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Taking you home ━ ft. Saoirse
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Mar 15 Déc - 22:01   
Taking you home
Une impatience toute légitime agite le jeune Rohann en ce pâle matin d’hiver. Dans la cour de l’ambassade, emmitouflé dans un manteau épais et à moitié dissimulé derrière une grosse écharpe jaune, le garçon fait les cent pas dans la neige fraîche, y imprimant la semelle de ses chaussures. A ses côtés, droite comme un i, Amy grelotte tandis que Cynder chasse les flocons. A chaque fois qu’une étoile gelée s’échoue sur son museau, elle gonfle le poil et éternue, ce qui semble beaucoup amuser Ash qui rit dans ses pattes à chaque fois. Contrairement à leur Dresseur, les trois Pokémon paraissent beaucoup plus intéressés par la neige tombée durant la nuit que par l’immense Corvaillus perché un peu plus loin. Rohann a bien du mal à détacher son regard de l’impressionnante bête qui lui rappelle tant sa Galar natale. Fier et digne, l’immense oiseau de métal observe son Dresseur occupé à préparer la cabine pour les futurs passagers. Si l’apprenti l’a déjà salué, il n’a pas osé lui tailler une bavette, craignant de le déranger dans son travail. Ainsi se contente-t-il d’attendre l’arrivée de son formateur, pressé de monter à bord de la navette et rejoindre la capitale pour une journée un peu spéciale.

En effet, deux jours auparavant, Saoirse lui annonçait la nouvelle : ils s'envoleront lundi matin pour Bronswick, afin d’aller visiter le siège de la Société de Protection des Pokémon. Si Rohann a beaucoup entendu parler de leurs nobles causes, jamais encore il n’avait eu la chance de mettre un pied dans l’un des centres dispersés dans tout Keros. De ce fait, lorsque Saoirse lui a annoncé qu’ils allaient passer une journée entière dans les locaux principaux…! Rohann a dû faire preuve d’un self-control à toute épreuve pour ne pas bondir de joie comme un Flambino surexcité. Il savait bien qu’un jour ou l’autre il serait amené à approcher la SPP, puisqu’il s’agit d’une branche de la communauté Ranger, mais cela n’a en rien altéré son sentiment. Du coup, tout à sa hâte, il s’est levé bien plus tôt que son réveil et s’est habillé chaudement pour affronter au mieux cette journée. Mais comme d’habitude, Rohann a prévu beaucoup trop large et est arrivé prêt de vingt minutes en avance au point de rendez-vous. Ce qui n’a absolument pas dérangé ses trois compagnons, ravis de s’amuser dans la neige de son bon matin. Et bien qu’ils soient tous les trois à ses côtés, seule Cynder l’accompagnera : Amy est trop sensible pour supporter un tel voyage et Ash est trop dissipé, il risquerait de faire des bêtises. Alors plutôt que les enfermer dans leurs Pokéballs, Rohann préfère leur laisser profiter du domaine de l’ambassade où ils seront en sécurité.

Saoirse apparaît finalement et Rohann se hâte de le rejoindre pour le saluer gaiement. Depuis leur petit accident avec les Grimalin lors de leur premier jour, les deux hommes paraissent beaucoup plus à l’aise l’un envers l’autre. Certes, ils conservent une certaine distance due entre un élève et son professeur, mais tout semble aller comme sur des roulettes. Ce qui n’est pas sans ravir Rohann, craignant d’avoir à faire avec un formateur froid et aigri, auprès duquel chaque cours aurait été un véritable supplice. Ils échangent quelques mots polis avant de se diriger vers la cabine, et Rohann hèle Cynder avant que le pilote ne referme la porte. Quelques instants plus tard, le Corvaillus prend son envol, soulevant les passagers du sol. Habitué à ce moyen de transport, le Galarien ne moufte même pas, se contentant de retenir Cynder glissant sur la banquette. Bientôt, la cabine s’éloigne du Trident de Mhairi et le paysage des Innerlands se dessine à travers les vitres. Rohann y presse aussitôt son visage, admirant avec une joie certaine les plaines et les montagnes. Le voyage dure ainsi près de cinq bonnes heures, occupant ainsi la moitié de leur matinée. Les deux premières heures, ils somnolent un peu, en profitant pour prendre quelques forces pour la journée à venir. Quant au reste du voyage, ils le passent à discuter de tout et rien, continuant ainsi de faire connaissance.

Finalement, il est presque treize heures lorsqu’ils arrivent à Bronswick. Libérés sur la place de la capitale, noire de monde, les deux Rangers n’ont plus qu’à rejoindre le siège de la SPP. N’ayant encore jamais mis un pied dans Bronswick, Rohann ignore tout à fait où ils se trouvent - ainsi préfère-t-il ne pas lâcher son aîné d’une semelle, marchant dans ses pas comme un Charibari aux trousses de sa mère Pachyradja. Cynder dans les bras, il marche à la hauteur de Saoirse avant de pouvoir lui adresser quelques mots :

Nous dormons à l’hôtel ce soir, c’est cela ? Nous y déposons nos affaires maintenant ou nous filons directement à la SPP ?

En vérité, Rohann préférerait qu’ils mangent un petit truc avant, mais n’ose pas l’avouer. Pourtant, son estomac gronde et gargouille, et de délicieuses odeurs l’assaillent de tous les côtés. Même Cynder lève le museau pour les sentir, tout aussi affamée que son Dresseur. Peut-être un repas les attendent-ils à la SPP …? En tout cas, Rohann fait confiance à Saoirse - il a sûrement tout prévu. Du moins, l’espère-t-il. 

 
SaoirseOlsen
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Dim 20 Déc - 18:43   

