Keros
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Keros
FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES

En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite

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Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse]

Lily Rose Hamilton
Lowlands
Lily Rose Hamilton
Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Carte_11
Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Miniature_173_EBTout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Miniature_174_EBTout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Oeufsh12Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Miniature_094_LGPE
Pokédollars : 123
Pas de badges
Inventaire : - Charme Chroma
- 1 Pokéball
- 3 Love Ball
- 8 Dés d'Or
- 3 Dés Chroma
- 8 Repousse
- 1 Ticket d'Or
- 2 Pierre Lune
- 1 Baie Guimauve
- 1 Jeton Chance Keros
- 3 Super Bonbon
- 2 CT Fée
Pas de rubans
Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Sam 19 Déc - 23:05


Tout Feu Tout Femme
Aislinn & Saoirse

Horrible. Décidément cette soit disant conférence de presse n'avait été qu'une mascarade. Qui plus ait, Aislinn avait dû abuser de son influence pour avoir le privilège d'y assister. N'étant pas une journaliste accréditée ni même reporter à la chaîne locale, sa présence était pour le moins suspecte. La jeune femme avait naïvement espéré qu'après deux longues heures à supporter le discours religieux du Président - une véritable torture - elle pourrait au moins reprendre sa chance avec la période de question. Comble du malheur, celle-ci n'avait pas eu lieu... Quelle perte de temps.

Maugréant des propos plus grossier les un que les autres entre ses lèvres pincées, la demoiselle dévalait d'un pas rapide les rues de Pryderi. Le claquement sec de ses bottes à talons sur le pavé parvenait presque à étouffer la colère qui grondait dans ses veines. Par chance, peu de gens circulaient sur les trottoirs malgré cette fin d'après-midi. Pour beaucoup de Kerosien, la fête de Breith représentait une tradition ancrée profondément dans leur culture. Les simples citoyens se hâtaient donc généralement de retourner à leur domicile une fois leur quart de travail terminé. Pour Aislinn qui avait depuis longtemps tourné le dos à sa parenté, l'engouement pour cette célébration religieuse était tout sauf présent.

S'arrêtant un instant pour jeter un coup d'œil à sa montre, la journaliste jugea qu'il était trop tôt pour rentrer chez elle et prit plutôt la direction d'un pub qu'elle appréciait. L'ambiance générale et les informations qu'on pouvait y glaner n'avait pas son pareil dans toute la ville. Petit bonus : le bar possédait un superbe jukebox, tout droit importé d'Unys. À peine la porte fut-elle ouverte, qu'Aislinn fut accueillit par l'odeur âpre de la fumée et du malt, la faisant légèrement larmoyer. S'avançant vers le comptoir, elle se laissa choir sur le premier tabouret à sa disposition, ignorant l'homme qui se trouvait à proximité. Déjà ses papilles réclamait le réconfort de son eau de vie, devenue source de joie dans ses jours les plus gris. La journaliste déboutonna le haut de son manteau d'une main tout en faisant signe au serveur de lui préparer un Scotch Whisky sec sans glace de l'autre. La chaleur qui régnait dans le pub pouvait vite devenir étouffante, surtout lorsqu'on ajoutait de l'alcool. Mieux valait éviter de transpirer abondamment pour ensuite se prendre un vent glacial en pleine tête une fois à l'extérieur. Une simple grippe pouvait rapidement se transformer en vilaine pneumonie.

Écoutant le tumulte des conversations d'une oreille distraite, Aislinn s'alluma une cigarette tout en dégustant son breuvage. Un claquement sec et appréciateur de la langue fut sa seule réaction à la suite de sa longue gorgée. Presque instantanément, ses muscles se détendirent et le poids de sa frustration de la journée s'envola de ses épaules. À cet instant, il n'y avait rien de mieux au monde que le rouleau de tabac entre ses doigts et le tournoiement du liquide ambré entre les parois du verre. Malheureusement, cet état de confort fut brusquement rompu avec le bruit d'un corps mou – probablement à cause de tout l'alcool qu'il avait ingérée afin de se donner du courage - qui s'échoua sur le comptoir. Pile entre elle et son voisin Mr. l'Inconnu-premier-arriver.

