Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le forum est la propriété du staff et de ses membres. Toute copie, même partielle, est prohibée.
Keros FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES
En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite
00.00.00Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Curabitur eget lectus in ligula luctus feugiat id vitae nisi.00.00.00Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Vestibulum rutrum arcu iaculis nisl porttitor sodales.
"C'est ça ton Pokémon ? Je parie que le mien peut le bouffer !"
En voilà une autre belle raison de ne jamais envoyer Noisette combattre les brutes de Doon. Oliver ne l'avait même pas appelée à la rescousse, elle avait juste eu le malheur de se tenir sur ses épaules alors qu'il se rendait à l'épicerie. Et apparemment, Thomas Johnson avait trouvé très amusant d'apprendre que son sac de frappe préféré avait comme animal de compagnie un petit écureuil à la fourrure rose bonbon.
"Moi je vois pas le problème, c'est une fille alors elle a un Pokémon de fille !"
Cela faisait bien longtemps que le blond avait cessé de se défendre de ce genre de blagues. A quoi bon défendre sa masculinité alors qu'elle était inexistante. Souvent, il regrettait de ne pas être fille : il ne doutait pas que sa vie n'en aurait été que plus facile.
"L-laissez Noisette tran-tranquille !"
"Noisette ? Sérieusement ?!"
"En fait c'était bien choisi comme surnom 'bouffeur de glands' !"
Le duo éclata de rire alors qu'Oliver tentait de récupérer la pauvre bête, tenue par la queue, trop haut pour qu'il ne puisse l'atteindre. Pourquoi Arceus lui avait-il donné un corps si petit ? La nature lui interdisait de se défendre et de défendre ceux qu'il aimait. Et pendant ce temps, le pauvre petit écureuil piaillait de douleur. Tout autre Pokémon aurait eu vite fait de se débarrasser de ses assaillants avec une attaque, mais Noisette n'avait jamais été violente, même quand c'était nécessaire. Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement asséner une décharge avec ses joues pour se libérer ? Son maître l'aurait suppliée de le faire s'il ne la connaissait pas assez pour savoir qu'elle avait trop peur pour ça.
C'était donc à lui d'agir.
Lui-même détestait la violence. Il en souffrait trop souvent et même s'il avait eu assez de force pour se venger, il n'était pas sûr que davantage de violence règlerait la situation. Les adultes n'étaient jamais d'accord : ses parents lui disaient de se défendre pour qu'ils ne cherchent plus à s'en prendre à lui, les professeurs, lui disaient de faire profil bas et d'ignorer les moqueries - qu'ainsi, ils se laisseraient de l'embêter s'il ne démarrait plus au quart de tour. Aucun d'eux ne comprenait, et comme Oliver ne savait pas prendre ses propres décisions, il était perdu.
D'autant plus que personne sur place n'allait l'aider : ils devaient penser que les trois adolescents jouaient ensemble. Un peu brutalement, certes, mais après tout c'est comme ça que sont les garçons quand ils s'amusent !
C'est sûrement pour ça qu'aucun passant ne réagit quand il se jeta sur le ravisseur de tout son poids, les faisant tous deux tomber à la renverse. Surpris, le plus grand lâcha prise, permettant à l'écureuil de se libérer pour se cacher derrière son humain. Ce dernier n'eut même pas le temps de se relever qu'une paire de bras le tira en arrière. A quoi s'attendait-il, franchement ? Pour être honnête, il n'avait pas réfléchi aux conséquences de ses actes. Noisette était libre, mais c'était maintenant lui qui était maintenu par le col de sa chemise.
Impossible d'éviter le coup de poing dans la poire. Celui-là laisserait sûrement un coquard. Prêt à en encaisser un second, Oliver ferma les yeux. Et c'est bien ce qui le protégea du vilain flash lumineux qui éblouit les deux autres. Au cri qu'ils avaient poussé, leurs yeux devaient brûler méchamment. Immédiatement, le garçon qui tenait fermement sa victime le lâcha pour pouvoir se frotter les paupières en grognant. Oliver ne demanda pas son reste et en profita pour détaller avant que les brutes ne se remettent de l'attaque Flash.
"Merci, N-Noisette !" félicita-t-il avec un sourire cassé. Le rongeur lui répondit d'un pépiement ravi.
Des cris derrière lui lui firent comprendre que le duo s'était déjà remis à le poursuivre. Il regrettait déjà ses actes : s'il s'était contenté d'attendre qu'ils le laissent partir, peut-être qu'il n'en serait pas là, à courir à travers les ruelles de Doon alors que ses résultats en gymnastique étaient aussi désastreux que le reste de son existence. Non, il ne tiendrait pas longtemps dans une telle course poursuite. Il lui fallait une cachette. Heureusement, son état d'esprit de proie ne manqua pas de remarquer la porte entre-ouverte d'un bâtiment désaffecté. Il préférait le risque d'un vieux plafond d'écroulant sur lui et le tuant sur le coup plutôt que de se faire rattraper. Il claqua la porte en bois moulu derrière lui et regarda passer à travers une fenêtre poussiéreuse les deux garçons. Ouf, ils ne l'avaient pas vu.
"On d-devrait rester encore un peu i-i-ci, le t-temps qu-qu'ils nous oublient..."
Noisette sembla partager son avis, puisqu'elle hocha sagement la tête. Il n'aimait pas le noir, encore à son âge, et ses parents ne manquaient pas de lui rappeler souvent que c'était ridicule d'avoir besoin d'une lumière allumée la nuit à seize ans. Heureusement qu'il avait son Pokémon avec lui. Doucement, elle fit crépiter ses joues, créant un halo de lumière autour d'eux. Il se sentait rassuré.
Jusqu'à ce que le bruit de plancher qui craque ne le fasse sursauter. Quelqu'un d'autre était là. Sûrement pas les deux dont ils se cachait : il les aurait vus rentrer. Il avait dû mal juger la bâtisse, qui devait encore être habitée malgré la pièce vide de meubles et pleine de toiles de Mimigal. Il pria pour ne pas être tombé sur un propriétaire colérique.
"Ah, d-désolé, je n-n-ne v-voulais p-p... j-je vais partir !"
Éclairé par la lumière de l'électricité, il voyait la silhouette s'approcher. Il voyait déjà sa vie défiler devant ses yeux.
Dernière édition par Oliver Dixon le Sam 9 Oct - 1:11, édité 1 fois
Camil
Highlands
Pas de cartes
Pokédollars : 101
Pas de badges
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Ven 16 Juil - 22:13
S'il fallait être tout à fait honnête, Camil aurait volontiers admis que sa cache de fortune n'était pas la plus propre qu'il soit. Grouillante de toiles de Mimigal et de poussière – et autres détritus, il n'était pas certain d'être le premier à s'y réfugier –, elle empestait l'humidité et le renfermé. Ceci dit, elle avait un avantage certain : un peu éloignée du centre ville, petite et discrète, lui même était surpris d'être passé plusieurs fois devant sans l'avoir remarqué auparavant. Non, elle n'était pas propre, mais elle avait le plus important : la tranquillité. Et si le parquet craquait et que les volets pendaient de leurs gonds, Camil n'en avait cure : les fenêtres étaient pour la plupart encore entière et les courants d'air intempestifs n'avaient pas lieu d'entrer. C'était, somme toute, un endroit plus confortable que la rue. Et peu visité. Le vagabond n'avait pas l'habitude de se poser à un seul endroit en particulier. Faisant la navette régulièrement entre Bronswick et Doon, Camil jugeait préférable de ne pas trop traîner sous risque de se retrouver pris au dépourvu au moindre désagrément. Et puis-... Il devait bien l'admettre, malgré la précarité de sa situation, l'idée de voyager au delà de ces deux villes lui avait traversé l'esprit plus d'une fois. Il fallait peut être voir sa vie de nomade comme une véritable opportunité au fond.
Camil songe. Mâchonnant sans trop de conviction un reste de sandwich dérobé à la volée sur une table de restaurant désertée, il pose un regard pensif sur Ulysse qui pépie gentiment en picorant sa part du butin. Cependant, ce n'est pas vraiment sur son plumage rose que Camil s'attarde. C'est un point derrière qu'il fixe sans vraiment y prêter attention. La question de son avenir, plus personne ne s'y intéresse vraiment, mais lui s'interroge. Il mentirait s'il disait se trouver satisfait de sa condition et pourtant... Il y trouve son compte. Pas d'attache, pas de limite... Le voyage en train est gratuit tant qu'il sait s'y prendre, ses repas et sa location aussi. C'est miteux, certes, mais Camil se souvient de ce que ça fait d'avoir une maison, et il n'est pas certain de vouloir retenter l'expérience.
Alors ses pensées dérivent sur des souvenirs qu'il évite la plupart du temps, des souvenirs qui font remonter le froid permanent qui semble lui coller à la peau jusqu'à ce que subitement, tout s'arrête. Il n'a pas fait attention aux bruits de courses qui s'élevaient au loin et quand la porte claque, c'est en sursaut qu'il manque de s'étouffer avec sa bouchée. Ulysse a déjà détalé pour se cacher dans son sac et Camil se redresse à moitié, jaugeant la situation. L'intrus ne l'a apparemment pas remarqué et il ne faut pas longtemps au jeune homme pour se détendre un tant soit peu : il n'est pas là pour lui. Alors il hésite, devrait-il profiter de l'obscurité ambiante et de l'ignorant du nouveau venu pour s'éclipser oui l'enjoindre gentiment mais fermement de partir. Ce n'est que lorsque les joues du pokemon partenaire de l'étranger crépite que la décision se prend d'elle même.
Une lumière plus vive que quelques maigres rayons de soleil vient baigner l'endroit et Camil se relève entièrement. Le mouvement est suffisant pour faire craquer le plancher sous son poids mais rien d'alarmant, enfin, rien pour lui. En revanche, le garçonnet qui venait d'entrer semblait avoir aperçu un spectre. Camil retient un rictus. La situation l'amuse, certes, mais pas par malice – il faut dire qu'il est rarement dans la peau de celui qui terrifie – et la peur palpable de l'étranger le met finalement un tantinet mal à l'aise. Alors, pour faire une bonne figure, il lève les mains pour prouver qu'il n'est pas armé et s'arrête à une distance raisonnable de l'enfant. Cependant, si Camil s'était échiné à afficher une esquisse de sourire, c'est un rictus relativement contrarié qui tend son visage.
