Day Dream x Night Mare | Solo Event

C'est faussement paisible que Teagan hume une chanson populaire dans la cuisine. Concentrée, elle remue le bouillon de ragoût, feuilletant la recette posée sur le côté comme si elle ne la connaissait pas déjà par coeur.
En fond, la radio grésille et crachote quelques chansons dépassées entrecoupées régulièrement d'informations et de nouvelles alarmantes. La roussotte se force à les laisser passer, à les écouter et à se tenir au courant malgré la boule d'angoisse dans son ventre. C'est que malgré l'étrange épidémie qui s'est emparée de la région, son père est toujours appelé pour le travail.

Elle comprend.
Mais elle déteste.

Alors elle se distrait comme elle peu. Elle n'a jamais autant cuisiné qu'en cette période songe-t-elle amèrement. C'est qu'à part Onyx et Coin-Coin, il n'y a personne avec qui partager et la peur lui fait ressentir le besoin de manger plus que de raison.
Il est difficile de garder pied. Elle n'ose même pas imaginer ce qu'il doit en être pour les médecins et les rangers.

La partie d'elle la moins raisonnable songe qu'au moins eux peuvent agir et faire quelque chose. Qu'ils ne sont pas impuissants cloîtrés chez eux à attendre et espérer que ça passe.
Teagan se mord la lèvre, ajoute des épices et finit par refermer le couvercle de la marmite. Lorsqu'elle n'a plus rien pour occuper ses mains, c'en est trop. Elle change la chaîne de radio jusqu'à en trouver une qui diffuse de la musique.
Là, elle se laisse un peu aller, s'assoit dans la cuisine et elle-... Attends. Laisser son esprit vagabonder lui vient moins naturellement qu'à l'accoutumée, mais elle finit par s'évader un instant. Bercée par une musique pop, elle se laisse divaguer, prendre le rôle d'un personnage de film. Cette fois-ci, il s'agit d'horreur, mais ça elle est l'héroïne et découvre l'origine du mystère avec l'aide de ses amis. La ville sera sauvée et ils resteront héros anonymes mais satisfaits.

Oui, l'idée lui plaît bien.
Il faudrait simplement rajouter plus de détails, étoffer les relations entre les personnages.

L'exercice la rassure et la calme presque lorsque le minuteur sonne. C'est à contre-coeur qu'elle s'arrache de sa rêverie pour surveiller la popotte. Ca sent bont et l'odeur ainsi que l'agitation de la roussotte attire presque immédiatiement le Mangriff. Ce dernier entre en s'étirant mollement dans la cuisine, miaule l'air grave et se positionne à sa place.

C'est Onyx qui comprend le premier qu'il manque quelque chose.

Teagan est encore occupée à régler les derniers détails de sa recette, peut être même ajouter de nouvelles épices pour diversifier les plaisirs, son esprit encore à moitié dans son histoire inventée.
Elle ne remarque pas immédiatement que le matou est seul. Que le bruit de pattes palmées et pataudes ne l'ont pas précédé.

Il lui faut un certain moment pour comprendre que les miaulements d'Onyx ne sont pas les mêmes. Un autre pour fouiller la maison le coeur battant. Leur foyer n'est pas très grand mais les espaces et recoins pour se cacher sont nombreux et Teagan les vérifie plusieurs fois dans le doute.
En panique, elle se remémore les symptômes, craint de retrouver son Psykokwak fiévreux sous un lit. Se décompose lorsqu'elle imagine que c'est peut être pire que ça.

Onyx est devant une fenêtre ouverte – ne l'avait-elle pas fermée ? – et observe l'horizon. Le crépuscule n'est pas encore tombé, mais en cette saison, cela ne saurait tarder. Aucune trace du canard, mais s'il n'est pas dedans alors-...

Teagan blêmit, interroge Onyx du regard. Le Mangriff cligne lentement des yeux, l'air grave et sans un mot, ils se comprennent. Si Coin-Coin n'est pas dedans, alors il est dehors. Et s'il est dehors, ils ne peuvent pas le laisser sans rien faire.

Le coeur battant, la gorge serrées, Teagan attrape une veste et une écharpe. Elle se couvre bien, s'attache les cheveux et improvise un masque avec son écharpe. Elle ignore si cela sera utile, mais tente de se rassurer du mieux qu'elle peut.
Onyx sur ses talons, elle quitte son foyer.

À la recherche de Coin-Coin.