And then I met you

highlands - bronswick
ft. Rohann
Le premier pas hors de la cabine après plus de trois heures de vol parut comme une véritable libération. Il était encore bien difficile pour Saoirse de s'habituer à ces longs voyages dans le ciel gris et hivernal de Keros. Très terrien, le jeune homme se sentait alors dépossédé de tous ses moyens ; c'était des trajets qu'il subissait quasiment tous les matins et auxquels il lui tardait de mettre une fin, tout en sachant que ce ne serait pas pour tout de suite. Il était néanmoins heureux de pouvoir autant voyager, malgré ce métier de formateur qui lui avait paru comme une véritable prison en prenant ses fonctions. Une première impression qui se révélait majoritairement fausse, mais dont il gardait un goût amer qu'il n'arrivait pas à faire partir… Malheureusement, cette carrière n'avait pas été celle pour laquelle il s'était donné autant de mal, et être réduit à un rôle de professeur alors qu'il était encore en parfaite santé pour des missions sur le terrain refusait de passer. C'était une pilule qu'il essayait tant bien que mal d'avaler sans jamais y parvenir. Aussi avait-il très vite compris qu'il ne servirait à rien de se résigner à ce destin qui lui déplaisait de façon évidente, peu importe les raisons : il serait beaucoup plus judicieux de chercher une solution de repli. Un avenir qu'il construirait à la force de ses bras et de ses convictions. Le projet de refuge pour pokémon prenait ainsi de plus en plus de place dans son esprit en ébullition ; les informations successives sur les actions criminelles des Sealgs, et plus largement des braconniers qui jetaient une ombre sur la région de Keros ne pouvait que plus l'encourager dans cette voie. Il avait ainsi déjà visité quelques fermes dans le sud, pris la température d'une contrée qui lui avait pourtant déplu : entre agriculture industrielle et concurrence, il lui avait semblé impossible de se faire une place dans ce monde fermé, alors que lui, petit Unysien venu pour une carrière de formateur à l'ambassade, désirait se lancer un peu à l'aveuglette dans le monde de l'élevage. Les habitants des villes du sud, fiers, plus fermés qu'ils n'y paraissaient, lui avaient littéralement ri au nez : comment croire un citadin d'Unys qui n'avait jamais mis les pieds dans la boue, après tout ? Encore un jeune qui voulait se donner un genre… Oui, c'était ces pensées qu'il avait pu lire dans la brillance moqueuse de leurs petits yeux éreintés par le travail. Aussi était-il reparti de cette virée infructueuse l'esprit plus que jamais embrouillé, ses idées d'avenir grandiose contrariées… 
Pour autant, c'était bien mal le connaître de penser qu'il abandonnerait aussi facilement un projet dont il avait toujours rêvé, avant même de mettre les pieds dans cette contrée qu'il pouvait justement nommer "la terre de ses ancêtres". Bien sûr, il prendrait le temps d'y réfléchir… Mais l'idée était fixe, inaltérable. Désormais, il était sûr qu'il deviendrait directeur d'un refuge, à ses risques et périls… 
Et même dans son travail actuel, il s'efforçait de trouver des points d'attache avec cet objectif qui se dessinait lentement mais sûrement : c'était  ainsi qu'il avait été ravi de prendre un rendez-vous avec la direction de la Société de Protection pour une visite complète de leurs locaux. Une idée que ses supérieurs avaient salué, étonné de sa motivation nouvelle alors que, quelques semaines plus tôt, le rouquin était passé pour le moins agréable de tous les formateurs. Son petit incident avec Rohann avait d'ailleurs fait beaucoup parler les grands pontes de l'ambassade. Et malgré le rapport léché de l'Unysien, cette première fête dans les bâtiments même de l'organisation n'avait pas fait bonne impression… Bien au contraire. Heureusement, le jeune galarien n'avait pas eu d'effets secondaires à cette méchante aventure, et Saoirse s'en était assuré personnellement, en lui rendant visite régulièrement et en veillant sur lui avec la plus grande attention pendant leurs heures communes.
D'ailleurs, petit à petit, il avait tissé des liens prometteurs avec l'apprenti. Rohann était un garçon tout à fait intéressant. D'une intelligence vive et fine, il ne cessait d'étonner le rouquin qui avait parfois même l'impression de se retrouver face à un petit génie qui valait bien mieux que sa propre jugeotte éraillée. C'était une impression qu'il avait appris à chasser d'un revers de main avec Christie après en avoir discuté de nombreuses fois avec elle… Mais auprès du Galarien, le sentiment de lui être bien inférieur sur certains points demeurait fixe et tout à fait désarçonnant… Il s'y était tout de même accoutumé et parvenait à apprécier ses cours passés en sa compagnie… On pouvait même dire que c'était les moments de sa semaine de travail à l'Ambassade qu'il préférait. Aussi n'avait-il pas hésité en pensant l'amener visiter la SPP. Ce serait sans doute quelque chose qui marquerait à vie le garçon, passionné de Pokémon, et il méritait bien une telle excursion.

Oui, Saoirse éprouvait une certaine sympathie pour son élève. Son regard vif, expressif, qui tranchait avec son visage de porcelaine, lisse et imperturbable, le charmait tout à fait. Bien sûr, il avait toujours en tête d'avoir seulement affaire à l'un de ses élèves. Mais il ressentait une certaine affection pour ce garçon qui, pourtant, lors de leur premier cours, ne lui paraissait pas des plus prometteurs… 
Néanmoins, même les meilleurs pouvaient se tromper, et Saoirse s'était hautement fourvoyé. Désormais, il projetait même de faire tout son possible pour que son élève préféré se détache de la masse. Il trouvait exécrable toute la polémique qui s'était créée autour de Rohann dans l'administration depuis l'incident du gymnase : l'asthme du jeune homme, évidemment soupçonné, avait valu une remise en question de sa place à l'Académie. Le rouquin s'était battu bec et ongles pour qu'aucune décision regrettable ne soit prise. Il avait remporté la bataille, bien sûr. On avait décidé "de lui faire confiance" ; il avait vu dans cette phrase toute faite un véritable défi, un avertissement.
Aussi, son affection naissante pour Rohann s'était chargé d'un orgueil irrépressible : il devait l'amener jusqu'au bout. Faire de lui un excellent ranger en devenir, déjouer les pronostics, faire un pied de nez à ce directeur que, décidément, il ne pouvait pas voir en peinture.
De tout cela, il s'était bien gardé d'en parler au principal intéressé. Inutile d'angoisser le pauvre Rohann qui faisait déjà de son mieux pour sortir du lot. Il faisait confiance en ses capacités, et surtout en sa mémoire et sa capacité de réflexion hors du commun. Sur le plan physique, il l'entraînerait du mieux qu'il pourrait avec des randonnées toutes les trois semaines. Une excellente façon de travailler son endurance, d'apprendre à gérer sa respiration… Bien sûr, il ne parviendrait jamais à eclisper la maladie… Mais il avait confiance en son expertise : avec un peu de patience, beaucoup d'encouragement, et plus de douceur, il était sûr de parvenir à un résultat tout à fait concluant.

À eux deux, ils feraient tout leur possible.
Et dès que l'objectif serait accompli, Saoirse démissionnerait, la tête haute.
Ce serait une vengeance extraordinaire. Ils pleureraient la perte d'un aussi bon élément.

Le plan rodé, il descendit donc confiant du taxi volant emprunté le matin même aux côtés de son petit diamant brut qu'il ne tenait qu'à lui d'affiner, de sculpter pour en faire un joyau exceptionnel. Il prit d'ailleurs ses bagages, les descendit sans qu'il ne puisse rien dire, et lui tendit une main amicale pour l'aider à franchir la petite marche de la cabine. Un sourire vint doucement fleurir ses lèvres, et lorsque Rohann eut rejoint la terre ferme, il alla retrouver le chauffeur auquel il régla la course avec quelques remerciements en supplément, et un petit pour-boire. S'éloignant alors de la cabine, son propre sac sur l'épaule, il avisa la grande place du Capitole qui s'étendait sous leurs yeux, grouillante de monde. Le jeune homme gorgea alors ses poumons compressés par ce trajet dans les airs, en particulier par la peur d'un éventuel crash – peur idiote, certes, mais éventualité quand même – de l'air pur, néanmoins emprunt de senteurs alléchantes de baies maron grillées qui torturèrent un instant son estomac vide.

Bronswick était une capitale magnifique, mais le rouquin avait tissé des liens tout à fait douteux avec elle. Oui, c'était bien non loin de cette place, dans une grande avenue qu'il avait été pris dans le tourbillon inévitable d'une manifestation gallienne. Certes, il avait été subjugué par les idées déclamées sous les toits de la ville, mais il avait beaucoup moins apprécié se trouver projeter sur les trottoirs… La suite, il n'osait même plus y penser tant elle le mettait dans une colère noire, absolument effrayante. Aussi, c'était avec une certaine méfiance qu'il remettait les pieds sur les pavés de cette place emblématique. Après tout, il ne savait pas ce qui pouvait les attendre, et la capitale demeurait assez hermétique à ses yeux : il n'en connaissait que quelques embranchements, boutiques… Le reste lui était totalement opaque.

Pokémon dans leurs pokéballs, il était libre de ses mouvements et aurait heureusement tout le temps de retrouver son chemin à travers les rues labyrinthiques de Bronswick. avec Rohann à ses côtés, ils finiraient bien par trouver le chemin : après tout, le jeune homme n'avait pas un mauvais sens de l'orientation et avait consulté plusieurs cartes avant leur petite virée.
Et d'ailleurs, avant de s'aventurer jusqu'aux locaux de la SPP, il serait sans doute plus sage de trouver l'hôtel où ils passeraient leur nuit. Il avait tout pris en charge, avec les fonds de l'ambassade : la chambre, commune, était réservée. Ils y déposeraient leurs sacs et mangeraient un bout avant de partir pour la SPP… Ou peut-être feraient-ils le contraire ? Manger d'abord, s'installer après.

