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Rien n'a eu lieu ce jour là | Solo flashback
Fyodor Pavlenko
Fyodor Pavlenko
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Rien n'a eu lieu ce jour là | Solo flashback Oeuf_g11
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Fyodor Pavlenko
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Ven 5 Jan - 0:42   
TW : Pensées suicidaires, meurtre, sang

Délicatement, Fyodor soulève la couverture et se glisse hors du lit sans un bruit. Après s’être levé, il jette un œil en arrière et souffle. Sa fiancée dort paisiblement, pas du tout réveillée par ses mouvements. Comme lui, Arujan est profondément communiste. Les deux se sont d’ailleurs rencontrés à un événement du parti à Stolitsa, peu de temps après que Fyodor a quitté l’armée pour rejoindre la Sécurité d’État. Elle vient d’une république sœur autrefois colonie de Strana et étudie l’agronomie dans la grande capitale.
Le policier d’État se glisse par la porte de la chambre jusque dans la pièce à vivre du petit appartement que le jeune couple partage, et enfile son uniforme en silence, la mine grave des gens qui ont des choses importantes à faire à trois heures du matin. Puis il s’assoit à son bureau, et craque une allumette pour éclairer la bougie qui y est installée. Une enveloppe déjà ouverte est posée dessus, avec son pistolet de service à côté. Fyodor sait déjà ce qu’il y a dedans, il l’a lue. Il l’a relue. Il l’a lue jusqu’à la connaître par cœur. Il la relit quand même, et il se tient la tête. Il aurait bien aimé que le contenu change. Un ordre d’arrestation « à l’encontre d’Arujan Bekmizayeva, accusée de trahison envers le Parti et activités contre-révolutionnaires »
Il sait très bien pourquoi. Quelques semaines plus tôt, il avait fait envoyer le neveu d’un général au goulag pour corruption et népotisme. Son supérieur lui avait dit de ne pas le faire, qu’il n’avait aucune idée des conséquences qu’il encourrait. Il l’a fait quand même, par zèle, et maintenant la sentence est là. Il a pris le neveu d’une personne puissante, on lui demande sa fiancée en échange. Trahison et activités contre-révolutionnaires, le « jugement » ne fait pas vraiment de doute. La mort, soit par exécution soit par des décennies au goulag.
La main tremblante, Fyodor glisse sa main dans la poche intérieure de son uniforme, et en sort un paquet de cigarette. Il y pioche une clope et l’allume sur la bougie, avant de la porter entre ses lèvres. Et il penche la tête en arrière en regardant le plafond. Il n’a pas le droit de fumer à l’intérieur. Arujan lui interdit, elle dit que ça sent mauvais et que de toute manière, ce n’est pas bon pour la santé. En temps normal il descend sur le parvis de l’immeuble, mais la situation justifie une entorse à la règle. Les yeux figés, le Stranaïte reste ainsi, le tic-tac mécanique de l’horloge du salon résonnant parmi ses pensées. Les cendres de la cigarette tombent sur son visage sans l’incommoder plus que ça. La boule qu’il a au ventre lui fait bien trop mal pour que la douleur physique prenne le pas.