Une jolie demoiselle comme vous ne devrait pas boire toute seule... Je veux bien lui offrir le plaisir de ma compagnie.

Aislinn haussa un sourcil, légèrement intriguée par le personnage qui se présentait à elle soudainement. Un petit sourire au coin des lèvres, elle souffla son nuage de fumée tout en changeant imperceptiblement de position. Analysant l'homme qui imposait son territoire, la journaliste nota son léger accent – gallien possiblement – et le complet luxueux qu'il ne se gênait pas pour afficher ouvertement. Flairant une possible source d'information, la jeune femme sourit candidement à son interlocuteur, curieuse d'en savoir davantage sur son identité.

Vraiment ? dit-elle en penchant la tête et gloussant bruyamment, tendant la main pour saisir la manche de sa veste, votre costume est superbe et doit certainement provenir d’un tailleur prestigieux...

Tombant dans le piège, l’homme fut plus qu’heureux de satisfaire sa vanité. Redressant les cols de son veston, il lui répondit orgueilleusementv:

Oh, ça l'est. Vous n'avez probablement pas entendu parler de lui, cependant. C'est un tailleur célèbre depuis toujours à Galar. Je possède un terrain là-bas, je pourrais vous y amener.

Captivé par le regard émeraude de la journaliste, l'homme ne portait nullement attention au froissement du tissu sous les doigts de la demoiselle. Pourtant, Aislinn lui faisait bel et bien un numéro de charme d'une hypocrisie sans limite. Car non seulement n'avait-elle aucun intérêt dans la conversation – qui sonnait de plus en plus faux – mais également dans le matériel sous sa main. Bien que l'étoffe semble épaisse et couteuse au premier coup d'œil, le tissage se révéla trop lâche pour être de qualité. Qui plus est, un complet de qualité se devait d'être en laine. Portant la cigarette à ses lèvres et aspirant pour que l'embout rougeoie comme la crinière d'un Némélios , la jeune femme décida de porte le coup de grâce.

Wow, c'est tellement chic ! Badina-t-elle en se penchant négligemment vers l'avant pour mieux appuyer le tison brûlant directement sur le veston.

Comme prévu, la fibre s'embrasa – la laine aurait simplement rétrécit en s'éteignant toute seule – preuve de sa composition majoritairement en coton. Surpris et horrifié, il se redressa en secouant son bras en feu frénétiquement.

Ah ! Mais… Qu’est-ce… ?!

Oh non ! Attendez …  S'exclama-t-elle faussement surprise en jetant à la tête du pauvre homme le contenu de son verre – c'est-à-dire de l'alcool fort. Je vais vous aider...

Évidemment, cela eut pour effet d'intensifier les flammes. Voyant qu'il ne parvenait à rien de la sorte, il retira rapidement son haut pour le piétiner sur le sol. Cette effusion incongru eu tout de même le mérite d'attirer passablement l'attention. Le visage rouge d'humiliation il se tourna enfin vers Aislinn qui, d'un sourire moqueur, le dévisageait en savourant le dénouement de son interrogatoire.

Oh quel dommage...  Fit-elle nullement affligée par son geste ou intimidée par la colère de l'homme qui faisait bien une tête de plus qu'elle. Mes excuses à votre soit-disant tailleur célèbre de Galar.

Serrant les poings, il ramassa ce qui restait de son habit et quitta prestement le bar. En quelques secondes, tous les clients reprirent leur conversation là où ils l'avaient laissé. Dos au comptoir, Aislinn poussa son verre - à présent vide - et se tourna vers son voisin Mr. L'Inconnu-premier-arriver pour lui présenter ses excuses.

Pardon pour cette...  Mima-t-elle en désignant d'une main lasse l'endroit où se tenait l'individu un peu plus tôt. Vraiment... cette journée n'était absolument pas profitable.

Son whisky à présent vide et sa mauvaise humeur revenue face à tant de mauvaises rencontres, Aislinn pensait de plus en plus au confort de son petit appartement. Au moins là-bas entre ses quatre murs – et ses colocs évidemment – il n'y avait pas grand-chose qui pourrait arriver de pire...