Saoirse commença à faire quelques mètres sur la place et attendit que Rohann revienne à sa hauteur, talonné de près par Cynder qui semblait tout à fait ravie de découvrir un autre univers que les terrains herbus ou les couloirs de l'ambassade.
Sa question, pleine d'impatience et peut-être même d'une certaine inquiétude – il entendait d'ici son estomac se plaindre – le fit sourire ; il serra doucement l'épaule de son élève et lui répondit d'une voix claire, nettement plus ouverte et agréable que lors de leurs premières conversations :

━ Comme nous mourrons littéralement de faim tout les deux, je vous propose de passer d'abord manger un petit quelque chose… Vous avez le choix : soit nous nous installons dans un petit restaurant de la place, soit nous trouvons une boulangerie pour acheter un petit en-cas. Je n'ai pas de préférence et je règlerai la note, ça me fait plaisir.

Il s'interrompit un instant et chercha dans les poches de sa longue veste d'hiver un petit papier couvert d'une écriture appliquée, tout froissé. Il relut ses notes l'air soucieux et releva plusieurs fois le nez, comme s'il récitait une leçon à demie-voix, examinant les différents embranchements qui reliaient le reste de la ville au Capitole.
Il rangea finalement le post-it dans la chaleur de sa poche et fit quelques pas de plus en avant pour rejoindre le centre saturé de monde de la place, là où s'étendait la mosaïque éclatante d'un Keldeo stylisé.
Le rouquin montra alors du doigts la voie qu'ils devraient suivre, expliquant le trajet au garçon aussi clairement que possible :

━ Ensuite… Nous irons à l'hôtel pour rapidement déposer nos bagages… Ce n'est pas très loin, il suffit simplement de prendre cette grande avenue à l'est du Capitole et de continuer tout droit jusqu'au bout de l'artère… Puis nous essaierons de rallier la SPP… Et je ne vous promets pas d'y arriver du premier coup ! Je ne connais pas très bien Bronswick…

Il pinça doucement ses lèvres, comme le voulait le vilaine manie qu'il avait prise lorsqu'il réfléchissait intensément ou était en proie à un petit dilemme.
Finalement, après un long silence réflexif, il lui demanda sur un ton beaucoup moins assuré :

━ Rohann… Je peux vous poser une question…? Il laissa s'écouler quelques secondes avant de continuer, n'attendant pas vraiment de réponse à sa question oratoire. Je peux vous tutoyer ? Je pense que… À l'avenir, ce serait beaucoup plus simple… Et puis… Vous pouvez faire la même chose, si vous voulez.
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Mar 22 Déc - 18:24   
Taking you home
A peine sorti de la cabine, Rohann est déjà assailli par ces désagréables relents de ville. Pour peu, il se serait cru de retour à Volucité, quand bien même les bâtiments aux allures anciennes ne ressemblent en rien aux hauts buildings de la capitale unysienne. Cela dit, il doit bien avouer qu’il préfère de loin ce style un peu plus rustique, qui paraît bien plus chaleureux. Les façades en fer des bâtiments plus récents n’ont absolument plus aucun charme - du moins, aux yeux de Rohann. C’est d’ailleurs bien pour cela qu’il a toujours préféré sa belle Kickenham à l’impressionnante Winscor, dont l’architecture s’est laissée influencer par les dernières tendances. Il serait mentir de dire que Rohann apprécie réellement ces changements. Certes, le monde évolue et des nouvelles technologies émergent pour apporter un confort de vie aux êtres humains, mais à quel prix ? Les tracteurs et les pesticides prennent de plus en plus la place des animaux dans les champs, pour un travail plus rapide, plus rentable mais bien moins responsable et naturel. Les sociétés abandonnent l’homme au profit de la machine et tout n’est plus qu’une horrible question d’argent. A ce rythme, comment sera la vie dans dix, vingt, trente ans ? L’homme va-t-il finir par céder toutes les tâches aux machines ? A empoisonner les forêts, les champs, les rivières afin d’éloigner les insectes de leurs cultures ? A se déplacer dans ses appareils toujours plus rapides mais de plus en plus polluant ? Le monde serait bien triste, sous cet angle. Ce n’est absolument pas un futur qui ravira Rohann, et c’est bien peu de le dire. Lui, il se voit plutôt vivre au calme, à la campagne, loin de toutes ses agitations tournant autour des nouvelles technologies. Bientôt quoi ? Les téléphones n’auront plus de fil et les voitures voleront ?!

Laissant ses pensées sombres sur les pavés de la place, Rohann se hâte de rejoindre Saoirse afin de demeurer à sa hauteur. Dans cette foule, il aurait tôt fait de le perdre. Heureusement, la haute stature du rouquin le démarque un peu des passants, mais autant ne prendre aucun risque. Curieux quant à leur programme, l’apprenti Ranger ne manque pas l’occasion de questionner son aîné, quitte à paraître un petit peu impatient. Heureusement, Saoirse le gratifie d’un sourire sympathique tout en serrant doucement son épaule. La promesse d’un déjeuner ravie aussitôt l’adolescent qui ne cherche même pas à cacher sa satisfaction. Son estomac gargouille depuis une bonne demi-heure malgré la barre chocolatée engloutie dans le taxi volant. Il jette alors un petit regard à sa montre, tandis que Saoirse étudie un petit papier froissé. Treize heures vingt … S’ils s’aventurent dans un restaurant, aussi petit soit-il, ils risquent d’y passer trop de temps ou bien d’être refoulé par le personnel. Autant jouer la sécurité et se contenter d’un petit sandwich dans la boulangerie la plus proche. Ils n’auront qu’à manger plus consistant ce soir, après une bonne journée de visite dans les locaux de la SPP. Locaux que Saoirse n’est pas certain de trouver facilement, ce qui arrache un léger rire à Rohann. En se renseignant auprès des habitants, ils trouveront forcément leur chemin jusqu’à la SPP. Mais avant de penser si loin, il leur faut se restaurer et déposer leurs affaires à l’hôtel. Le garçon s’apprête donc à partir dans la direction désignée par son aîné lorsque ce dernier le questionne d’un ton quelque peu gêné. Craignant d’abord qu’il lui annonce quelque chose de grave, Rohann retient sa respiration, l’air peu rassuré.

Heureusement, la demande de Saoirse est somme toute simple et compréhensive. Le tutoiement ne le dérange absolument pas, bien au contraire, surtout de la part d’un aîné. Cependant, l’idée d’être si familier avec lui en retour le met quelque peu mal à l’aise. Saoirse est son professeur, n’est-ce pas un peu étrange de le tutoyer comme s’il était un ami ? Certes, il n’a rien d’un vieux enseignant proche de la retraite, mais Rohann ignore s’il est bien sage d’accepter sa proposition. D’un autre côté … Le courant passe bien entre eux, et le garçon l’apprécie sincèrement. Sûrement Saoirse désire-t-il briser définitivement la glace entre eux ? Penchant le pour et le contre pendant quelques instants, Rohann en vient finalement à la conclusion suivante :

Bien sûr, vous pouvez me tutoyer, cela ne me dérange pas. Je dois bien avouer que le contraire me paraît un peu malvenu mais … entre nous, nous pouvons nous soustraire de l’étiquette, j’imagine ?