Quelque chose ne va pas : il n'est clairement pas la seule raison de la peur du garçon. Plaqué contre la porte, voix et lèvres tremblantes, chemise à moitié défaite et tirée de son pantalon, le visage rougis par une course-... Il ne faut pas longtemps au vagabond pour retracer une ébauche d'événements. Des événements qui ne lui sont que trop familier. Alors, s'il baisse les bras avec une certaine lourdeur, il soupire.
« Non, reste. » lâche-t-il dans un murmure ferme. « Au moins le temps de reprendre ton souffle. » Reprend-il avec plus de douceur. Il ne peut que trop bien imaginer ce qui a pu amener l'enfant à rejoindre cette cache et la situation ne l'enchante pas, mais Camil a assez de compassion pour ne pas le jeter dehors alors que le danger ne semble pas encore passé. Après tout, l'endroit n'est pas à lui. Il fait alors quelques pas en arrière et constate qu'Ulysse a émergé de sa cachette. Le volatile désormais rassuré se trouve à nouveau près de son repas abandonné, repas que Camil songe à reprendre là où il l'avait arrêté.
Alors il se rassoit, conscient que laisser plus d'espace à l'intrus effrayé est probablement la meilleure manière de le rassurer.
« Ca va ? Tu peux t'asseoir avec nous si tu le souhaites. » Camil a l'air détaché lorsqu'il prononce ces mots. Si son invitation est déclinée, il ne compte pas insister et simplement ignorer de la plus polie des manières le nouveau venu, mais personne ne pourra dire qu'il n'a pas le sens de l'hospitalité.
Le cœur du pauvre garçon battait à cent à l'heure alors qu'il fixait l'inconnu s'approcher de lui avec le regard effarouché d'une proie acculée. S'il avait bien contrôlé son corps, il se serait juste relevé illico, se serait retourné et aurait claqué la porte au nez de cette étrange forme. Plus il était près, plus il était effrayant. D'abord rien de plus qu'une silhouette d'adulte, les détails de son visage apparaissant alors qu'il entrait dans la lumière créée par Noisette ne le mettaient pas en valeur. Il avait l'air fatigué, maladif même, et ses vêtements étaient dégoûtants. Oliver en étai à présent certain : il était entré chez un tueur en série qui allait sûrement le poignarder et le découper en petits morceaux. Il y était étrangement résigné. Il n'avait jamais pensé qu'il mourrait ainsi.
Au final, il fut surpris lorsque l'étranger s'arrêta à une certaine distance de lui. Il était assez proche pour que le gamin puisse clairement distinguer ses yeux bleus et ses cheveux blond platine, mais pas assez pour constituer un vrai danger. Il laissa échapper un souffle qu'il ne savait même pas qu'il gardait en signe de soulagement. Il restait tout de même sur ses gardes : son palpitant semblait au bord de la crise cardiaque. Il y avait fort à parier que l'inconnu pouvait l'entendre de là où il était... en tout cas, la Pachirisu l'avait senti, puisqu'elle posa ses pattes sur la poitrine de son maître pour l'encourager à se calmer. Ce geste suffit à l'apaiser : il faisait confiance à Noisette. Si elle n'avait pas peur de cet homme, alors il ne pouvait pas être dangereux. Pas vrai ?
"M-merci monsieur..." répondit-il à son offre.
Il en avait bien besoin. Maintenant l'adrénaline retombée, il pouvait sentir ses poumons brûler et son front transpirer. D'ailleurs, il ne devait pas avoir fière allure avec ses vêtements froissés et son œil au beurre noir. Heureusement, l'inconnu ne semblait pas le juger pour si peu. Soudain, le jeune garçon se sentir stupide et coupable d'avoir osé critiquer l'apparence de cette personne alors que lui même semblait sortir d'un combat contre un Pokémon sauvage. Il leva les yeux pour rencontrer ceux de son hôte, réfléchissant aux mots qu'il utiliserait pour s'excuser de l'avoir traité comme un monstre. Cependant, ils restèrent coincés dans sa gorge. Il était incapable de formuler quoi que ce soit, et savoir que toute tentative de prendre la parole se solderait en une bouillie de bégaiements ne faisait qu'accentuer son angoisse. De toute façon, cet homme semblait accepter qu'ils passent ce moment en silence.
Du moins, Oliver le crut jusqu'à ce que sa voix ne résonne dans la pièce vide.
Il regarda son interlocuteur avec un air perdu, confus, comme un Cerfrousse devant les feux d'une voiture. Il ne voyait pas vraiment ce qu'il avait pu faire pour mériter d'être invité de la sorte après son arrivée quelque peu originale. De plus, il n'était pas encore serein à l'idée de passer du temps avec un étranger. Après tout, sa mère lui avait toujours appris à s'en méfier. "Ne parle pas aux inconnus", disait-elle. Mais elle lui avait aussi dit que les enfants venaient au monde apportés par des Békipan, alors se devait-il vraiment d'écouter ses mots ? Il détestait la solitude, et il détestait à quel point cette situation était gênante. Alors, après un timide hochement de tête, il se leva pour finalement se laisser tomber non loin du drôle de type.
Ce fut la lumière des joues de Noisette qui lui permirent de remarquer un quatrième personnages lorsque celle-ci le suivit. Ce n'était pas étonnant qu'il l'ait manqué : l'oisillon était minuscule, et semblait se cacher dans le sac de son dresseur. Ce n'était pas une espèce que connaissait le lycéen, mais son plumage rose le fascinait.
"Oh, b-bonjour toi. Comment tu t-t'a-t'appelles ?" demanda Oliver d'une voix cassée et fatiguée, mais qu'il tentait de faire paraître enjouée.
Honnêtement, il avait juste besoin d'une distraction de ce qui l'attendait s'il se risquait à mettre le pied dehors sur le moment.
Dernière édition par Oliver Dixon le Sam 9 Oct - 1:11, édité 1 fois
Camil
Highlands
Pas de cartes
Pokédollars : 101
Pas de badges
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Dim 25 Juil - 20:34
Monsieur ? Cela faisait bien longtemps que Camil n'avait pas entendu autant de respect à son égard. Le remerciement est suffisant pour lui arracher un sourire attendri bien qu'invisible dans la pénombre ambiante. C'est également suffisant pour occuper son esprit jusqu'à ce que l'enfant finisse par accepter son invitation. Est-il surpris ? Un peu. Il ne s'attendait pas à ce que, terrifié comme il semblait l'être, le garçon le rejoigne malgré tout dans un coin de la pièce. Alors il adresse un signe de tête poli, comme pour lui signifier la bienvenue dans son humble demeure.
La lumière du Pachirisu n'égaye pas forcément les alentours. Au contraire, elle révèle d'autant plus la misère des lieux et de la situation, invitant Camil à se concentrer quelques instants sur le papier peint à moitié dévoré par le temps et l'humidité. Charmant, c'est presque assez pour lui couper l'appétit mais clairement pas assez pour lui faire oublier son bon sens. Alors il finit son piteux repas d'une bouchée pour avoir les mains libres. Par réflexe, il se craque les doigts en joignant les mains avant de s'essuyer nonchalamment la bouche et de jeter un regard sur son sac à moitié ouvert. En attendant arrivé un inconnu, Ulysse s'y est à nouveau terré et n'ose esquisser un timide regard vers l'extérieur. Suffisant pour que les nouveaux venus le remarquent ceci dit.
Interpellé par une voix qu'il ne reconnaît pas, Ulysse sursaute et laisse échapper un hululement aiguë avant de tenter de gonfler maladroitement son plumage. La réaction arrache un discret rire à Camil qui tend une main vers le poussin pour l'apaiser de quelques caresses. Le Brindibou n'est ni très intelligent ni très courageux mais le vagabond sait comment il fonctionne et comment le calmer. Ainsi, après quelques caressent, il retire sa main du sac pour tapoter le sol à ses côtés afin d'inviter l'oisillon à sortir.
« Dis bonjour, Ulysse. » murmure-t-il autant à l'attention du pokemon qu'à celle du garçon, qu'il ait au moins une réponse à sa question, après tout. Et rassuré de voir son parent humain aussi décontracté, Ulysse sort effectivement de sa cachette pour partir à la rencontre des deux inconnus. Il piaille, il pépie et bat des ailes comme s'il était un véritable humain tentant de communiquer avec ferveur avec des pairs auxquels il n'a pas l'habitude de faire face. Indulgent, Camil le regarde faire avant de poser un regard sur le garçon. La conversation est-il engagée ? Il considère que oui, et dans un geste pour attirer son attention, il pose sa main contre son buste pour se désigner. « Je suis Camil. Et vous deux ? ». Sa voix s'apparente à un murmure. Entre les murs rongés par la moisissure, le silence est tel qu'il n'y a nul besoin de hausser le ton pour se faire entendre et c'est tant mieux.
Alors Camil leur laisse le temps de répondre, laisse même le temps au silence de s'étirer après cela. Son regard oscille entre le pelage rose de l'écureil et le plumage similaire d'Ulysse. La coïncidence l'amuse et lui étire un sourire sur les lèvres mais bien vite, ses yeux délavés se posent sur le visage du gamin. Sur ce qu'il devine être l'ébauche d'un futur œil au beurre noir, sur son regard fuyant et mal assuré et sur ses lèvres tremblantes. Camil pince les siennes par réflexe avant de les ouvrir à nouveau. « Tout va bien ? Tu as des ennuis ? » Il lâche sa question comme un pavé dans une mare. Il n'est pas stupide, la réponse est évidente mais il se doit néanmoins d'aborder le sujet. Combien de collégiens iraient chercher asile dans une vieille demeure abandonnée, embaumant le moisi et déjà occupée par un sans-abri, et ce, sans avoir aucun ennuis ? Aucun.
Camil n'est pas inquiet, après tout, cet enfant, il ne le connaît pas. Pourtant, cela ne l'empêche pas de ressentir une certaine pitié pour lui et ses airs de Skitty apeuré...
