Athena Notaras

Histoire

Je suis née pauvre. C’est un point que certains oublient, mais que d’autres s’empressent de pointer. Ma mère est une fermière des Lowlands. Elle est née à Keros, y a rencontré mon père, agriculteur, et s’y est mariée. Une histoire tout ce qu’il y a de plus banal, ni plus ni moins. A vrai dire, toute ma vie a été plutôt linéaire depuis son commencement.

J’ai été éduquée dans la religion arkéenne et dans l’humilité de ma propre personne. On m’a appris à aider mon prochain et à tendre la main. C’est une éducation qui m’a suivi depuis ma naissance. Depuis mon plus jeune âge, à savoir trois ans, j’ai toujours aidé mes parents à la ferme. Je connais la théorie sur les Pokémons, j’ai un bon feeling depuis toujours, mais je n’ai jamais cherché à les étudier. Ils étaient mes compagnons de jeu. Nos fins de mois n’étaient pas faciles, il faut l’avouer, et je n’ai jamais vécu dans l’opulence. Je n’avais pas d’amis, car beaucoup me traitaient de bouseuse. Mais je n’ai jamais été contrariée ni frustrée de ce genre de situation. Ma famille était tout ce qui comptait, et l’Arkéisme aussi.

Quand j’eus cinq ans, le jour de mon anniversaire, mon père m’offrit un Mini-Draco. Il avait économisé pendant des mois pour pouvoir l’adopter à un éleveur du coin. Il était faiblard, probablement le moins cher, aussi, mais qu’importe, je l’aimais de tout mon cœur, moi, qui était pauvre, et qui m’étais toujours serré la ceinture, à ne jamais rien demander.

Le premier, et le seul, accident de ma vie était lorsque j’avais quatorze ans. Nous avions du mal à joindre les deux bouts et la grange était vieille et fragile. Mon père alla y chercher quelque chose, je ne sais plus très bien quoi… Nous avons entendu un bruit alors que nous étions avec les Tauros, et tout s’est effondré. La scène de ce jour est à la fois ancrée à jamais dans mon esprit, et étrangement floue. Ma mère s’est précipitée, et je l’ai suivi, avec quelques secondes de retard. Le temps que les secours arrivent, il était trop tard… Enfin… Mon père était en vie, mais nous n’avions pas l’argent nécessaire pour le soigner comme il se devait. Le peu que nous pouvions faire l’a aidé quelques mois, et nous l’avons perdu un soir d’hiver. Depuis, ma mère et moi essayons de nous en sortir autant que nous pouvions.

Mon Minidraco n’a jamais évolué. A vrai dire, je ne savais pas comment cela se passait, mais au-delà de ça, il était mon meilleur ami. Enfin, elle. Opale, c’était son nom. Elle était magnifique. Je n’ai jamais voulu la voir souffrir, alors je ne l’ai jamais fait combattre. C’était peut-être pour cela qu’elle ne pouvait pas évoluer, et que moi, j’étais si nulle.

Ma vie a changé peu après l’accident de mon père. J’ai découvert les Rangers, et leur travail. Je trouvais ça incroyable, autant que complexe, qu’il existe ce genre de métier. Protéger les Pokémons, c’était ce que je voulais faire. Pourquoi ? J’étais bien plus croyante que ma mère. Je dirais qu’elle a perdu la foi le jour où l’accident s’est produit. Au contraire, cela a renforcé la mienne. Les Pokémons sont les créations d’Arceus, et leur protection est non-négociable. Je ne m’imagine pas vivre dans un monde où chacun maltraite et esclavage les Pokémons sans retenue. Ils sont tous magnifiques, utiles et magiques. Et ils sont uniques, entre espèces. Ils évoluent, se développent, changent. Autant de raison de les aimer que de les protéger. C’est ainsi que j’ai développé une véritable adoration pour Arceus et pour les Pokémons, ainsi qu’un dégoût profond pour ceux qui les maltraitent. L’histoire même de la religion est une preuve des pêchés de l’Homme. Bien que je sois fervente croyante, il est vrai que je ne connais pas l’Arkéisme de Métémé par cœur. Je ne me prétends pas capable de changer le cœur des Hommes, mais simplement de protéger les descendants des créatures divines.

Enfin bref… Lorsque j’ai découvert le rôle des Rangers, j’ai su que c’était ce que je voulais faire de ma vie : aider les Pokémons. En revanche, je savais que je n’avais pas du tout le niveau pour intégrer le cursus. Ainsi donc, après une longue discussion avec ma mère, nous avons décidé que je pouvais étudier. Nous pouvions, car nous avions les finances nécessaires.

