Let me be my true self

Histoire

Tu te réveilles en sursaut. Ta main gauche se pose sur ton visage pâle, tu replaces l'une de tes mèches rouges derrière ton oreille tout en contrôlant tes tremblements. C'est la tête encore dans le brouillard que tu tournes ton regard vers un petit pokémon à l'air alerté. Tu lui souris tendrement et vins poser une main sur sa tête.

— Je t'ai déjà dit de ne plus utiliser dévorêve sur moi

Tu ne peux pas lui en vouloir. Tu sais que Sky ne l'a pas fait par malice. Tu as facilement tendance aux cauchemars, ce n'est que sa manière d'essayer de calmer ton sommeil tourmenté. Seulement, tu ne veux pas oublier tes rêves. Puisqu'ils dépeignent certes un passé dont les traces te suivront à la tombe, mais ces rêves dépeignent aussi une triste réalité toujours d'actualité. C'est déjà remarquable que tu puisses avoir la chance de dormir sous un toit. Comme si Arkée voulait se faire pardonner ses erreurs passées. Ah, tu te jures de lui arracher la gorge si tu venais à le rencontrer un jour. Il n'avait qu'à ne pas te faire naître. Pas comme ça. Une divinité dont chaque action a un sens? La bonne blague. Si c'était vrai, c'est bien qu'Arkée a un sens tordu de l'humour.

Un lourd soupir te sort des lèvres. Tu sursautes dans un frémissement lorsque tu sens quelque chose te toucher la main. Tout va bien. Aucun danger. Ce n'est que cet adorable scrutella qui veut s'assurer que tout va bien. Le contact te répugne, mais tu essaies de faire une exception pour les pokémons. Tu devras néanmoins toujours prendre sur toi pour surveiller tes réactions. Ta main attrape en retour la patte de ton pokémon, tu lui souris à nouveau avec tendresse.

— Allez, Sky, laisse moi me préparer.

Tu n'as pas besoin d'attendre que la créature de poche se précipite vers la sortie. Elle n'oublie pas de fermer derrière elle, t'adressant un dernier regard que tu peux deviner emplit d'inquiétude. Pauvre âme. Si ce n'était pas de votre rencontre, tu ne penses pas que tu aurais réussi à tenir jusque-là. C'est ta famille. La seule qui compte. Tu as coupé les ponts avec l'ancienne il y a quelques années déjà. Elle ne te comprenait pas. Elle ne voulait pas te comprendre. Elle a préféré t'envoyer ailleurs que de t'accepter. Pour te changer. Pour que tu puisses rentrer dans une case tout faite. Tu te regardes dans le miroir, dévisageant d'un regard fatigué les nombreuses cicatrices qui parcourent ton corps. Certains d'opération que tu as choisie de subir pour ton confort, d'autres dont tu préfères oublier l'origine. Elles ne te font plus mal physiquement, mais elles te font tout de même souffrir d'une tout autre manière. Tu grimaces alors qu'une boule de chaleur t'exacerbe le creux du ventre, puis parcourent tes veines. Ton poing se serre. L'envie de frapper quelque chose te saute à la gorge. Tu te retiens, tu ne voudrais pas alerter tes colocataires. Alors, tu décides de prendre une douche froide pour calmer l'ébullition de ton sang.

Une douche rapide était ce dont tu avais bien besoin. T'attarder sur ces cicatrices d'une autre époque a toujours cette facilité à réveiller cette rage en toi. Difficile de ne pas refaire la même erreur. C'est la première chose que tu remarques sur ta peau nue. Tu te penches vers le miroir, au moins celle de ton visage sont beaucoup moins visibles. Ta main récupère l'une de tes mèches blondes, tu ne t'es toujours pas décidé sur ce que tu voulais en faire. Les teindre? Tu aurais sans doute dû commencer par là avant de les raser. Maintenant tu crains que tu ne puisses te tromper de teinture et ne pas avoir le résultat espérer. Eh bien, les cheveux bicolores ont quelque d'unique en son genre, tu supposes. Un rictus amusé se dessine sur ton visage, tu pourrais effectivement te contenter de les garder comme cela.