Ulysse - c'était ainsi que s'appelait le hibou, sortit de sa cachette en entendant son nom. Oliver avait presque envie de rire qu'on ait peur de lui, c'était bien ironique. Même s'il était plus grand que le Pokémon, ce n'était pas un exploit. C'était peut-être son air négligé qui l'intimidait alors ? A voir son début de coquard, il aurait pu croire qu'il avait affaire à un bagarreur. En revanche, selon le regard triste de Camil, il était plus intelligent que son compagnon. Le jeune garçon ne savait jamais comment prendre ces airs pleins de pitié qu'on lui envoyait. Il ressentait un mélange de honte d'en recevoir si souvent, et de soulagement quand il comprenait qu'on ne le blâmait pas.
Avant d'à nouveau se sentir honteux : il ne devrait pas se complaire dans sa faiblesse, c'était ce que son père lui rappelait si souvent. Accepter la compassion d'autrui, c'était reconnaître qu'il était impuissant. Et bien qu'il le savait très bien au fond de lui, il refusait de l'admettre à voix haute. Tant que ça ne sortait pas, il pouvait prétendre que le problème n'était pas là.
"O-Oliver. Et elle c-c'est N-Noisette." répond-il aux présentations, attrapant le rongeur autant pour la montrer à son interlocuteur que pour la rapprocher de lui. Même s'il se doutait qu'il n'avait pas eu affaire à un type dangereux - auquel cas il l'aurait sûrement déjà zigouillé, il se sentait anxieux pour tant de raisons. Serrer son Pokémon fort dans ses bras l'aidait à soulager un peu ses peurs.
Mais le stress revient bien vite quand la question de Camil tombe comme un cheveu sur la soupe. Les dents d'Oliver grincent, il ne sait trop quoi répondre. Il n'avait pas envie d'y répondre. Mais quoi encore ? Il ne pouvait pas s'attendre à arriver dans un tel état sans avoir droit à un interrogatoire. De plus, en tant qu'hôte - bien que le jeune garçon doutait qu'il s'agisse réellement du propriétaire des lieux - il avait le droit de savoir.
Tout comme Oliver avait le droit de mentir.
"O-Oh... ce... ça..." murmure-t-il presque dans l'incertitude, en palpant sa paupière qui commence à gonfler et, il n'en doute pas, à bleuir, "J-... je me s-suis juste co-... cogné... je suis t-très m-maladroit, d-désolé.
Désolé de quoi exactement ? D'avoir inquiété cet inconnu ? De bégayer ? De mentir aussi mal ? En tout honnêteté, l'adolescent ne savait même plus pourquoi il s'excusait presque toutes les deux phrases, c'était juste devenu une sale habitude dont il l'arrivait pas à se détacher.
Dernière édition par Oliver Dixon le Sam 9 Oct - 1:11, édité 1 fois
Camil
Highlands
Pas de cartes
Pokédollars : 101
Pas de badges
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Ven 30 Juil - 20:19
Le croit-il quand l'enfant lui explique s'être cogné ? Absolument pas. Pourtant, Camil garde un air professionnellement impassible et hoche même la tête comme s'il comprenait. Il n'a pas à insister, si le garçon ne veut pas lui raconter, c'est son choix et il se devait de le respecter. Alors Camil garde un instant le silence, l'observant garder contre lui la Pachirisu comme une peluche protectrice. Attendri, il finit par détourner le regard pour ne pas le mettre plus mal à l'aise. Il se doute qu'Oliver sait qu'il sait, mais mieux valait garder tout cela tacite. Cependant, son cœur se serre : 'désolé' lui a-t-il murmuré comme s'il se trouvait fautif de quoique ce soit. Le vagabond ignore quelle serait la bonne réaction mais il sait qu'il ne veut pas rester silencieux.
« Ca m'arrive aussi, ne t'inquiète pas.. » souffle-t-il avec douceur en lui adressant un regard du coin de l'oeil. Comme si cela pouvait être suffisant... Peut être se fait-il des films – il l'espère un peu quand même – mais Camil a assez raconté de mensonges sur ses coups reçus pour les reconnaître. Alors il inspire longuement avant de se détourner un instant de l'enfant et de plonger ses mains dans son sac à la recherche de quelque chose. Ulysse – inconscient des enjeux se trouvant devant lui – s'approche de leurs 'invités' avec curiosité. C'est la première fois qu'il rencontre un autre pokemon arborant les mêmes couleurs que lui et ne montrant aucun signe d'hostilité. Curieux, il pépie et bat des ailes pour attirer l'attention sur lui. Ravi d'avoir de la compagnie non dangereuse, il ose même grimper sur la jambe du garçon, s'aidant de ses petites serres tranchantes.
« Ulysse ! Fais attention. » Aussi habitué soit-il à la grimpette de son compagnon sur ses jambes et ses bras, Camil est conscient que l'expérience n'est pas plaisante pour tout le monde. Du coin de l'oeil, il surveille le Brindibou qui piaille son mécontentement mais qui ne tente pas d'aller plus haut. Ainsi, à moitié retourné, le vagabond s'adresse au jeune garçon. « S'il t'embête, dis lui de descendre. » Et alors qu'il laisse gérer la situation, il finit par trouver ce qu'il cherchait malgré la pénombre. Tirant la petite boîte de son sac, il l'étudie un instant avant de la ramener vers la source de lumière pour mieux lire ce qu'il y avait écrit dessus. Une fois certain de sa trouvaille, il la tend vers l'enfant.
« Tiens, tu devrais en mettre un peu autour de ton œil, ça évitera que ça ne gonfle trop. » lui souffle-t-il avec bienveillance. Il n'est pas certain que son offre soit acceptée ceci dit : la boîte abîmée ne paye pas de mine et même si le tube à l'intérieur n'est ni percé ni périmé, il ne donne pas réellement envie. A moitié vide – signe qu'il a déjà bien servi – les caractères sont pour la plupart soit effacés soit recouverts de tâches – de crasse ? De sang ? Faut-il vraiment savoir ? –. Pourtant, on peut y lire le nom d'une crème anti-inflammatoire réputée pour calmer la douleur des hématomes. Une véritable aubaine pour Camil, un produit donné dans un refuge. Certains n'étaient pas aussi accueillants qu'ils voulaient le faire croire, mais d'autres étaient de véritables bénédictions.
Les paroles se voulant rassurantes de Camil eurent l'effet inverse sur le garçon tout tremblant. Il ne put s'empêcher de ronger sa lèvre inférieure en les entendant. Il était naïf, certes, mais pas stupide. Au ton triste du jeune homme, il était évident qu'il avait vu clair dans le jeu du gamin. Pourtant, pas une once de sarcasme ou de moquerie dans sa voix, juste de la compassion, ce qui était presque plus dur à supporter.
Oliver s'en voulait déjà tellement d'avoir menti.
Devrait-il s'excuser et se montrer honnête ? Maintenant qu'il avait nié la vérité, c'était peut-être trop tard. Mais plus il attendrait, plus son mensonge serait honteux. Et quelque part, est-ce que le jeu de regard entre les deux humains n'étaient pas suffisants ? La communication orale n'était pas toujours nécessaire pour établir une complicité. L'adolescent ne savait plus quoi penser. On lui avait appris dès l'enfance qu'il était immoral de mentir, mais plus il grandissait, plus on lui demandait de nier ses sentiments. D'autant plus que ces deux ordres venaient de la même figure paternelle. Charles Dixon savait-il au moins à quel point il tourmentait son fils de messages contradictoires ?
Reflétant son monologue interne, il tenta plusieurs fois de prendre la parole, laissant finalement s'échapper l'air de ses poumons sans dire un mot. Du point de vue de Camil, il devait ressembler à un Magicarpe à ainsi ouvrir et fermer la bouche avec un air idiot sur le visage. Quand Oliver trouva enfin la force de lever les yeux pour regarder ceux de son hôte, la douleur le ramena sur la terre ferme. Ce n'était pas une douleur intenable comme il avait pu en connaître, c'était tout au plus une petite brûlure comme en infligeait parfois Noisette lorsqu'elle le griffait par accident. Et pour cause, le hibou s'était mis en tête de grimper le long de sa jambe avec ses serres étonnamment aiguisées pour une si petite bête. Le jeune garçon ne put s'empêcher de pousser un petit glapissement et d'esquisser une grimace, mais oublia vite la gêne lorsque le regard de l'oiseau croisa le sien.
Qu'est-ce qu'il était mignon.
"J-je peux t'ai-t'aider ?" demanda-t-il d'une petite voix attendrie.
Le poussin lui répondit d'un roucoulement avant de pencher la tête. De peur d'avoir mal interprété le comportement de la créature, Oliver osa tout de même approcher sa main doucement - tout doucement - du crâne de la chouette. Au lieu de fuir ou de lui pincer les doigts, il se laissa toucher et caresser, arrachant un rire tendre à l'adolescent.
"Tu es t-t-tellement mi-mignon."
Noisette ne manqua pas de faire part de sa jalousie à son maître d'un piaillement mécontent. Ulysse pouvait s'estimer heureux de ne pas avoir affaire à tout autre Pokémon. Plutôt que de l'électriser, elle se contenta d'aller se nicher dans la douce chevelure de son humain pour regarder de haut l'oiseau. Heureusement, elle n'eut pas à supporter plus longtemps ce crève-cœur, puisque son rival descendit vite des jambes de son dresseur en entendant la voix du sien. Oliver tourna la tête à son tour pour faire face à Camil.
Pendant un certain nombre de secondes, il regarda d'un air abasourdi la boîte qu'il lui tendait. Elle n'avait rien de très attirant, loin de là. Elle était si rouillée qu'Oliver jurait avoir attrapé le tétanos simplement en la regardant. Mais on pouvait encore reconnaître le logo de la clinique Saint Soin-Bobo sur le couvercle. Entre cela et l'air si bienveillant du jeune homme... il ne pouvait pas refuser son cadeau. Il souffla un timide "merci" avant d'attraper le cadeau. Sans surprise, il contenait un tube de crème. Le nom du laboratoire n'était plus lisible, mais ça n'avait pas vraiment d'importance. Dans ton état, l'adolescent ne pouvait pas vraiment faire la fine bouche. Il appliqua docilement la pommade, comme s'il obéissait à un médecin - bien que celui face à lui ait autant l'allure d'un docteur que son Brindibou rose bonbon. Ce geste était simplement devenu mécanique pour lui. Puis, il remballa le tout, avant de le tendre à son propriétaire.