Une petite note ici ... ♡


Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] WlaeTout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] I_m_cu10Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Wlae
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Invité
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Re: Tout Feu, Tout Femme [PV Saoirse] Ven 25 Déc - 18:36


Tout feu, tout femme

highlands - pryderi
ft. Aislinn McNeil
Le bruit métallisé de la pièce de deux pokédollars qui tomba dans la machine se noya dans le début tonitruant du disque qui s'était mis à claironner dans le pub. Saoirse observa son œuvre avec contentement, lisant pour son propre plaisir le titre des morceaux qu'il connaissait déjà par cœur et dont il était ravi de pouvoir profiter dans ce lieu public qu'il appréciait tant. Le Branette Jacasseur était à n'en point douter le meilleur pub de tout Keros, et le rendez-vous incontournable des habitants de Pryderi gagnés par la lassitude. Il s'y rendait une à deux fois par semaine, lorsque la solitude se faisait trop pesante. La décoration chaleureuse du lieu, typiquement unysienne, l'avait charmé dès sa première visite… Chaque fois qu'il y mettait les pieds, il lui semblait retourner dans son quartier d'enfance, dans ce petit café de Volucité où son père et lui avaient eu l'habitude de passer quelques soirées peu après ses seize ans. Il y avait souvent amené sa chère Christie, pour boire un verre ou deux de malt capiteux. Le Branette était donc devenu son endroit favori : ce petit coin de Paradis, certes un peu bruyant, le rendait terriblement nostalgique et le rechargeait en bonnes ondes pour le restant de la semaine…

Arrivé depuis plus de trois mois désormais, Saoirse était bien connu du patron du pub. Il l'accueillait d'un sourire amical à chaque fois qu'il franchissait le pas de la porte sous le gloussement du carillon ; alors, le rouquin ne manquait pas de rendre visite au juke-box, faisait tourner un vieux disque de musique soul qu'il ne se lassait jamais d'entendre… Le barman, sans que l'unysien ait besoin de lui demander quoique ce soit, lui préparait alors un Scotch serré, alcool que le jeune homme avait pris en affection dans cette région qui, pourtant, ne le charmait guère… Il prenait finalement place sur un des hauts tabourets du bar, capitonnés de velours rouge, et buvait tranquillement son verre, d'abord du bout des lèvres, puis par petites gorgées… C'était des moments agréables qu'il aimait s'offrir tard dans la soirée, au terme d'une journée de travail éreintante à l'ambassade… Il passait alors en revue sa semaine en tant que formateur et prévoyait mentalement ses prochains cours… 
Son esprit s'attardait de plus en plus sur le cas de Rohann. Il appréciait cet apprenti et s'était fixé pour objectif d'en faire un des meilleurs élèves de l'organisation pour défier les hautes instances avant de quitter le métier la tête haute. Mélange d'orgueil, d'ambition et d'une affection croissante pour le Galarien qui le charmait par sa vive intelligence et son caractère bien trempé. Il lui semblait le considérer comme un petit frère qu'il n'avait jamais eu… C'était quelque part assez agréable, et bientôt, ils partiraient pour une randonnée à deux dans les basses montagnes rouges des Innerlands… Une occasion rêvée pour faire plus facilement connaissance et passer de bons moments loin du cadre professionnel. Si Saoirse aimait que tout file droit, il ne disait pas non à de petites digressions… Et avec Rohann, il désirait avant tout devenir une personne de confiance, sur laquelle il pourrait compter en cas de pépin. À deux et avec un peu d'effort, il obtiendrait son diplôme haut-la-main, et les bavardages incessants des supérieurs n'y pourraient rien changer. Ce n'était pas un peu d'asthme qui le priverait d'une carrière prestigieuse…
N'y avait-il pas dans ce projet une réalisation indirecte de ses propres rêves…? Rêves avortés avec la mort de Christie et qu'il avait longtemps essayé d'éclisper sans jamais y arriver…