Tout d’abord, je me suis mise à étudier les bases des Pokémons : les types, les attaques, les espèces, les formes, les œufs, tout. Et pour commencer, je me suis intéressée à Opale. Je ne savais pas combien de Pokémons n’avaient pas de pattes, autant que je ne savais pas ce dont cette petite était capable. Après, j’ai commencé à étudier les Pokémons « serpents ». Ils étaient hypnotisant… C’est certainement devenu ma catégorie préférée de Pokémons. Ensuite, j’ai élargi mes études au reste des Pokémons, et à tout ce qu’il faut savoir pour devenir Ranger. Et là… Deux ans ont passé.

Deux ans, c’était juste. Lorsque je me suis présentée pour devenir Ranger, j’avais peur d’avoir dépassé l’âge limite, mais non, heureusement ! J’étais à la ramasse, mais j’ai pu entrer dans le cursus de justesse. Un pied dans les études, ma mère décida de vendre la ferme, et de venir avec moi dans les Innerlands. Ce serait plus simple pour moi et elle m’avoua que la vie à la ferme l’embêtait pas mal. Elle a ouvert une boutique de fleurs à Duilleag, tandis que moi, je commençais mes études.

Le début n’a pas été facile… A la ramasse, j’ai eu du mal à me faire des amis. Et la pauvreté de notre famille ne m’aidait pas non plus. Mais je n’étais pas là pour les beaux yeux des étudiants, mais bien pour mon intérêt pour les Pokémons : j’avais un but, et même seule, j’y arriverait. Je me suis enfermée dans une petite bulle, où personne n’avait le droit d’entrer. Mes études étaient ma seule inquiétude, et je pense que j’ai aussi fait fuir ceux qui s’avéraient être amicaux… J’étais en retard, j’étais nulle, mais je pouvais m’améliorer, je n’avais pas le temps pour le reste. Et je ne pouvais pas gâcher les efforts et les sacrifices de ma mère.

Finalement, la dernière année de théorie sonna le glas de la victoire. J’étais désormais l’une des premières de ma promotion, et automatiquement, et probablement car j’étais plus ouverte et joyeuse sans m’en rendre compte, les gens vinrent vers moi. Pour étudier, pour discuter, pour juste sourire et s’amuser. Je ne les comptais plus. J’étais, et je suis toujours, naïve, et je tendais la main sans jamais attendre quelque chose en retour. Certains profitaient de moi pour augmenter leurs notes, mais qu’importe, tant que moi, j’étais toujours fière.

Il s‘en conclut qu’aujourd’hui, la théorie en main, je suis probablement l’une des meilleures. J’ai réussi haut la main tous les examens, mais un hic se présente : la pratique. J’ai désormais un pied dedans, mais je ne sais rien de tout ça. Mon alternance a commencé, et je ne me suis jamais senti si peu confiante. J’en attends beaucoup, et je sais que ça va être difficile, mais ce n’est pas un problème. Je ferais tout pour protéger les Pokémons.

Pour fêter cette réussite, ma mère m’a proposé un Araqua. Un Pokémon que je n’avais jamais vu auparavant. Un client lui a donné en espérant qu’elle puisse s’en occuper. Il est certain qu’elle a dû dire que j’étais une Ranger en devenir, je ne vois pas d’autres explications… Elle est tellement fière de moi… Je n’ai pas pu refuser le Pokémon, et c’est devenu mon second compagnon : Spath. J’espère être à la hauteur de ses attentes. Il m’intimide un peu…

Mon histoire peut sembler floue, mais qui se souvient, au mot près, ce qu’il a vécu il y a des années… ? Je n’ai jamais fait attention à ma propre vie, et pour ne pas vous mentir, je n’ai jamais eu la prétention de faire une biographie jusqu’à aujourd’hui. Il faut bien laisser une trace de nous sur cette terre, non… ? Et on ne va pas se mentir, je le fais parce qu’on m’a obligé à le faire, voilà tout.

D’ailleurs, pendant que j’y pense, pendant mon cursus, j’ai pu en apprendre plus sur les éleveurs. Une question me taraude depuis un moment déjà… Mais ce n’est pas le moment de s’en inquiéter. A terme, je vais devenir aussi éleveuse, pour pouvoir m’occuper des Pokémons et proposer des bébés à l’adoption. Ainsi, le taux de braconnage devrait diminuer, ainsi que les captures sauvages. Cela protègerait la nature, non ? C’est la loi de l’offre et la demande… ? Et puis, ainsi, il y aura plus de Pokémons, de créations divines, sur ces terres.