"Me-merci beau-beaucoup. Ça va d-déjà mieux." mentit Oliver, autant à Camil qu'à lui-même. On disait souvent que l'auto-persuasion pouvait guérir les blessures, après tout. Il resta silencieux un moment, avant d'oser poser la question qui le taraudait depuis qu'on lui avait proposé des soins. "E-es-est-ce que je devrais p-partir ?"
Ses yeux de saphir lançaient tantôt des regards inquiets vers la fenêtre teintée, tantôt vers Camil. Il ne se sentait toujours pas assez en sécurité pour sortir mais le pauvre homme n'était sûrement pas caché seul dans une vieille baraque pour rien - il devait aimer la solitude, songeait le garçon. Et toujours anxieux d'abuser de la bonté des autres, il se voyait déjà comme un boulet.
"J-je ne v-voudrais pas d-déranger." expliqua-t-il avec un sourire tordu, avant de pincer les lèvres, anticipant la réponse du "maître" des lieux.[/b][/b]
Dernière édition par Oliver Dixon le Sam 9 Oct - 1:10, édité 1 fois
Camil
Highlands
Pas de cartes
Pokédollars : 101
Pas de badges
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Lun 16 Aoû - 0:01
'Ca va déjà mieux' lui souffle le gamin comme si ses mots pouvaient avoir un véritable effet curatif. Camil sait d'expérience que cette crème – bien qu'utile – n'avait rien d'assez miraculeux pour calmer instantanément la douleur. Pourtant, le vagabond se contente d'esquisser un frêle sourire et de hocher la tête en guise d'approbation. Au moins Oliver a-t-il pu traiter un minimum son hématome. Camil suppose qu'une fois chez lui, il pourra se donner de meilleurs soins – il l'espère – mais c'est déjà ça de gagné. Ainsi récupère-t-il sa crème anti-inflammatoire, la rangeant avec le reste de ses maigres possessions. En passant, il en profite pour offrir une gentille caresse à un Ulysse en quête de quelques restes de nourriture. Un échec pourtant couronné d'affection. L'oisillon roucoule sous l'attention avant de se blottir dans la main de son humain qui finit par le prendre sur ses genoux. Il sait qu'à cette heure-ci, après son repas, le Brindibou a tendance à somnoler et l'avoir contre lui a toujours quelque chose de réconfortant et de chaleureux.
Pourtant, quelque chose vient perturber la quiétude du moment et la question de l'enfant interpelle Camil. Partir ? Le vagabond penche la tête en l'entendant : rien ne l'empêche de partir, mais il devine aux regards anxieux qu'Oliver porte aux fenêtres barricadées que ce n'est pas réellement son intention. Et comme pour préciser sa pensée, ce dernier ajoute qu'il ne voudrait pas le déranger. Camil soupire tristement en l'entendant. Le déranger ? Ce n'est pas comme s'il avait été occupé avant la venu du jeune garçon. Il ne recherche pas forcément la compagnie de ses pairs mais il ne l’abhorre pas non plus. Alors, est-ce sa simple présence qui met l'enfant mal à l'aise ? Probable. Pour autant, Camil esquisse un discret sourire qui se veut bienveillant.
« Tu peux rester tant que tu veux, tu sais. » avec délicatesse, il lisse quelques plumes d'Ulysse qui cligne des yeux, prêt à s'endormir à tout instant. « Nous n'avons pas souvent le plaisir d'avoir de la compagnie, alors rassure toi, tu ne nous dérange pas. » ajoute-t-il dans un murmure. Son regard délavé se décolle finalement de la frêle silhouette de son Brindibou pour se poser sur celle d'Oliver. Si c'est effectivement lui qui le met mal à l'aise, l'enfant ne tardera pas à partir. Dans le cas contraire, il n'y a aucun soucis à ce qu'il s'attarde un peu plus ici.
Ainsi, dans l'optique de prouver qu'il n'est pas dérangé par la présence d'un inconnu – d'un inconnu poli, qui plus est –, Camil cherche pendant un court instant un sujet de conversation. Parler des dernières trouvailles du jour et des meilleurs coins pour dormir sans se faire courser par les forces de l'ordre ne semble pas réellement pertinent dans cette situation précise, mais le bougre ignore quel autre sujet aborder. Alors, il se remémore un moment sa propre vie quand il avait l'âge qu'il donne à Oliver. Un mauvais souvenir, mais il imagine pouvoir aborder une conversation sur quelque chose qu'ils ont connu tous les deux. « Tu es jeune, tu dois encore être à l'école.. » débute-t-il avec une certaine hésitation. Les mondanités ne le rebutent pas, mais il réalise clairement qu'elles ne sont pas les mêmes selon la personne à laquelle on s'adresse. « Comment ça se passe ? … Je crois me souvenir que j'aimais bien la littérature quand j'y étais. »
Pas vraiment. Il ne détestait pas l'apprentissage de sa langue natale, ni la découverte des auteurs cultes de son pays mais-... Il y avait toujours eu quelque chose de gênant dans le système d'apprentissage qu'on lui imposait. Ca et la compagnie évidemment, mais s'il voulait débuter une conversation – aussi rouillées soient ses compétences – il était préférable de ne pas mettre en lumière les points négatifs de sa mémoire.
Un rire cassé et un vague sourire, c'était tout ce qu'Oliver avait trouvé pour remercier Camil de le laisser rester. Pourtant, intérieurement, il était inondé de soulagement et de gratitude. A tel point que les mots se perdirent dans sa gorge avant d'atteindre ses lèvres. Même si on dit que les gestes valent mieux que la parole, il se voyait mal se jeter sur ce qui était essentiellement un inconnu pour le prendre dans ses bras. D'autant plus qu'il n'avait pas l'air d'être quelqu'un de très tactile. Que lui restait-il alors ? Il était devenu difficile de sourire, alors la grimace qu'il esquissa en guise de remerciement devrait faire l'affaire. Elle ne le paraissait peut-être pas, mais elle était sincère.
Les deux humains n'avaient pas vraiment de quoi parler, c'était bien le malheur d'être étrangers l'un à l'autre. Le fait d'avoir menti au jeune homme plutôt que de confier ce qu'il lui était vraiment arrivé n'arrangeait pas la situation. Bien que gênant, le silence était préférable au risque de sortir, d'autant plus s'il ne dérangeait pas par sa présence. Enfin, bien que son hôte le lui ait promis, Oliver ne pouvait pas s'empêcher de se sentir de trop, mais ça avait toujours été le cas - ce n'était pas pour rien qu'il se faisait souvent si petit, et remuait légèrement sur place, comme prêt à décoller au moindre bruit. Il sursauta, même, quand Camil brisa le silence, s'attendant presque à ce qu'il ait déjà changé d'avis. Il put néanmoins vite s détendre, le pauvre bonhomme cherchait juste à faire la conversation. Il pensait sûrement à bien en parlant école à un gamin, après tout, la plupart sont ravis d'y retrouver leurs amis.
Alors Oliver espérait que sa moue n'était pas trop visible, même s'il n'y comptait pas trop : on lisait en lui comme un livre ouvert. Il baissa les yeux et laissa planer le silence un instant, dessinant des formes dans la poussière avec son index pour occuper son esprit.
"J-je... je n-n'aime p-pas v-vraiment l'école..."
A son ton triste, on se doutait de son honnêteté. Pas de quoi s'inquiéter non plus, peu d'enfants aimaient l'école. Se lever tôt le matin, apprendre des choses dont on se fiche et devoir ramener des équations chez soi, qui en rêverait ? Tous les élèves traitaient le lycée de prison, et ceux qui n'étaient pas d'accord devenaient vite des "intellos" à chambrer. L'adolescent ne le savait que trop bien.
"J'aimais b-bien la m-m-musique... av-avant..."
Il cessa ses gribouillages pour attraper son bras gauche et le serrer fort contre lui. Il sentit la patte de Noisette se poser sur lui. Elle détestait quand il se crispait de la sorte. Pauvre petite bête, elle voulait juste le rendre heureux et il n'était pas capable de lui donner ce qu'elle voulait.
"J-J'ai-... j'adorais chanter m-mais..."
"Haha, il a une voix de fille !" "Arrête de te prendre au sérieux, la diva !" "Je suis sûr que tu passes sous le bureau !"
Et en à peine quelques moins, il était passé d'enfant de chœur modèle à oiseau crieur qu'on collait au fond de la chorale pour moins l'entendre. Ce n'était pas par plaisir qu'il se sabotait, et le professeur le regardait toujours bizarrement, comme s'il savait quelque chose, mais c'était pour son propre bien.
"P-plus t-tellement." conclut-il d'une voix cassée.
La gorge serrée, les yeux mouillés... oh non, il se sentait encore sur le point de pleurer. Non, Camil ne méritait pas d'avoir un sale pleurnichard sur les bras, Oliver se retiendrait du mieux qu'il le pouvait.
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Lun 11 Oct - 23:04
words
notes
@Oliver
Si Camil avait espéré lancer un semblant de conversation pour rendre l'atmosphère un peu moins pesante, il regretta son choix de discussion lorsqu'il remarqua la grimace qui se voulait furtive sur le visage d'Oliver. Piteux, l'enfant s'était mis à tracer quelques symboles dans le sol et Camil s'était alors résolu à ne pas attendre de réponse. Il ne lui en aurait pas voulu, si le garçon avait préféré gardé le silence, rien que le choix de se taire laissait deviner une réponse négative. Pour autant, Oliver finit par ouvrir la bouche, laissant entendre une réponse qui ne surprit personne dans la salle après le court interlude. Seul un vague « Oh... » malaisé vint ponctuer la déclaration tremblante du garçon avant que celui-ci ne décide à partager l'un de ses hobbies.
L'un de ses anciens hobbies.
Camil pinça les lèvres alors que ses doigts continuaient de peigner machinalement le plumage d'Ulysse somnolant entre ses cuisses. Hochant la tête doucement, comme s'il comprenait les implications de ce que venait de lui confier Oliver, il tentait en réalité de simplement trouver ses mots.
