il pensait sérieusement jusqu'à ce qu'il reçoive ce coup de fil d'un mercredi après-midi. Oliver lui avait expliqué vaguement la situation -sa voix tremblait beaucoup.
'Oeuf', 'éclore', 'Lixy' et 'à toi'. Il lui avait demander de répéter parce qu'il n'en croyait pas ses oreilles. 'Te confier' et 'Chromatique' étaient venus suivre le reste.
Pizdec ! S'était-il exclamé. Ah, hum...Ça vouloir dire...Pas important. Moi venir. Venir très vite !
Il avait enfilé son uniforme scolaire le plus propre pour bien paraître. Il espérait tout de même ne pas tomber sur le père d'Oliver et sur ses yeux plein de jugement. Mais on ne savait jamais, autant être présentable.
Il avait aussi tenté de travailler sur son accent, essayant de le cacher. De se rendre plus kerosien. Juste dans l'idée de paraître correct aux yeux de Monsieur Dixon. Mais comment paraître natif d'une région dont on ne maîtrise que grossièrement le dialecte ?
Décidément, qu'est-ce qu'Ilya ne ferait pas pour avoir rien qu'un semblant de figure parentale. Il se demandait si tout les pères étaient comme celui d'Oliver. Lui n'en avait jamais eut. Alors il ne pouvait pas vraiment savoir si c'était la norme.
Enfin, sur cette pensée amer, il piquait quelques gâteaux secs dans le pot à biscuits de la cuisine pour se précipiter dehors, ne manquant pas de prévenir Genya sur le passage. Si il en enfourna un dans sa bouche, les deux autres étaient pour le petit bébé.
Il se souvenait avoir eut le même battement de cœur rapide lorsque l’œuf de M...Non, de Vodianoï avait éclot. En y repensant, il n'avait jamais pu faire rencontrer Vodianoï à qui que ce soit. Pour la simple raison que ce dernier était devenu...
...Et bien, ce que la guerre en avait fait.
Violent, imprévisible et tout aussi paranoïaque que son maître. Ilya ne pouvait pas se permettre de le sortir de sa pokéball souvent. Il le faisait le soir tombé, le laissant gambader dans les bois, le stoppant quand il commençait à s'attaquer aux pokémons sauvages.
Il avait bien essayé de l'acclimater au manoir, mais l'Aquali anxieux s'était mis à ronger les meubles. Les coups de cannes qu'Ilya s'était prit dans les côtes l'avaient convaincu de ne pas retenter l'expérience.
Mais là, c'était différent. Il pouvait élever un petit pokémon en temps de paix, c'est comme si tous les Saints réunis lui donnaient une nouvelle chance. Peut-être même un moyen de 'guérir' Vodianoï. C'était son souhait. Et comme tout souhait d'un stranaïte, il devait être adressé à Sankta Sieba. Saintes dresseuse -ou Saint dresseur selon les écrits- de Jirachi.
C'est avec cette pensée en tête qu'il frappa à la porte de la maison de son ami. Aussi poliment que l'excitation lui permettait. Il s'agissait tout de même de ne pas donner de grands coups dans la porte et d'effrayer la maîtresse de maison.
Ce ne fut pas cette dernière qui lui ouvrit mais bel et bien Oliver, qui le tira presque -avec sa force de Granivol - dans sa chambre.
Bonjour Oliver, moi content voir toi aussi. Lança le stranaïte en rigolant un peu. Il ne rigola pas longtemps quand il vit le petit Lixy dont son ami lui parlait au téléphone sautiller sur le lit de ce dernier. Oooooh, lapotchka !
A entendre sa voix, on aurait dit une petite grand-mère devant un nourrisson. Il se tourna, hésitant, vers son ami.
Toi pas vouloir garder ? Il était heureux, bien sûr, et il avait du mal à le cacher mais...C'était le pokémon d'Oliver non ? Un 'chromatique' en plus -il avait encore du mal avec ce mot. Moi bien occuper lui, promesse. Mais toi vraiment pas vouloir ?
Ilya avait fait aussi vite que possible et pourtant, Oliver ne lui avait pas simplifié la tâche. C'est qu'il était encore plus incompréhensible par téléphone, et c'était sans compter sa détresse qui ne faisait qu'empirer son élocution. Au moins, son ami avait compris qu'il lui demandait de venir chez lui puisqu'il lui promit de se dépêcher.