Un léger voile rosé vient colorer les joues de Rohann. Parfois, quand il parle, il se rend compte à quel point il peut être pompeux. Il ne doit cela qu’à son éducation, inculquée par ses parents afin qu’il donne toujours une bonne impression de lui-même. Mais autant cela est bien vu dans la haute société, autant il paraît très vite pédant. Or, ce n’est absolument pas l’image qu’il veut donner de lui-même. Rohann espère donc que son formateur ne le prendra pas pour un petit bourge intello qui veut se donner des airs. Pour dissiper son malaise, il se gratte un peu la tête et observe les environs. C’est ainsi qu’il repère l’enseigne d’une boulangerie à quelques pas d’ici, provoquant l’excitation de son estomac. Le garçon se hâte donc de désigner l’établissement à Saoirse avant de le rejoindre en quelques enjambées pressées. Autant donné sa position, la boulangerie est déjà assaillie de quelques clients dans les vendeurs sont tellement rapides que la file réduit très rapidement. En quelques minutes à peine, les deux Rangers se retrouvent devant une adorable jeune fille qui s’occupe de leur commande. Rohann jette son dévolu sur un petit sandwich jambon mayonnaise, ainsi qu’une petite bouteille d’eau. Tandis que Saoirse fait son choix, l’adolescent admire les petits entremets alignés dans la vitrine, salivant devant leur beauté et leur gourmandise. Leur déjeuner en poche, ils quittent la boulangerie et rejoignent un banc vide, sur lequel ils s’installent afin de se restaurer. Avant de mordre dans son sandwich, Rohann arrache un petit morceau de jambon qu’il cède à Cynder, qui l'engloutit en quelques secondes, le regard brillant.

Je suis impatient de visiter les locaux de la SPP. J’en ai entendu que du bien depuis que je suis arrivé à Keros. Vou- euh … tu penses qu’ils nous laisseront approcher les Pokémon et nous en occuper ? Je sais que je ne dois pas être trop gourmand non plus, mais je sais que je ne pourrais pas me contenter de simplement regarder.

Qui sait quelles espèces ils auront la chance de voir dans les locaux ? Peut-être des Pokémon rares, venant tout droit d’une autre région ? Néanmoins, Rohann sait qu’il ne doit pas s’attendre à ne voir que des créatures en excellente santé. Certaines sont récupérées dans un état critique, forçant à l'amputation par exemple. Le garçon a notamment entendu parler récemment d’un Rocabot ayant été retrouvé la patte coincée dans un piège à loup. Etant donné la gravité de la blessure, les vétérinaires n’ont pas eu d’autre choix que de couper le membre entier pour éviter tout risque d’infection. Pauvre petite bête … Les Pokémon ne devraient pas avoir à souffrir de la cruauté des hommes. Il pense notamment à sa petite Amy, traumatisée dès son plus jeune âge par des braconniers sans cœur. Comment pouvons-nous être aussi cruel ? Ces gens-là n’ont-ils donc aucune empathie, aucun respect pour la vie …?

Son sandwich terminé, Rohann prend une petite gorgée d’eau. Il serait peut-être temps de se mettre en route vers l’hôtel. Néanmoins, il attend d’abord que Saoirse ait fini de manger - loin de lui l’idée de le déranger pendant son repas. Ainsi attend-t-il patiemment le moment de lever les voiles.

Tout droit jusqu’au bout de l’artère, c’est cela ? Allons-y ! La SPP nous attend.


 
SaoirseOlsen
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Dim 3 Jan - 1:55   

And then I met you

highlands - bronswick
ft. Rohann
Pourquoi le tutoiement ? C'était sans doute un peu étrange, venant de Saoirse, lui, le garçon pétrit de principes et de politesse. Oui, son père l'avait élevé dans la plus fière tradition des us de son temps. Un fier mélange de valeurs unysiennes et kerosiennes, de bonnes manières et d'audace qui faisait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui. Pourtant, ce vouvoiement constant entre lui et son élève le dérangeait. Chose peu habituelle et étonnante.
Alors pourquoi une telle requête ? Pourquoi un tel inconfort ? Il était bien à mal de l'expliquer. Par exemple, il ne se voyait pas le moins du monde demander cela à un autre de ses élèves. Non.
Seulement avec Rohann.
Peut-être parce qu'il passait plus de temps avec lui…? Non, ce n'était pas cela non plus. Seulement une impression : après tout, chacun de ses apprentis avaient le même volume horaire. Mais avec le Galarien, il lui semblait profiter un peu plus facilement des moments passés ensemble. Comme si le monde prenait plus de couleurs. Comme si le temps de ces après-midi, de ces journées ou de ces week-end, il apprenait à appréciait son métier… Et pourtant, il ressentait toujours cette petite gêne entre eux. Comme une légère tension qui gâtait l'atmosphère. Voilà pourquoi Saoirse avait voulu mettre fin au vouvoiement : peut-être était-ce cette barrière qu'il fallait faire sauter pour libérer entièrement leurs rapports ?

Malheureusement, il en doutait. Aussi pensa-t-il qu'au moins, sans le vouvoiement, ils gagneraient du temps et ne tomberaient plus dans des dialogues lourds et ringards, où chaque "vous" mielleux semblait peser plus d'une tonne. Oui, il y avait du bon à ne plus se faire appeler "monsieur" par son élève de dix-huit ans. Après tout, il en avait lui-même seulement vingt-cinq : encore trop jeune pour écoper d'un titre aussi pépérisant… Insupportable. Seuls ses supérieurs devaient l'appeler monsieur. Et les fonctionnaires du service public. Le reste, mis à part les inconnus, n'avaient pas à en faire de même, ou seulement un temps : juste assez pour faire rapidement connaissance. Ensuite, les barrières sautaient facilement.
Saoirse avait des principes, certes, mais seulement jusqu'à un certain point. La politesse et les formalités avaient du bon, mais il fallait savoir s'en libérer de temps à autres.
Aussi fut-il ravi que la réponse de Rohann soit positive. Il lui adressa un petit sourire satisfait et secoua vaguement la tête à l'expression du doute qui le préoccupait :

━ Oui, laissons l'étiquette dans les cartons de l'ambassade, pour l'instant. Elle est vraiment inutile dans les rues de Bronswick : personne ne sait qui nous sommes, et la SPP ne s'en formalisera pas. Tu peux me tutoyer tant que tu veux, et par pitié… Stop avec ce Monsieur Olsen incessant ; je prends dix ans à chaque fois.

Sur ce, il comprit bien vite que si le vouvoiement professionnel s'arrêtait ici entre eux, les devoirs qui leur incombaient, eux, étaient bien partis pour subsister : Rohann n'avait bien évidemment pas choisi l'option restaurant, au grand damn d'un Unysien qui ne cessait, ces temps-ci, d'ingurgiter des sandwich et autres repas froids pour lesquels il développait peu à peu un grand dégoût.
Il lui suivit néanmoins jusqu'à la petite boulangerie à la devanture chaleureuse où étaient affichés fièrement tous les prix, avec quelques dessins de pokémon naïfs qui donnaient un ton enfantin à la petite maisonnée. Quelques clients passaient déjà commande ; assez pour que Saoirse trouve le temps de lire les condiments qui étaient proposés en ce midi passé d'un peu plus d'une heure dès à présent… Il jeta son dévolu sur une quiche traditionnelle de Glenn, fuyant à tout prix ces satanés sandwich qui finissaient par lui donner la nausée.
Leur maigre repas en poche – et la note payée par son porte-monnaie personnel comme il l'avait promis –, ils décidèrent de s'asseoir à une distance respectable l'un de l'autre sur un banc public pour manger tranquillement. Du coin de l'œil, alors qu'il grignotait la pâte de sa part de quiche, le rouquin observait son petit protégé dévorer avec appétit son pain, non sans une certaine tendresse. Il retrouvait dans l'enthousiasme de Rohann l'émerveillement constant dont le gâtait Christie quand ils se promenaient en ville. De temps à autre, le galarien offrait un peu de jambon à Cynder, qui les suivait toujours avec docilité. Lui-même préférait ne pas laisser sortir Tara de sa pokéball : il le ferait une fois arrivés à la SPP. En effet, l'Unysien craignait trop de perdre leurs petites démones dans les rues de Bronswick, et de passer leur après-midi à leur courir après. Un cauchemar qu'il voulait plus que jamais éviter, lui qui avait tout prévu pour offrir une journée divertissante et enrichissante à son élève :

━ Maintenant que nous y sommes, je vais t'en dire plus, répondit-il enfin après avoir avalé sa dernière bouchée de quiche aux champignons. Quand nous avons organisé l'après-midi avec la responsable des visites, elle m'a proposé de nous faire tout d'abord une visite des locaux, et ensuite d'aller aider les bénévoles à donner à manger aux Pokémon puis à apporter les premiers soins aux nouveaux arrivés de la pouponnière. C'est intéressant, non ? Franchement, j'ai plutôt hâte. Moi-même, je n'y ai jamais mis les pieds : ce serait vraiment une belle découverte.