Ce soir-là, Saoirse s'était assis à son traditionnel tabouret après avoir enclenché le juke-box sur son disque préféré… Son verre rempli de moitié l'attendait déjà à sa place, accompagné du sourire amical du barman ; il n'avait guère attendu pour le siroter, et n'avait pas vraiment prêté attention à l'élégante dame qui était venue s'asseoir à ses côtés… Sa présence fit seulement naître dans son esprit une pointe de surprise fugace : la gente féminine ne s'aventurait que très rarement dans ce genre de pub… Elle préférait être accompagnée ou s'asseoir à un café du coin, où l'ambiance était nettement plus décente… Bien sûr, ces pensées n'étaient pas celles de Saoirse, mais des échos de ce qu'il avait pu entendre autour de lui. Alors, plutôt que d'être outré par cette présence féminine, il la trouvait au contraire agréable et réjouissante. Le petit cœur de l'Unysien battait depuis bien longtemps pour la cause des femmes. N'était-ce pas sa grand-mère qui avait lutté pour ses droits aux côtés de quelques rebelles dans sa jeunesse ? Une femme forte, ambitieuse qui n'avait pas manqué de lui transmettre ses convictions. Saoirse était un homme moderne, comme on en trouvait peu, et c'était sans doute une de ses plus grandes qualités.
Aussi n'interrompit-il pas le fil de ses pensées pour s'intéresser à l'inconnue, préférant se centrer sur lui-même comme il avait l'habitude de le faire chaque fois qu'il s'établissait au Branette, arrachant quelques bribes de conversation à droite et à gauche, se faisant un avis du monde et de ceux qui l'habitaient gaiement, sans se prendre la tête… Quand il serait fatigué du bruit et de cette exécrable odeur de cigarette qui imprégnait chaque recoin du pub, il règlerait ce cher patron et rentrerait tranquillement chez lui pour une bonne nuit de sommeil… 
Ce soir-là, néanmoins, le destin – ou tout autre entité hasardeuse qui depuis quelques semaines l'entraînait dans des situations pour le moins étranges – décida de faire acte de présence. Dérangé dans ses pensées muettes par l'éclat d'une conversation, il se montra un peu plus curieux qu'à son habitude et prêta l'oreille aux paroles qui s'échangeaient à ses côtés. Dos à lui, la jeune femme, un whisky en main, semblait faire la cour à un homme fort simplet qui n'avait, à première vue, aucune chance. Ridiculement grand, replet, il se tenait droit comme un piquet sur un tabouret trop petit pour lui. Le tableau était pour le moins cocasse et bien peu séduisant. Quand à la dame, ses minauderies ne trompaient personne, excepté ce lourdaud qui ne voyait visiblement pas plus loin que le bout de son nez, aussi grossier qu'un tubercule. Elle tâtait son vilain costume de bien piètre qualité et feignait de croire à une création d'un divin tailleur galarien… Scène comique qui imprima un léger sourire sur le visage habituellement impassible du rouquin. Ces hommes, qui s'apparentaient parfois plus à des Grotichons qu'autre chose, étaient définitivement des imbéciles. À vomir. Il garda un œil distrait sur la situation, songeant à sa chute prochaine… Son regard s'attarda un instant sur la main baladeuse de la grande brune, qui tâtait le complet vert, froissant tantôt le tissu, l'agrippant fermement ou le caressant pour mieux s'en émerveiller… Qu'allait-elle faire ? Fouiller dans ses poches pour en tirer quelques billets…?

Le rouquin était évidemment bien loin de se douter que c'était la cigarette rougeoyante de la jeune femme qui viendrait mettre le feu aux poudres… Sans mauvais jeu de mot. En moins de temps qu'il n'eut fallu pour jeter un cri d'alarme, le veston dont la matière médiocre semblait hautement inflammable s'alluma d'une flamme grandissante qui jeta un voile de terreur dans les yeux porcins du bonhomme.
Un petit rire complice secoua alors les épaules de Saoirse, se changeant en véritable hilarité lorsque la jeune femme jeta littéralement son verre d'alcool à la face de l'homme qui ne manqua pas de la flatter de charmantes insultes après s'être débarrassé de son costume crépitant de flammes… Il disparut du pub avec fracas, vexé et humilié.
Le rouquin le suivit du regard, les yeux mouillés de larmes, et reprit une gorgée de whisky pour calmer son amusement. Il croisa un instant les iris émeraudes de la grande fautive, y lisant sans difficulté toute la satisfaction qu'elle avait pu tirer de cette mauvaise blague, et lui offrit un petit sourire en guise de félicitation, comme pour la remercier d'avoir égayé sa soirée.

