Aliokhine Nina

Histoire

Les parents de Nina ont fui leur région natale pour échapper à un régime qui les opprimait, tout ça pour se retrouver dans une pauvreté assez similaire à Keros. Au moins ils ne risquaient plus d'être vus comme de potentiels opposants. Installés dans la ville hantée de Doon, le père travaillait à la mine, tandis que la mère poursuivait sa grossesse tranquillement. De là est née leur unique enfant : Nina. Une petite brunette avec les yeux tellement rouges que honnêtement ils ont cru que leur fille était possédée à la naissance. Mais non, rien d'inquiétant. Ils auraient bien voulu avoir d'autres gamins derrière, fonder une famille nombreuse, sauf que ça n'aurait pas été très malin d'avoir cinq gosses sans l'argent pour les élever. Nina est donc restée fille unique, avec des parents qui galéraient à ramener de l'argent à la maison. Les deux se tuaient à la tâche dans les mines, ou complétaient avec des petits boulots de merde.

Parce que le gros soucis pour la famille, c'était l'intégration. Culture et langue différentes, en arrivant ils parlaient pas un mot de kerosien et ont du apprendre sur le tas vu que personne était la pour les aider. Pas facile non plus pour la petite qui entendait deux langues à longueur de journée, et ne savait au final plus laquelle utiliser. L'avantage, c'est qu'elle est devenue bilingue au final, mais ça a pris du temps. Comme ses parents étaient des étrangers, malgré sa naissance sur le territoire kerosien, on ne la considérait pas comme une vraie native de la région. Les autres gamins à l'école s'amusaient à ses dépends, notamment en imitant des primates pour lui rappeler qu'elle était inférieure à eux. Nina les ignorait, pas vraiment intéressée par leurs jeux. Au mieux elle lâchait parfois des insultes dans sa langue natale, sans que personne ne la comprenne heureusement. Sinon les professeurs auraient pris le parti de ses harceleurs.

C'est d'abord sa mère qui est morte, alors qu'elle avait cinq ans, d'une maladie qu'ils n'avaient pas les moyens de soigner. La petite ne regretta que peu cette présence de toute façon irrégulière à la maison. Pas plus qu'elle ne regretta son père quelques années plus tard. Adieu le confort de la minuscule cabane qu'ils habitaient, elle atterrit dans un orphelinat de Bronswick. Obligée de partager sa chambre avec d'autres enfants qu'elle détestait - même si ils étaient moins embêtants que ses camarades d'école à Doon. Eux au moins ne savaient pas pour ses origines étrangères. Enfin bon, il faut dire que Nina n'aimait pas grand-monde, pas même ses parents. Avait-elle un cœur de pierre ? Peut-être, c'est ce qu'on disait parfois sur elle, sans que ça ne la dérange. Elle ne voyait pas de grand intérêt aux relations humaines en réalité, préférant s'occuper de satisfaire sa soif de découvertes. Car elle a toujours été d'une nature très curieuse, trop sûrement.

N'importe quel sujet peut devenir son obsession du moment, et à partir de là... Mieux vaut ne pas la déranger quand elle se nourrit d'apprentissage sur le sujet en question. Les autres enfants en ont fait les frais, ce qui lui a valu une mauvaise réputation à l'orphelinat. Entre celui qui s'est pris une fourchette dans la main pour avoir mal parlé de sa passion du jour, ou celui à qui elle a cassé un doigt pour l'avoir dérangée en train de lire... Les adultes cherchaient à la faire adopter, sans succès à cause de cette réputation de petite fille violente et dangereuse. Un potentiel parent leur a même dit de la faire enfermer - Nina l'a entendu bien sûr, franchement il a eu peur du regard que la gamine de dix ans lui a lancé. Bref, une petite atypique, un cas qu'on disait difficile, pourtant elle se considérait simple à vivre. Était-ce si compliqué de juste la laisser tranquille ? Non, elle ne voulait pas jouer avec les autres, pas apprendre à cuisiner ou jouer à la poupée, lire l'intéressait plus.

On pensait sincèrement qu'elle finirait à croupir dans l'orphelinat jusqu'à en être jetée dehors à l'âge adulte. Chose assez surprenante cependant, quelqu'un a fini par l'adopter. Une veuve sans enfants, qui se sentait seule, et qui avait entendu des histoires à propos de l'endroit. Elle voulait donc sauver un gamin de là-bas. Il faut dire, les maltraitances n'étaient pas rare, parfois on faisait même travailler les gosses au noir pour rapporter des sous. Comme tous, Nina y a eu droit, surtout elle à vrai dire puisqu'elle était la plus âgée. Ils aimaient utiliser l'adolescente que ce soit dans des petits trafics illégaux, ou des choses plus sombres. Tout s'est arrêté le jour où cette femme est arrivée, et a eu pitié de celle qui était là depuis tant d'années. Ne voyant pas de grande différence entre un lieu ou un autre, Nina a juste haussé les épaules quand la femme lui a demandé si elle voulait partir. Cette dernière y a vu là un signe d'une pauvre enfant tellement maltraitée qu'elle ne s'intéresse plus rien. Bon, elle a été bien surprise.

Bien surprise de découvrir chez elle une ado curieuse, ayant soif d'apprendre. Marigold - Mari en plus court - tenait une herboristerie à Tartan, et fut ravie de réussir de la passionner pour les plantes. Au vu du caractère de la jeune fille, Mari jugea judicieux de lui faire l'école à la maison, tout en la laissant aider à la boutique. Véritable sorcière de la ville, on respectait l'herboriste pour ses talents à concocter des remèdes à base de plantes. Si Nina apprit cela, elle découvrit également une part plus sombre, celle des poisons. Elle développa vite un grand intérêt pour ces derniers, sans en parler à la femme qui l'avait adoptée - ça aurait déclenché une dispute. Ce qu'elle ne voulait pas, parce qu'elle aimait bien Marigold, chose assez rare. A sa majorité, elle devint une employée à part entière de la boutique, continuant à vivre au dessus de cette dernière avec Mari. Une colocation fructueuse, malgré les secrets que lui cachent la plus jeune. Comme elle respecte sa vie privée, ce n'est pas très difficile de dissimuler sa passion secondaire.

Mais Nina se passionne pour autre chose, pour sa région natale. Désireuse d'un jour la visiter, peut-être aller y vivre. Oh elle sait pourquoi ses parents ont fui, et ce régime tyrannique en place ne l'effraie pas. Une révolutionnaire dans l'âme ? Peut-être un peu.