Quand son mégot s’éteint, à court de carburant, il pose doucement sa main sur son arme, et serre ses doigts autour de la poignée. Le policier d’État pense à se tuer lui plutôt. C’est lâche, et totalement inefficace, ce qui rend la chose encore plus couarde. L’ordre d’arrestation a déjà été émis, qu’il ne soit plus là ne sauvera en rien Arujan. Elle est condamnée quoi qu’il arrive. La réveiller et s’enfuir à deux aurait été une possibilité s’il ne savait pas très bien comment fonctionnent ces règlements de compte au sein des services de sécurité. Il y a déjà un agent, peut-être plus, qui attend dans la cage d’escalier au cas où. Aucun échappatoire possible, il doit le faire.
Trouvant enfin le courage – si on peut appeler la résignation à faire quelque chose qu’on refuse du plus profond de soi du courage – de se lever, Fyodor ouvre doucement la porte de sa main gauche, tenant son arme de la droite. La lueur de la bougie fane dans la chambre, dessinant seulement la silhouette des meubles et des gens. Silencieux comme un chat, le Stranaïte marche jusqu’au bord du lit, et regarde sa fiancée dormir. Il n’a qu’une chose à faire, la réveiller, l’arrêter et la livrer aux autorités. Il ne le fera pas. Il ne veut pas qu’elle se fasse torturer jusqu’à avouer toutes les choses qu’elle n’a pas commises, pour être quand même tuée ensuite. Il approche délicatement le canon du front de sa bien-aimée : cela ira vite ainsi.
Il reste un problème : Fyodor ne trouve pas la force de déclencher la gâchette. Il a beau ne rien distinguer, il connaît Arujan suffisamment bien pour ne pas avoir besoin de la voir pour savoir à quoi elle ressemble. Alors il patiente. Après cette longue inspiration… Puis une autre… Celle-là c’est la dernière… Toujours pas. Et puis Arujan frémit, et bouge légèrement la tête en entrouvrant les yeux. « Fyo… »

Elle n’a pas le temps de finir que le coup part, suivi d’un silence battant. La seconde entre le tir et le retour du tic-tac semble une éternité. Fyodor détourne le regard, et recule jusqu’au salon, tremblant. Il n’a pas réussi à tirer, et c’est dans la panique d’être découvert qu’il l’a fait, par réflexe. D’habitude ça ne lui fait pas ça. En temps normal, il a le sourire aux joues quand il travaille. Pas là. Il a l’impression de tomber debout, comme quand on s’endort et qu’on se réveille en sueur. On ne se réveille pas quand c’est la réalité. Arrivant dans le salon, il remarque sur ses gants blancs des traces du sang de sa fiancée, et doit réprimer un haut-le-cœur. Et puis lui vient l’idée qu’elle n’est plus là, alors il a bien le droit d’être lâche. Pourquoi pas s’en coller une dans le caisson maintenant ? Peut-être que ces cinglés d’Arkéistes ont raison et qu’il pourra la rejoindre ? Il lève son arme d’un poing tremblant et la pose contre sa tempe. Une pression et il n’a plus à vivre avec tout ça
BAM BAM BAM ! « MONSIEUR PAVLENKO OUVREZ QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ? ARUJAN VOUS ALLEZ BIEN ? » Les hurlements paniqués de la voisine d’en face font sursauter Fyodor, qui lâche pathétiquement son revolver, qui tombe au sol dans ce qui aurait dû être la fin d’une pièce tragique. Il était prêt à appuyer sur le bouton. Plus maintenant. La porte tambourine. Le policier d’État ramasse son pistolet, réajuste sa casquette, range son pistolet, passe la manche sur ses yeux mouillés, griffonne sur un papier un rapport à la con prétendant que la suspecte a résisté et a dû être éliminée. Devant la porte qui se secoue, il prend une dernière inspiration, et enferme ses sentiments profond, profondément dans un abîme insondable sur laquelle il met une trappe d’acier, et des chaînes de fer.
« Une opération de police était en cours contre une traîtresse à la révolution. Tout va bien. » En ouvrant la porte d’entrée, il n’y avait pas que la voisine d’en face mais carrément tout l’étage. Il a répondu d’un ton froid, martial. Plus aucun sentiment par lesquels on pourrait l’affecter pour l’empêcher de servir la patrie. Sa souffrance est enterrée et personne, pas même lui-même, ne sera autorisé à s’en rendre compte.
Laissant l’appartement aux badauds qui entrent et poussent des cris de terreur en voyant la scène, Fyodor dévale l’escalier et sort. « Il y a vraiment des ennemis de l’État partout, c’est fou. Heureusement qu’on peut compter sur des gens comme vous, Pavlenko ». Tournant la tête vers un type qui fume dehors, et dont il comprend bien vite qu’il est un agent de la police d’État, il hoche militairement la tête avant de continuer son chemin légèrement plus léger. Il ne s’en serait pas remis si personne n’attendait dehors et qu’ils avaient pu fuir...
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