Le Professeur est occupé, mais il ne devrait pas tarder.
Le jeune homme aux cheveux roux, qu'Ulrich supposait être l'assistant du Professeur Chardon, le fit s'assoir sur un sofa au confort douteux près de la porte d'entrée. Il savait déjà qu'il allait s'ennuyer chaque seconde passée ici. Il n'y avait pas grand chose à observer dans cette salle d'attente : une plante verte trônait non loin du siège de l'adolescent, les feuilles grasses et bien portantes - il n'en attendait pas moins d'un amateur de type Plante, un autre canapé, vide, se tenait perpendiculaire au sien, et quelques cadres décoraient des murs arborant un hideux papier-peint digne du salon d'une grand-mère.
En y pensant, l'odeur, elle aussi, avait quelque chose d'une personne âgée. Un fumet de pot-pourri, sûrement placé là pour cacher l'odeur de produits médicaux, et pourtant, Ulrich aurait préféré se sentir à l'hôpital que dans la caravane d'une diseuse de bonne aventure. Il en était de même pour King. Le pauvre chiot ne cessait d'éternuer une fois rentré. Si ça n'avait pas été pour son caractère de Cochignon, son dresseur l'aurait volontiers rappelé dans sa Pokéball... mais il le connaissait : il en sortirait plein d'énergie et hargneux. Il faudrait tolérer les reniflements le temps d'obtenir une entrevue avec le fameux prof.
Oh je suis navré de t'avoir fait attendre, jeune..." le moustachu en blouse blanche qui venait de débarquer sembla hésiter, scrutant de haut en bas son invité. Ce n'était jamais agréable, mais Ulrich y était habitué. "... homme ?" ne se voyant pas corrigé, il continua : "Je me présente, Armand Chardon, ravi de te rencontrer... ?
Son sourire semblait sincère, il aurait été difficile pour le brun de refuser la poignée de main que lui offrait le Professeur.
Ulrich. Moi de même.
Il n'avait jamais été très bon avec les mots. Heureusement, le moustachu ne sembla pas s'en indigner.
Pendant qu'il faisait visiter à son invité toutes les installations, le brun doit bien admettre qu'il avait vite cessé de l'écouter. Ce n'était pas qu'il ne s'intéressait pas à Chardon mais... il n'avait jamais été très branché sciences. Il avait plutôt la fibre artistique. Il était venu pour avoir son nouveau Pokémon, pas pour écouter un exposé sur les progrès de la génétique.
C'est un beau morceau d'ambre que tu as là, tu permets ?
Sans grande cérémonie, le Doonien remit le caillou au professeur. En un clin d'oeil, ce dernier put déterminer qu'il s'agissait d'un insecte buveur de sang, dont la proie de prédilection autrefois était les Ptéra. Il y avait donc de grandes chances pour qu'ils obtiennent ce Pokémon. Ce n'était pas pour déplaire à l'adolescent, qui esquissa un sourire mal camouflé. C'était une bonne trouvaille : il se serait mal vu accompagné d'un Amagara. Ce n'est pas qu'il n'aime pas les Pokémon mignons mais... il aimerait être plus crédible qu'avec son stupide Pichu.
Et voilà, jeune homme !
Ulrich se réveilla en sursaut. Il n'avait même pas réalisé qu'il s'était assoupi sur la chaise en écoutant les bavardages de Chardon. Bien qu'un peu gêné, il n'était pas fâché d'y avoir échappé, au final, il se contenta de marmonner quelques excuses avant de se saisir de la Pokéball qu'on lui tendait. Surexcité, il remercia chaleureusement le scientifique d'une forte poignée de main avant de faire demi-tour et de se précipiter à l'extérieur. Il avait tellement hâte de voir le résultat des expériences du prof, finalement, bien que le procédé ne l'ait que peu intéressé. Il remonta la goupille, laissant sortir le ptérodactyle.
La classe...
Il ne put s'empêcher de murmurer lorsque la créature préhistorique déploya ses ailes pour s'étirer. C'était la première fois qu'il sortait depuis qu'il était revenu à la vie, après tout. Il regarda son nouveau dresseur dans le blanc des yeux, une étincelle de défi y brillait. Oh, qu'Ulrich était fier de son nouvel ami : il savait déjà qu'il ferait un terrible combattant.