Oui, il était presque tout aussi excité que son élève à l'idée de découvrir les locaux officiels de la plus célèbre association de protection des Pokémon de la région. Saoirse espérait surtout ne pas être déçu par ce qu'il allait voir : découvrir des conditions insalubres dans des bâtiments censés offrir un cadre de vie agréable à des créatures blessées ou abandonnées lui briserait sans doute le cœur : si cela venait à être le cas, il doutait d'être capable de tenir sa langue.
Une fois leur repas terminé, il s'éloignèrent de la place du Capitole où les avait laissés le taxi volant en arrivant, et s'engagèrent dans l'avenue qu'il avait indiquée un peu plus tôt. Une foule modérée se pressait déjà sur les trottoirs alors que des voitures fumantes, klaxonantes, roulaient sur le bitume grisâtre. Les appartements dans un style presque kalosien se rangeaient de chaque côté, majestueux, captant la lumière et la renvoyant dans un éclat tout à fait élégant. Bronswick était une capitale magnifique, le rouquin devait bien l'admettre… Mais cela ne l'empêchait aucunement de se méfier des travers de cette ville, et de regretter la grandeur de Volucité, qui était décidément un tout autre monde, bien plus moderne.
Comme l'avait dit Rohann, l'hôtel était tout droit après cette grosse artère pavée qui se trouvait directement sur leur droite. Ils l'empruntèrent sans attendre, et se postèrent devant une auberge bon marché, qui offrait néanmoins tout le confort nécessaire pour une nuit ou deux en centre ville. Invitant Rohann à entrer, Saoirse se présenta directement au guichet où un jeune réceptionniste aux cheveux noirs gominés en arrière les accueillit gaiement. Demeurant bien plus modéré dans ses intonations, le rouquin rappela le numéro de sa réservation et remercia sincèrement l'homme lorsqu'il lui tendit la clé de leur chambre. Il releva tout de même le regard insistant que ce dernier adressait à Rohann, et dévisagea son élève avec un voile d'incompréhension au fond du regard : avait-il un bout de pizza sur le visage…? Étrange.

Ils montèrent quatre à quatre les escaliers qui figuraient dans la salle d'accueil, l'ascenseur n'étant pas présent dans cet établissement, et débouchèrent sur un étage lumineux, percé de multiples fenêtres et de portes toutes semblables, où seuls les numéros venaient à changer.
L'Unysien gravit le couloir d'un pas décidé et rapide, et planta la clé dans la serrure de leur chambre sans attendre : le battant s'entrouvrit ; il le poussa plus franchement et laissa entrer le Galarien en premier dans une petite pièce des plus banales, aux murs tapissés d'un papier peint assez sombre et entêtant. Deux petits lits se faisaient face, séparés par des tables de chevet. Un épais tapis jonchait le sol ; le lustre n'était qu'une coupole qui diffusait une lumière blanche d'hôpital dans la pièce. Au fond, face à l'entrée, une petite fenêtre, déjà entrouverte.

Saoirse suivit son élève et déposa son sac sur un lit, observant les lieux d'un œil critique :
━ Eh bien… Ce n'est pas horrible : je m'atrendais à pire. Il tâte le matelas, pour se faire un avis, avant de reprendre sur un ton satisfait.Franchement, c'est même plutôt bien. Je suis content. Les lits m'ont l'air confortable. Il sourit et interrogea Rohann du regard. Qu'en penses-tu ? J'espère que dormir ensemble ne te dérange pas… D'ailleurs, t'as une idée de pourquoi le groom te regardait comme ça…? À croise que tu lui apparaissais comme une véritable révélation !

Un petit rire amusé franchit ses lèvres, et il s'éloigna du lit pour aller ouvrir la petite porte grinçante qui menait à la salle de bain… Une douche, des toilettes, un lavabo… Le stric nécessaire. Oui, décidément, c'était parfait. Très propre.
Le rouquin s'intéressa alors à une carte qui était affichée sur le mur en face de leurs lits… Après une courte recherche silencieuse, il pointa un index décisif sur un gros bâtiment évidemment vu du ciel.

━ Viens voir, Rohann. Ça c'est la SPP, et nous sommes… Ici ! Ça va, ce n'est pas loin du tout. En cinq minutes, nous y sommes… À gauche… À droit… Encore à droite au second tournant… Et tout droit jusqu'au bout. On décolle quand tu veux !
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Dim 10 Jan - 21:12   
Taking you home
Malgré son impatience palpable, Rohann demeure tranquillement assis sur son banc, Cynder sur les genoux. Son sandwich n’a pas fait long feu entre ses doigts tant la faim tiraillait son estomac. Pourtant, le Galarien n’a jamais été un grand mangeur, loin de là. Il tient plus de l’appétit de Nirondelle que de Lougaroc, et un seul petit sandwich au jambon suffira à contenter son estomac jusqu’au dîner. Lorsqu’il était plus jeune, ses parents se sont beaucoup inquiétés de cet appétit léger, d’autant que Rohann a toujours été un poids plume. Pourtant, il n’a jamais eu le moindre problème de santé lié à tout cela. Il a seulement un petit estomac, qui se contente largement de peu. Si l’apprenti Ranger a le malheur de céder à la gourmandise et d’ingurgiter un peu plus de nourriture que d’habitude, ses ballonnements sont si douloureux qu’il doit s’allonger jusqu’à ce qu’ils s’apaisent. Mais Rohann n’étant pas vraiment du genre à apprécier rester sur place trop longtemps, il préfère ne pas jouer avec les limites de son estomac. La plupart du temps, il ne mange jamais de dessert lorsqu’il dîne au restaurant, les portions servies lui apparaissant toujours gargantuesques. Il préfère largement une tasse de thé à une glace ou une part de gâteau.

Néanmoins, le thé devra attendre cette fois-ci. Peut-être le personnel de la SPP les accueilleront-elles avec quelques boissons chaudes ? Si Rohann a surtout hâte de rencontrer les Pokémon, il compte bien donner bonne impression aux travailleurs du refuge. Hors de question de passer pour un malotru, il tient à leur paraître naturel et sympathique. Il espère y parvenir, parce qu’il paraît qu’il renvoie une image plutôt froide et hautaine. Cela n’a évidemment jamais été son but, mais sa grande timide est souvent confondue avec une attitude désagréable. En tout cas, plus Saoirse lui parle de ce qui les attend, plus Rohann trépigne d’impatience. Nourrir les pensionnaires et donner les premiers soins aux résidents de la pouponnière promet de le gâter en moment inoubliable. Si l’apprenti n’écoutait que lui, il sauterait même l’étape de l’hôtel, mais il faut bien qu’ils y déposent leurs affaires s’ils ne veulent pas s’encombrer inutilement lors de leur après-midi. Ainsi ronge-t-il son frein. Encore un peu de patience.

Finalement, les deux rangers quittent leur banc et se joignent à la foule sillonnant les trottoirs de la ville. Curieux, Rohann laisse balader son regard tout autour de lui, appréciant l’architecture de Bronswick, très semblable aux bâtiments typiques de sa belle Galar. S’il lui faut parfois jouer des coudes pour progresser parmi les passants, Rohann n’éprouve pas de réelle difficulté à progresser. Bientôt, les deux hommes arrivent devant une auberge à la devanture agréable, et y pénètrent sans attendre. Là, ils sont accueillis par un réceptionniste beaucoup trop enthousiaste pour être honnête. Tandis que Saoirse se charge de communiquer son numéro de réservation, l’adolescent admire la décoration intérieure. L’aspect cottage est chaleureux et agréable : s’il n’écoutait que lui, il se laisserait tomber dans les grands canapés en velours vert sapins faisant face à la cheminée crépitante. C’est en dirigeant à nouveau son regard vers le réceptionniste qu’il avise son air intéressé, dégoûtant. Frissonnant de la tête aux pieds, Rohann baisse rapidement la tête et se hâte de s’en aller à la suite du regard, sentant cependant le regard de ce Gruikui lui brûler la nuque.