« C'est dommage... » finit-il par souffler, comme s'il s'agissait là d'une évidence. Concentré sur Ulysse, il n'avait pas remarqué le subtil changement d'attitude chez son 'invité'. Déjà tremblant et angoissé, Camil n'avait pas fait attention à son changement de position, ni à son ton écorché. Il avait simplement associé ça à la gêne de se trouver en présence d'un inconnu – d'un sans-abri qui plus est – dans une vieille baraque abandonnée embaumant le moisi. Ainsi, lorsqu'il releva un regard délavé vers Oliver pour lui faire part de son avis sur la question, il resta penaud devant l'expression du garçonnet, éclairée par les joues crépitantes de son partenaire.
Lèvre tremblante, nez rougis et yeux brillants, étaient-il sur le point de-.. ?
« Hé... » Alarmé, Camil avait ouvert la bouche pour l'interpeller, tendant une main qui se voulait bienveillante vers son épaule. Pourtant, il s'arrêta à mi-chemin. Trop conscient de lui même et dans l'état dans lequel il se trouvait, il savait que peu de gens se sentiraient rassurés de se voir toucher par une main sale et poussiéreuse. Alors il la ramena vers lui, l'essuyant du pouce par réflexe. Son regard chercha alors un instant un point à fixer, oscillant entre la silhouette du garçonnet, le mur à sa gauche et Ulysse contre lui, jusqu'à ce qu'il se décide à reposer les yeux sur ceux de son vis-à-vis.
« Tu veux m'en parler peut être ? » Les mots avaient été murmurés sans grande force. Il ne manquait pas forcément de conviction, mais au moment où ceux-ci avaient franchi ses lèvres, Camil s'était rendu compte que peu de gens accepteraient de faire des confidences à quelqu'un comme lui.
Quelqu'un qui n'inspirait pas la confiance.
L'idée lui arracha un frisson le long de l'échine et il baissa les yeux un instant avant de relever un sourire qui se voulait engageant vers Oliver. « Je sais que-... » je ne suis probablement pas la meilleure personne pour ça. « Enfin, peut être que-... » ça te ferait du bien de vider ton sac. Avait-il toujours été si difficile pour lui d'articuler une phrase cohérente ?
« On-... On dit que ça peut aider de se confier à un inconnu. » finit-il alors par déclarer correctement. « Parce que le jugement d'un inconnu est moins important, je suppose ? » un bref rire nerveux lui échappe avant qu'il ne reprenne son sérieux et que son regard ne se pose à nouveau sur celui d'Oliver. « Ca ne me dérange pas si tu veux en parler... Ca ne me dérange pas non plus si tu ne veux pas en parler, ou-... Euh... Parler d'autre chose de plus léger. »
L'air paniqué, Camil chercha à attirer l'attention d'Oliver. Oh, oui, il était au bord des larmes et c'était plutôt évident. Ce pauvre inconnu avait sûrement mieux à faire sue de supporter un sale gamin pleurnichard. Après l'hospitalité dont il avait fait preuve, la moindre des choses pour l'adolescent était de se retenir de pleurer. Peu convaincant, entre deux hoquets, il essuya les larmes avaient qu'elles n'aient eu le temps de tomber de ses joues.
J-je... je n-ne p-pleure pas !
A peine avait-il relevé le visage que son champ de vision se troublait à nouveau et sa gorge se nouait. Il parvint à ne pas éclater en sanglots et venant de lui, c'était déjà un exploit. Il espérait juste que son interlocuteur ne porterait pas trop d'attention à ses yeux mouillés et ses reniflements intempestifs. Le pauvre gars ne savait plus où se mettre, son regard fuyant se baladait aux quatre coins de la pièce pour éviter de se poser sur son visage rougi. Il avait bien approché sa main et l'espace d'un instant, Oliver crut à une tentative de le réconforter, mais à la façon dont il s'était arrêté, le jeune garçon devinait bien que son attitude dégoûtait son hôte. Il lui fallait juste... cinq minutes. Juste cinq minutes.
Un silence certes gênant, mais nécessaire s'installa dans la pièce. Camil avait proposé à son jeune invité de parler de ses soucis, mais il n'était pas prêt à en parler - au sens littéral. Il se connaissait assez pour savoir qu'au point où il en était, ouvrir la bouche referait péter le barrage. Il se contenta d'essayer de se concentrer sur sa respiration. Elle était sifflante, mais à peu près régulière. Seulement, à chaque fois qu'il se sentait prêt à enfin reprendre la parole, il sentait la tristesse remonter. La conversation était-elle destinée à en rester là ? Un cercle vicieux où il s'empêchait de justesse de pleurnicher pour repartir de plus belle ? Il ne pouvait vraiment pas se permettre...
Deux petites pattes vinrent lui pincer les mains. Surpris, il baissa la tête et croisa le regard inquiet de Noisette. Ce pauvre Pokémon... vraiment, elle méritait un meilleur maître, mais ce dernier n'aurait pas pu rêver meilleure amie. Il ouvrit les bras pour la laisser sauter, et elle se colla contre sa poitrine tandis qu'il la serrait fort. Le nez collé dans sa fourrure, il se permit de laisser couler quelques gouttes d'eau salée à l'abri des regards, jusqu'à ce qu'elles s'assèchent. Vraiment, Oliver ne serait rien sans sa Pachirisu.
D-désolé... murmura-t-il en laissant la rongeur descendre, j-je... ça n-ne se rep-produira p-pas... promit-il d'une voix chevrotante.
Pas sûr que Camil croie son mensonge, mais pour le moment, il avait fait de son mieux pour être présentable. Il se permit un soupir à l'idée de parler. Il n'avait vraiment pas envie - ou plutôt, il en avait mortellement envie, mais il n'osait pas. Il avait peur. Et si Camil se moquait de lui ? Ou, comme toutes les grandes personnes, lui disait d'un ton faussement apitoyé qu'il comprenait mais que s'il voulait s'en sortir, il devrait se défendre et se comporter comme un homme ? Il n'avait pas envie d'entendre ces mots, pas encore. Mais à qui d'autre se confier ? Aussi adorable était-elle, Noisette avait ses limites. Elle ne comprenait pas tout et plus important, elle ne pouvait pas parler. Que pouvait-elle bien faire quand même après tous les câlins du monde, son humain était toujours inconsolable ? S'il ne pouvait pas lire dans les pensées du Pokémon Électrik, il s'imaginait que chaque crise de larmes lui brisait le coeur.
Alors... peut-être... serait-ce une bonne idée de profiter de l'une des seules foi où on lui offrait de l'écouter.
J-je... hum...
Par où commencer ? Les moqueries en cours de musique ? Ou celles en général ? Fallait-il tout raconter, depuis le début du collège, ou rester concis ? Il ne voulait pas infliger trop de détails à Camil, d'autant plus qu'un monologue de sa part risquerait de l'assommer avec son stupide bégaiement. Mais s'il en disait trop peu, ne risquait-il pas de penser qu'il exagère ? Car Oliver exagérait, du moins c'était ce que tout le monde lui disait.
Selon les mots de sa mère : "il y a toujours un bouc-émissaire dans une classe, c'est juste tombé sur toi...".
Oh et puis merde. Ce n'était pas comme s'il allait revoir Camil un jour. Il le chasserait de son abri quand il serait lassé de lui et l'adolescent se contenterait de trouver une meilleure cachette lors de sa prochaine course-poursuite.
J-j'adorais chanter, m-mais ils se m-moquent de moi, il n'estima pas nécessaire de préciser qui "ils" étaient, alors j-j'ai p-préféré m-m'arrêter avant qu-qu'ils n-ne me ba... qu-qu'ils en v-vienne aux... aux mains.
Battre était peut-être un mot trop fort, du moins il n'osait pas s'en servir. Les adultes préféraient utiliser le terme "chahuter" ou "embêter".
Ça m-me m-manque mais... la boule dans la gorge était de retour, de plus belle cette fois, mais j-j'ai trop p-p-peur.
S'il se retenait remarquablement bien cette fois-ci, il ne pouvait pas pour autant empêcher tout son corps de trembler. C'était la première fois qu'il osait exprimer sa peur de ses camarades à voix haute. Car quelque chose lui disait qu'être terrifié d'un gamin de son âge n'était pas normal, et qu'il ne s'attirerait - au mieux - que l'agacement de ses parents ou de ses professeurs, si ce n'était des moqueries.
Il connaissait plus d'un enseignant qui lui aurait ri au nez en l'entendant dire ces mots. Oliver ne pouvait qu'espérer que Camil n'était pas ce genre de grande personne.
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Jeu 21 Oct - 1:52
words
notes
@Oliver
C'est avec patience que Camil attend qu'Oliver reprenne son calme. Il ne peut pas vraiment faire grand chose d'autre et ses lèvres se pincent sous la frustration de se sentir impuissant. 'J-je... je n-ne p-pleure pas !' déclare-t-il d'une voix tremblante qui fait plisser d'incrédulité les yeux de Camil. Un effort louable, mais inefficace, il a beau le souhaiter bien fort, les signes ne sont pas trompeurs. Pourtant, le vagabond ne pipe mot, penche la tête et espère que son expression transmet plus de bienveillance que de jugement. Oliver peut bien prendre le temps qu'il veut à se calmer : ils ne sont pas pressés après tout.
C'est finalement grâce à l'intervention de la petite Pachirisu que l'enfant parvient à reprendre le dessus sur ses émotions au prix de gros effort de respiration. Puis il lui assure que cela ne se reproduira pas et Camil fronce des sourcils. Il n'y croit pas, mais c'est surtout le besoin du garçon de le rassurer qui le perturbe. Quelque part, il a envie de le rassurer et de lui souffler qu'il n'y a rien de grave à se laisser aller de temps en temps, mais aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres.
Peut être a-t-il tort, mais il a l'impression que parlerait maintenant enterrerait Oliver dans son mutisme alors qu'il peine déjà à trouver ses mots. Alors le vagabond baisse les yeux un instant, observe le Brindibou dormant comme un bien-heureux, insouciant des problèmes du monde alentour.
Ce n'est pas qu'il l'envie, mais un peu tout de même.
