Ballantine Ainsley

Histoire

TW : Parent toxique, abus sexuels sur mineur (passage signalé et globalement facultatif), comportement parasuicidaire

Son père ? Un habitant du Johto reparti chercher le lait après s'être trop amusé à Keros. Jamais connu, jamais vu -pas plus que sa belle nation- mais qu'importe. Ainsley est le portrait craché de sa mère (si on exclut les yeux bridés) et elle, c'est bien une Kerosienne pure souche !... Bon, plutôt mal vue après s'être faite mettre en cloque par un inconnu -et à la rue par ses parents- mais à part ça n'y avait-il pas grand chose à dire sur la demoiselle. C'était un parent aimant, au point d'en être étouffante : elle voulait que son enfant sache tout les sacrifices qu'elle faisait pour lui, par amour, qu'il lui en soit reconnaissant. Qu'il ait le malheur d'exprimer le moindre désagrément et elle fondait en larmes, se lamentant sur la piètre mère qu'elle était...

Autant dire qu'avec un parent émotionnellement instable, Ainsley développa vite une certaine maturité. L'habilité de saisir ce que les adultes attendaient d'elle et y répondre au doigt et à l'oeil lui était précieuse dans ses jeunes années, où tremper dans des affaires légalement houleuse était le seul moyen de subsistance de leur foyer. Ils n'ont jamais rejoint la Sealg, non : ils étaient juste de bons collaborateurs, lorsqu'il s'agissait de transporter quelques colis. Un enfant ne risquait pas grand-chose judiciairement et, même si ça ne plaisait pas des masses à maman, elle-même reconnaissait qu'ils n'avaient d'autres choix. Un mal pour un bien : c'est comme ça qu'elle se fit repéré par un producteur de télé tout aussi suspect.

Fou, ce que l'industrie du cinéma a de proche d'une organisation criminelle : les enfants étaient encore une fois une source d'exploitation en or puisqu'ils étaient trop jeunes pour comprendre ce qu'implique un contrat. Il aura fallut attendre 1963 pour qu'une législation plus stricte soit mise en place mais, en attendant, croyiez-bien qu'on l'a fait trimer : tant que cela rendait môman heureuse, alors ça valait la peine. Ainsley n'avait plus à rougir de honte devant ses camarades avec un uniforme rapiécé, plus d'insomnie à attendre que leur maison insalubre s'écroule sur eux lorsqu'ils déménagèrent à Pryderi pour le travail. Se défaire des Sealg demandait une part conséquente de revenus en "dédommagement" mais ils pouvaient enfin vivre confortablement !

Hélas, le temps passe vite et son seul argument de vente -son jeune âge- lui filait entre les doigts tandis que son jeu d'acteur n'avait plus rien d'exceptionnel comparé aux autres. Ses origines asiatiques limitait ses rôles aux stéréotypes racistes, ce qui à l'époque ne la dérangeait pas tant que ça mais, de nos jours, lui fait plus en plus honte. Evidemment, sa chère mère se blâmait entièrement pour son manque de succès : son régime draconien pour qu'elle garde un poids "idéal" n'était pas suffisant, peut-être que de meilleurs produits de beauté aurait fait meilleur impression- à moins qu'au contraire ils soient de trop ?... Après tout, né homme, il était hors de question d'utiliser du maquillage de femme.

Pas qu'elle se soit gêné quand maman n'était pas derrière son dos.

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Une règle tacite, dans le milieu, c'était de plaire aux supérieurs. Ainsley pensait que cela aurait été plus aisé en étant né femme, néanmoins elle réalisa vite que ce qu'elle avait entre les jambes ne l'empêchait en rien de passer sous le bureau. Dégueulasse ? Oui, ça l'était. Savoir qu'autant de vieux pervers tenait sa carrière entre leurs mains la répulsait et, pire, que personne n'était dupe mais détournait le regard en se disant qu'après tout ce n'était pas "si" grave, ce n'est pas comme si les acteurs étaient "vraiment" contraint à répondre à ces avances puis, après tout, c'était de leur faute s'ils étaient si "faciles"... Être cisgenre lui aurait juste épargner le besoin de minauder autant pour faire jeu égal avec les autres victimes, la sensation d'avoir cherchée cette épée de Damoclès.

