[Event crossover] When you wish upon a Jirachi [Solo]

When you wish upon a Jirachi

Lorsqu'Umio était tombé sur un Jirachi, il aurait vraiment dû prendre le temps de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de prononcer un voeu : est-ce que c'était sa formulation qui n'était pas claire ou était-ce le fabuleux qui avait décidé de se foutre de sa gueule ? Voilà maintenant le policier perdu au beau milieu de nulle part. Ce n'est qu'en croisant un gamin à casquette et son Caninos qu'il parvint a comprendre qu'il était dans la région de Keros, en 68. Tant bien que mal parvint t-il à se sortir du bourbier qu'impliquait une question pareille -associée avec ses vêtements modernes- en inventant une histoire de soirée trop arrosée, faussant compagnie à son interlocuteur en vitesse afin de pouvoir mesurer l'ampleur du bordel.

"Je veux retourner à la bonne époque", hein... ?

Umio voulait juste retourner au temps où Hélène était encore en vie, à la base !... Mais là, elle n'était même pas encore née et il ne pouvait se rassurer qu'en se disant qu'il était géographiquement trop éloigné pour que l'incident modifie le cours de la destinée des ancêtres de son ex et retcon donc sa naissance. Qu'ils ne se rencontrent jamais dans cette ligne temporaire lui irait... Mais son propre cas était une autre paire de manche : ses parents devront bien lui donner naissance à lui aussi, avec cette logique, le plaçant deux fois sur la même continuité. S'il prenait les mêmes décisions, alors le voilà coincé dans une boucle et- putain, ça faisait mal au crâne ces histoires.

L'homme poussa un soupir avant de se laisser tomber au sol, reconnaissant qu'au moins le type acier ne l'ai pas lâché en plein hiver se geler les miches au milieu de prés non-identifiés. Une main à sa ceinture lui confirma également que ses Pokéball l'avaient suivi, il n'était pas seul et la texture métallique l'aidait à rester encré sur le moment présent tandis qu'il laissait son esprit vaguer à d'autres hypothèses. S'il ne revenait pas au présent, une enquête pour disparition serait ouverte mais l'hypothèse d'un suicide ne laisserait que peu de doutes : Miyako et ses parents n'auront pas de cadavre à pleurer, certes, mais il ne doutait pas qu'ils parviennent malgré tout à faire leur deuil. Il n'y avait rien le rattachant suffisamment à son ère originelle pour que le désir d'y retourner ne plonge l'homme dans un quelconque désespoir.

C'est comme ça qu'il se trouva à s'intégrer tant bien que mal à la société Kerosienne : il n'avait pas de papiers et, avec sa gueule d'étranger, avoir une existence légale frôlait l'impossible, alors Umio mobilisa les connaissances de sa précédente carrière pour se démerder... Autrement. Pas question de rejoindre un quelconque organisme criminel, je vous rassure, juste de travailler au black : comme il se fit une bonne réputation, auprès du resto l'employant comme des pêcheurs du coin, on finit par lui trouver un toit sous lequel dormir à la place des auberges douteuses où il devait passer les nuits. La plupart assumait qu'il devait être là pour aider sa famille restée "au pays", aussi avait t-il plus droit aux regards de pitié ou de mépris qu'aux questions sur son passé.

Et cette vie avait quelque chose de satisfaisante, même si elle était aussi terriblement épuisante. Son ancien quotidien lui manquait -à commencer par les conforts modernes auxquels il avait dû renoncer- et si l'écriture l'aidait à passer sa solitude, reste que ses notes n'étaient rien d'autre qu'une liste de griefs que seul l'alcool lui permettait momentanément d'oublier (faut dire qu'une choppe le mettait KO, contrairement aux habitants du coin). Des rêves il n'en avait pas de base, encore moins lorsque la crainte de réussir et modifier ainsi le cours du temps le paralysait. Plus il essayait d'appréhender les forces l'ayant amené ici, plus elles le terrifiaient. Il ne pouvait pas dédier ses efforts à construire quelque chose lorsqu'il savait la facilité avec laquelle cela pourrait lui être arraché de nouveau.

Tout ça pour dire qu'Umio n'avait pas repensé à Jirachi jusqu'à ce que le gamin à casquette -la première personne qu'il a rencontrée ici, et qui s'avérait habiter le coin- lui en parle quelques années plus tard. Un Pokémon ne se réveillant qu'une fois tout les milles ans pour exaucer les voeux... Ah, quel chance il avait eu alors de tomber sur un, même s'il s'abstint d'expliquer à l'adolescent d'où venait son soudain rictus. Le Pokémon fabuleux n'était pas unique, sûrement, si sa légende existait autant à Kanto qu'à Shiku ou Hoenn. Il n'était pas strictement impossible qu'un deuxième soit éveillé, quelque part, et si Umio tombait dessus, alors... L'homme annonça son départ la semaine qui suivit, décidé à mettre la main sur le type créature.

Cette aventure aura eu le mérite de lui faire prendre du recul sur sa vie, mais il était temps de rentrer à la maison raconter l'anecdote à Twitchu.Halloween