A ses côtés, il sent que le garçonnet hésite – à lui parler ? à trouver ses mots ? – mais lorsqu'il se décide enfin à raconter son histoire, le cœur de Camil se fait lourd dans sa poitrine. Il déglutit, défait, ferme les yeux et réprime un soupir. Il ne s'attendait pas spécialement à ce genre d'histoire, mais il s'attendait à quelque chose de désagréable, le voilà servit.
Le bégaiement de son cadet rend la compréhension de certains mots compliqués, mais il ne faut pas être un génie pour en comprendre les tenants et aboutissants : il chante, on le rabroue, alors il arrête. Simple comme bonjour, mais pas moins enrageant pour autant. Quelques souvenirs indésirables reviennent en tête au vagabond et il la secoue pour les chasser. La situation ne l'enchante pas et quelque chose lui souffle que son invité surprise n'a pas uniquement des problèmes à la chorale. Pourtant, si Camil lève un regard vers Oliver, il n'ose pas le questionner plus avant. Les yeux humides, la lèvre tremblante, le visage crispé mais le corps tremblant... Là non plus il ne fallait pas être une lumière pour comprendre l'état dans lequel il se trouvait.
Alors le jeune homme s'humecte les lèvres, sécurise Ulysse pour ne pas le faire tomber et se glisse légèrement vers Oliver. Assez pour ne pas avoir se pencher pour lui poser une mains sur l'épaule mais ne pas non plus empiéter de trop sur son espace personnel. S'il avait auparavant hésité à initier le contact – jugeant sa main trop sale – Camil se résonne : sa chemise est déjà dans un bien mauvais état, un peu plus un peu moins... C'est donc avec délicatesse qu'il referme ses doigts sur l'épaule du jeune garçon.
« Je comprends. » se contente-t-il de déclarer sur le moment. Parce qu'il comprend pour de vrai même s'il n'est pas certain d'être cru, même s'il n'est pas certain que cela soit vraiment effectif. Alors il esquisse une pression sur l'épaule de l'enfant avant de lui tendre un sourire écorché. « Oliver... C'est pas grave de pleurer tu sais ? »
Parce qu'il n'a rien d'autre à dire, aucun autre conseil utile. L'idée de lui demander s'il a déjà prévenu quelqu'un - quelqu'un capable de l'aider - l'effleure mais repart aussi vite. Peut être assume-t-il des choses, peut être devrait-il demander tout de même, pour être sûr, mais il est convaincu que dans tous les cas, la réponse ne serait pas agréable à entendre. Lui a essayé d'en parler, à l'époque... Vaguement, sans rentrer dans les détails. Son interlocuteur avait très vite compris où il voulait en venir, et l'avait fait taire tout aussi vite : personne ne veut voir les problèmes, personne ne veut sortir de son confort.
Le sourire de Camil s'efface alors au profit d'une expression plus triste, plus compatissante également.
« Ca fait du bien de pleurer, tu n'as pas à te retenir. » Lui même n'a pas versé une larme depuis des années. Un bref instant, il essaie de se rappeler quand se situe la dernière fois qu'il a réellement pleuré, mais rien ne lui vient. Camil est souvent triste, ça, il le reconnaît volontiers, mais le froid qui lui colle à la peau – le froid qu'Oliver doit sentir à travers le tissus de sa chemise – semble engourdir tout sentiment trop intense. Le bougre ne s'en plaint pas, c'est devenu-... Etrangement confortable.
« Je ne peux pas t'aider, » admet-t-il soudain, l'air défait « mais je peux t'écouter. Tu as l'air d'avoir des choses à sortir et moi, j'ai tout mon temps. »
Lorsque Camil ne lui répondit pas, le jeune garçon s'inquiéta tout de suite. En avait-il dit trop ? Il devait ennuyer un pauvre homme qui n'avait même pas demandé sa compagnie en premier lieu. Il le savait : les grandes personnes n'aimaient pas l'entendre se plaindre. On lui disait d'être plus mature et de serrer les dents, que sa torture s'arrêterait un jour. Que la douleur, autant physique que morale, c'est dans la tête. Son grand-père avait perdu une jambe à la guerre, certains étaient morts sur le champ de bataille, étêté par des mines ou empalés par des baïonnettes. Et lui faisait son cinéma pour quelques bleus et un oeil au beurre noir ? Comme il était pourri gâté, cet enfant...
Il sursauta en sentant une main sur son épaule. Son premier réflexe fut se s'attendre à une gifle pour avoir osé se plaindre de chamailleries d'adolescents à une personne qui vivant dans une maison abandonnée et sale, au visage creusé par la faim et aux vêtements réduits en haillons. Il avait clairement des problèmes plus importants que ça... pourtant... pourtant, la main de Camil se fit douce. Ce n'était pas une main pour frapper, mais une main pour réconforter, ce qui était assez rare pour le souligner. Il lui promit d'une voix fatiguée qu'il comprenait et qu'il ne le châtierait pas pour ses larmes. Incrédule, Oliver releva la tête pour rencontrer des yeux bleus, comme les siens. Ils semblaient tristes, ils devaient en avoir vu des choses. S'il le comprenait, comme il le disait, peut-être avait-il vécu la même chose. Et plutôt que de se vanter d'y avoir survécu (et donc, Oliver aussi devrait y arriver, car il n'était pas plus spécial qu'un autre), il avait reconnu qu'il en avait souffert.
C'était la première fois que ça lui arrivait, mais il ne pouvait pas blâmer ses parents pour ça, ils avaient tous les deux passé une scolarité heureuse. Son père avait même profité d'une certaine popularité au lycée, c'était ainsi qu'il avait réussi à séduire sa petite amie, désormais son épouse. C'était sûrement lui qui s'était "amusé" avec ses petits camarades plus faibles, alors l'idée que son fils soit comme eux devait le répugner. Si seulement il pouvait lui faire comprendre... mais non content d'être inapte à se battre, il était inapte à débattre.
M-merci... souffla l'adolescent à son hôte.
Une petite larme voulut faire son petit bonhomme de chemin sur sa joue, mais il l'essuya et renifla. Ce n'était pas parce que Camil l'avait autorisé à pleurer qu'il le ferait à la première occasion. Il devait rester fort. D'autant plus qu'on lui offrait une oreille attentive, pour une fois. S'il se mettait à pleurnicher, plus personne ne voudrait l'écouter. C'était comme l'histoire du Garçon qui criait au Lougaroc.
Et bien... j-je sup-suppose que c'est assez évident qu'on n-ne m-m'aime p-pas trop à l'école... commença-t-il d'un ton qui se voulait sarcastique mais sonnait juste désespéré, d-depuis longtemps... cinq ans, j-je d-dirais. J-je n-ne voulais pas... j-j'ai j-juste r-regardé un g-garçon, une f-fois, p-promis ! Et tout le m-monde croit que j-je suis... il ne finit pas sa phrase, la fin lui semblait évidente, J-je suis n-normal ! J-je veux j-juste être n-normal... cria-t-il presque malgré sa voix cassée.
Il s'interrompit un moment. Il sentait monter les larmes... oh non. Camil lui avait dit qu'il s'en moquait mais il restait un blocage, une hésitation de toutes les fois où on le lui avait reproché ou qu'on s'en était amusé. Pour le moment, il tiendrait bon.
J-je suis n-normal, p-pas vrai ?
Ce n'était pas comme si Camil pouvait le savoir, mais à vrai dire, il n'avait pas besoin de son opinion, juste qu'il réponde les mêmes mots comme un Pijako. Il mentirait, alors, mais certains mensonges étaient préférables à la vérité.
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Dim 21 Nov - 23:06
words
notes
@Oliver
Oliver le remercie d'une petite voix, semble se retenir de pleurer. Camil n'en est pas certain, mais il croit deviner une larme rouler sur le long de sa joue avant de se faire intercepter : malgré ses mots, le garçon ne semble pas encore prêt à se laisser alors et Camil comprend. Il souhaite simplement lui faire savoir que s'il en a besoin, il peut se le permettre ici. Gentiment, il esquisse quelques gestes concentriques dans le dos de son invité de fortune, pour le réconforter, pour l'encourager alors qu'il aligne les premiers mots de son récit. Le vagabond affiche un air imperturbable en entendant les aveux du garçon, tente de mettre les éléments bout à bout.
Quand il comprend de quoi il en retourne, il cesse son geste et repose sa main sur l'épaule d'Oliver. Un instant, son regard délavé se pose à nouveau sur le Brindibou qui dort comme une masse. Même le cri brisé du jeune homme – qui sonne étrangement faux dans le silence qui les englobe – n'est pas suffisant pour lui tirer un sursaut. Tant mieux, songe-t-il, Ulysse n'a pas besoin d'être réveillé aussi tôt. Puis, à nouveau aucun d'eux ne parle. Camil ignore quel genre de mots de soutien il peut apporter dans ce genre de situation. Alors il se mord l'intérieur de la joue, jette un coup d'oeil vers son interlocuteur qui semble toujours au bord des sanglots. Rien de surprenant. En revanche, la question qui suit l'est assez pour faire hausser un sourcil au vagabond.
Il déglutit, confus qu'on vienne chercher une quelconque approbation venant de lui. Pourtant, l'adolescent a l'air si désespéré, si désemparé que Camil n'a pas le cœur de lui faire noter qu'il est clairement la personne la moins indiquée pour répondre à ce genre questions, que peu importe sa réponse, elle n'aurait qu'un bien maigre poids aux yeux de ses bourreaux et de la société. Alors Camil esquisse un sourire qui se veut bienveillant.
« Bien sûr.. » lui souffle-t-il avant de réitérer avec un peu plus de conviction « Bien sûr que tu es normal. »
Il ne lui ment pas même s'il n'exprime pas l'entièreté de sa pensée : Oliver n'a pas à connaître ses réserves et ses doutes, il n'a pas besoin de l'entendre déblatérer sur la cruauté de la société envers les gens qu'elle juge indésirable. Au fond, ils le savent probablement tous les deux, alors à quoi bon remuer de déplaisantes vérités dans ce genre de situation ? Alors, après une ultime pression bienveillante, Camil retire sa main de l'épaule du garçon et se redresse à moitié, évitant de gestes trop brusques. Son regard se pose vers la porte d'entrée, celle qui a accueillit l'arrivée d'Oliver en fanfares, et avec ce qu'il sait désormais, Camil tente de deviner la suite d'événements qui aurait conduit à la situation actuelle. Il ne lui faut pas particulièrement beaucoup d'imagination pour trouver une conclusion plausible.