C’est quelque peu perturbé par cela que l’adolescent pénètre dans la chambre en premier. Il ne s’intéresse ni à la décoration, ni aux couchages, ni même à la vue depuis la grande fenêtre de la chambre. Son estomac s’est retourné d’un coup et une terrible envie de vomir pèse sur sa gorge. Blême, il s’assoit sur le rebord du lit le plus proche de la fenêtre et essaie d’effacer cette image de la tête. Qu’un homme adulte, d’au moins la cinquantaine, ose le regarder de la sorte … il en ressent des frissons jusque dans sa nuque. C’est à peine s’il entend Saoirse qui se lance dans un état des lieux de la chambre. Mais lorsque rouquin fait allusion au groom, l'apprenti sent une boule se former dans sa gorge. Alors il l'a remarqué, lui aussi ? Il ne s'est pas fait des films ? Parfois, Rohann redoute sa propre paranoïa, qui lui fait voir ou croire des choses qui n'ont pas lieu d'être. Alors il dégluti, se frotte un peu le visage, et répond d'une voix éteinte :

Hmm ? Je n'ai rien remarqué de spécial. Peut-être que mon accent l'a un peu gêné.

Tandis que le rouquin part explorer la salle de bain attenante, Rohann s’approche de la fenêtre ouverte et avale une bouffée d’air frais à plein poumon. Ces derniers ne semblent pas vraiment apprécier, mais au moins l’adolescent sent-il ses nausées s’apaiser. De toute façon, tant que Saoirse sera avec lui, il ne risquera rien. Il en est persuadé. Alors autant ne pas laisser cet affreux groom hanter son esprit. Une après-midi inoubliable l’attend à quelques minutes de marche. Hors de question de lui laisser gâcher tout ça.

C’est donc un peu plus apaisé qu’il rejoint Saoirse, planté devant une carte de Bronswick épinglé au mur. Du bout de son index, le formateur désigne l’auberge, puis les locaux de la SPP. En effet, ils ne sont vraiment pas loin du tout. Quelques minutes de marche, tout au plus. Satisfait par cette constatation, l’apprenti adresse un sourire à son professeur :

Je récupère juste mon sac à dos et nous pouvons y aller.

Hors de question d’aller où que ce soit sans ses papiers, son portefeuille et son carnet de croquis. SI Rohann doute avoir le temps de dessiner quoi que ce soit, c’est devenu une habitude de l’emmener partout où il va. Ainsi se hâte-t-il d’ouvrir sa valise afin de récupérer son sac. S’il semble avoir quelques années derrière lui, les coutures tiennent le coup et prouvent leur qualité. Il a coûté une petite fortune à monsieur Brooke a l’époque, mais l’investissement en a valu le coup : voilà bien cinq ans que Rohann le promène à droite à gauche. Il se hâte donc de le jeter sur son épaule avant de rejoindre la sortie, précédé par Saoirse. En passant le vestibule, il n’accorde pas un traître regard au groom et rejoint l’extérieur avec une joie qu’il n’essaie même pas de cacher. Même s’il fait relativement frais, Rohann apprécie sentir la légère brise sur ses joues. D’un regard, il confirme la direction à prendre auprès de son formateur, puis se lance dans les rues de Bronswick.

Comme ils l’avaient prévu, les deux Rangers atteignent les locaux de la SPP en quelques minutes à peine. En avisant le grand portail en bois, Rohann s’attend à des locaux aussi rustiques, faits de cabanes et autres installations de fortune. Et pourtant, ce sont des bâtiments en pierre et à l’allure récente qui se présentent à eux. Tandis qu’ils se dirigent vers le bureau d’accueil, Rohann aperçoit un groupe de Voltoutou occupé à se courser dans un enclos herbu parsemé de divers jouets. Parmi eux se retrouve même un Caninos se disputant une corde avec un Medhyena. L’apprenti Ranger aurait pu passer des heures à simplement les observer si une femme ne s’était pas présentée à eux. Grande, les cheveux châtains et frisés, elle paraît avoir la quarantaine, pas plus. Sa bienveillance brille dans ses prunelles brunes tandis qu’elle serre la main des deux Rangers, un petit Bibichut occupant son bras gauche.

Bienvenue chez nous messieurs ! Je suis Cynthia, je vais vous accompagner tout au long de cet après-midi à la SPP. Commençons directement, la visite, suivez-moi.

Rohann échange avec Saoirse un regard ravi avant de marcher dans les pas de Cynthia, qui les mène tout d’abord près des enclos extérieurs. Là, une grande parcelle est divisée en plusieurs terrains, où s’amusent des Pokémon de toutes espèces. Cynthia leur explique alors que les groupes sont formés par groupe œuf, puis par affinité. Ils évitent évidemment de réunir des espèces qui risqueraient de très mal cohabiter, comme les Venipatte et les Grillepattes, ou bien les Flambino et les Goupilou. Des étoiles plein les yeux, Rohann admire les Pokémon, constatant avec plaisir la qualité de leurs conditions de vie. Ils jouissent de terrains aux surfaces larges et tapissés d’herbe. Certes, certains endroits sont à nu à cause du passage régulier des Pokémon mais au moins ne pataugent-ils pas dans de la boue gluante. De plus, ils possèdent des nouveaux jouets et autres installations correspondants à leur besoin. En attendant d’être adoptés, ils ne manquent vraiment de rien. Et pour Rohann, c’est vraiment important pour l’équilibre mental de tous ces Pokémon, dont certains ont connu des événements tragiques ou des abandons malheureux ...



 
SaoirseOlsen
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Ven 15 Jan - 18:51   

Taking you home

highlands - bronswick
ft. Rohann
Si Rohann n'avait étrangement pas perçu le regard insistant du groom, ce ne fut certainement pas le cas de Saoirse lorsqu'ils redescendirent pour rejoindre la SPP. L'homme fit de nouveau peser un œil noir sur la tête grise du jeune homme, et le rouquin ne manqua pas de le flatter d'une œillade assassine. Quelle mouche avait pu le piquer, celui-ci ? Ces Kerosiens étaient définitivement bien étranges… Saoirse les envisageait avec un mépris grandissant qui ne cessait de se charger d'une profonde amertume. S'il avait pensé se faire à la vie kerosienne en arrivant dans cette région, il s'était visiblement trompé. En effet, malgré de longs mois passés sur ces terres ancestrales, tissées de cultures et pétries de principes qui ne lui convenaient guère, il ressentait toujours un profond mal du pays et rêvait de revoir les grands buildings de Volucité. Tout lui manquait ; l'ambiance, l'accent, les musiques, l'architecture, la nourriture… Et perdu dans les rues de cette capitale qu'il trouvait beaucoup trop classique, il mesurait grandement sa perte et regrettait plus que jamais avoir quitté sa région natale. Désormais, y retourner serait une erreur. Du moins après seulement quelques mois passés à l'étranger… Au bout de deux ou trois ans, il pourrait peut-être y songer, mais certainement pas avant. Une perte d'argent et de temps, et puis, il n'avait pas le courage de revoir son père affaibli par sa scoliose, ainsi que la famille de Christie, qu'il avait laissée derrière lui dans le deuil et la douleur.
Alors, Keros était sa seule solution. Son avenir proche. Peut-être pas lointain. Mais proche, c'était certain. Et l'idée, par ailleurs, ne le ravissait guère.