Tu regardes l'heure, 6 heures. Tu voudrais retrouver le sommeil, mais tout ce que tu arrives à faire est de chercher les défauts du plafond. Le bruit de la porte t'interpelle, ton colocataire n'est habituellement pas debout aussi tôt. Tu te redresses et lui adresse un regard déconfit de l'apercevoir peiner à marcher. Aurait-il passer la nuit dehors? Ça te rappelle votre rencontre. Qui aurait pu mieux se passer, avec toi qui venais de te prendre un couteau dans les côtes. Tout ça pour une histoire d'argent. Ceci dit, il t'arrive parfois de vouloir remercier cette personne, comme elle t'a indirectement aidé à te trouver une maison. Tu y penseras peut-être après lui avoir donné quelques coups de pied au bas ventre.

L'un de tes sourcils se redresse, ton coloc' est venu accompagner. Ce qui sort de ses habitudes. Lui qui dit être fiancé et fidèle. Bien que la pensée devienne qu'il s'agit de là que de la nature humaine, tu repousses cette idée. Il n'est pas comme ça. Puis, ça a plus l'air du genre de personne que tu croises dans une ruelle sombre plutôt qu'un bar. Tu te dis que ton camarade doit être trop bourré pour faire preuve de jugeote. D'un autre côté, il l'aurait probablement laissé entrer même sobre.

Cet invité a l'air louche. Il transporte avec lui une cage recouverte d'un drap noir. Tu aurais voulu interpeller ton colocataire pour qu'il le fasse sortir, mais le voilà déjà partie en direction des toilettes. Tu supposes qu'il ne reste plus qu'à espérer que cet étranger compte partir de lui-même. Il s'adresse à toi. Tu lui confirmes, bien qu'avec hésitation que tu aies effectivement de l'expertise en pokémon. Ce n'est pas la première fois que l'on fait appel à toi. Tu as suivi des tas de cours, des années perdues, personne ne veux t'embaucher dans le domaine que tu veux. Le soin des pokémons. Forcément, il faut bien gagner son pain quelque part. Et c'est malheureusement de la part de ce genre de clients. Ceux qui ont des choses à cacher. On dépose la cage devant toi, sous le drap se trouve une pauvre bête. Tu la regardes d'un air désolé. Tes doigts ont voulu passer entre les barreaux. Tu ne sais pas ce qui t'est passé par la tête. Le résultat fut évident, la bête te mordit. Tu lâches un cri. L'étranger donne un coup de pied sur la cage, ce qui fait glapir la bête en retour. Tu te redresses. Poses les mains sur la cage.

— Arrêtez! Je-. Je vais m'en occuper. Revenez plus tard.

Tu refuses que la bête reste une minute de plus avec cette personne. Mais tu sais que tu ne peux y faire grand-chose. Tu n'es pas bien lourd et facile à maîtriser. Tu veux gagner du temps. Tant pis si ça tourne mal. Tu dévisages ton "client", puis tournes ton regard vers la bête. Pauvre d'elle. Tu ne sais pas ce qui lui est arrivé exactement, mais tu te doutes que l'étranger y est pour quelque chose. Tu répètes une nouvelle fois que tu acceptes de soigner l'animal. Qu'il te faudra du temps. Appuyant sur le fait que ça prendra du temps. L'inconnu te dévisage en retour. Il reviendra dans quelques heures. Tu retiens ton jugement pour plus tard. Choisir entre l'éthique et l'argent est un éternel dilemme. Tu te jures qu'un jour ce seront ce genre de personne que tu mettras derrière les barreaux. Pour le moment, il faut prendre ton mal en patience. Un jour, si tu dois périr, Keros périra avec toi.