« Je suppose que-.. ça n'arrive pas uniquement à l'école ou à la chorale ? » l'interroge-t-il à mi-voix. La question est plus rhétorique qu'à la recherche d'une véritable réponse, Oliver lui a dit qu'il avait chuté et que sa maladresse expliquait son état. Camil se doute que son train de pensées est aisé à deviner, mais il ne cherche pas à mettre son invité dans une position délicate, alors il quitte la porte du regard et le pose sur l'enfant. Une idée lui trotte dans la tête, mais lorsqu'il prend la parole, il lui est difficile de la formuler correctement.
« Ecoute-... Si tu as un jour besoin d'un refuge-.. » il s'arrête, est-ce étrange de lui donner l'adresse de Charlotte ? S'il se trouvait à la place d'Oliver, il ne se ferait pas réellement confiance. Et puis, même si elle lui donné la permission de donner son adresse, avait-il vraiment le droit de le faire ? Mais Oliver était probablement l'un des rares cas de personnes qu'il pourrait envoyer chez elle sans crainte qu'il ne lui fasse du mal... « Je connais une personne-.. Une amie, qui pourrait t'aider, je pense. » Il n'en est pas certain mais ce sera à Oliver de faire la part des choses, songe-t-il. « Si tu veux-... Tu as de quoi noter ? Ou une bonne mémoire ? » C'est un rire à moitié nerveux qu'il esquisse, la maison de Charlotte n'est pas difficile à trouver, Oliver connaît peut être même probablement déjà le manoir de la dame.
Quand la main de Camil quitta son dos, Oliver s'imagina déjà le pire. Avec l'histoire qu'il venait de raconter, le jeune homme était dégoûté, par lui, par sa présence, par son corps, regretterait sûrement de l'avoir touché et serait prêt à s'arracher la peau des mains pour se désinfecter. Mais, surprenamment, la sensation de vide ne dura pas longtemps, puisque la même main vint se poser sur son épaule. C'était un geste commun que ses parents faisaient quand ils devaient lui dire quelque chose de sérieux, en bien ou en mal (le plus souvent des reproches cachés derrière un masque d'inquiétude). Camil ne dit rien, d'abord. L'adolescent voulut rire, mais il ne sortit qu'un hoquet de ses poumons. À quoi s'attendait-il, à poser une question pareille à un inconnu. Au mieux, il lui dirait "oui" pour lui faire plaisir, au pire, il l'insulterait mais ne serait pas le premier - ni le dernier, à n'en pas douter - à le faire.
Finalement, il finit par lui donner la réponse qu'il espérait. Et Oliver avait beau savoir que c'était un mensonge, ne serait-ce que parce qu'ils ne se connaissaient pas assez pour les jugements de valeur, ces deux mots lui mirent du baume au cœur. Il pleurait tout le temps et pourtant, il lui en fallait peu pour lui faire plaisir. Il sourit, même. Pas un grand sourire plein de dents mais une petite courbure des lèvres qui trahit un soulagement qui n'avait pas lieu d'être.
La joie du jeune garçon n'était pas faite pour durer. Camil finit par se retourner pour observer la porte par laquelle il était rentré, repensant sûrement aux conditions de leur rencontre. Avec ce qu'Oliver venait de lui raconter, il avait sûrement fait le lien. Son histoire de vilaine chute ne devait plus être vraiment crédible, si tant est que son hôte y avait cru dès le début. Sa question ne lui semblait pas adressée, tant elle fut murmurée bas. Cela ne l'empêcha pas de hocher la tête, un peu honteux. Évidemment que les persécutions ne s'arrêtaient pas en dehors des murs du lycée, ç'aurait été trop beau. Il était plus rare de rencontrer des camarades à l'extérieur, car il fallait une coïncidence pour se croiser (ou être suivi, parfois, il se demandait s'il n'était pas traqué) mais ces rencontres étaient les pires. Pas de professeurs ou de surveillants pour les arrêter, et pour ses bourreaux, la satisfaction de le blesser quand sa garde est baissée. Ils voyaient que sa peur est plus forte, que ses yeux pleuraient plus et que ses jambes tremblaient au point où il semble prêt à s'écrouler. Pour une raison qui échappait à Oliver, ça leur plaisait. Lui ne pouvait pas voir une personne laisser couler ses larmes sans finir dans le même état mais pour certains, le malheur des autres faisaient leur bonheur. Ce concept lui échapperait toujours.
Camil se remit à parler, le sortant de ses pensées. Il semblait hésitant à lui proposer quelque chose, ce qui manqua d'arracher un sourire sarcastique à Oliver. Avait-il peur de l'effrayer ? Son inquiétude s'était dissipée depuis un moment, ne laissant place qu'à la timidité et au syndrome de l'imposteur. Camil l'avait rassuré, il l'avait aidé à se soigner, il lui avait même offert une épaule pour pleurer. Il ne voyait pas de raison de se méfier. Un refuge, lui dit-il, si jamais il en avait besoin. L'adolescent eut une grimace de confusion. Pourquoi aurait-il besoin d'un refuge ? Contrairement à son interlocuteur qui semblait vivre dans une maison abandonnée, probablement gelée pendant l'hiver, lui avait un toit au dessus de sa tête, une assiette bien remplie tous les soirs qu'il avait l'audace de laisser à moitié pleine et des parents qui s'inquiétaient pour lui. Il aurait été bien mal placé de demander un refuge quand il n'avait pas de raison de se plaindre de son foyer. À moins qu'il ne lui parle tout bêtement que d'un abri au cas où il serait encore poursuivi. Était-ce une façon polie de lui dire de ne pas revenir ici en cas de problème ? Il était vrai que ceci était plus agréable qu'un "casse-toi et ne reviens pas"...
Ou alors, était-ce censé être moins littéral ? Un refuge pour ses émotions, que personne n'écoutait ? Cette fameuse "amie"... voudrait-elle au moins l'entendre ? Elle qui le connaissait encore moins que Camil, pourquoi accepterait-elle de le laisser entrer chez elles avec ses bagages émotionnels ? Il n'était pas sûr de se servir un jour de cette adresse et encore moins sûr que, malgré les mots de Camil, cette femme l'accepte sous son toit, mais une partie de lui refusait de laisser s'envoler cette opportunité.
"On ne sait jamais..."
Il vint chercher quelque chose dans sa poche. Il avait de quoi écrire, oui, la liste de courses qu'il était censé ramener chez lui. Maintenant que ses attaquants étaient sûrement loin et avaient dû passer à autre chose (ils savaient qu'ils pourraient le chopper à l'école la prochaine fois), il n'avait plus vraiment d'excuses pour ne pas aller à l'épicerie. Enfin, quitte à être en retard, autant laisser Camil lui parler un peu plus de ce "refuge". Il lui tendit le petit bout de papier, puis le crayon qu'il avait apporté avec pour rayer les articles. Il y avait assez de place au dos pour griffonner quelques mots.
Cette d-dame... vous p-pensez vraiment q'quelle voudra d-de moi ? demanda-t-il d'une petite voix.
C'était une question stupide. Pourquoi Camil lui aurait-il fait cette offre pour ensuite lui rire au nez, lui dire que personne ne l'accepterait ? Était-ce mal que de tendre une perche pour entendre ce qu'il avait envie d'entendre ?
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Sam 27 Nov - 22:01
words
notes
@Oliver
Si Oliver hésite, il ne met finalement pas longtemps à sortir de sa poche de quoi noter. Lorsque Camil récupère le papier et le crayon, il ne peut s'empêcher de jeter un œil sur ce qui y figure déjà par pure curiosité. Ce qu'il y découvre n'a rien d'un bien grand secret, il ne s'agit là que d'une simple liste de courses et il lui est aisé de deviner que son invité surprise a été interrompu dans ses emplettes. C'est dommage, l'espace d'un instant, Camil imagine Oliver déboulant dans sa cache, les bras chargés de vivres. Peut être qu'alors, il aurait-... Mais il cesse son train de pensées aussitôt qu'elles lui arrivent à l'esprit : ce n'est pas ce qu'il s'est passé, il ne sert à rien de s'attarder sur des scénarios alternatifs.
En revanche, si Oliver avait été envoyé faire quelques courses, il était peu probable que ses parents lui aient donné la somme juste, probablement avait-il sur lui plus que nécessaire, peut être même que-.. Mais encore une fois, Camil s'arrête dans ses pensées. Peut être plus tard lui demandera-t-il un peu de monnaie, lorsqu'il ne donnera pas l'impression de l'avoir acculé dans une maison abandonnée pour le détrousser. Alors le vagabond déglutit, se penche un peu pour profiter de la lumière des joues crépitantes du Pachirisu de l'enfant et note l'adresse promise en prenant appui sur sa jambe.
Il ne manque pas non plus d'écrire le nom de sa bienfaitrice sous le reste. Le support n'est pas optimal, son écriture s'en ressent, mais il la juge assez lisible pour rendre ses affaires à Oliver. Et lorsque le garçon s'interroge sur s'il sera reçu ou pas, Camil ne peut s'empêcher d'émettre un rire étouffé, presque sarcastique.
« Elle a bien voulu de quelqu'un comme moi.. » souffle-t-il du tac-au-tac, la voix à mi-chemin entre l'amusement et l'amertume. Lui même a du mal à le croire, et pourtant.. Les preuves de sa générosité sont toujours en sa possession, belles et bien tangibles au cas où il en douterait encore. Ainsi, un sourire plus doux que le précédent sur les lèvres, il s'adresse à nouveau à Oliver, tente de le rassurer de manière plus convenable. « Elle s'appelle Charlotte... Si tu expliques que tu viens de ma part, elle devrait comprendre. »
Comme si son nom avait une moindre importance-... Mais Camil tait cette mesquinerie là, ni lui ni le garçon n'ont besoin de l'entendre.