Pour autant, ce jour-là, il se sentait étonnamment bien. Oui, c'était même un certain entrain qu'il sentait là, gonflant sa poitrine. Et chaque fois qu'il posait son regard noisette sur la figure juvénile de son élève, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il était sincèrement heureux de le voir aussi motivé, aussi intéressé par ce cours d'école buissonnière. Ils savaient autant l'un que l'autre qu'ils n'auraient sans doute plus l'occasion de visiter la SPP de fond en comble comme ils allaient le faire cette après-midi, et cette pensée les animait d'un sentiment d’allégresse qui perçait leurs visages clairs, capturant la faible lumière de ce soleil d'hiver.
L'immense bâtisse de l'association leur apparut après quelques minutes de marche, au cours desquelles ils avaient laissé s'épanouir un silence religieux, néanmoins dénué de tout embarras, autant l'un que l'autre plongés dans leurs pensées tortueuses. Ils s'étaient enfoncés dans un petit parc luxuriant de Bronswick, dont les arbres, sans doute pour la plupart cinquantenaires, étendaient leurs ramures jusqu'au ciel, comme s'il s'épaulaient les uns les autres, fendant la lumière diffuse en quelques raies régulières qui éclairaient faiblement le chemin de terre… Sous leurs chaussures, le gravier craquait doucement, petit murmure de ces routes sinueuses qui menaient souvent à des lieus enchantés…
Un portail de bois, massif, impressionnant et couvert d'un lierre vivace, les accueillit finalement. Saoirse l'ouvrit et laissa passer son apprenti en premier, admirant la bâtisse, jusqu'alors en grande partie dissimulée derrière d'immenses pins qui humaient bon dans tout le parc. C'était un petit manoir, en pierre sèche et claire, qui malgré une évidente architecture traditionnelle, semblait tout à fait moderne et en excellent état : une verrière, notamment, constituait l'entrée, et les grandes fenêtres vitrées de l'étage, qui donnaient sans doute sur les bureaux de l'administration, lui attribuaient une figure tout à fait unique qui plut beaucoup à Saoirse, grand amateur de décoration d'intérieur et d'architecture.
Ils s'avancèrent donc dans l'allée, plantée de fleurs timides, et pénétrèrent dans ce qui semblait être l'accueil, tout à fait spacieux, qui semblait d'ailleurs donner sur une cours intérieure contenant un immense enclos où s'amusaient de jeunes Pokémon, gâtés de jouets qu'ils se disputaient malicieusement.
Un léger sourire étira finement les lèvres de l'Unysien, heureux de constater que cette structure semblait offrir tout le confort nécessaire à ses petits protégés… Bien sûr, ce n'était là qu'un premier aperçu, et il était sans doute bon de s'en méfier. mais, tout de même, c'était un bon début.

Ce fut une grande femme d'âge mûr, à la tignasse brune et bouclée, qui les accueillit après quelques minutes d'attente à la demande de la réceptionniste.
Le rouquin la salut respectueusement et lui serra la main comme le voulait la politesse. Sans tergiverser plus longtemps, ils se lancèrent donc la visite, sillonnant l'intégralité du bâtiment et passant un peu de temps dans chaque salle pour être à même d'admirer la diversité des espèces et des aménagements.
Saoirse découvrit avec curiosité les jardins à l'arrière du manoir, petit bois touffu et terrains libres compartimentés pour accueillir différents groupes de Pokémon particulièrement vivants et excités à la vue de ces nouveaux visiteurs. Il n'y avait décidément rien à dire : tout était parfait, et peut-être même mieux que ce qu'il avait pu imaginer. À plusieurs reprises, il remercia donc Cynthia, leur guide, pour ses présentations claires et passionnantes, et lui donna la réplique à mesure que les questions lui venaient.
Finalement, après avoir parcouru le bureau du dépôt de plaintes et salué les bénévoles et employés de la maisonnée, la grande brune annonça leur réserver le meilleur pour la fin. Très intrigués, Rohann autant que Saoirse la suivirent sans rechigner, et se retrouvèrent de nouveau dans l'immense bois intérieur, pour se diriger sous le feuillage de quelques pains, quadrillés d'un nouvel enclos :

━ Et voici l'enclos de nos résidents les plus fragiles. Ce sont des Pokémon soit très craintifs, soit malades, blessés, ou parfois… Incapable de se débrouiller pour des raisons obscures ! Nous allons aider John et Stephen à leur donner à manger.

Comme des enfants, tout à fait ravis, les deux invités se prirent facilement au jeu et se chargèrent de toute la nourriture que voulurent bien leur donner les bénévoles en charge des soins dans cet immense enclos.
Sur leur passage, les Pokémon se cachaient dans les fourrés ou les toisaient de leurs petits yeux intrigués. Bientôt, ils croisèrent le chemin d'une petite Malosse visiblement malvoyante qui renifla gentiment leurs pieds et aboya de contentement, courant autour d'eux et trébuchant dans son excitation. Le rouquin se mit à rire de bon cœur et lança un petit regard complice à son élève, lui souriant largement lorsque la petite demoiselle lui réclama quelques caresses, au grand damn de sa Flamiaou :

━ Eh bien ! Quel succès, ranger ! Je crois qu'elle t'aime bien. Tu dois avoir une odeur rassurante.

Il tapota gentiment l'école de Rohann et s'éloigna un peu pour disperser quelques graines de tournesol dans l'herbe. La voix de Cynthia l'interpela, et il se retourna vivement en entendant son grand rire, à gorge déployée :

━ Eole ! Ça suffit. Laisse-moi tranquille, enfin !

L'unysien découvrit avec hilarité un petit Granivol qui s'était niché dans la tignasse volumineuse de l'employée, piaillant fort, réjoui par son petit manège. Désespérément, elle essayait de le retirer de ses cheveux, sans pour autant y parvenir. Chevalier servant et souriant de la malice du Pokémon, Saoirse posa par terre les provisions et vint à la rescousse de leur guide, prenant doucement le Granivol dans ses bras et lui faisant quelques chatouilles pour le punir. La créature, joueuse, se bidonnant gaiement, parvint à lui échapper et trouva nouveau perchoir dans la chevelure rousse et ondulée du jeune homme qui poussa un petit soupir factice, plus qu'amusé par cette situation, rejoint par Cynthia qui exhorta le Granivol à le libérer –en vain– :

━ Rohann ! Regarde, je me suis transformé en perchoir ~

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Jeu 21 Jan - 14:02   
Taking you home
Les yeux plein d’étoiles, Rohann se prête à la visite avec un plaisir qu’il ne cherche même pas à dissimuler. A chaque fois que son regard tombe sur un Pokémon, il étire un long sourire béat et se retient d’aller le couvrir de caresse. Heureusement, la présence de ses aînés le force un peu à se canaliser afin de ne pas paraître impoli ou dissipé. Ainsi prête-t-il une oreille très attentive aux explications de Cynthia, qui les guide à travers toute la propriété. Ils croisent même le chemin d’employés et de bénévoles qui les saluent chaleureusement, visiblement ravis de rencontrer des Rangers directement au sein de leurs locaux. Rohann a même le temps d’échanger quelques mots avec une étudiante de Pryderi qui destine quelques heures de son temps libre aux résidents. La SPP lui apparaît ainsi comme une grande famille unie, ce qui le charme sincèrement. Ce n’est qu’après une présentation détaillée du bureau des plaintes que Cynthia leur annonce qu’il reste le bouquet final. Quelque peu excité par la promesse faite par son formateur un peu plus tôt dans la journée, Rohann trépigne sur place en devinant ce qui les attend. Ils vont enfin pouvoir s’approcher des résidents et toucher du doigt la réalité du métier !

