Cela fait plusieurs jours depuis la dispute avec Oliver. Ilya n’en a que de vagues souvenirs après son malaise, infection d’une de ses plaies auto-infligées accordée à l’inanition. Il est resté alité depuis, condamné à regarder par la fenêtre les enfants jouer dehors.
Zahra et Hitomi viennent le visiter de temps en temps.
Madame Nightingale s’inquiète beaucoup aussi. Apparemment, la dispute avec Ollie était assez brutale, suffisamment pour raisonner dans les couloirs et ameuter les plus inquiets en tous cas.
Il préfère ne pas se rappeler de ce qu’il a dit. Même si son cœur est toujours emplit d’amertume pour une raison qu’il ignore. De gratitude aussi, étrange paradoxe.
Aujourd’hui était censé être une journée comme les autres, calme et automnale. L’hiver s’installait peu à peu et les fêtes de fin d’année approchaient. Sans savoir pourquoi, Ilya appréhendait cette période festive.
Quelque chose manquait à l’appel.
Il ne se souvenait plus exactement de quoi mais une petite voix dans son esprit lui murmurait que plus rien ne serait jamais comme avant. Il regardait parfois Zaria d’un air interrogateur, déjà qu’elle avait dévoré certains de ses souvenirs de dispute, que pouvait-elle avoir fait d’autre ?
Il essayait de se rassurer en se disant qu’il ne s’agissait de rien d’important.
Pourtant, ce jour-là, quand il a vu la fumée s’élever entre les arbres de la forêt Eagal, il s’est figé de stupeur et s’est levé à la va-vite malgré la fièvre. Il avait un mauvais, très mauvais pressentiment.
Forcément, on ne le laisserait pas partir dans cet état alors il a tout simplement utilisé la fenêtre comme porte de sortie. Les escalades sur les toits, il commence à être habitué. Même si la fièvre le fait tanguer, il tient bon et atterrit sur ses deux pattes à l’orée de la forêt.
Il disparaît discrètement au sein de celle-ci.
Plus il avance, plus l’odeur de brulé se fait intense, son cœur bat à toute vitesse sans qu’il n’en sache la raison. Il se fout bien de ce qu’il peut arriver à cette salope de Vassilisa pourtant.
Non, il y a quelque chose d’autre, quelque chose d’important. Il le sent sans pouvoir le nommer. Une part de lui-même est peut-être en train de partir en fumée mais qu’a-t-il bien pu laissé là-bas de si important ?
Il arrive enfin.
Le brasier est immense, tout est en flammes. Quelques personnes sont déjà présentes, ils ont des uniformes de Ranger. Ils vont sans doute le stopper mais ça n’empêche pas Ilya de courir à toute allure, le souffle court, vers l’entrée en feu de cet enfer sur terre.
Genya ! Crie-t-il soudain, un nom qu’il n’arrive pourtant pas à raccrocher à quelqu’un.
Mais c’est une certitude. Genya, qui qu’elle soit, est peut-être en train de bruler dans ce brasier, il doit aller la chercher, il doit la sauver. Mais une main le stoppe en l’attrapant par le bras, l’emprise n’est pas si ferme mais faible comme il est, le Stranaïte ne peut lutter. Laissez-moi ! Genya… Elle… Elle va mourir ! Gémit-il affolé.
L’homme a un regard sombre, peiné, il s’apprête à ouvrir la bouche quand un coassement puissant se fait entendre. Ilya reconnaîtrait cette voix entre milles, même avec Dévorêve.
Monseigneur ! S’écrie-t-il en levant la tête vers le ciel, à la recherche du Corboss de feu sa mère.
Il doit être là, c’est sûr, et s’il est là, cela veut dire que Genya est là aussi. Étrange certitude gravée dans l’esprit d’Ilya.
L'oiseau de malheur ne semble malheureusement pas accompagné de la fameuse Genya. Du moins, aucune des femmes rangers présentes pour éteindre l'incendie n'évoque le moindre souvenir à Ilya... serait-elle... déjà partie ? Les réponses à ses questions se trouvent peut-être dans la discrète lettre enrubannée autour de la patte du Corboss. Une patte qu'il tends avec insistance à Ilya.
Sire Hubert connait les capacités suivantes : Buée Noire - Requiem - Dévorêve - Coup Bas
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Mar 20 Juin - 20:50
I'm gonna burn.
@tag
notes
Ilya panique, Ilya est perdu, il ne sait pas ce qu'il se passe sous son crâne.
Genya n'est pas là, alors que Monseigneur vole devant lui et croassant d'un air sinistre. Genya ne serait allée nulle-part sans Monseigneur Hubert.
Cela ne peut signifier qu'une chose...
Non...
Non, non, non, non !
Ilya refuse cette option alors qu'un torent de larmes se déverses sur ses joues et que le Ranger qui l'a arrêté dans sa course suicidaire se retrouve maintenant obligé de le maintenir debout. Le Stranaïte ne comprends pas ce sentiment de dévastation absolue, comme si on lui avait arraché une part de lui-même.
Il n'a qu'une seule certitude.
Son père est mort.
Sa mère est morte.
Genya aussi à présent.
Il est seul au monde.
Cette pensée destructrice est cependant interrompue par une vive douleur sur sa joue aveugle, Monseigneur vient de lui donner un coup de patte acérée. Il s'impatiente.
Ce n'est qu'à ce moment qu'Ilya remarque la lettre, bien ficelée à la patte du Corboss, elle est presque invisible si on n'y prends pas gare.
Sans plus attendre, le jeune homme prends l'oiseau dans ses bras et s'enfuit à toute jambes. Quand tous bruit disparaît, au plus profond de la forêt, il s'affaisse contre un arbre et dénoue en tremblant la feuille liée à la patte de Monseigneur. « Cher Frère,
Considère moi comme morte car plus jamais nous ne pourrons nous recroiser. Comme toi, j'ai choisi la facilité. Je brûle cet enfer derrière moi pour ne plus jamais revenir. Ne me cherches pas et achève de m'oublier.
Adieu. »
Une simple lettre, courte, concise.
Elle dévaste Ilya qui ouvre la bouche comme pour pousser un cri. Mais rien ne sort. Il achève de s'effondrer, roulé en boule parmi les feuilles mortes, tremblant. Combien de temps reste-t-il ainsi ?
La nuit tombe.
On crie son nom, on le rappelle au monde des vivants tandis que la fièvre a reprit le contrôle de son être. Il veut se laisser glisser vers la mort, son esprit est lointain, son cœur est éclaté en milles morceaux.
Ollie le hait et Genya et morte, deux certitudes sans doute fausses mais qui restent des certitudes. Il n'est plus qu'une ombre.
Une ombre qui se laisse glisser dans l'inconscience.
Espérant ne jamais en sortir.
Mais il ouvre à nouveaux les yeux, le Docteur Raine à ses cotés, l'air sombre. Madame Charlotte et son mari sont présents aussi, l'air grave. Oliver est là, il lui serre la main.
Et bien sûr, Monseigneur Hubert se tient au dessus de son lit.
Genya l'a rejeté mais il reste au service des Rusalka.