« D'ailleurs-.. » il se coupe un instant dans sa phrase : ce qu'il s'apprête à dire n'a pas grand chose à voir avec le reste, mais lui semble tout de même important. « Les rues ici ne sont pas des plus claires-... Quand tu voudras partir, je pourrais te raccompagner vers le centre si tu en as besoin. » Rien ne presse, mais Oliver ne semble pas être le genre de garçon à réclamer de l'aide en étant également le genre à s'attirer des ennuis. Si Camil pouvait lui éviter de se faire attraper par ses bourreaux – c'était l'hypothèse qu'il avait finit par adopter – ou par quelqu'un d'autre, ce serait déjà ça de pris.
Oliver étudia l'adresse que Camil lui rendit après quelques griffonnages. "Charlotte Nightingale", hein ? Le nom lui était familier. L'emplacement de sa maison aussi. Quelques secondes de réflexions suffirent à l'adolescent pour faire le lien. Le manoir Nightingale ? Mais ce gens-là n'avait pas vraiment la réputation d'accepter des personnes en difficulté sous leur toit... Mais Oliver sa châtia bien vite d'avoir pensé ça. Il avait déjà honte d'avoir jugé le jeune homme qui l'avait laissé rester avec lui, de l'avoir pris pour un monstre ou un meurtrier, alors qu'il était l'une des personnes les plus douces qu'il avait pu rencontrer... Alors, peu importe qu'elle soit pauvre ou riche. Si Camil disait que Charlotte était hospitalière, il le croirait.
M-merci.
Et avec un sourire timide, il glissa le petit papier dans la poche dont il était sorti.
A propos d'hospitalité... il était peut-être resté assez longtemps ici, non ? Les deux garçons qui l'avaient poursuivi devaient être bien loin désormais. Il était été déraisonnable d'imposer sa présence plus longtemps, d'autant plus qu'il était attendu à la maison. S'il avait été n'importe quel autre adolescent, il aurait pu s'en sortir en expliquant qu'il avait croisé des amis sur la route, mais Oliver n'était pas n'importe quel adolescent. Qui l'aurait cru ? Le monde entier savait qu'il n'avait pas d'amis et n'en aurait sûrement jamais. Et s'il n'avait pas de bonne excuse pour rentrer si tard de ce qui n'aurait dû être que quelques emplettes... d'autant plus qu'il aurait à expliquer l'état de son œil - puisque si le coquard s'était majoritairement résorbé, il pouvait encore sentir la peau abîmée sous sa paupière. Il entendait déjà ses parents rouspéter. Oui, il était peut-être bien l'heure de partir.
Camil avait dû sentir son hésitation. D'un côté, Oliver avait peut de ne pas être le bienvenu et paradoxalement, il n'osait pas annoncer son départ. Il fut plus que ravi qu'on lui donne une opportunité d'aborder le sujet.
Oui. J-je d-devrais b-bientôt y aller... il jeta un œil au mur nu et fissuré, comme s'il y cherchait une horloge, si ce n-n'est p-pas trop... j-je veux b-bien q-que vous veniez... j-jusqu'à la sortir d-de la rue.
Le regard vers le bas, un peu honteux, il admit sa peur. Une fois dans des rues plus larges, il se sentirait plus serein, mais actuellement, il ne se voyait même pas passer la tête dehors pour vérifier que le chemin était libre. Même avec Noisette dans les bras, son angoisse ne disparaissait pas. Il prit une grande inspiration, se leva finalement, s'épousseta et s'approcha de la porte, vérifiant que Camil le suivait. Il aurait été attristé que le jeune homme ne change soudain d'avis et le laisse se démerder.
Il regretta d'avoir paniqué pour rien. Évidemment, personne ne l'avait attendu au coin de la ruelle pour lui trancher la gorge. Les quelques passants ne lui portaient pas d'attention, ou alors lui lançaient un regard de "la jeunesse de nos jours !" en voyant son visage et ses vêtements chiffonnés. Il ne sentait pas totalement en sécurité, mais franchement, depuis combien de temps n'était-ce pas arrivé ? Un quatre sur dix sur l'échelle de l'angoisse était une bonne note, pour lui.
Oliver se retourna pour faire face à Camil. À la lumière du jour et en dehors de son abri, l'adulte ne semblait pas à sa place, comme s'il n'avait été qu'un fantôme hantant une vieille maison abandonnée. Honnêtement ? Oliver ne s'en serait presque pas étonné. Mais il était là, en chair et en os, après lui avoir offert l'hospitalité, des soins, une main amicale pour le réconforter et une amie qui pourrait l'aider. C'était presque trop beau pour être vrai, mais il était reconnaissant, en témoignait son sourire tremblant.
M-merci encore... p-pour tout.
Il hésita un peu à aborder un sujet sûrement fâcheux. Il s'était bien gardé de le dire, mais Camil n'avait pas franchement l'air de rouler sur l'or. Il n'était probablement pas le propriétaire de la bâtisse dans laquelle il vivait, ses vêtements étaient dégoûtants et le pauvre gars était encore plus maigrichon que lui. Pourtant, des deux, c'était lui qui avait été généreux. Il voulait lui rendre la pareille mais ne voyait pas trop comment. D'autant plus qu'il ne le connaissait pas assez pour juste lui proposer l'aumône. Mais justement... s'ils se connaissaient un peu mieux.
Hm, d-dites, m-mons... C-Camil ? demanda-t-il sans oser le regarder dans les yeux, est-ce que... ça v-vous d-dérangerait, si j-je p-passais ici, d-de temps en temps ?
Par Saint Arkée, merci, le jeune homme ne tarda pas à accepter. Il ne serait pas toujours à cet endroit précis de Doon, mais Oliver aurait une chance de l'y voir le soir. Après les cours, peut-être ? Enfin, tant qu'il réussissait à sortir à l'heure. Le blond se sentit bien soulagé à cette idée. Ce n'était peut-être pas ça, un ami, mais c'était la chose la plus proche qu'il avait connu. Ça ne serait peut-être rien que de longues minutes passées dans le silences, quelques mots de réconforts ou du partage, mais il s'en contenterait. Pour une fois, Oliver prit plaisir à se projeter dans l'avenir.
Le membre 'Oliver Dixon' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'Dé de Fouille' :
Camil
Highlands
Pas de cartes
Pokédollars : 101
Pas de badges
Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Re: Droit d'Asile | ft. Camil Mer 2 Mar - 0:12
words
notes
@Oliver
Oliver ne tarde pas à accepter la proposition du vagabond, lui demandant d'au moins l'accompagner jusqu'à la sortie de la rue. Camil acquiesce doucement du chef mais ne s'ébranle pas directement. Du bout de l'index, il tapote gentiment Ulysse et lui murmure quelques mots pour le réveiller en douceur. Le poussin piaille faiblement, frémit et fait mine de se rendormir mais il n'en a pas le luxe : hors de question de laisser un bébé pokemon – rose qui plus est – seul dans une bâtisse désaffectée. Camil insiste, lui offre quelques gratouilles pour l'encourager à ouvrir les yeux, et lorsqu'il est assuré que le Brindibou est capable de tenir debout seul, le pose sur son épaule avant de se relever.
En quelques enjambées, il rejoint Oliver – déjà sur le départ – et prend l'initiative de pousser la porte. Par force d'habitude, il ne sort pas directement, préfère tendre l'oreille et jeter quelques regards inquiets à droite et à gauche. Il n'y a personne et lorsqu'il en est assuré, alors seulement se décide-t-il à dépasser le seuil. Il n'est plus très tôt, la lumière a assez décliné, pourtant, Camil cligne des yeux sous les rayons du soleil. Ces derniers le réchauffent faiblement, contrastant avec l'humidité et le froid – également celui qui lui colle à la peau – de la maison abandonnée. Ce n'est pas désagréable, mais il met un temps à s'habituer à la luminosité.
Il ne leur faut pas longtemps pour atteindre la sortie de la rue. Il y a déjà un peu plus de passants dont la présence semble rassurer Oliver. Cependant, s'il fait mine de les ignorer, Camil sent glisser sur lui de nombreux regards désapprobateurs. Seul, on l'aurait ignoré – voir regardé avec dégout –, mais accompagné d'un jeune garçon ? Une boule se forme dans sa gorge, le fait regretter d'avoir proposer de l'accompagner. Il n'est pas mal intentionné – il aurait pu mal à agir une dizaine de fois à l'abri des regards – mais il connaît l'image qu'il renvoie.
Le froid l'enserre à nouveau.
« M-merci encore... p-pour tout. » la voix d'Oliver le tire de sa torpeur mais n'est pas suffisante pour chasser l'angoisse qui le serre à la gorge. Dans l'esprit de Camil résonnent des sirènes d'alarmes qui l’exhortent à s'en aller maintenant. Pourtant il reste figé là, adresse un sourire au garçon et lui fait un signe de tête, l'air de dire que ce n'était pas grand chose.
Ca ne l'était pas.
Alors Camil s'apprête à faire volte-face, tirer sa révérence et s'enfouir dans son repère jusqu'à ce que la nuit tombe, qu'on ne pose plus sur lui des regards suspicieux, mais Oliver ne part pas, lui adresse même à nouveau la parole. L'enfant lui demande s'il peut passer à nouveau et sa première réaction et d'arquer un sourcil, confus, les lèvres légèrement entrouvertes. Hébété, il essaie de lui demander pourquoi, mais sa gorge sèche ne lui permet que de se la racler laborieusement. Qu'on veuille lui rendre visite le dépasse mais il se résonne : Oliver n'aura probablement plus l'envie de passer par ici une fois de retour chez lui.
Alors, désireux de ne pas étirer plus longtemps cet échange, Camil hoche la tête doucement, articule qu'il ne sera ceci dit pas toujours là, lui demande de rester prudent dans tous les cas. Et enfin ils se séparent.
A nouveau hors du champs de vision des badauds prompts à juger – mais pas intervenir –, le vagabond se sent respirer à nouveau. Pas entièrement bien, mais c'est déjà plus confortable.
Et par excès de zèle, Camil ne rentre pas directement 'chez lui', fait d'abord quelques tours pour s'assurer que personne ne le suit avant de se rassurer. Il est seul. Avec Ulysse.