Oliver demanda à Noisette de surveiller le Lixy le temps que le Stranaïte arrive. C'était qu'il ne voulait pas que sa mère ouvre la porte avant lui. Il s'était posté juste devant, caché derrière un pan de mur. La maîtresse de maison regardait son feuilleton et ne ferait sûrement pas attention à lui mais il préférait rester prudent... Enfin, après ce qui sembla être une éternité, on frappa à la porte. Il l'ouvrit avant même qu'Ilya n'ait eu le temps de terminer son manège et l'entraîna comme il le pouvait vers sa chambre. Ça devait être un drôle de tableau, un petit gringalet qui trimballait de la sorte un garçon de plus d'une tête de plus que lui. Il aurait pu en rire, comme Ilya, s'il n'avait pas été aussi en panique. Il passa le premier pour ouvrir la trappe et se hâta pour laisser à son camarade la place de monter, pour enfin verrouiller derrière eux. Il pointa du doigt le petit Pokémon qui jouait sur le lit et les yeux du jeune homme s'illuminèrent. Un sourire amer se posa sur le visage d'Oliver. Il savait qu'il avait choisi la bonne personne.
Se faire demander s'il ne voulait vraiment pas garder le lionceau était déchirant. Bien sûr que si, il voulait le garder ! C'était son bébé, il s'en était occupé depuis des semaines sous sa forme d’œuf avant de le voir éclore sous ses yeux. S'il avait été plus fort et plus intelligent, on l'aurait sûrement laissé le garder, mais aux yeux de ses parents, il n'en était pas digne. Le fait qu'il soit trop faible pour leur désobéir prouvait leur argument. Il voulut expliquer tout ça à Ilya, mais la boule dans sa gorge l'en empêchait. S'il disait le moindre mot, il allait pleurer. Enfin, ses yeux étaient déjà rouges et ses lèvres tremblaient, mais les valves pouvaient à tout moment se ré-ouvrir. Oh, comme il aurait aimé être capable de communiquer par la pensée, parfois... mais il devrait se contenter d'un petit carnet. Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être prévoyant.
"Mes parents ne veulent pas que je le garde. Je veux que ce soit toi qui t'en occupes."
Il lui sourit chaleureusement une fois le mot déchiffré, qui était sincère malgré ses yeux humides. C'était un soulagement que de savoir que le Lixy serait en de bonnes mains. De ce qu'il lui avait dit, Ilya en avait déjà deux chez lui, qui seraient probablement très heureuses d'avoir un petit frère avec qui jouer. Il serait bien plus heureux là-bas que dans une cage au refuge ou caché sous son lit, couvert de poussière. Presque solennellement, il se leva pour aller attraper le chaton, en train d'essayer d'attraper sa queue. Il était si mignon... plus il le regardait, plus il l'aimait, et plus son cœur lui faisait mal. Il devrait se dépêcher de le confier. Ce n'était même pas un adieu, il pourrait sûrement le revoir quand il verrait son ami de toute façon. Alors pourquoi n'arrivait-il pas à empêcher les larmes de couler ? Sa mère avait raison, il était vraiment trop émotif. Tôt ou tard, plus personne n'en aurait rien à faire de ses pleurs parce qu'il ne savait faire que ça.
T-tiens. P-p-prends b-bien soin d-de lui. couina-t-il en tendant le Pokémon à son nouveau dresseur.
Sûrement inconscient des enjeux, le Lixy restait jovial. Ce fut avec joie qu'il se laissa prendre dans les bras par Ilya, non sans se retourner vers Oliver pour miauler affectueusement. Pourquoi fallait-il qu'il rende ça plus compliqué que ça ne l'était ? Le jeune garçon soupira. Sa bouche restait figée sur une grimace qui se voulait être un sourire mais était bien trop laide pour en être un. Sans un mot, il s'éloigna pour ouvrir le passage et invita son ami à passer devant lui. Il le raccompagna jusqu'à la porte avec les yeux rivés vers le sol, prenant tout de même garde à ne pas être vu. Bah, apparemment, sa mère avait ses yeux rivés sur un autre Ilya, de l'autre côté de l'écran, elle n'aurait pas pu voir le vrai même s'il avait dansé devant elle.
La porte était resté béante, c'était à ce point qu'elle n'avait rien remarqué. Si son père avait été là, il l'aurait vilainement sermonné. Heureusement, il n'y avait qu'Ilya et lui devant sa maison, et bien sûr le petit Lixy qui se collait affectueusement contre son maître. Alors, Oliver rassembla tout son courage pour réussir à prononcer quelques mots qu'il espérait aussi vrais pour Ilya que son petit monstre.
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'Dé de Fouille' :
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Mar 26 Oct - 2:12
Naissance d'un roi.
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notes
En effet, ce n'était pas juste. Oliver ne voulait pas s'en séparer, tout son être le criait. Oh, comme il avait dû attendre avec impatience l'arrivée du petit Lixy. Une impatience doublée d'une crainte. Savoir qu'il allait le perdre aussitôt celui-ci né.
Ilya eut le cœur serré et ses lèvres tremblèrent légèrement.
'Mudak, les vrais hommes ne pleurent pas, eux. Cette shlyuha d'Anastasia t'as vraiment élève comme une petite pédale.'
Tiens, 'pédale', c'était un terme à la mode à Doon ?
Il ne sut pas vraiment pourquoi il se retenait de pleurer. Peut-être parce que cette putain de 'masculinité' commençait à l'affecter plus qu'il ne l'aurait souhaité. C'était une victoire silencieuse de Vassilisa.