Pensant d'ailleurs que l'affaire allait s'arrêter là, il fut bien étonné d'entendre la belle brune lui adresser la parole… Saoirse se permit alors de l'observer plus franchement… Son visage était tout à fait charmant ; un teint porcelaine, une peau sans défaut, de grands yeux surmontés de cils épais, une lueur taquine au fond de ses yeux virides… Et de jolies lèvres admirablement dessinées qui hésitaient visiblement entre une fausse moue désolée et une grimace presque mesquine, tout à fait sadique et comblée.
Le jeune homme laissa échapper un petit rire et secoua vivement la tête, faisant un geste évasif de la main, l'air rieur :

▬ Pas la peine de vous excuser. C'était… Assez drôle, je dois bien l'admettre. Même si la chute était peut-être un peu trop radicale. Enfin ! Un idiot est un idiot. Il n'a eu que ce qu'il méritait.

Finissant joyeusement sa boisson, Saoirse jeta un coup d'œil désolé au verre vide de la demoiselle. Une forte odeur de scotch émanait désormais de la zone où ils étaient tout deux assis. Sans doute le tabouret de l'homme avait-il absorbé l'alcool… Bien heureusement, le Branette Jacasseur en avait vu d'autres. D'ailleurs, si tout le monde s'était interrompu pour observer la scène, personne n'en avait vraiment été étonné, et tous étaient retournés à leurs occupations… Dans les rues de Pryderi, plus rien n'était vraiment incroyable… Des évènements comme celui-ci, il y en avait tous les jours, n'importe quand, et on ne prenait même plus la peine de les relever. Un des employés avait d'ailleurs réagi au quart de tour et était venu récupérer la veste à moitié carbonisée pour la jeter négligemment derrière le bar… Armé d'une serpillère, il lustra le parquet, et tout le monde passa définitivement à autre chose.
Pour accompagner ce mouvement de désintérêt général, Saoirse reprit la parole en désignant le verre vide de la jeune femme :

▬ En fin de compte, fit-il avec un petit sourire taquin aux lèvres, la véritable catastrophe, c'est d'avoir jeté un aussi bon whisky au visage de ce vilain personnage… Il leva son propre godet, où ne subsistaient que quelques gouttes de boisson. Vous me laisseriez vous en offrir un autre ? Et je vous accompagne.

À peine la proposition fut-elle énoncée que son visage pâlit sous le regard intense de la splendide créature qui le dévisageait d'un air impénétrable. Si elle était tout à fait charmante, il ne désirait aucunement se lancer dans un flirt bancal : ce n'était absolument pas son genre, et ces affaires ne l'intéressaient plus depuis un moment… Il aimait sa vie de célibataire, s'y complaisait et s'était même juré que si ce n'était pas Christie, alors ce ne serait personne d'autre… Et cette promesse, Saoirse était tout à fait capable de la tenir. La disparition de sa fiancée avait jeté un froid dans sa vie. Il ne comptait pas la remplacer ; surtout pas par une femme qui lui ressemblait autant… Cette charmante inconnue semblait dotée d'une force de caractère des plus plaisantes… Et c'était ce qu'il préférait chez sa bien-aimée. Une pointe de chagrin étouffé vint pincer son cœur encore douloureux… Il esquissa une petite moue et secoua doucement la tête en ajoutant sur un ton plus sérieux :

▬ C'est entièrement désintéressé. J'ai moi aussi passé une journée difficile… Je veux simplement trinquer à notre mauvaise fortune.

À ces mots, il reprit une figure détendue et sympathique et commande au patron deux verres de Scotch sec avec glaçons.

▬ Saoirse. Et vous ?
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