Bonnie était heureuse en ce début d'après-midi. Elle avait fait les boutiques toute la matinée pour acheter plein de petits cadeaux à sa petite protégée, Mizuki. Oh, bien sûr, pas de colliers ni de robes à froufrous, ce n'était pas le genre de la petite. Elle lui avait bien sûr acheté quelques robes pour les soirées ennuyeuses auquelles elle allait être forcée de participer mais rien de bien élaborer, simple, confortable et pratique. Bonnie s'imaginait que c'était ce que Mizuki privilégierait et elle espérait avoir raison, faire un mauvais cadeau lui aurait brisé le cœur.

En même temps, son cœur se brisait pour si peu parfois...

Pour le reste des affaires, il s'agissait de manuels plus ou moins avancés sur l'élevage, de tenues de bain pour leur prochaine sortie à Lallands et d'une multitude de poffins achetés dans une boutique de luxe, aussi bien destinés à Mizuki qu'à ses pokémons. Avec tout ça dans les bras – Walter avait insisté pour l'aider mais elle avait dit non, elle n'y voyait franchement pas grand chose. Puis Pryderi était une si grande ville... Mince, elle avait déjà oublié où était garée la voiture, pourtant, belle et luxueuse comme elle était, elle devrait se voir de loin, non ?

Une hypothèse venait à planer dans sa tête de Ramoloss, celle de s'être trompé de rue ou même de quartier, elle était sans doute assez stupide pour ça. Ce qui lui arracha une grimace.

Enfin, pas si grande que la grimace qu'elle fit quand une inconnue la cogna avec son coude par inadvertance et qu'elle perdit l'équilibre. Tomber tête en avant sur le sol sans pouvoir se protéger de ses mains fut une expérience assez terrifiante, heureusement que les robes de soirées de la petite firent un bon « coussin » pour ammortir le choc entre le trottoire et le visage de la Lady. Enfin, elle saignait tout de même du nez et se désolait d'en avoir mis partout sur les belles étoffes. Pleine de colère, elle se retourna vers cette idiote d'inconnue en l'appelant d'une voix sifflante.

Vous ne pouvez donc pas faire attention, espèce de...de... Elle s'arrêta en plein élan, son regard croisant celui, bleu comme l'azur de la jeune femme aux cheveux cendrés. ...De Milobellus...

Soudain toute penaude, elle se releva en titubant, embêtée d'avoir le nez en sang et les cheveux ainsi ébourrifés. Des cheveux qu'elle s'appliqua à lisser timidement avec ses mains et quand au saignement de nez, un mouchoir en tissu vint rapidement éponger l'hémoglobine. Mais la belle robe verte pomme de Bonnie restait tachée de quelques goûtes écarlates, ce qui lui proccura une sensation aussi absurde que désagréable d'être en mauvaise posture devant une personne très importante.

Je suis désolé... Souffla-t-elle après un petit silence timide. …Je ne voulais pas m'énerver contre vous, c'est moi qui aurait dû faire attention, pardonnez mon idiotie, s'il-vous-plaît.

Elle releva timidement le regard vers cette inconnue. Il n'y avait pas à dire, elle était vraiment très belle. Mais elle avait un visage tout tristounet, la rose-bonbon manqua de lui demander ce qui n'allait pas mais se ravisa, c'était peut-être malpolie de sa part, elle venait de la bousculer après tout. Puis elle devenait aussi rouge qu'une baie Tamato, avec cette sensation qu'on appelle stupidement des « Papillusion dans le ventre ». Elle secoua la tête instinctivement, c'était stupide, il n'y avait qu'elle pour tomber amoureuse en un seul regard.

Mais elle devait admettre qu'elle avait ressentit la même chose avec son amie Charlotte. Et qu'elle avait maudit ce pauvre Bartholomew d'exister – un homme pourtant tout à fait convenable, très gentil et très courageux, contrairement à elle.

Euh, hum... Bredouilla Bonnie ...Vous... Vous connaissez « Le Jardin des baies » pas loin ? Je... Hum... Je peux vous y inviter... Pour me faire pardonner.

Et tout cela au milieu de toutes ses affaires renversées sur le trottoire. Vraiment, Bonnie n'avait pas la tête bien en place.