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A quelques pas de l'âge adulte, maman meurt. Ainsley se sent libérée autant qu'elle se sent accablée par la culpabilité, une sensation difficile à mettre en mots et que les moeurs de l'époque n'encouragerons certainement pas à confier à un psy. Au moins ne craint t-elle plus que sa génitrice ne découvre ce qui se cache derrière le succès de son "fils prodige". Mais la liberté à cela d'effrayant qu'elle ne sait plus quoi faire d'elle-même : quelque chose d'aussi con que de choisir entre enfin oser laisser pousser long ses cheveux ébène et blond, ou alors continuer à les couper court comme d'habitude, la laisse dans l'incertitude la plus totale. Cette voix dans sa tête lui dit de ne rien changer, de continuer sagement à jouer son rôle, même sans audience, face à un vide qui a toujours été là.

Une autre, plus forte, dit que du haut de son mètre 80 post-puberté elle n'intéressera plus longtemps les détraqués or il est grand temps de les jeter sous le bus : alors Ainsley balance son témoignage dès la prochaine interview dégotée. Quelques grands noms remontent le sien dans les journaux, même si c'est pour l'insulter d'hystérique et finir internée quelque temps. Il n'y a qu'un prédateur qu'elle soit parvenu à faire tomber et ce n'est que parce que, dans sa lancée, quelques collègues ont trouvé le courage d'ajouter leurs propres témoignages. Elle maintint sa popularité au prix de la curiosité morbide des médias, qui veulent savoir comment un "garçon" comme lui a aussi mal tourné. Les psychanalystes s'accordent à dire que c'est la faute des parents, bien sûr, pas pour rien qu'elle les déteste.

Une fois cette tempête passée et de nouveau lâchée en liberté, les choses n'allèrent pas en s'arrangeant. Les Sealg lui demande des comptes -apparemment croient-ils encore pouvoir extorquer du pognon à sa famille sous couvert d'acheter leur silence- mais Ainsley les invita cordialement à aller les récolter sur son cadavre. Peut-être que la lame au-dessus de sa tête lui manquait, peut-être qu'elle attend avec hâte le jour où elle s'abattra sur sa nuque mais, en attendant, se mettre la mafia sur le dos lui paraît plus amusant que de faire soi-même le choix entre la vie et la mort. Cela eu le mérite d'avoir éveillé son intérêt pour les Pokémon, dont la jeune femme avait constaté le potentiel lors de tournages mais auquel elle n'avait jamais eu accès car sa mère les considérait "dangereux".

Carte de dresseur acquise, ces créatures réveillèrent une flamme dans ses iris noire tandis qu'elle consacra son temps libre à rattraper son retard dans le domaine, histoire de pouvoir se défendre en cas de besoin. L'idée de reconversion pro n'ira ceci dit nulle part : négative ou positive, l'attention reste de l'attention et la carrière de l'actrice connut un second souffle inattendu quand les directeurs en quête de gueules à caster dans les rôles de méchants unhinged virent en une femme trans le profil idéal. L'ambiance sur le plateau est tendue quand elle est là, la crainte qu'elle jette en pâture le premier tordu dans son viseur doit certainement la priver de certaines opportunités, mais elle s'entend mieux avec ses collègues et notamment la gente féminine, au grand dam de certains.

Oui, elle n'a jamais mieux vécu que de nos jours, néanmoins chassez le naturel et il revient au galop : Ainsley ne peut se défaire d'une certaine docilité et volonté de plaire dans ses interactions avec autrui, qui vient rentrer en contradiction avec ses désormais habituelles déclarations choc la plaçant dans le viseur des médias. Que ces dernières soient accidentelles ou calculées pour attirer l'attention, je vous laisse le mystère. Quoi qu'il en soit, la possibilité bien réelle de se faire défoncer sa gueule de "travelo" dans la rue comme celle de finir avec un poignard dans le dos la préoccupe mais, dans un sens, c'est encore la seule chose lui donnant la sensation de vivre aussi l'accueille t-elle a bras ouvert. Tel mère, tel fille elle suppose mais bon, est-ce qu'être "fou" est si mal que ça ?