Il attrapa silencieusement le carnet que lui tendait son ami. Mince, il n'avait pas son dictionnaire. Mais en côtoyant Oliver, même si ça ne faisait que quelques jours, il arrivait de mieux en mieux à comprendre le kerosien écrit.
C'était tout con, en fait. Il fallait juste que quelqu'un lui parle.
Ce qu'il traduisit en revanche, acheva de lui briser le cœur. Une larme fugace coula le long de sa joue, l'espace d'un instant. Il l'essuya rapidement pour ne pas qu'Oliver s'en aperçoive. Il ne voulait pas lui faire plus de peine.
Même si honnêtement, pleurer le rassurait énormément. Il était encore le fils d'Anastasia, celui qui pouvait pleurer, celui qui pleurait même souvent. Keros n'aurait jamais raison de cette part de lui. Il se le jura intérieurement.
Lorsque son ami lui tendit le jeune Lixy, il ne put s'empêcher un petit 'oooh' attendrit. Mais il regretta bien vite. Il avait l'impression de blesser Oliver, de lui laisser croire que la petite bête l'oublierait et qu'il ne viendrait plus jamais le revoir.
Toi revoir ton bébé. Promesse ! Déclara-t-il solennellement avant qu'Oliver ne lui ouvre la trappe pour l'inviter à sortir.
Il voulait déjà qu'Ilya parte d'ici, le blond comprenait. Mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Vu l'âge du petit, il serait obligé de rentrer directement et de profiter d'un moment d’inattention de la vielle pour cacher le petit Lixy dans sa chambre. Pour le reste, il laisserait Chernaya et Peluche lui apprendre les bases. Il avait confiance en elles.
Voilà qu'il se retrouvait sur le seuil de la porte. Madame Dixon n'avait pas remarqué sa présence, c'était peut-être mieux ainsi. Il esquissa un sourire triste à son ami.
Oliver lui lança un petit 'A demain' timide.
Ilya resta silencieux quelque secondes puis se mit à scruter l'environnement autour de lui. Personne. Il s'approcha de son ami et lui posa doucement sa main libre sur l'épaule. Oliver. Moi appeler lui Sieba. Sankta Sieba être dresseur Jirachi, pokémon vœux. Toi faire vœux revoir ton bébé, Sieba exaucer vœux et retrouver choses perdues. Ce qu'il passa sous silence, c'est que Sankta Sieba exauçait également les vœux des amoureux. Mais cela aurait été saugrenu d'y faire référence.
Il eut envie de le prendre dans ses bras pour lui assurer que tout irait bien mais autour d'eux, il savait que les voisins épiaient, qu'on les regardaient à travers la fenêtre d'un œil plein de jugement. Ce n'était malheureusement pas de la paranoïa cette fois, c'était bien réel.
La plupart des lycéens cherchaient toute sorte d’excuses ou de ragots pour se moquer d'eux. Alors une accolade entre deux garçons, tout deux appelés 'pédale', ça aurait le mérite de faire le tour de la ville. Moi revenir avec Sieba demain. Promesse !
Ils restèrent un moment sans savoir quoi dire, puis Ilya se décida enfin à reculer. Il n'avait pas envie que leur moment ensemble s'achève aussi tôt mais...
Il comprenait.
A demain. Répondit-il avec un maigre sourire.
Puis il se retourna et repartit vers la forêt Eagal. En réalisant qu'il s'éloignait de son 'papa', le petit Lixy se mit à piailler de tristesse. Il lui donna quelques caresses affectueuses.
Tout ira bien, je te le promets.Murmura-t-il au petit félin.
Vassilisa dormait encore lorsqu'il revint. Décidement, Sankta Sieba veillait réellement sur lui aujourd'hui. Par contre, Genya en avait profiter pour se faire la malle également. Il ne s'inquiéta pas, elle reviendrait. Elle revenait toujours.
Pour sa part, il s'enferma dans sa chambre, comme à son habitude. Chernaya, endormie sur les couvertures du lit en désordre, se redressa, confuse, vers son maître. Peluche, elle, sortit de son exploration dans le placard pour venir voir le nouveau venu.
Ilya était un peu anxieux. Et si elles le rejetaient ?
Mais il avait tord de se méfier, Peluche cherchait une nouvelle tribu tandis que Chernaya était un amour sur patte.
Bien sûr qu'elles accepteraient de s'occuper de leur 'petit frère'.
Mais au fond de lui, Ilya commença à développer une certaine rancune envers le père d'Oliver. C'était sûrement lui qui avait réellement interdit à son fils de garder ce bébé Lixy. De ce qu'il avait pu constater, Madame Dixon laissait faire. Il lui en voulait un peu moins.
Peut-être parce qu'elle lui rappelait Anastasia.
Enfin, quoi qu'il arriverait, il prendrait toujours la défense de son ami.