Cynthia les guide ainsi dans un petit bois sentant fort le pin. Bientôt apparut un nouvel enclos, dans lequel Rohann aperçoit déjà quelques petites créatures … qui se sauvent dès qu’ils s’approchent. Une légère moue déforme les traits du garçon, mais il retrouve tout son aplomb aux explications de Cynthia. La plupart de ces Pokémon ont sûrement connu des débuts de vie difficiles … leur crainte est donc toute justifiée. Ainsi Rohann s'assure d'adopter un comportement calme et serein, demeurant auprès des adultes sans céder à la tentation d’aller câliner le premier Pokémon venu. Il attrape plutôt la nourriture proposée par les bénévoles afin de procéder aux nourrissages des pensionnaires. Appliquant les conseils des responsables à la lettre, le garçon verse quelques croquettes dans les gamelles vides et répand des graines à même le sol. C’est alors qu’une Malosse surgit de nulle part et s’approche des deux Rangers en jappant joyeusement, sa courte queue remuant vivement dans son dos. Rohann se hâte de s’abaisser à sa hauteur et de tendre gentiment sa main à la jolie chienne, qui n’hésite pas un seul instant à lécher ses doigts avec plaisir.

Et tandis que Rohann fait la connaissance de la Malosse, un petit Granivol très joueur passe d’une tête à l’autre en riant, malicieux. A l’appel de son formateur, l’apprenti ranger jette un regard par-dessus son épaule et pouffe en avisant le Pokémon enfui dans sa chevelure rousse, visiblement très à son aise ainsi perché. Rohann rejoint son aîné en quelques enjambées et offre une poignée de grains au Granivol, qui les engloutit avec gourmandise. A ses pieds, la petite Malosse s’est sagement assise, comme attendant sa propre pitance.

Il t’aime bien on dirait. Je trouve que vous allez bien ensemble !

Hilare, Rohann sourit à son formateur avant de sentir les coussinets de la Malosse contre sa cuisse. Dressée sur ses pattes arrières, elle gratte doucement son pantalon en haletant de bonheur. Définitivement charmé, l’adolescent s’abaisse à nouveau à sa hauteur, lui offrant quelques caresses entre les oreilles avant de lui céder une poignée de croquettes. La chienne renifle tout son bras avant de repérer la nourriture au creux de sa main et de s’en délecter avec plaisir. Quelque peu étonné par ce drôle de comportement, Rohann lève les yeux en direction de Cynthia, qui n’attend aucune question de sa part pour lui fournir les informations concernant l’état de la Malosse :

Una est malvoyante. Elle était destinée aux rangs de la police mais avec ce handicap, elle n’a pas passé le contrôle vétérinaire. C’est dommage parce qu’elle est tellement volontaire …! Nous avons bien du mal à lui trouver un foyer à cause de cela.

Touché par l’histoire de la jeune créature, Rohann flatte doucement son pelage noir - ce que la chienne semble appréciée, parce qu’elle se prête gaiement aux caresses. Elle roule même sur le dos, les quatre fers en l’air, pour réclamer des gratouilles sur le ventre. Et il n’en faut pas plus à Rohann pour la couvrir de tendresse, sous le regard quelque peu jaloux de Cynder. Depuis leur arrivée dans l’enclos, elle n’a pas quitté son dresseur d’une semelle, laissant peser un regard noir sur les autres Pokémon. Mais Una ne semble absolument pas en être dérangée, au contraire. Malgré sa nature canine, elle n’a pas essayé un seul instant de courser la Flamiaou.

Tu es vraiment adorable toi… Je ne comprends pas que personne ne veuille t’adopter. Si je pouvais, je te ramènerais avec moi.

Le léger glapissement qui échappe à Una termine de briser le coeur de Rohann. La gorge serrée, il se relève et fuit le regard de la Malosse, qui ne paraît pas comprendre. L’adolescent aurait aimé la gratouiller ainsi pendant des heures et des heures mais il ne peut pas se le permettre. Car plus il fait glisser ses doigts sur le pelage ébène de l’animal, puis il s’y attache. Or, il ne le faut pas, car cela rendrait la séparation beaucoup trop douloureuse. A quoi bon se faire autant de mal ? D’autant qu’il ne faut absolument pas faire de faux espoirs à Una. La pauvre créature doit rêver de son nouveau propriétaire jour et nuit - il serait malvenu de la faire espérer en vain. Ainsi le garçon reprend-t-il le nourrissage sans grand entrain, regrettant presque d’avoir mis les pieds dans cet enclos. Il aurait dû s’en douter, pourtant. Sa sensibilité vis-à-vis des Pokémon est beaucoup trop élevée pour qu’il demeure insensible à tout cela. Una, particulièrement, l’a énormément touché. Mais Saoirse a été clair avec lui lorsqu’il a planifié cette visite : ils sont là pour se rendre compte du quotidien des pensionnaires, pas pour adopter. Et pourtant … S’il le pouvait, il repartirait avec la petite chienne noire sous le bras.

Rohann sent alors une douce chaleur contre sa cheville et en baissant les yeux, il croise le regard ambré de Cynder. La chatte pousse un petit miaulement, celui qu’elle lui destine à chaque fois qu’elle le sent patraque. Le garçon tente un sourire, mais il se transforme vite en une drôle de grimace. Il a beau essayer de garder la face, c’est vraiment difficile pour lui de refouler ses sentiments. Et lorsque Una se pointe à nouveau devant lui, sa petite queue s’agitant dans tous les sens, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ses yeux se remplissent de larmes et après un hoquet qu’il a pourtant tenté de ravaler, le voilà qui se met à sangloter en se baissant à la hauteur des deux Pokémon. Una semble chercher sa main, et Cynder la guide doucement du bout du museau. En sentant la langue chaude de la chienne contre sa paume, Rohann se sent frissonner. La Malosse a tellement besoin d’amour … une merveille pareille devrait profiter d’un foyer chaleureux et de tendres caresses. Rohann ne la pense pas malheureuse ici mais … sûrement Una aspire-t-elle a une toute autre vie.

Rohann sursaute lorsqu’une main se pose sur son épaule et, en regardant derrière lui, il croise le regard de Cynthia :

Una te touche n’est-ce pas ? Tu sais … même si vous n’êtes pas venu adopter, je refuse de priver mes pensionnaires d’une vie meilleure. Alors si vous voulez rester ensemble, je suis prête à te la confier. Du moins, si ton formateur de l’autorise.

Ni une ni deux, Rohann attrape doucement Una dans ses bras et lève un regard larmoyant vers Saoirse. Il faut bien être honnête, il cherche totalement à l’amadouer. Et même la Malosse s’y met ! Blottie dans les bras de l’adolescent, elle gâte son menton de tendres léchouilles, le chatouillant doucement. Un léger rire échappe à l’apprenti alors qu’il serre davantage le petit corps chaud contre son torse. Le coup de foudre a été immédiat entre eux, Rohann l’a ressenti dans toutes les fibres de son corps. Ainsi s’approche-t-il de son aîné, et d’une voix sûre, se lance dans une argumentation sincère dans le but d’obtenir son accord. D’abord, Rohann craint que Saoirse ne refuse - mais le sourire qui illumine le visage de son aîné vaut mieux que mille mots. Fou de joie, le jeune homme fait tournoyer l’animal dans ses bras, lui arrachant des glapissements joyeux. Ainsi le petit groupe rejoint-il l’accueil avant de procéder à toute la paperasse d’adoption. Rohann signe ainsi quelques documents et verse un montant participatif à l’association en guise de frais d’adoption. Les papiers réglés, Una est définitivement enregistrée comme appartenant à monsieur Rohann Brooke.

Le reste de la journée, les deux Rangers la passe à s’amuser avec les Pokémon du refuge ou à discuter avec le personnel, employé comme bénévole. A leur contact, Rohann apprend énormément et réalise à quel point ces personnes s’investissent dans la cause Pokémon. C’est donc les yeux plein d'étoiles et le cœur comblé d’amour qu’il quitte la SPP en fin d’après-midi, la petite Una à ses côtés. C’est une nouvelle aventure qui commence pour Rohann, et quelque chose lui dit qu’elle sera haute en couleur !


 
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